Talking about them (PV Dixie)

Je sentais que le sujet que Dixie voulait aborder était délicat. Mais on avait beau parler d’autre chose, la mather avait toujours cette expression un peu gênée dans les yeux et je ne pouvais m’empêcher d’être intrigué : il était évident que cela me concernait, mais j’avais du mal à saisir vraiment l’importance et la portée de la révélation qu’elle allait me faire. Jusqu’à ce qu’elle aborde le sujet à nouveau. Elle m’informa d’abord que c’était par rapport à Caly et je plongeais alors mon regard dans le sien. « Caly ? Je ne comprends pas… » Ma voix était empreinte d’inquiétude, parce que l’expression grave du visage de mon amie ne laissait rien présager de bon. Une foule de théories m’effleurèrent alors l’esprit et la plus inquiétante d’entre elles était que quelque chose était arrivée à mon ex… Mais bien vite, cette peur me parut complètement ridicule. J’étais vraiment qu’un crétin pour me préoccuper ainsi d’une fille qui s’était déjà jetée dans les bras d’un autre. Oui voilà la triste vérité que Dixie venait de me révéler : elle avait vu Caly avec un autre mec. Je baissais les yeux vers le sable, essayant d’échapper au regard de mon amie. Je ne voulais pas que la mather remarque l’étincelle de tristesse que ce qu’elle venait de me raconter avait allumé dans mon regard. « Oh je vois… » fis-je sur un ton faussement détaché. Le simple fait de savoir qu’ils s’étaient embrassés me donnait la nausée, alors l’imaginer dans un lit avec ce gars, c’était juste impossible pour moi à ce moment là. Je venais de prendre la pire douche froide de ma vie, un peu comme si l’on venait de me plonger dans une baignoire pleine de glaçons… Je restais plusieurs minutes silencieux, les yeux rivés sur le sol, complètement abasourdi par les paroles de Dixie qui ne cessaient pourtant de résonner dans ma tête. Puis soudain, mes neurones semblèrent se remettre à fonctionner à plein régime et les questions fusèrent : tout était donc fini avec Caly ? Comment avait-elle rencontré ce nouveau mec ? Etait-ce sérieux entre eux ? Je relevais alors la tête vers Dixie, le visage fermé, les traits durcis par la douleur et la colère : « C’est qui ce type? » demandai-je d’une voix rauque.

C'est drôle comme j'me souviens encore du jour où Priape et moi nous étions reparlés pour la première fois depuis que nous avions couché ensemble dans le passé, lorsque j'étais en «fréquentation» avec son meilleur ami Valentin. On avait décidé de ne pas parler de cette aventure passée entre nous à Valentin, ni à Calypso, qui, à ce moment, était une de mes très bonnes amies. Faut croire que les choses changent avec le temps... Je m'étais éloignée ET de Caly, ET de Valentin, je n'avais pas vraiment reparlé à Priape jusqu'à l'épidémie, où l'on s'était retrouvés dans la même vague... Maintenant, on était amis, on se parlait plus fréquemment, bien qu'aujourd'hui ce soit loin d'être une conversation très joyeuse. Je savais que je lui ferais de la peine, beaucoup de peine en lui avouant que j'avais aperçu Calypso au bras de Charlie, qu'il ne connaissait même pas et dont je ne suis même pas très certaine qu'il souhaite connaître d'ailleurs... Mais je n'avais pas eu le choix. Il fallait que je lui dise, et qu'il le sache. Maintenant que je m'étais lancée, je ne pouvais plus reculer, surtout qu'il s'était aperçu qu'un truc clochait dans mon regard et que j'avais quelque chose à lui dire. Il ne s'attendait certainement pas à ça, pourtant... Rah Dixie, je te déteste. Il avait baissé la tête, il était muet... Complètement muet. Je comprenais parfaitement sa réaction, j'aurais eu la même s'il me l'avait appris au lieu du contraire. Cependant, étant un peu trop impulsive, lorsque je les avais vus aux bras l'un de l'autre, j'avais réagi avec colère.. Je soupirai. Je me levai pour venir m'asseoir à côté de Priape, puisque jusqu'à présent je me trouvais en face de lui. Je ne savais vraiment pas comment réagir.. Qu'est-ce que j'étais supposée faire? Il releva finalement la tête, après de longues minutes de silence, et son regard perçant dans le mien, j'y décelai une trace évidente de colère. Sa voix ne le trompait pas. Il était en colère. Déçu, brisé, fâché, triste... Sa question me fit me mordre la lèvre. Devais-je lui dire qui c'était? Est-ce qu'il irait le frapper... Se venger de lui «piquer» sa petite amie? Je soupirai en prenant doucement ses mains dans les miennes, pour essayer de le calmer. Je restai dans cette position quelques secondes, en silence complet, avant de murmurer tout doucement : « Si j'te le dis, Priape, tu m'promets de pas le cogner, de pas lui mettre le nez en sang, ou de pas te venger sur lui...? Je sais parfaitement ce que tu ressens... Ça m'fait vraiment mal à moi aussi. J'sais pas du tout pourquoi ils ont fait ça, ni pourquoi ça nous tombe dessus comme ça.. On a l'droit d'être heureux, alors s'teplaît te gâche pas le moral pour ça, comme ça... » Facile à dire, moins à faire. J'croyais même pas totalement à mes propres mots, alors... « Il s'appelle Charlie... Charlie Wilcox. » Cette fois-ci, c'est moi qui baissais la tête. Ça pouvait paraître idiot, mais des larmes me montaient aux yeux. De frustration et de tristesse... Parce que j'tenais à lui plus que simplement «un peu», et j'avais l'impression d'être trahie complètement... Pourquoi, merde!?

