Oh dear, tell me your problem ❖ CAMILLE

« Oh… je vois… » J’arquai un sourcil, affichant un large sourire à ma cousine. J’avais l’impression de la revoir gamine, me confiant que l’un de mes copains l’attirait, ce genre de chose, c’était le bon temps, et en voyant que celui-ci passait à une vitesse folle, j’étais heureux de constater qu’elle était toujours à mes côtés. « Mais bien sûr qu’est-ce que tu crois ! » Je haussais le ton, presque outré de cette demande, mes lèvres restaient entrouvertes alors que mon visage se déformait en une moue. Elle connaissait bien mon rythme de vie en compagnie des filles, cette réponse était donc une évidence. Je soufflais alors, me recollant sur le banc comme si de rien n’était, puis je faisais rouler mes yeux vers le ciel. « Eh bien… disons que ce n’est pas le genre de fille à papillonner à droite à gauche mais plutôt à croire au prince charmant sur son cheval blanc donc… » Je pinçais mes lèvres, laissant mon regard se perdre sur le sol, c’est comme si j’entendais mes constatations pour la première fois, ça faisait un léger choc. « Elle s’appelle… Damn, j’dois vraiment répondre à cet interrogatoire ? » Je me redressais aussitôt, j’avais l’impression de ne pas pouvoir tenir en place, et le calme de Camille me donnait encore plus envie de bouger. « Elle s’appelle Lyson, c’est une Eliot, une milliardaire anglaise, rien que ça. Elle… a de l’humour pour sûr, mais… rha arrête de me regarder comme ça ! »

Tout ça ne l'enchantait pas vraiment. De toute évidence, Loukas c'était fourré dans une situation difficile mais en même temps, d'après ce qu'il lui disait, ce n'était pas vraiment de sa faute non plus... Elle se doutait bien qu'avec le nombre de ses conquêtes, son cousin n'était pas du genre à oublier de mettre un préservatif mais tout de même, elle avait préféré demander. Comment ça se faisait alors ? Enfin, techniquement on est jamais cent pour cent à l'abri de rien. Mais quand même, yavait pas de raisons quoi ! Lorsqu'elle l'entendit lui dire qu'apparemment ce n'était pas une fille volage, et qu'en gros elle n'avait pas côtoyé d'autres mecs, Camille se pinça un nouveau la lèvres d'inquiétude. Loukas lui semblait petit à petit prendre conscience de ce qu'il était en train d'arriver. Elle s’appelle… Damn, j’dois vraiment répondre à cet interrogatoire ? Ouais, c'est clair que ça ne la regardait pas vraiment au final, et puis elle ne savait pas si elle avait vraiment envie de connaître le tableau de chasse de Loukas... Pourtant il lui avoua quand même de qui il s'agissait, et son nom ne disait rien du tout à Camille. Elle… a de l’humour pour sûr, mais… rha arrête de me regarder comme ça ! ajouta-t-il en parlant de la demoiselle pendant que Camille se rongeait presque les ongles d'anxiété. Pardon, mais je te regarde comme ça parce que ça m'inquiète tout ça ! dit-elle d'une voix un peu plus douce en posant sa main sur son bras. Et si tu essayais d'en parler avec elle ? De savoir un peu où vous allez... Si elle compte vraiment le garder ou pas. Tu devrai peut-être faire une prise de sang pour vérifier que c'est bien toi le père aussi, je sais pas... Arf, c'était compliqué. Elle avait l'impression de se retrouver quelques mois en arrière, quand Aaliyah était enceinte. Elle même flippait parfois en s'imaginant dans ce cas et chaque fois, elle se trouvait un peu désemparée.

« Je sais… je sais.. » Je relevais le regard sur ma cousine qui semblait totalement désemparée par rapport à moi. Nous avions tout bonnement oublié le sujet concernant Walter, à mon plus grand regret, mais je ne comptais pas la lâcher de sitôt, elle allait également subir un interrogatoire dans les jours à venir. Je passais ma main libre sur mes cheveux, les ébouriffant, c’était déjà la seconde fois que je le faisais depuis notre rencontre, chez moi c’était un signe d’hésitation, j’étais tout simplement paumé même si je ne le montrais pas directement. Pendant un instant, j’observais sa main posée sur mon bras avec un léger sourire, j’appréciais son contact, qu’elle s’inquiète pour moi, ce genre de chose. « C’est prévu, du moins je crois car elle a décidé de prendre du temps pour réfléchir, et depuis l’annonce, je n’ai plus de nouvelles. » J’étais là, heureux que Camille s’inquiète et essaye de me réconforter comme elle le pouvait alors que la situation était grave. J’étais à côté de mes pompes, comme les trois quarts du temps. J’aurais tout donné pour boire un verre ou prendre quelque chose afin de calmer mes nerfs. Mon regard se perdait sur le parc, dans la minute qui suivait, et d’un coup, je me mettais à rire, faisant une légère moue « Non mais franchement, tu m’imagines moi ? Avec un gosse. »

Bon au moins, il semblait qu'ils allaient avoir une discussion Loukas et cette Lyson, ce qui était déjà un bon départ. Cela montrait que cette fille n'était pas inconsciente... du moins Camille l'espérait. Elle était plutôt du genre protectrice quand il s'agissait de Loukas, et elle n'aimait pas quand il lui arrivait quelque chose, comme maintenant. Le pire, c'est qu'elle ne savait pas vraiment quoi faire pour l'aider à sortir de cette situation. Peut-être qu'elle pourrait essayer de parler à cette fille ? Loukas semblait vraiment stressé maintenant, comme si enfin il se rendait compte du pétrin dans lequel il se trouvait. En vérité... non pas vraiment dit-elle avec un petit rire, histoire d'essayer de détendre l'atmosphère. Elle même s'imaginait parfois si elle devait tomber enceinte et... mon dieu, elle ne savait pas comment elle pourrait réagir. Elle était convaincue depuis des années qu'elle ne serait pas une bonne maman. Quand on voyait sa propre mère, ce n'était pas réussi... est-ce qu'elle même pourrait alors faire mieux qu'elle ? Elle n'en savait rien, et a vrai dire elle détestait penser à ce genre de trucs. T'en fais pas Loukas, jsuis sûre que ça va s'arranger ok ? On trouvera une solution dit-elle pour essayer de la rassurer du mieux qu'elle pouvait.

