(+Seeley) Journée entre potes !

« Détails sordides ?! Rien que ça ! » lui souriais-je, amusé de voir une telle réaction en lui quoiqu’il en soit, il avait raison, Mallory méritait d’être rencontrée. C’était la première femme qui me donnait envie de me poser, envie de fonder quelque chose avec elle. Il parait que lorsqu’on trouve la bonne, il faut foncer, oublier les questions, les doutes pour simplement profiter de l’instant présent. Or,  je ne voulais pas perdre de temps surtout que notre relation était plus ou moins vouée à l’échec du moins sur le papier. Elle était la fille de l’ennemi de ma mère bien que nos deux parentes étaient d’anciennes amies. Tout était compliqué mais l’amour n’avait jamais été une chose simple n’est-ce pas ?! Je n’ignorais pas que ma famille s’attendait à ce que je rompe, que je prenne mes distances avec cette femme ou pire, que je m’en débarrasse mais je ne pouvais pas. Je l’aimais. « En étant elle, tout simplement. Je crois que c’est la première femme qui arrive à me tenir tête tout en faisant preuve d’une foutue innocence qui me rend complétement accro. Je crois que je vais l’épouser » lâchais-je du but en blanc. Seeley allait peut-être me traiter de fou mais qu’importe, la folie avait du bon. En parlant de lui, je ne pus m’empêcher de l’emmerder sur sa soi-disant homosexualité, éclatant bruyamment de rire. « T’es pas drôle poto ! » boudais-je légèrement car je voulais des dossiers rien que pour l’emmerder. Il ne pouvait quand même pas me priver de ça hein ?! Ah ben si, et en prime, j’étais certain que ça l’éclatait de me frustrer de la sorte. Tortionnaire ?! Il avait de la chance que je sois bien trop impatient de voir ce village sinon, je l’aurais fait chier tout du long de la traversée. « Je ne comprends pas sérieux. Pourquoi faire cette visite si c’est pour râler ensuite. Les gens sont cons ou c’est moi ? » lui demandais-je désespéré avant que nous poursuivions cette conversation le plus calmement du monde, laissant le bateau nous amener à notre destination. « J’ai l’impression d’avoir fait un bon dans le passé ! Tu as pris l’appareil photo ?! » lui demandais-je tandis que j’observais certaines ruines. Cela faisait plus d’une heure que nous visitions le village et le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne regrettais pas le moins du monde notre venue.

« Eh ouais mon pote ! » Je le regardais attentivement, il semblait presque ailleurs, tout simplement heureux, sur son petit nuage. J’accrochais un sourire à mes lèvres, le voir ainsi n’était pas rare mais tout de même, là il atteignait un stade rarissime. Je soufflais longuement, il était amoureux, un tout jeune amoureux confondu dans ses sentiments, j’avais l’impression de me revoir quelques années en arrière en compagnie de Joanne, totalement innocent, des étincelles plein les yeux et le cœur léger, l’inconvénient était qu’à ce moment précis, à cause de mes souvenirs en compagnie de Joanne, j’avais l’impression qu’une lame s’amusait dans mon cœur, tournant encore et encore. Je retenais alors mon souffle tellement ma douleur psychologique était forte, puis une fois le drame passé, une fois que mes muscles s’étaient à nouveau détendre, je lâchais « Oh tu’es vraiment mordu, tu’es foutu là ! » puis je lâchais un rire. Je l’imaginais une seconde fleur bleue, totalement manipulé comme un toutou en laisse par sa demoiselle, car oui parfois l’amour pouvait nous faire faire de drôles de choses. « Classé secret défense. » Une moue s’emparait de mon visage puis je reprenais mes traits habituels, ceux légèrement crispés, fatigués, jamais reposés. Je soufflais alors longuement en observant les deux touristes et faisais rouler mon regard vers le ciel. « À choisir je dirais eux, c’est ce qu’on appelle des touristes, des vrais, jamais contents, éternels insatisfaits. » La visite était très instructive, et divertissante, je n’imaginais pas qu’un tel endroit pouvait regorger d’histoire, disons qu’en venant à Punta Cana, ce n’est pas l’idée principale que celle de visiter un lieu pareil que l’on a en tête mais bien autre chose. « Vas-y prend ta plus belle pause de mannequin, en gardant tes vêtements bien sûr… » Je sortais alors mon appareil photo et prenais en photo mon ami en me mettant à rire à cause de ce que je voyais dans l'objectif.