J’étais trop abasourdi par ce que je venais d’apprendre pour que ma parole ait véritablement une quelconque valeur. Pourtant, mon interlocutrice me demanda de lui promettre de ne pas massacrer le type en question, celui avec qui elle avait aperçu Caly. Elle devait vraiment tenir à ce garçon pour insister pour que je ne le touche pas. J’hochai mécaniquement la tête, acquiesçant instinctivement, bien qu’au fond de moi, connaissant mes éclats de colère soudains je n’étais pas certain d’être capable de tenir cette promesse. Dixie ajouta alors qu’elle comprenait ce que je ressentais, qu’elle souffrait aussi de cette découverte. Elle finit par me dire de ne pas les laisser ruiner mon moral. Trop tard pour cela. Cela faisait déjà des semaines, depuis ma rupture avec Caly en fait, que je broyais du noir. Savoir qu’elle avait tourné la page et se baladait déjà au bras d’un autre n’allait probablement pas m’aider à me sentir mieux. C’était surement très égoïste, mais de l’imaginer aussi malheureuse que moi de notre séparation m’avait un peu aidé, je m’étais accroché à cette image d’une Calypso triste et abattue, nous imaginant nous retrouver, recoller les morceaux, laisser une nouvelle chance à notre couple… Des espoirs qui me parurent soudain ridicules et illusoires… Pauvre idiot que j’étais ! «Qui est-ce Dixie ? » répétai-je simplement en ignorant les conseils qu’elle venait de me dispenser parce que je me savais incapable de faire abstraction de cette information. Elle finit par me révéler son identité. Le nom m’était inconnu… Au moins ce n’était pas l’un de mes amis. Consolons nous comme on peut… « J’arrive pas à croire qu’elle soit déjà passée à autre chose… » soupirai-je un instant avec une voix pleine de desespoir. Je relevai la tête vers Dixie, plongeant mon regard dans le sien. J’avais bien entendu ses paroles, je ne pouvais qu’en conclure qu’elle tenait à ce mec, mais lui, il lui avait préféré mon ex. Dixie était peut être donc en effet la personne la mieux placée à l’heure actuelle pour comprendre la souffrance que je ressentais. « Ce Charlie et toi, vous êtes proches donc ? » demandai-je en espérant que ma question ne serait pas trop indiscrète. Après tout, nous pouvions essayer de nous soutenir Dixie et moi. Notre relation était vraiment passée par beaucoup de stades, et nous voilà désormais réunis par nos malheurs communs…

