(+Andrew) MUSIC IS MAGIC.

Le beau temps était aux rendez-vous en cette journée En effet, il n’y avait nulle trace de nuages, ni même de vent qui devait souffler à seulement cinq nœuds. En somme une journée parfaite pour aller se promener ou faire des activités à l’extérieur mais pas pour le jeune Kenworth. Il se devait de bosser un tant soit peu parce qu’il avait pris un peu de retard dernièrement dans tous ses cours de droit et malheureusement, ça se ressentait dans ses résultats scolaires. Ceux-ci n’enchanteraient guère ses vénérables parents et surtout cela leur donnerait une grande raison de rappeler leur jeune héritier auprès d’eux, l’obligeant ainsi à faire ses études à l’Université d’Oxford comme cela était prévu depuis sa naissance. Par conséquent, Andrew devait constamment leur prouver qu’il avait fait le bon choix en s’inscrivant dans la Meilleure Université du Monde, en l’occurrence Harvard University ! Donc au lieu de se rendre à l’extérieur en compagnie de ses camarades et autres, il s’était enfermé à la Bibliothèque afin de terminer ses devoirs : il avait mis ses écouteurs pour ne pas entendre d’autres sons que sa musique. Mais il n’était guère resté longtemps dans la bibliothèque ; il avait eu une envie de se rendre à la piscine comme tous les jours pour faire ses sempiternelles séances de natation. Ses entraînements l’accaparaient plus que jamais parce que pendant la période estivale se dérouleraient les championnats du Royaume-Uni de natation et il espérait plus que tout remporter le titre dans les disciplines qu’il représenterait. Donc ayant vite refermé et rangé ses livres dans son sac, il s’était rendu jusqu’à sa chambre pour récupérer ses affaires de natation aux couleurs de l’Equipe Olympique du Royaume-Uni puis une fois cela accompli, il s’était finalement rendu jusqu’au Malkin Athletics Center où se trouvait la piscine de l’Université. Il n’y avait personne donc il avait pu faire tranquillement une grosse séance d’entraînement.

Ce n’était que lorsque la faim le tenailla qu’il consentit finalement à sortir de l’eau et se dirigea vers les douches afin de se laver copieusement pour retirer le chlore sur sa peau… Dieu qu’il aimait l’eau ! Il mit dix minutes à se laver, puis une fois cela fait et habillé de sa tenue de nageur olympique, il sortit de l’enceinte du M.A.C et reprit la direction de sa résidence. Il avait faim ! Il mit ses écouteurs aux oreilles et marcha tranquillement tout en écoutant sa musique ! Sur son chemin, il passa inconsciemment à côté de la Tercentenary Theatre et il s’obligea à s’arrêter en entendant une belle mélodie. Même s’il ne jouait pas d’instrument et qu’il ne possédait pas tant que ça l’oreille musicale, Andrew savait tout de même reconnaître qu’une personne avait du talent ou non. Depuis son plus jeune âge, il avait été dans l’obligation d’assister à des concerts plus ou moins prestigieux donc il avait une certaine habitude d’entendre de la belle et celle qu’il entendait actuellement, était sans contestation l’une des plus belles qu’il avait entendues depuis quelques temps. Avec la ferme intention de découvrir et complimenter la joueuse, il entra sans cérémonie dans la salle de musique mais resta figé sur place lorsqu’il vit quelle personne se trouvait au piano. Mais que faisait-elle là ? Zippora  O'Meara… Il la connaissait cette jeune femme mais il n’y avait jamais vraiment prêtée attention jusqu’à présent. Se redonnant une contenance en reprenant une posture plus noble, il demanda d’une voix faussement hautaine : « O’Meara ? Que diable fais-tu en ces lieux ? » Il ne souhaitait pas encore lui donner satisfaction sur le fait qu’elle avait réussi à la rendre intéressante à ses yeux…

