(+Eugene) SEA, NOT SEX BUT SUN.

Il n'avait rien d'une marmotte. Son adage ? Le temps passé à ne pas s'occuper de soi était tout simplement du temps perdu. Point. Alors même si Jack à ses côtés voulaient encore quelques câlins, il allait falloir qu'il fasse avec car aujourd'hui Eugene allait s'occuper de lui ! D'abord il passa sa première heure debout à se regarder dans le miroir, à essayer de diagnostiquer quels points noirs avaient pu apparaître durant la nuit et surtout quelle serait la meilleure méthode pour les éliminer. Il inspecta de la sorte chaque centimètre de son épiderme et fut soulagé de constater qu'il restait toujours aussi beau gosse, sans défauts, que des atouts. Sa montre lui indiquait qu'il allait être presque l'heure de descendre les escaliers pour rejoindre Chrissy à la plage. D'un commun accord, ils avaient décidé de se faire une petite après-midi ensemble, et dans un cadre paradisiaque qui plus est ! Eugene poussa du bout du pied le sac à puce de son homme, un espèce de lionceau qui était parfait pour figurer parmi la collection de pantoufle de sa Majesté Gégène, et toujours de manière très classe, il se saisit de sa serviette et de son stock de crème solaire. Arrivé en bas en premier, il en profita pour ordonner à un des serveurs de venir le fournir régulièrement en cocktail, lui et son amie, pour le reste de leur temps passé ensemble. C'est fou la loyauté qu'un petit billet pouvait apporter de la part de ses sous employés latinos mal payés. Si seulement c'était si facile à Harvard, mais ils étaient tous riches et pourris comme lui là-bas ! Heureusement, la seule personne qu'il ne craignait aucunement se rua vers lui. Chrissy avait cette bonne humeur affreusement contagieuse, si bien qu'il en oublia de malmener un peu plus l'employé de l'hôtel. « Eh comment ! » renchérit le garçon, passant sa serviette par dessus son épaule et offrant son bras à son amie pour qu'ils puissent se mettre en direction de cette plage.

Avoir Chrissy à son bras, c'était comme une bonne action, comme se balader avec un aveugle ou sortir des chiens pour le compte d'une autre personne. Vu de l'extérieur, ça faisait classe, distingué, on ne pouvait qu'émettre de louanges à son égard. Enfin, seulement vu de l'extérieur puisqu'une fois l'intérieur décortiqué on peut se rendre à l'évidence que ce n'est pas si blanc et pur que ça. Et la petite question de son amie ne pouvait qu'appuyer cet argument. « Moi ? J'ai rien fait » feint-il l'ignorance dans un premier temps. « Enfin, j'ai peut-être menacé son chat s'il ne venait pas nous servir à boire toutes les heures » finit-t-il par ricaner alors qu'ils arrivèrent aux abords de la plage. Alors que la jeune Rosebury s'affala sans retenu sur son transat, Eugene lui prit le temps de poser une serviette humide sur la longueur. On ne pouvait savoir qui était là avant lui, et même les plus riches des clients pouvaient être de vrais crados. Il fut à peine installé que déjà il fut prit d'un fou rire. Chrissy s'étouffer avec une moule lors d'une soirée où toute la crème de la crème de sa maison était là ? Effectivement, c'était drôle et surtout, pas surprenant ! « Le contraire m'aurait étonné » arriva-t-il enfin à prononcer entre deux rires. « Je sais pas si je dois être fier de toi pour avoir fait en sorte d'attirer leur attention ou être inquiet et me rappeler de ne jamais t'inviter à un gala » termina-t-il, sentant son ventre se compresser à force de rire comme un idiot. Il reprit son sérieux et tourna la tête vers son amie. « Alors, t'en penses quoi des Quincy ? » questionna-t-il, afin de déterminer si ces derniers s'étaient conduits comme des salauds avec elle, et surtout pour essayer de grappiller quelques infos juteuses à se mettre sous la langue.