Mordu, je l’étais et pas qu’un peu mais loin de me paniquer, je me sentais serein. Certes, ce n’était pas non plus la panacée, je ne vivais pas sur un nuage rose en imaginant un nain en tutu rose jouant avec un arc et des flèches. Non, j’étais heureux, bêtement heureux tout simplement. Je jetais un œil à mon meilleur ami, peinant de le voir reprendre ses traits crispés. J’aimerai sincèrement qu’il connaisse le même bonheur encore une fois, qu’il se laisse atteindre d’une quelconque façon mais j’avais bien l’impression que c’était peine perdue. Par moment, même pour moi, il était inaccessible comme s’il y avait une barrière entre nous. Je présume que nous étions tous plus ou moins poursuivis par nos propres démons. Moi-même, j’en avais à la pelle et très certainement, ces mêmes fantômes continueront à dicter certaines de mes réactions, de mes pensées ou de mes actes. « Sûrement des français » plaisantais-je avec un léger sourire. Je connaissais tellement les clichés sur les français et j’aimais blaguer là-dessus tout simplement parce que ma tante était française… Bah si on ne peut pas s’amuser à charrier sa famille, ce n’était pas marrant n’est-ce pas ?! Oh elle me le rendait bien donc pas de scrupules à avoir. « Si ma tante m’entendait, elle hurlerait certainement que les français ne sont pas que des râleurs et des éternels insatisfaits »lui expliquais-je donc ma remarque précédente. En tous les cas Seeley semblait prendre autant de plaisir que moi à suivre cette visite guidée. En même temps quoi de plus naturel pour deux mordus d’archéologie. C’était même du pain béni ce lieu. « Comme ça ?! Faut que je fasse l’amour à l’objectif ? Ce n’est pas ce qu’ils disent les photographes ? » rigolais-je en prenant des pauses à la James Dean ou à la Paris Hilton, oscillant entre prétention et connerie pure et dure. « A ton tour poto ! » m’exclamais-je bien décidé à l’immortalisé également dans ce décor.

Mes démons étaient toujours là, le fantôme de Joanne errait sans cesse autour de moi, me rappelant que j’avais des chaînes qui me faisaient me sentir atrocement lourd. Je disais des conneries, si Joanne me voyait, elle aurait sûrement envie de me claquer bien que ce ne soit pas dans sa nature. Après tout, elle était douce, attendrissante, elle aurait certainement souhaité que je refasse ma vie avec une fille qui aurait de réels sentiments pour moi, pas une de ces aguicheuses de bas étages. Mais c’était plus fort que moi, je n’y arrivais pas, je ne pouvais pas passer à autre chose. « Hé, je te signale que je suis à moitié Français ! » Je donnais un coup d’épaule à mon ami en faisant semblant d’être vexé. Oui j’étais à moitié Français, l’autre moitié était américaine, mais pas que. J’avais des origines Irlandaises et Italiennes, rien que ça, ma famille était un beau bordel. « Et moi je lui dirais qu’elle a tout faux, c’est vrai on n'est pas tous… comme ça. » Je faisais alors une moue, c’est vrai que les Français faisaient preuve de pas mal des railleries, surtout en ce moment. Disons qu’ils n’étaient pas épargnés par les clichés des râleurs, et de la baguette coincée sous le bras, la marinière sur le dos et le béret en guise de couvre-chef, sur le coup, ça me faisait rire. Je sortais alors l’appareil photo et éclatais de rire en voyant les pauses de Declan. « C’est ça, déchaîne ta passion, vas-y ! Et fait ta belle bouche en cul-de-poule, montre ton décolleté ! » J’imitais vulgairement un photographe légèrement fou et m’arrêtais une seconde alors qu’un couple passant derrière nous, nous regardait étrangement, pour le coup, c’était nous qui nous faisions passer pour des folles. « Han pitié non. » Disais-je alors que Declan voulait me prendre en photo. Je me laissais alors gentiment prendre alors que je restais les bras ballants, ce n’était pas franchement quelque chose que j’adorais, mais après quelques remarques je me laissais prendre au jeu et me mettais à faire des grimaces. Je demandais ensuite à un autre couple de nous prendre en photo tous les deux, pour qu’on se souvienne de ce site, et surtout de nos conneries.