J’étais totalement paumé même si je ne voulais pas l’admettre, tout me tombait dessus sans que je ne puisse me préparer. À mon retour du Spring Break tout s’était enchaîné et le cirque de l’horreur avait fait son apparition. J’avais couché avec une de mes amies qui me reprochait d’avoir mis enceinte une autre fille, en même temps, ce n’est pas comme si cela avait été mon attention. Les filles étaient désespérantes, apparemment elles en profitaient pour se venger, alors qu’au moins Camille, elle comprenait. « Franchement, les couches, le biberon… l’horreur. » Je me mettais alors à rire, certainement un rire nerveux mais pour mon corps, c’était la même chose. Je n’avais pas eu de famille alors comment je pourrais en construire une ? Et puis ce n’est pas comme si je désirais des enfants, pitié non, j’étais trop égoïste pour me marier et avoir des bambins. Je soupirais alors en levant mon regard au ciel, posant ma tête contre le rebord du banc. Camille était la seule famille que j’appréciais réellement, elle avait toujours compris que j’avais une vision du monde un peu différente. « Ouais, on trouve toujours une solution pas vrai ? » Je tournais alors ma tête vers elle et lui tendais ma main pour qu’elle l’attrape, chose qu’on faisait depuis gosse, un signe de soutien en quelque sorte.

Malgré cet air décontracté et désinvolte qu'il affichait souvent, Camille voyait bien que Loukas était anxieux. Et comme elle le comprenait... Si cette Lyson décidait de garder le futur bébé, il ne pourrait rien y redire et serait certainement contraint de tout assumer, alors qu'il n'avait rien demandé. Dans ses situations, les femmes avaient tout de même un sacré pouvoir... Loukas semblait un peu désespéré, basculant un instant sa tête en arrière, avant de tendre le bras pour chercher sa main comme ils le faisaient depuis qu'ils étaient gamins. Camille attrapa sa main en la serrant, comme pour sceller une sorte de pacte invisible qui leurs avaient toujours donné l'illusion d'être invincibles. Toujours ! dit-elle en réponse avec le sourire. Je pourrai ptetre aller lui parler, à ta Lyson... ou alors invite-la au bal ! Ça pourrait être pas mal pour apaiser les tensions. Peut-être qu'en la jouant calme et gentleman, elle allait être plus incline à écouter Loukas et à renoncer à cette grossesse ? Au fait, on réserve une table ensemble pour le bal hein ? Je te veux à côté de moi ya pas moyen ! dit-elle avec un petit clin d'oeil.

J’étais désemparé, et ce même si j’affichais ce sourire prouvant que j’étais toujours sûr de moi. En même temps, qui ne l’était pas dans ce genre de situation ? Ce n’est pas comme si je me voyais père un jour ou ne serait-ce que marié. J’avais déjà eu la bague au doigt une fois et ça m’avait donné l’impression d’avoir une corde au cou, surtout que c’était loin d’être un mariage d’amour mais plutôt un mariage arrangé, en même temps que voulez-vous, moi et les sentiments… « L’inviter au bal ? Je ne pense pas que lui acheter une belle robe et la faire danser lui fasse changer d’avis… quoi que… » Je réfléchissais alors longuement, faisant une moue. Le caractère de Lyson n’était pas des plus faciles à gérer, elle pouvait apprécier le geste comme en profiter pour m’en foutre plein la gueule, et avec les hormones du moment, je n’imaginais même pas la scène. Je reportais alors mon regard sur Camille qui me parlait de la table, j’avais presque oublié que le bal de fin d’année allait avoir lieu, j’espérais que le bar allait être encore plus rempli que l’année précédente. « Garde moi la place à côté de moi, comme ça je pourrais surveiller Walter en même temps, car je suppose que c’est lui qui t’a invité ? »

Certes l'idée pouvait paraître étrange, mais il valait peut-être mieux apaiser les tensions dans ce genre de situations. Et si elle rêvait au prince charmant, peut-être qu'elle apprécierait d'aller au bal avec lui ? Ou peut-être qu'elle l'enverrait balader aussi... Elle lui parla alors du bal, qui promettait d'être génial cette année puisque le thème était "Old Holywood". Et elle évidemment, ça la faisait rêver. Elle n'avait pas encore trouvé la robe parfaite, mais elle était déjà toute excitée rien que de penser à la soirée. Garde moi la place à côté de moi, comme ça je pourrais surveiller Walter en même temps, car je suppose que c’est lui qui t’a invité ? dit-il en parlant de la table à laquelle ils seraient. Camille se mit à rire en imaginant la scène. Elle savait à quel point Loukas pouvait être protecteur avec elle par moment. Oui, il m'a invité mais tu lui fera pas l'interrogatoire non plus hein ! dit-elle avec un petit sourire. Même si ils étaient devenus proches avec Walter, elle ne savait pas vraiment où ils allaient ensemble, et se demandait parfois où tout ça allait les mener tout ça... il me tarde, je suis sûre qu'on passera une bonne soirée dit-elle avec un sourire.