La situation avait vraiment tout pour être comique, et même s'il n'avait pas pu assister à la soirée, la scène lui parut très simple à imaginer. Elle avait de la chance qu'il n'ait pas été à côté d'elle, car pour sûr qu'il se serait laissé aller à quelques vannes morbides sur un potentiel décès. « Bien, t'as appris la leçon, faut déguster, gloutonne ! » plaisanta-t-il en saluant avec envie le serveur qui vint enfin déposer deux verres de cocktails à côté d'eux. Les menaces avaient toujours le même bon effet en ce qui concernait l'efficacité d'un personnel d'hôtel ! L'allemand se saisit d'une coupe, typiquement caractéristique de la région avec son mini parasol et son bonbon sur le bord, et porta le breuvage à ses lèvres tout en écoutant sa camarade. La Quincy House était la meilleure maison pour Chrissy de toute évidence, il ne la voyait pas chez les Cabot ni les Eliot ni dans aucune autre maison. Mais bien qu'il savait son amie intelligente, il ne put s'empêcher de mourir de rire en écoutant les multiples descriptions que lui fournissaient la jeune femme. Aussitôt il du recracher la gorgée qu'il venait de prendre tellement il riait. « J'sais que j't'ai jamais vraiment présenté à mon copain mais t'aurais au moins pu reconnaître que le zarbi au lion c'était Jack, MON Jack ! » Il tenta de retrouver son calme, mais après une telle bourde, il ne pouvait se contenir. Il du boire pour faire passer la chose. Il reprit. « J'suis pas étonné que le seul nom que tu connaisses appartienne à une demoiselle qui m'est franchement inconnue, enfin personnellement car j'vois sa dégaine à la meuf » précisa-t-il sur le ton de la vanne, avant de s'attarder sur les autres personnes de la maison. « La chef, c'est Nevada, elle est sympa, ouais, elle a une gosse et un mec aux cheveux gras, Alek, j'serai même pas étonné qu'elle porte la ceinture » ricana-t-il, en faillant de renverser son verre sur son short de bain. Il en profitait, ils n'étaient pas là et ce n'était pas Chrissy qui allait rapporter. « Franchement, tu devrais intégrer un nouveau groupe tous les jours, tu vends du rêve Chriss' ! »

Il était vrai que si Chrissy souhaitait un peu de compassion de la part de Gégène, elle était mal tombée. Alors il fallait qu'elle fasse avec l'attitude toujours plus chiante du garçon, mais ça n'avait pas trop l'air de lui déplaire au final car elle riait elle-aussi. Clair qu'elle aurait pu y passer, néanmoins elle était toujours de ce monde, alors autant trinquer à cela ! « Dieu nous garde, on est vivant et en bonne santé ! » fanfaronna-t-il en trinquant avec sa camarade de transat. N'empêche que sa soirée, elle allait s'en rappeler et le garçon ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait rencontré son copain dans les pires circonstances qui soient. D'où son petit commentaire qui fit mourir de rire, une fois de plus, le jeune allemand. « Tant mieux que tu penses ça, manquerait plus que tu sois tombée raide dingue de lui en ignorant qu'il m'appartenait déjà ! » titilla le garçon en buvant un peu plus de son extraordinaire cocktail. Il est vrai qu'il n'avait pas demandé à quoi il était fait, mais c'était rudement bon ! Puis y'avait pas de fruits de mer dans celui-ci, sinon sa pote serait déjà entrain de se rouler au sol, redevenant ce morceau de tissu blanc à pois rouges ! Il a pu en tout cas ce rendre compte que sa petite remarque concernant sa soirée ne semblait pas avoir eu le même effet comique sur la jeune femme. C'était ça d'être toujours en train de faire sa langue de vipère, chaque mot paraissait imprégné de ce dangereux venin. « Nan, ce que je dis simplement, c'est qu'on s'emmerde pas avec toi, c'est une certitude » répondit-il avec un clin d'oeil des plus sexy. « Puis crois-moi, t'es loin d'être ridicule, la moitié de ces gens, si ce n'est la totalité, a bien du faire pire ! Alors t'es certainement la plus normale du lot ! ». ce à quoi il bu une nouvelle de ce fabuleux breuvage. D'ici la fin de l'après-midi il serait éméché, mais toujours de manière très classe. Chrissy eut la malheureuse idée de dévier la conversation sur lui, et il ne fallut pas lui répéter deux fois pour qu'il commence à déballer tout ce qu'il avait d'intéressant à dire. « Beh moi, toujours égal à moi-même, j'vais aux soirées pour faire acte de présence, car il est clair qu'on me remarque, et puis j'me fais à l'idée de ne plus être célibataire. Mine de rien c'est pas facile t'sais. Jack est un super gars, j'en reviens pas de dire ça d'ailleurs, moi qui pensait ne jamais trouver quelqu'un digne de moi. Faut que je pense à deux maintenant, et plus qu'à moi, et ça s'est sacrément emmerdant », il s'interrompit un moment, pour boire à nouveau. « J'trinque à ce que ça dure n'empêche ! ». Et de là il reprit un peu plus de cette délicieuse boisson. Voilà, il avait réussi à faire l'éloge de son compagnon tout en ne le mettant pas trop sur un piédestal. « Et toi ? Des rencontres alléchantes en ce début de Spring Break ? » l'interrogea-t-il à son tour, curieux d'entendre parler des différentes personnes qui auraient pu lui faire tourner la tête, rien que visuellement parlant sans qu'il n'y ait eu un contact particulier.