Mon meilleur pote s’était peut-être vexé –ou fit mine de ; car je n’avais jamais dit que ma tante était contre les français bien au contraire. Anaé était française, réunionnaise même et elle avait horreur qu’on prononce le moindre cliché à l’encontre de sa patrie. Mon oncle adorait la charrier en lui disant qu’il n’y avait rien de mieux qu’un bon irlandais et que le monde s’en portait mieux si tous les pays avaient à leur tête, un fils d’Irlande ; Autant dire que de temps en temps, les réunions de famille tournaient au pugilat. « Seeley, ma tante est française, tu m’as même pas écouté, je devrais faire semblant de me vexer… Remarque, comme tu es à moitié français seulement, tu es à moitié râleur et à moitié insatisfait devant l’éternel » le charriais-je de bon cœur car mon meilleur ami était quand même bon public qu’on se le dise. Et dire que même pas deux minutes après ces petites vannes, nous en étions à faire les cons avec un appareil photo ! Sérieusement, les gens devaient nous prendre pour des tarés sortis de l’asile le plus proche mais comme je n’avais pas peur du ridicule, je me laissais faire bien volontiers, faisant l’amour à l’objectif tout en étant complétement hilare. Cependant, il était hors de question qu’il ne passe pas derrière l’objectif pour un petit shooting débile. « Pas de pitié qui tienne, fais l’amour à l’objectif poto » lâchais-je et si Seeley fit la fine bouche dans un premier temps, il se prit rapidement au jeu allant même jusqu’à demander à un couple de nous prendre en photo. « Je sens qu’on va faire comme dans le film Very Bad Trip, on regardera une fois les photos avant de les effacer pour éviter qu’elles ne tombent entre de mauvaises mains » rigolais-je en lui tapotant l’épaule. « On va boire quelque chose ? » proposais-je tandis que j’avisais une boutique de souvenirs. « D’ordinaire je ne suis pas trop porté sur ses conneries mais j’ai promis à Mallory de lui ramener un petit quelque chose… Tu m’aideras à lui trouver un cadeau ? Tu t’y connais bien mieux que moi »

« Ta tante est réunionnaise, c’est encore pire que d’être Français ! Je veux dire… au niveau cliché hein. A t’entendre, je n’aurais pris que les défauts des Français… » Je fronçais les sourcils tout en le menaçant d’un de mes doigts. Je me mettais alors par la suite à rire. Je n’avais pas longtemps côtoyé la France, moins que l’Irlande où je passais le trois quarts de mes vacances en tout cas, mais assez pour faire quelques rencontres dont une que j’avais pu revoir à Harvard, c’est dingue comme le monde était parfois petit. « Mouais… ces clichés vont devenirs célèbres. » Prenant des poses, j’étais incapable de ne pas rire, j’essayais mais une part de moi me chatouillait presque pour que ça sorte, il faut dire qu’il remontait loin le temps où je m’étais réellement amusé. Je laissais alors mon pote me rejoindre pour une énième photo et récupérais l’appareil en remerciant le couple qui semblait rire de nos conneries, le fun de la jeunesse n’était visiblement pas perdu pour tout le monde. « Je pense, mais je te préviens, c’est toi qui te fais le transsexuel… je préfère encore me faire tatouer ou m’occuper du tigre dans la salle de bain ! » Je fermais les yeux un instant, me souvenant de quelques séquences de ce film mémorable, un sourire aux lèvres, puis je me dirigeais vers la petite boutique de souvenirs. « Allez, je t’offre un verre. Pour les trucs de souvenirs… Je sais que les filles raffolent des boules à Neige mais je doute qu’on en trouve par ici. Disons… cette petite peluche qui est censée ressembler à… quoi à ton avis ? Un cacatoès croisé avec un hippopotame ? » J’avais rapidement attrapé la peluche que je faisais tourner entre mes doigts avec une légère moue.