Je me sentais moi-même terriblement déçue et abattue que je ne doutais même pas de l'état actuel de Priape. La différence entre lui et moi, c'est que lui avait été en couple avec Calypso, et pendant plus de 7 mois environ, alors que moi j'avais même pas passé le stade supérieur après celui du baiser. En plus, Charlie m'avait seulement embrassé alors qu'il était complètement saoul, sur la plage, au début du Spring Break, et il ne s'en rappelait plus. S'il s'en était rappelé, jamais il n'aurait fait ça avec Caly, excepté s'il se jouait de moi... Et j'avais l'impression, actuellement, qu'il se jouait de moi de toute manière. J'observais Priape tenter de se contenir et de contenir sa colère comme il me promettait qu'il ne ferait rien à Charlie si je lui disais son prénom... Sauf qu'il était impatient, et il voulait le savoir... C'est pour cela que je le lui avouai : je pouvais pas lui cacher ce lourd secret, non plus. Je crois que Priape et moi étions bien plus abattus que Calypso et Charlie n'avaient pu l'être chacun de leur côté. Pourquoi avaient-ils fait ça? Je voyais le désespoir dans le regard de mon ami Dunster et c'est avec un pincement au coeur que j'acquiesçais à ses paroles. '' Cherche pas des explications. Cherche pas à comprendre, ça fait plus de mal que d'autre chose. '', dis-je en toute connaissance de cause. C'était qu'un conseil, un peu difficile à mettre en pratique, mais je préférais lui dire cela que lui faire de faux espoirs en essayant de le persuader que peut-être que ce qu'avait fait Caly était justement parce qu'elle n'avait pas réussi à passer à autre chose et qu'elle l'aimait toujours autant... Peut-être que c'était le cas. Mais je savais pas non plus ce qui s'était passé dans la tête de Calypso pour être en mesure de faire cette affirmation. À la question suivante de Priape, je baissai les yeux vers le sol, à mon tour. Si je tenais à Charlie? God, cette question... Elle était aussi simple à répondre, mais aussi compliquée à la fois. Je soupirai, puis inspirai un bon coup. '' Ouais...vraiment. J'ai été assez stupide pour croire qu'on pourrait construire quelque chose ensemble. Et visiblement, j'me suis faite avoir encore une fois.'' J'essayais d'rester bien droite, de retenir des larmes de peine et de colère, de penser à autre chose, mais à quoi bon ça servait? On avait autant mal moi et Priape, alors on avait pas à cacher quoi que ce soit. Je relevai la tête vers lui, puis me levai pour m'asseoir juste à côté de lui. Je laissai tomber ma tête sur son épaule : j'avais pas de gêne à avoir, c'était mon ami après tout. Et je voulais qu'il sente que j'étais là malgré tout et malgré ce que je ressentais aussi de mon côté. En essayant de nous remonter le moral un peu, je dis en émettant un très léger rire : '' En tout cas... c'est eux qui manque quelque chose, j'te dis... Deux personnes aussi sexy et awesomes que nous, y'en a pas à tous les coins de rue. ''

Dixie avait surement raison : se torturer l’esprit à essayer de comprendre n’allait surement pas m’aider à aller mieux. Ressasser ce qui s’était produit entre Caly et Charlie n’était pas la solution. Il fallait que j’avance, mais là, juste après la révélation de toute cette histoire, j’avais du mal à appliquer ce conseil. Mon amie semblait aussi touchée que moi, et je ne pus m’empêcher de l’interroger sur son lien avec ce fameux Charlie. Elle soupira doucement avant de me répondre qu’effectivement, ils étaient proches. Elle m’avoua avoir naïvement pensé à un avenir avec lui… Forcément, le savoir dans les bras d’une autre avait du la faire changer d’avis sur ce point. « Je suis désolé Dixie… » fis-je sincèrement. Je voyais bien qu’elle prenait sur elle pour ne pas craquer. Après toutes les épreuves qu’elle avait enduré, celle-ci était peut être celle de trop. J’étais bien placé pour la comprendre, j’étais habité par la même déception, la même douleur. Je savais qu’aucun mot n’aidait alors lorsqu’elle s’installa à côté de moi, plaçant sa tête sur mon épaule, je tendis le bras pour le placer autour d'elle avec tendresse. Un petit rapprochement physique valait surement mieux que n’importe quelle excuse, n’importe quelle parole de réconfort inutile. Sa présence à mes côtés était un grand soutien pour moi, j’étais toujours aussi triste mais cela m’aidait de savoir que je pouvais compter sur mon amie, qu’elle ne me cachait rien et qu’elle était là pour me révéler la vérité et m'aider à l'encaisser. « Merci de me l’avoir dit… » soufflai-je alors en serrant doucement mon bras autour d’elle. Lorsqu’elle reprit la parole, sa remarque plus légère pour détendre l’atmosphère m’arracha un petit rire. « Ils vont surement le regretter c’est clair ! » acquiesçai-je en souriant.