Notre jeune Comte Andrew s’attendait-il à se retrouver en face d’une fille qu’il avait toujours snobée ? Non il était réellement surpris de la voir en ces lieux, voire même choqué parce qu’il ne se doutait pas le moins du monde qu’elle était douée d’un quelconque talent. En effet, elle avait toujours été invisible à ses yeux parce qu’elle ne correspondait nullement à ses critères et même s’il ne pouvait pas nier qu’elle avait un joli minois qui pouvait faire craquer un adolescent bourré d’hormones au printemps, il l’avait royalement ignorée. D’ailleurs, avec tant d’ignorance, comment se faisait-il qu’il connaissait le nom de la jeune femme ? Cela resterait un mystère parce que Drew ne divulguait jamais ses informations et encore d’où cela pouvait provenir. Bref, il s’était redonné une contenance afin de réadopter son attitude de jeune homme de haute naissance, en attendant la réponse de Miss O’Meara à sa précédente question. La réponse de celle-ci ne s’était guère faite attendre et bien sur, elle ne surprit guère le jeune homme qui s’était attendue à ce qu’elle ne se montre guère amicale vu ce qu’il lui avait fait subir. Oui, elle jouait. Et même très bien, voire trop bien ! On aurait dit qu’il était en train de redécouvrir la blondinette qui lui faisait face, ce qui voulait également dire qu’il allait être dans l’obligation de changer son opinion sur elle. Elle était très intéressante, en fin de compte ! Intérieurement, il se maudissait en pensant à cela, parce que s’il y avait une chose qu’il ne supportait pas beaucoup, c’était reconnaître qu’il s’était trompé sur une personne et de plus il n’était pas vraiment du genre à présenter des excuses – pas même à ses parents d’ailleurs, il était beaucoup trop fier pour se rabaisser à faire ce genre de chose – il inspira longuement cherchant soigneusement les mots qu’il allait devoir prononcer mais avant qu’il ne puisse reprendre la parole, la jeune femme s’était remise à jouer donc il dut se retenir de parler pour apprécier ce qu’elle était en train de jouer. Soudain, elle s’arrêta de jouer et lui demanda le but de sa présence. Drew était encore hypnotisé par la mélodie qu’il venait d’entendre, donc il mit quelques secondes à émerger et toussotant légèrement, il répondit d’une voix plus courtoise : « Eh bien, j’ai besoin de rien mais simplement te dire que tu joues très bien du piano ». Rah flûte ! Les mots lui avaient échappé avant qu’il ne puisse les contrôler mais tant pis, il la regarda dans les yeux attendant patiemment sa réponse.

Comment avait-il pu prononcer ces mots ? Il n’en revenait toujours pas ce qu’il venait de dire alors qu’il avait fait attention à choisir le plus soigneusement possible ses mots afin de faire comprendre à la jeune femme que c’était uniquement pour sa musique qu’il était là et non pour elle mais à bien y réfléchir, cela sautait aux yeux désormais. Il s’était fait avoir par son propre jeu : sans crier gare, il venait de faire ce qu’il ne voulait surtout pas faire. Par tous les diables, il était aussi sot que ses gorilles lui servant de gardes du corps lorsqu’il était plus jeune. Désormais, il fallait qu’il reprenne la situation en main parce qu’elle était réellement en train de lui échapper et pour une personne de son rang cela ne pouvait avoir lieu ; par conséquent il fallait à tout prix qu’il sorte de ce piège dans lequel il s’était engouffré la tête baissée avec nulle circonspection alors que d’ordinaire il se méfiait d’à peu près tout – vieille habitude familiale – qu’importe il avait plus d’un tour dans son sac. Il se sentait prêt à affronter la blonde qui lui faisait face mais alors que celle-ci prenait la parole avec un charmant sourire moqueur sur le visage, il eut une sorte de flash et sans savoir comment, il se mit à la dévisager intensément… Elle était très jolie, en fin de compte ; par conséquent comment se faisait-il qu’il l’avait tant ignorée auparavant ? Une question qui méritait une grande réflexion afin qu’il puisse y apporter une réponse adéquate et alors que ses pensées vagabondaient au loin, il ne faisait même pas attention à ce qu’elle disait mais il eut tout de même un haussement de sourcil étonné lorsqu’il perçut le mot « merci » sortir des lèvres de l’Irlandaise. En d’autres circonstances, il lui aurait fait payée cette douce insolence quoique c’était infime mais cela suffisait pour que le jeune homme pense qu’on se fiche de lui et généralement, cela n’était sans conséquences plus ou moins rapides dans le temps mais aujourd’hui il était beaucoup trop dépassé par les événements pour faire attention à ça. Il ferma lentement les yeux pour reprendre une respiration normale alors qu’elle achevait sur une petite question qui ressemblait étrange à une pique pour le mettre au défi de lui expliquer la raison pour laquelle il l’avait tant ignorée auparavant ; cela avait eu le don de le mettre dans une situation encore plus embarrassante parce qu’il ne savait pas quoi dire en fin de compte. Néanmoins, il était sorti de l’une des meilleures écoles de la Planète où on lui avait enseigné l’art de se sortir de toutes les situations embarrassantes à l’aide de mots soigneusement choisis. Après une inspiration et une induction mentale au calme, il répondit d’une voix courtoise : « Eh bien, je dois dire que je suis grandement surpris de tes talents indéniables pour la musique. J’avoue que j’ignorais que tu jouais du piano mais je reconnais que je me suis trompé sur ton compte. Et pour information, il ne s’agit guère d’être digne ou non d’intérêt, je suis étrangement surpris et je voulais simplement complimenter l’auteur de ces belles mélodies. Voilà tout. »

