Arf, j’en avais déjà marre de ce mec avant même de l’avoir rencontré. Comment avais-je pu croire un instant que j’étais le seul homme dans la vie d’Orlane? Quel naïveté légendaire! J’avais passé la journée à grogner sur tout le monde, j’étais de mauvaise humeur, en m’imaginant le pire. Les mâles avaient cet instinct territorial, c’était animal et dégradant, mais c’était surtout la réalité. Il ne voudrait pas partager, et moi non plus alors il faudra déterminer un gagnant. Le pire c’est qu’il en avait déjà trop eu, trop su, je voulais qu’il disparaisse immédiatement et me laisse toutes les prochaines confidences. Son meilleur ami c’était moi maintenant. Enfin, quand l’heure fatidique sonna et que je dû me diriger vers le lieu de rencontre je fus libérer du poids du temps qui passait toujours trop lentement. Au moins je pourrais la revoir, il y avait ça. Et puis il y avait lui. Je marchais tout de même lentement, prenant mon temps pour essayer de calmer mon humeur, mais sans succès. Ma jalousie était bien mon pire défaut, et cette peur inconditionnelle de perdre l’être aimé. En entrant dans le bar, je réajustai le collet de ma chemise et le noeud de ma cravate. Je n’allais pas mentir, je m’étais fait beau, rien que pour elle, pour qu’elle ne puisse pas me résister. Il ne me fallut pas longtemps avant de les repérer tout deux, elle, la plus belle et lui... ah c’était donc lui, enfin je pouvais glisser un visage sur mon pire ennemi. Mes doigts se refermèrent autour de mes hanches, la ramenant vers moi pour que son corps rencontre le mien l’instant d’un baiser trop long pour n’être qu’une salutation. Je voulais qu’il me voit, qu’il nous voit ensemble et ne doute pas de la véracité de notre relation. Elle était mienne. Dans toute cette colère, je n’eus même pas le temps de profiter de ses lèvres. Je me reculai un peu, ne la lâchant pas d’un pouce, je ne voulais pas qu’elle m’échappe. Ma langue glissa contre mes lèvres alors que je m’approchait de son oreille. D’un murmure qui n’était destiné qu’à elle je lui dis; «
Toi, tu m’as vraiment manqué... mais n’oublie pas que je te déteste de me faire ceci.» Je serrai les dents, retenant mon envie pressente de la mordre entière. Grrr, ce qu’on ferait pas pour la femme qu’on aime! Je me tournai enfin vers l’autre, cet intrus qui partirai bientôt. «
Salut, c’est quoi ton nom déjà?» Je le savais fort bien, c’était Dorian. Ce prénom qui m’avait empoisonné l’esprit toute la journée. J’aurais sans doute dû lui tendre la main, mais je n’avais sincèrement pas envie de faire l’effort. Mes yeux dérivèrent un instant sur son verre de bière. «
De l’alcool, bonne idée! D’ordinaire je ne bois pas, mais je vais faire une exception pour ce soir. J’en ai besoin.» Mon faux sourire s’évanouit à la fin de la phrase. Je me tournai vers le barman pour commander, ne quittant pas Orlane d’un main toujours soigneusement poser sur sa hanche.