On réussirait à passer par-dessus : c’est ce que je me répétais mentalement pour arriver à justement, y parvenir, difficilement certes, mais tout de même. J’crois que Priape devait sûrement se dire la même chose. C’est vrai, j’avais cru naivement pouvoir construire quelque chose avec lui, de sincère et de durable... J’pensais même que le fait de retrouver la vue allait débloquer Charlie vis-à-vis de moi, puisque lorsque j’étais aveugle, j’avais cru comprendre qu’il avait un bloquage et même si ça m’avait blessée, j’avais pas pu me détacher de lui, bien au contraire, je m’étais de plus en plus attachée à lui... Et voilà le résultat. '' Le soit pas, c’est rien.'' Enfin, rien était bien grand et bien faux, mais j’essayais de pas y penser. C’était plus facile. Je voulais oublier, et je voulais faire oublier à Priape ussi, parce qu’il devait autant avoir mal, alors je posai tout simplement ma tête sur son épaule, et directement il m’entoura de l’un de ses bras. Je souris en fermant les yeux. C’était juste ça qu’il me fallait : un ami qui comprenait. Il me remercia de le lui avoir dit. C’est un peu comme s’il me remerciait de l’avoir blessé, mais c’était pas vraiment pareil au fond. Ça lui évitait de le découvrir par lui-même et de s’être tapé des faux espoirs pour finalement se voir détruit comme moi. ''J’crois que te dire ‘’C’était un plaisir’’ n’est pas la meilleure chose à répondre, et puis c’est faux... Donc j’dirai rien.'' Ouais bon je venais de dire quelque chose, mais en fait c’était stupide. J’essayais de détendre l’atmosphère en rigolant un peu, et Priape me répondit en confirmant mes propos. '' Carrément! J’suis sûre qu’on va bien plus s’amuser sans eux, pas vrai? '' Ouais bon... C’t’encore à voir, ça!

Je voyais bien qu’elle faisait tout pour rester forte devant moi, mais dans le fond je savais très bien que son –c’est rien- n’était pas vraiment sincère. J’éprouvais la même sensation amère de déception, j’avais la gorge tout aussi serrée et la même envie de tout envoyer balader. Ce n’était pas rien mais on essayait de s’en convaincre, là, assis l’un à côté de l’autre à tâcher de plaisanter et de sourire comme si une partie de nos certitudes ne venait pas de s’écrouler. « J'en suis sûr. Et puis tu sais ce qu’on dit Dixie ? Un de perdu, dix de trouvés. Je suis sur que tu vas vite te retrouver avec une horde de mecs à tes trousses… » assurai-je avec un sourire à l’intention de mon amie, espérant que cette perspective lui ferait du bien. « Et puis attends, c’est le spring break, donc c’est clair qu’on va bien s’amuser. » Je tentais d’avoir l’air convaincu et convaincant, mais au fond de moi je n’étais ni l’un ni l’autre. Une petite flamme d’espoir s’était éteinte en moi lorsque Dixie m’avait révélé la vérité sur Caly. Notre histoire était véritablement finie, aujourd’hui, maintenant, à cet instant. Pas il y a quelques semaines, lorsque j’avais passé la porte de son appartement après avoir rompu, non dans ma tête c’était à partir du moment précis où mon amie m’avait raconté que Caly voyait quelqu’un d’autre, qu’elle était passée à autre chose, à partir de là que le point final de notre longue et tumultueuse histoire semblait enfin être posé. The end. On ferme le livre. On passe à autre chose. Je tachais de sourire et de changer de sujet, c’était trop douloureux de rester là à parler d’eux, et honnêtement ils ne le méritaient pas. J’étais à peu près certain qu’ils ne parlaient pas du tout de nous lorsqu’ils se retrouvaient ensemble… « Alors tu as prévu quoi de beau pour la suite de ton spring break ? »