Juste a game || ft. Joshua

Les cours, ça fait clairement chier. Je préférais largement retourner sur la plage de Punta Cana où tout était simple et où on ne se prenait pas la tête pour tel muscle ou tel os à tel endroit du corps humain. On se prenait pas non plus la tête à propos de toutes les pathologies qu'on peut malheureusement attraper et comment les guérir. On se contentait juste de bronzer au soleil et aller se baigner parce qu'on en a envie. Mais là, on était à Cambridge et Cambridge n'est pas égal à Punta Cana. Les partiels n'allaient pas tarder à arriver et il fallait que je me remette à taffer sérieusement. Du coup, je m'étais dirigé vers le Lorem Ipsum Books afin de récupérer des bouquins de médecine à un prix réduit afin de réviser comme il se doit. J'suis resté quoi, vingt minutes, trente peut-être ? Je n'ai pas trop eu la notion de temps quand j'étais dans la boutique mais une fois sorti, la réalité m'a rattrapé. Elle s'appelait Lily, et je savais que j'allais pas parler du soleil et du beau temps.

Je crois que le destin n'avait pas été si cruel avec moi depuis... depuis l'épidémie. Bon, va falloir que je trouve une solution pour partir vite parce que je sentais que ça allait vite me saouler cette rencontre. Lily n'était pas du genre à sourire et dire des trucs gentils. Tout du moins, pas avec moi. Et là, j'étais de bonne humeur et je voulais préserver cette bonne humeur. Sauf que je sentais que ça serait pas le cas. Dès que le son de sa voix parvenait à mes oreilles, je sentais quelques fibres de mon corps s'irriter. "Alors on fait genre qu'on sait lire ?" Levant les yeux au ciel, j'étais déjà agacé. Bordel, j'étais à Harvard quand même. Si je ne savais pas lire, je ne pense pas qu'on se croiserait ici, obvious non ? "Oh mais ouais, mon passe-temps favori." disais-je avec un sourire hyporcrite. "Tiens, pendant que t'es là, tu peux m'dire quelles lettres sont écrites sur cette couverture ?" Je lui montrais alors le livre, afin de me prêter au jeu que je jouais.

Je n'avais pas la moindre idée du pourquoi du comment de l'acharnement que Lily à mon égard. A ce que je pouvais remarquer, ça semblait être un jeu pour elle et j'étais celui avec qui elle s'amusait. Cependant, j'étais pas certain que ça puisse nous mener quelque part un jour. Certes, c'était fun de temps en temps, ça permettait de s'exercer sur les technique de sarcasme mais bon, ça devient de l'acharnement, loin d'être le modèle Quincy à suivre. "Du charabia, comme je le pensais, c'est bien ça, t'es un extra-terrestre venu pour nous coloniser je le savais !" disait-elle en voyant les écritures sur la couverture du bouquin que je venais de dénicher. Forcément, c'était des trucs médicaux donc c'était pas forcément la tasse de thé de tout le monde. Je levais donc doigt vers le ciel et je la regardais tel un ahuri. "E.T. téléphone maison." Tant qu'à faire, autant jouer le jeu jusqu'au bout.

J'avoue que pour le coup, je m'amusais quand même un peu. J'avais su rebondir sur les bonnes répliques pour que finalement, j'en vienne à imiter une réplique d'un film mythique sur les extraterrestres : E.T. Bon évidemment, comme toute personne normale, elle se mit à rire face à cette mauvaise imitation. C'est pas ma faute si je n'ai pas l'alienisme dans la peau. "Je suis désolée j'ai juste les hormones en pétard depuis que je suis enceinte. Je ferais mieux de te laisser tranquille ..." disait-elle après avoir repris son souffle et son sérieux. "Jusqu'à ce que j'aille mieux évidemment !" Je me mis à sourire, c'était évident. Comment je pouvais croire qu'un jour, elle me laisserait tranquille. C'était se mettre le doigt dans l'oeil.. et bien profondément. "Félicitations tout de même. Tu sais si c'est une fille ou un garçon ?" J'avais toujours été fana des bébés, quand il ne s'agissait pas des miens. Ouais, quand j'ai du affronter une grossesse dont j'étais le père, j'ai flippé.. donc ouais, c'est relatif. Mais quand c'est les bébés des autres, non là ça va, je gère.

La grossesse lui allait bien, puisqu'elle était moins chiante qu'en temps normal. Et je ne vais pas m'en plaindre, au contraire. C'était si rare que limite, je devrais le noter quelque part, foutre une croix dans le calendrier pour garder en mémoire cette journée. Je devrais aussi limite prendre une photo de nous deux en train de sourire puisque ça pourrait être possible. Ouais non, n'abusons pas. Elle sourire ? C'était impossible je crois, ou du moins pas le temps de prendre une photo. "Pas encore, je saurais ça dans deux semaines environ. J'ai envie de savoir mais d'un côté ça me fait toujours autant stresser ..." J'esquissais une nouvelle fois un sourire, c'était quand même fun de parler avec des femmes enceintes, parce que peu importe qu'elles soient heureuses ou non de cette nouvelle venue, elles ont tout de même ces petites étoiles dans leurs yeux. "C'est l'ordre naturel des choses, y'a pas de quoi stresser des masses tu sais. " Les femmes sont mères depuis la nuit des temps et elles ont toujours réussi à faire perdurer l'espèce humaine, y'a pas de quoi s'inquiéter plus que ça.