Je pense que je garderai toujours un bon souvenir de mon enfance. C'est vrai, je ne pourrais pas me plaindre car je n'ai pas d'histoire tristes à faire pleurer dans les chaumières à vous raconter. La période de l'enfance est très certainement l'une des plus jolies de notre existence. C'est vrai non? Quand on est tout gosse, on ne se prends pas la tête avec les préoccupations des grands. On apprends à se laisser porter par le flot du courant de la vie, on ne vit pas des choses extrêmement compliquées. Enfin,... Pas qu'on on naît du bon côté de la barrière. Des enfants de part le monde ne peuvent pas tous prétendre n'avoir jamais vécu de choses difficiles dès leur plus jeune âge. Moi, j'ai eu de la chance. Une mère chirurgienne reconnue en Amérique pour être une virtuose du scalpel. Un père reconnu pour ses états de service pour la patrie et instructeur pour l'armée. Une famille plus que bien nantie et ce des deux côtés. Américain et Ecossais. Et que dire alors de cet orgueil, ce civisme et la vision de vie de la famille O'Cleary? Nous sommes tous nés à Glasgow. Oui l'Ecosse, un pays d'Europe. Nous n'y sommes pas restés très longuement puisque alors que j'étais encore toute petite, nos parents ont prit cette grande décision. Oui grande parce que ce n'est pas une chose qui se décide à la légère. Mavrick ou Mav' pour nous car c'est ainsi qu'il préfère qu'on le nomme doit encore mieux se rappeler que moi des tenants et des aboutissants de cette décision. Moi, et bien j'étais toute excitée de prendre l'avion pour la première fois de ma vie. Excitée mais, avec le recul aujourd'hui, je dirai aussi apeurée. C'est vrai, je voyais cet avion comme un géant de fer et je me souviens m'être toujours demandée comment cette masse si lourde pouvait planer dans le ciel.
Le ton était donc donné, nous allions embarquer pour une nouvelle vie aux States. En Californie. Nous étions ce que l'on appelle une famille nombreuse. Les O'Cleary se composant des deux piliers et de quatre enfants dont je suis l'avant dernière. J'ai grandi au milieu de grands frères, autant dire qu'en cas de coups durs, j'ai de quoi faire n'est-ce pas. Les mecs sont toujours protecteurs envers leurs petites frangines, c'est bien connu. Et moi je n'en ai pas qu'un seul j'en ai deux. On nous promettait monts et merveilles pour cette nouvelle vie. J'avoue, je n'ai eu aucuns regrets à quitter notre pluvieuse Ecosse, déjà j'étais bien trop petite pour protester et j'y avais beaucoup moins de souvenirs que les autres. Et puis même si j'avais été plus grande, vous pensez que j'aurai râlé d'aller vivre dans une ville où le soleil est bien plus présent, où la mer est bien plus agréable. Non, vraiment pas. Je ne regrette pas le choix fait par mes parents. A part peut-être le fameux monstre Nessie et les légendes que me racontaient mes parents.
C'est dans l'un des meilleurs lycée privé de Miami que j'ai commencé à faire mon parcours scolaire qui m'amènera aujourd'hui à faire des études de médecine avec une spécialisation en neuroscience. Je peux largement mettre en cause la très bonne éducation que j'ai reçu de mes parents. L'échec n'est pas de mise chez les O'Cleary. J'ai grandi dans ce milieu militaire, ordonné, bien rangé avec le respect d'autrui et des valeurs exceptionnelles que l'on nous a inculquées. Pourtant, dire que je suis une fille bien sous tout rapport serait vraiment erroné, j'ai mes défauts, mes petits travers. J'ai surtout cet impulsivité presque maladive qui me fait bien souvent commettre de petites erreurs. Oh juste des erreurs de parcours, rien de bien méchant car même si je suis assez vindicative, je sais aussi faire preuve de jugeote. Ce n'est pas toujours facile de grandir et d'évoluer au milieu d'autant de testostérone dans la maison, entourée de mecs les trois quart du temps, en dehors de Absolem mais, on a jamais été vraiment très soudée toutes les deux. Oh bien entendu on s'aime, on est frangines, on a le même sang mais, c'est pas comme si on était toujours faxées ensemble.