C'est fou, mais parler de son couple comme ça, c'était chelou. Il avait clairement pas l'habitude de s'étaler sur ce sujet et quand il le faisait il le regrettait aussitôt. C'était comme se chercher des poux à soi-même, essayer de se convaincre qu'un truc va partir de travers en cours de route, il n'avait plus qu'à toucher de la peau de singe, comme on dit. Mais Chrissy avait cette incroyable capacité à te faire exploser de rire, un Pape lui-même ne saurait rester de marbre face à tant de fougue et de folie. « Je t'en prie, je sais très bien qu'il est au goût de tout le monde » se vanta-t-il, comme il avait l'habitude de faire avec toutes les choses, ou personnes, qu'ils possédaient. Son mec était loin d'être moche, il le savait, donc tout le monde le savait. Elle marchait comme ça la logique d'Eugene, obligé de vouloir créer un sentiment de jalousie chez les autres pour satisfaire le sien. Après tout, à l'origine, il s'était aussi mis en couple parce qu'il savait que c'était la mode et surtout la meilleure solution pour gravir encore quelques échelons de l'échelle sociale d'Harvard, pour déloger quelques couples de leur statut de Roi et Reine et pour s'y incruster afin d'y régner d'une main de maître avec son tendre chéri. Bref, il se faisait des films quoi, mais c'est une chose qu'il n'avouera jamais. Puis cette adorable copine qui le trouvait presque à son goût, elle avait de la chance qu'il aimait ce genre de compliments. « Merci ! J'me disais bien que j'avais ce truc que les autres n'ont pas » rit-il, en terminant avec surprise sa coupe. Il se redressa, chercha son serveur et l'informa avec un simple geste de la main qu'il fallait qu'il revienne travailler. Ces serveurs .. « Absolument pas Baby, la Quincy est une maison de tarés donc évidemment comparés à eux tu peux paraître plus sage. Regarde, mon gars a réussi à se dégoter un lion comme animal de compagnie, si c'est pas du taré tout craché ça ! » confessa-t-il en donnant un coup de coude complice à sa camarade. Il fallut qu'elle lui prenne la température par la suite, ou enfin mimer le geste, afin de s'assurer qu'il ne perdait pas la boule. Nan, Eugene était parfaitement sain et savait reconnaître les rares qualités chez une personne autre que lui ! Tout simplement. Tout comme il pourrait dire que Chrissy est le genre de rayon de soleil que chacun attendait avec impatience, mais il se retint, il avait une réputation de salaud à tenir. Et pourtant, quand elle s'entreprit à lui parler de ses quelques ressentis niveau garçons, il eut un peu de peine pour elle. Les Winthrops étaient de bad guys oui, un trait qui avait particulièrement plu Eugene quand il avait passé la nuit avec l'un d'entre eux, mais à côté de ça, c'était creux comme une huitre. Là, il se devait de la rassurer comme un vrai ami, sans penser à ce qu'on pourrait penser de lui. De là il pivota vers elle, lui prit sa main et vint la mettre très solennellement au creux des siennes. « Mlle Chrissy Rosebury, vous n'avez rien d'une folle accomplie, je dirai même que vous êtes ce théâtre ambulant qu'on attend pendant des heures car tu as ce fabuleux don de nous mettre à l'aise, de nous faire rire et oublier nos problèmes. Tu es originale et c'est pour ça que j'aime traîner avec toi. Alors les mecs qui ne voient pas ça, c'est eux qui perdent quelque chose, et pas toi » la rassura-t-il, en y mettant toutes les bonnes intentions du monde, adoptant sa voix pour qu'elle ne soit plus aussi nasillarde et moqueuse mais bel et bien réconfortante et chaleureuse. Une voix que seule la bella pouvait témoigner car justement, elle arrivait à faire sortir ces bonnes choses de lui. « Enfin, tu perds juste une extra partie de jambe en l'air »conclut-il, accueillant avec plaisir le serveur qui vint déposer de nouveau des verres à côtés d'eux.