Mais pourquoi diable restait-il là ? Andrew ne se comprenait plus, il se trouvait actuellement dans une situation des plus délicates et au lieu de chercher à s’en dépêtrer comme il avait toujours l’habitude de le faire, il s’enlisait plus que jamais. Il fallait sérieusement qu’il fasse quelque chose pour clôturer cette conversation au plus vite et ainsi il pourrait vaquer de nouveau à ses occupations qui étaient de très loin plus intéressantes que la jeune femme qui se trouvait en face de lui actuellement. Cependant il restait là où il était comme s’il s’était retrouvé complètement hypnotisé – stupefixié par les talents de de musicienne de son interlocutrice. On aurait dit qu’il ne daignerait pas à partir de là où il se trouvait tant qu’il n’aurait pas obtenu quelque chose de la jeune femme : car oui, une personne comme Drew ne faisait jamais quelque chose gratuitement – d’ordinaire les filles le payaient en nature et cela lui convenait plus que parfaitement – oui on pouvait déduire qu’il attendait quelque chose de la Miss O’Meara… Il gardait une posture droite afin d’éviter de paraître nonchalant – vieille habitude de la Noblesse Britannique – on lui avait toujours appris que lorsqu’on était en pleine conversation avec une personne, la position qu’on adoptait durant celle-ci en disait très long sur le comportement de la personne ! En restant ainsi droit et fier, l’impassibilité se lisait complètement sur son beau visage : il ne lui donnerait guère la satisfaction qu’elle avait réellement réussi à le troubler, il allait se contenter d’une demi-vérité. Il resta même impassible pendant qu’elle parlait et ce qu’elle insinuait était simplement la plus stricte vérité – celle qu’il n’acceptait pas parce qu’il était un Kenworth et tel père tel fils, il refusait tout net d’assumer ses erreurs ! Vilaine fierté de la Noblesse traditionnelle tout de même – il leva les yeux en l’air les promenant dans tous les recoins de la pièce avant de reporter son attention sur elle puis il dit d’une voix sans émotion : « Je t’ai remarquée très chère, sinon je ne saurais même pas ton patronyme. Mais je dois dire qu’aujourd’hui, ce que j’ai découvert sur toi me laisse perplexe. Tes talents de musicienne sont indéniables et selon moi, tu devrais te produire dans les plus grands lieux devant un public fortuné. Tu rencontrerais un franc succès. Tu dois penser que je ne m’y connais guère en musique, ce qui en soi véridique, cependant depuis mon plus jeune âge j’assiste à des concertos et des concerts des plus grands musiciens du monde et j’ai appris à entraîner mon oreille à reconnaître telle ou telle mélodie… Et en écoutant la tienne, il me vient cette interrogation à l’esprit : tu composes tes propres mélodies n’est-ce pas ? »