Oh dear, tell me your problem ❖ CAMILLE

Les premiers jours où il faisait plus que beau sur Harvard, les premiers rayons de soleil intenses après les terribles rayons de Punta Cana… En revenant ici, j’avais limite eu froid, j’avais limite perdu ma légère joie de vivre, il faut dire que je m’étais habitué aux paysages paradisiaques, et que, depuis mon retour, je n’avais cessé d’enchaîner les mauvaises nouvelles. Au départ, j’avais reçu une baffe d’une demoiselle en pleurs, me disant que j’avais brisé son corps, pourtant, je ne me souvenais même pas de son joli minois, trop d’alcool sans doute, trop de drogue, bref plus de mémoire. Mais en dehors de ces choses quotidiennes dont je me foutais royalement, une annonce m’avait tapé en pleine face, m’avait mis directement KO, j’étais impossible de me relever. Sur le chemin pour le parc, j’envoyais quelques SMS pour me vider la tête, j’avais précédemment fixé un rendez-vous à Camille, j’avais besoin de parler, et je supposais qu’elle aussi. Elle était la seule à voir des choses que les autres, même moi je ne voyais pas en moi, je veux dire, à par le fait d’être un goujat. Je lui indiquais que j’étais arrivé, puis je m’installais sur un banc, allongeant mes jambes, croisant mes mains derrière ma tête, et fermant les yeux, laissant le soleil me réchauffer le visage.

Le Spring Break était fini, ainsi que la plage de Punta Cana, le soleil et les party à gogo. Le retour avait été rude mais heureusement, le temps était au beau fixe à Cambridge, de quoi ne pas zapper complètement leur humeur. La reprise des cours n'avait pas été simple non plus: à pine quelques jours que Camille était déjà submergée de devoirs. On voyait que les examens approchaient... Pourtant ce jour-là la demoiselle était de bonne humeur, tout simplement parce qu'ils s'était donnés rendez-vous avec Loukas. Elle n'avait pas eu le temps de le croiser au SB, imaginant non sans mal son cousin profiter de ces vacances au maximum et oui, il lui manquait. Arrivant sur le lieux de rendez-vous, elle releva ses lunettes de soleil sur sa tête pour admirer avec un sourire le jeune homme en train de faire bronzette sur le banc. Salut beau gosse ! dit-elle avec un grand sourire en venant s'asseoir à côté de Loukas pour le prendre dans ses bras.

Parfois il faut savoir s’arrêter, se détendre, se vider la tête. Personnellement, c’est ce que je faisais régulièrement, et ce n’était pas ça le problème, oh non bien au contraire, ce qui n’allait pas, c’est quand les gens autour essayaient de me nuire, me créant des problèmes dont je devrais m’en foutre. Depuis le retour à Harvard, tout s’enchaînait, à croire que Punta Cana avait été un point libérateur pour moi avant de me faire affranchir de tous les soucis qui me tombaient sur le coin de l’œil. Mais je ne me laissais pas miner, j’avançais la tête haute, le regard hautain et le sourire charmeur, comme d’habitude. Seulement, il fallait que je me confie à quelqu’un, de plus, je devais voir Camille, elle me manquait terriblement, ici c’était un peu après la seule personne qui ne m’en voulait pas, alors autant la chérir non ? J’ouvrais alors un œil en entendant sa voix cristalline et me redressais alors qu’elle prenait place à mes côtés. « Comment va la plus belle des Dickens ? » Je la serrais alors dans mes bras pendant un petit moment et reprenais ma position initiale sur le banc, toujours aussi détendu. « Alors Punta Cana, t’as pas trop de coups de soleil, dois-je en conclure que tu es rarement sorti de ta chambre d’hôtel ? »

Camille fit un grand sourire à Loukas en le serrant dans ses bras, heureuse de le retrouver. Ca va, je peine un peu avec la reprise des cours mais bon. Et toi ? demanda-t'elle toute guillerette en s'installant à son tour à son aise sur le banc, ses lunettes de soleil sur le nez. Ouais reprendre les cours après une semaine pareille, autant paradisiaque que riche en rebondissement, c'était pas de la tarte. Et pourtant il fallait bien s'y mettre vu que les examens de fin d'année approchaient. Mais non regarde ! dit-elle en agitant ses jambes bronzées sous son nez. J'ai peut-être pas de coups de soleil mais j'ai un beau bronzage dit-elle avec un clin d'oeil. Sa question l'avait un peu déroutée au premier abord, vu que non, elle n'avait pas passé tout son temps dans sa chambre, mais bien dans celle de Walter pour les derniers jours qui lui avait resté... Et rien que de penser à ces souvenirs lui donnaient le sourire. Et toi alors, mon Don Juan, c'était bien ton Spring Break ? demanda-t'elle malicieuse, pleine de sous entendus. Elle savait bien que Loukas était un dragueur, et à vrai dire ça l'amusait bien plus que ça ne l'offusquait.