J'ai eu ma période un peu rebelle, comme un peu près toute les adolescentes ou presque. Je n'ai jamais aimé être un petit mouton bien sage, une petite fille modèle bien sous tout rapport. J'ai toujours ressentis un besoin fort de me démarquer. Peut-être parce que je suis la première fille de la fratrie. Tout ou presque est bon, pour se démarquer, ou se faire remarquer. Tout plutôt que d'être juste l'invisible de la famille. J'ai eu ma petite période trouble, vous voyez. Je prônais clairement la démarquage en tout genre, c'est passé par une petite période gothique et à la limite de la geek oui oui vous ne rêvez pas. Je faisais partie du club d'informatique du lycée. On s'amusait avec un de mes potes à hacker des pc en tout genre, frauder ouais c'était le mot. Personne ne l'a jamais réellement su, disons qu'on ne crie pas ce genre de trucs tout haut sur les toits. J'ai connu ce crack de l'informatique j'ai appris plein de choses qui je pense pourrons encore m'être utiles à l'avenir. J'ai aussi connu ma petite spirales infernales, sorties trop tard, alcool et autres substances. Ouais, pas très longtemps car avec trois frangins derrière vos fesses, vous ne faites pas bien longtemps des conneries croyez-moi. Je me suis très vite assagie, puis dans le fond tout cela ne me ressemblait pas vraiment. Si je peux bien me targuer de quelque chose c'est bien de mon grand altruisme. J'ai toujours eu un rêve, rêve que je ne sais pas si je concrétiserai un jour. Mais, je voulais m'engager comme médecin sans-frontière plus tard. Mais, il faut d'abord que j'engage mes pions sur le grand échiquier des études de médecine avant ça.
Je crois que cette idée m'est venue lors d'un de nos voyages en Afrique. J'ai été touchée par la détresse dans ce pays, par la partie des bidons-villes et aussi les tribus plus retirées. J'ai réalisé à ce moment que tout le monde n'avait pas la chance de naître du bon côté de la barrière si je peux me permettre de parler comme ça. Là-bas, les médicaments sont chers, il n'y a pas de système de sécurité sociale comme ici. Des gens meurent de choses banales qui seraient ici aux States soignables, et sont de véritables fléaux dans ce genre de pays. On ouvre les yeux quand on fait face à la misère humaine...
Je me suis fixée un but, je compte faire mes études et devenir une grande chirurgienne. Je veux non seulement rendre fiers mes parents mais, je veux aussi avoir un réel but dans la vie. Pourtant un soir alors que j'avais seize ans, tout cela a bien failli me passer sous le nez. Bêtement, oui c'est certain. Il fallait être bête pour prendre le volant complètement bourrés. Oh, je ne conduisais pas cette nuit-là non. Je n'avais même pas encore mon permis. Mes amis eux si. Nous étions allé à une fête organisée par l'une de nos camarades de lycée. Aucun de nous n'était censé boire, nous n'avions pas l'âge légal. C'est prohibé et très mal vu. Mais, vous savez comment ça fonctionne. Il y a toujours des petits malins près à resquiller. Ils ne mesurent pas vraiment les conséquences que sont d'enfreindre des lois pré-établies pour nous préserver.
Oui ce soir-là bon nombre d'entre nous n'ont pas cru bon de tenir compte de ça. Les règles sont faites pour être enfreintes c'est ce qu'on se dit quand on est un ados un peu rebelle. Caleb avait pris la voiture, oh je pense que j'ai du lui faire remarquer, sortir un truc du genre "c'est vraiment pas judicieux tu sais..." et si je me souviens bien il a du me dire un truc du style "arrête de faire celle qui ramène sa science à tout bout de champ..." Oui, ça doit s'être passé comme ça. Aucuns de nous n'auraient dû être dans cette bagnole, nous n'aurions pas du prendre la route pour rentrer mais, simplement prendre un taxi. Mais, nous ne l'avons pas fait, non. Tout ce passait bien au début, nous étions en train de rigoler, de parler de la soirée, des derniers potins qui courraient le lendemain au bahut. La route n'était pourtant pas très longue jusque chez nous. Et pourtant... Aujourd'hui, je donnerai tout ce que j'ai pour revenir en arrière. Pour être cette voix de la raison quitte à passer pour la rabat-joie de service. Car ce soir là, la providence n'a pas été divine avec nous. Un accident, oui un bête accident qu'on aurait pu éviter si nous avions été moins idiots. Beaucoup de tôle froissée, deux voiture enchevêtrées l'une dans l'autre. Trois morts, deux blessés graves. Une blessure superficielle. Voilà le triste constat de toute cette histoire. Moi, à part cette cicatrice à l'abdomen? Qu'en ai-je gardé. Une peine immense. J'ai perdu mon petit copain dans cet accident, je l'aimais. Croyez-moi je l'aimais de toute mes forces. J'ai eu vraiment beaucoup de mal à m'en remettre émotionnellement. J'en ai voulu à la terre entière je crois, j'en ai voulu à Caleb d'avoir prit le volant, seulement il y a laissé la vie lui, alors je me suis mise à en vouloir à l'autre conducteur tout d'abord et aux personnes occupant l'autre voiture. Finalement, je me suis mise à m'en vouloir aussi à moi-même. Aujourd'hui, je pense que j'en garde une profonde cicatrice émotionnelle qui m'empêche de m'attacher. Oui car chaque personne que l'on autorise à entrer dans sa vie est une personne que l'on risque de perdre. Sentimentalement, je suis comme de la pâte à gâteau, et je n'ai pas fini de cuire. Je n'ai pas fini de devenir ce à quoi je suis destiné à faire en venant au monde. Et je me dis que si je survis à cette épreuve, et à celle d'après...et ainsi de suite, un jour je serais cuite, je serais un gâteau. Quand je serais prête...