« Hey c’est toi qui n’arrête pas de râler et comment ça c’est pire ? Non parce que si tu me donnes le moyen de la faire sortir de sa réserve naturelle, je suis preneur. Ma tante, elle est pire qu’un anglais, il lui en faut beaucoup pour qu’elle hurle » rigolais-je en lui offrant le sourire le plus innocent du monde. Oui, cela pouvait tout à fait vrai, je savais me montrer innocent…avec les mains pleines car il ne faut pas déconner non plus. C’est un peu comme avec ces photos. « Pour être célèbre, elles vont l’être… je crois que je vais quand même en faire encadrer quelques-unes »plaisantais-je avant d’éclater de rire. « Ah non, j’ai déjà donné côté transsexuel !! Je te jure, j’étais totalement bourré et on aurait dit une véritable nana… heureusement que la porte des toilettes étaient ouvertes, j’ai rapidement su ce qui allait me tomber dessus » lui racontais-je totalement hilare car j’en conservais un bon souvenir même si j’avais pris ce jour-là, mes jambes à mon cou comme une vierge effarouchée. « Je ferais le dentiste tant pis ! Même si de nous deux, je ressemble le plus à Bradley Cooper » ajoutais-je par la suite avant de lui demander un petit service. Je voulais ramener un souvenir à Mallory mais aucune idée de ce que je devais prendre. « Aucune idée… c’est une peluche…bah au pire, elle passera une heure à se demander ce que c’est et je finirais par râler qu’elle est jamais contente… Du coup, elle culpabilisera et me fera un câlin pour se faire pardonner… Elle n’est pas belle la vie finalement ? » lâchais-je avec un franc sourire pour mieux choper une peluche au hasard et aller la payer. « Allez, let’s go pour se boire un verre en terrasse, on l’a bien mérité ! »

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« Arrête, j’imagine ta tante en train de gueuler avec son rouleau à pâtisserie, je suis sûr que t’as du te prendre les pires roustes de ta vie par elle ! » J’éclatais de rire en imaginant la scène, le petit Declan en train de se faire engueuler par sa tante à fort caractère, qu’est-ce qu’il ne fallait pas imaginer. Je reprenais soudainement un air sérieux, fronçant les sourcils en le pointant du doigt. « Si tu publies ça, enfin encadre, t’es un homme mort O’Malley ! » J’avais presque l’air de grogner, enfin presque car un nouveau rire avait tout de suite fait son apparition, impossible de garder son sérieux. J’avais failli m’étouffer en entendant son anecdote, il venait bien d’avouer qu’il avait failli se faire avoir par un transsexuel ? Je me mettais à tousser histoire de reprendre un peu d’air, puis je le regardais, choqué « Ouaw ouaw ouaw, attends t’es sérieux là ? Punaise tu m’avais jamais parlé de ce truc, c’est vraiment horrible mec ! Je ne te verrais plus de la même façon. » Je prenais alors un air faussement dépité puis lui assenais une tape sur l’épaule. « Toi Bradley Cooper ? Oh s’il te plait, arrête ton char ! » Je faisais signe de remettre le col d’un costume inexistant, la classe à la BC quoi, puis j’attrapais une peluche sur l’étalage en faisant une légère grimace. « Tu vois, j’en ai de bonnes idées finalement ! » Je me mettais alors en direction du café du coin, du moins du pseudo restaurant où une terrasse était presque bondée en compagnie de mon pote « Ça tu l’as dit. » On s’arrêta alors prendre un verre, puis deux avant de repartir à la découverte du site et de rentrer chez nuit alors que le sommeil commençait à descendre pour toucher le niveau de l’eau.

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