« Les cours… laisse-moi réfléchir… nan j’vois pas. » Je faisais une moue, faisant mine de chercher, puis lui adressais un magnifique sourire innocent. Bien sûr, la reprise avait été dure, j’avais fait des excès durant le voyage à Punta Cana, je veux dire, beaucoup plus que d’habitude, et étant donné que je devais récupérer les heures de sommeil dont je manquais à forcer de jouer avec des demoiselles ou de m’amuser en prenant des choses illicites, j’avais manqué de temps pour continuer mon entraînement d’acharnement quotidien. J’observais alors les bras de ma cousine avec un large sourire avant de passer un bras derrière elle, sur la longueur du banc. « Mouais je vois ça, mais je suis à peu près sûr de ne pas me tromper pour la chambre. À moins que ce soit une autre que la tienne ? » Je soulevais alors mes lunettes de soleil de ma main libre et la toisais du regard un petit moment histoire de la mettre mal à l’aise, qu’elle me crache le morceau pour de bon, puis je les remettais comme si de rien n’était, riant au passage. « Oh tu sais la routine, la fête, les filles, et j’en passe. Disons simplement que j’ai bien profité. » Un long soupire, histoire de remplir mes poumons d’air frais. Ce n’avait pas été Punta Cana le problème, mais disons plutôt… mon retour à Harvard, c’est là que les ennuis avaient commencé.

Camille rit en levant les yeux au ciel quand elle entendit sa remarque sur les cours, et son petit air faussement innocent qui se dessinait sur son visage. Irrécupérable ! Elle imaginait d'ici le rythme effréné qu'avait dû suivre son cousin entre les soirées, l'alcool, les filles et même la drogue parfois elle le savait... ouais, il devait être bien crevé. Lorsqu'elle lui avait répondu en montrant son bronzage comme preuve de sa bonne foi, Loukas ne parut pas convaincu, ajoutant même qu'il se demandait si ce n'était pas la chambre de quelqu'un d'autre. Bingo ! Comment faisait-il pour deviner des choses pareilles lui ? Perspicace dit-elle simplement avec un petit sourire en regardant au loin, l'air de rien. Mais en détournant le regard, elle le vit la toiser par dessus ses lunettes de soleil, comme pour essayer de lui faire tout avouer. Arrête de me regarder comme ça ! dit-elle alors en riant, lui mettant une petite tape sur l'épaule. Elle l'écouta comme elle l'avait prédit résumer son spring break en quelques phrase, concluant par le fait qu'il avait bien profité, et Camille acquiesça avec un petit sourire, imaginant parfaitement les choses. Bon, tout va bien alors ? dit-elle néanmoins car bizarrement, elle sentait que quelque chose clochait. Comme si il était un peu trop sur la réserve. Ça se trouve elle se faisait des idées, mais elle préférait quand même s'en assurer.

« Un simple don reçu à la naissance. » Disais-je avec un large sourire, me vantant d’être perspicace. C’était ma cousine, je veillais toujours d’un œil sur elle, elle était bien plus précieuse à mes yeux que mon propre frère qui devait s’occuper des kangourous à cette heure-ci. Je la connaissais par cœur, ou presque, et je savais parfaitement lorsqu’elle me cachait des choses, lorsqu’elle était gênée, ou même lorsqu’elle évitait une conversation, en même temps, ça tout le monde aurait pu le voir. « Faute avouée, faute à moitié pardonnée ! Et je te regarde comme je veux d’abord. » J’ignorais s’il s’agissait d’une faute, en tout cas, je voulais tout savoir, c’était mon petit curieux, pour une fois que quelqu’un chose m’intéressait vraiment, d’habitude j’étais plutôt le genre de mec qui casse l’ambiance, qui se fout royalement de tout, sauf des rumeurs qui le concerne. À New York, je regardais sans cesse les magazines peoples, oh ce n’est pas que j’aimais les potins de bas étages, mais disons que j’étais souvent affiché en couverture. Après sa tape sur l’épaule, je laissais un bref blanc s’installer, réfléchissant un moment, devais-je lui avouer mes torts ? « Hum oui… Le Spring Break était parfait, c’est juste le retour qui a été un peu plus… brutal. » Je soufflais longuement et laissais son visage se creuser sous l’effet du doute, pendant que moi, je posais mon regard sur une jeune femme qui faisait son jogging et qui passait juste devant nous. « Une fille que je… fréquente… est tombée enceinte. » Je lâchais cette petite bombe comme si de rien n’était, au fond, je n’arrivais pas encore à réaliser, donc j’étais plutôt du genre détaché, pour l’instant.

Loukas fit son vantard ce qui fit bien rire Camille. Et même si il faisait son curieux, elle était d'un côté contente de voir qu'il s'intéressait à elle, et ce qui pouvait lui arriver. Il avait toujours été ainsi avec elle, et c'est certainement pour ça qu'elle se sentait si proche de luis depuis toutes ces années. Elle savait qu'avec lui, il n'y avait pas de tabou à avoir, et qu'elle pouvait tout lui dire sans être jugée. Non c'est pas vraiment une faute ! dit-elle en riant à sa remarque. Il s'agit juste d'un gars avec qui... ça se passe bien dit-elle avec un sourire sur les lèvres, sans vraiment rentrer dans les détails. Elle ne savait pas vraiment elle même où ils en étaient avec Walter, et parler de ça était assez étrange en fin de compte. Voyant son air réservé, elle lui avait donc demandé si tout se passait bien pour lui, et il lui répondit de manière évasive qu'au spring break tout s'était bien passé... mais que les choses avaient changé quand il était revenu à Cambridge. Fronçant légèrement les sourcils, Camille se tourna vers lui soudain sérieuse, sentant à des kilomètres qu'il se tramait quelque chose. Une fille que je… fréquente… est tombée enceinte. Et la voilà la bombe ! Restant muette quelques secondes, Camille enregistra l'information, mille et une questions s'entrechoquant dans sa tête alors que Loukas lui, paraissait bizarrement plutôt calme. Enceinte ?! demanda-t-elle surprise et un peu paniquée. Et tu comptes faire quoi ? Elle va le garder ? Hum à vrai dire elle imaginait mal Loukas devenir papa dans l'immédiat.

Je fronçais les sourcils, je voulais tout savoir en ce qui concernait Camille. Elle avait beau être une simple cousine, je me sentais plus proche d’elle que de mon propre frère que je ne pouvais pas saquer, encore heureux qu’il se trouve à des kilomètres de moi sur sa foutue terre d’Australie. Je posais alors une jambe sur mon autre jambe, posant ensuite ma main sur mon genou, affichant un large sourire sur mes lèvres, elle avait du mal à cracher le morceau mais je n’allais pas la lâcher, et elle savait à quel point j’étais tenace. « Han voyez-vous ça… J’veux tout savoir. Son nom ? » Je me mordais alors la lèvre inférieure en la voyant sourire, c’est dingue comme j’appréciais la voir heureuse, souriante, ça l’illuminait complètement. À l’image d’un interrogatoire, j’avais des tas de questions qui étaient en train de me brûler les lèvres, mais je préférais y aller doucement, après tout nous avions l’après-midi devant nous, non ? Je soufflais alors longuement, je venais de lâcher la nouvelle, enfin une des nouvelles importantes. « Surprise ! » J’entrouvrais mes bras avec un sourire crispé en voyant sa mine déconfite, puis je baissais le regard et commençais à m’amuser avec des fils qui dépassaient de mon jean. « J’en sais trop rien, je crois qu’elle est contre l’avortement… Je ne l’ai pas revue depuis qu’elle m’a lâché la bombe. »

Camille aimait voir ce petit sourire en coin sur le visage de Loukas, alors qu'il lui lançait un regard qu'elle connaissait par coeur, et qui voulait dire qu'il n'allait pas la lâcher ! Il lui dit alors qu'il souhaitait tout savoir, ce qui fit de nouveau rire la jeune femme alors qu'elle pliait ses jambes pour s'appuyer sur le bord du banc. Il s'appelle Walter dit-elle pour répondre à sa question. Kovalevski rajouta-t-elle avec un clin d'oeil. Les Kovalevski étaient assez connus sur le campus, en même temps il y en avait tellement ! Rien qu'Elia, la présidente de sa maison était la cousine de Walter. Tout ça lui faisait assez bizarre d'ailleurs. Elle sourit soudain beaucoup moins lorsque Loukas lui révéla pour la grossesse de cette fille, lui disant qu'apparemment elle était contre l'avortement. Aïe aïe aïe. Ca sentait vraiment mauvais tout ça. Mais comment ça se fait ? Vous vous êtes pas protégés ? ne put-elle s'empêcher de demander. Et comment est-elle sûre que c'est toi le... le géniteur ? Non, elle ne voulait pas se résoudre à prononcer le mot "père" de peur d'effrayer son cousin. Dans quelle merdier s'était-il encore fourré... Et c'est qui cette fille ? Elle compte pour toi ? Désolée je te pose beaucoup de questions dit-elle avec un petit air pincé. Mais au fond, c'était parce qu'elle s'inquiétait pour lui. Une grossesse c'était pas rien, et si elle décidait de le garder, faudrait qu'il se décide à le reconnaître ou pas... tout ça promettait de longues complications pour Loukas.