Que dire de ma vie ? J’ai la vie parfaite, celle dont tout le monde rêve en secret. Je suis né à New York et je n’ai jamais bougé de cette ville, enfin en dehors des voyages de luxe que je pouvais me payer et de l’armée. Il n’y a rien de bien intéressant à dire sur mes parents. Mon père est un brillant avocat, devenu par la suite un politicien en vogue, vous savez, un des hommes les plus riches de cette ville. Ma mère est une vulgaire strip-teaseuse qui a changé pour devenir une de ces femmes en tailleur Kennedy, saluant d’un bref geste de la main, sourire aux lèvres. A vrai dire je n’ai jamais su ce que mon père lui trouvait. Plus jeune elle m’avait raconté leur histoire, entre deux verres de whisky. Elle m’avait dit que mon père fréquentait cette boîte tous les soirs, qu’il se tapait tout ce qu’il y avait à voir, là je le reconnais bien. Sauf qu’un soir, pour qui, pour quoi, il tomba soi-disant sous le charme d'une jeune strip-teaseuse qui venait de débarquer du Kansas, une sorte de campagnarde paumée. Ils se marièrent très vite et neuf mois après la matriarche accoucha d’un enfant, d’un demi-dieu, bref de moi. Par la suite il y a eu mon frère mais là n’est pas la question. Bref cette jeune femme apparemment terriblement amoureuse avait pour démons l’alcool et la drogue, et mon père qui commençait à prendre de l’âge n’avait pas d’héritier, vous voyez le dessin ? Il lui payait ses bouteilles et elle lui pondait une fratrie. Lors de mes premières années, elle paraissait être une mère aimante, se soûlant seulement lorsque les enfants n’étaient pas dans la pièce, et puis quelques années après c’est tout juste si elle ne confondait pas le biberon de mon frère avec la bouteille de vodka. C’est peut-être pour ça que je méprise autant les femmes, peut-être est-ce dû à ce traumatisme de l’enfance ? Mon Dieu vous y avez vraiment cru ? Comme s’il pouvait y avoir une part d’humanité ou de pitié en moi, jamais. Bref mon enfance fut un peu près normale, j’ai vécu sans parents, mon père trop occupé avec ses affaires, ma mère en train de cuver dans le caniveau d’en face. Je n’avais que seule compagnie une nounou qui changeait constamment, c’est simple si je n’aimais pas sa tronche je faisais tout pour qu’elle dégage, et je fus sorti vainqueur de toutes les compétitions que je m’étais lancé. Mon frère et moi nous nous sommes toujours détesté, c’est un con qui rêve encore, et même si je suis son modèle, je fais tout pour qu’il ne me traine pas dans les pattes. Je crois que ma mère est morte durant mon adolescence ou alors elle a pris la poudre d’escampette, elle en avait peut-être marre de voir son mari rentrer avec des petites jeunes, qu’importe-elle ne fait désormais plus partie de ma vie. J’ai toujours habité dans la grande demeure familiale et j’y suis encore aujourd’hui. L’adolescence a été un soulagement pour moi, ou plutôt une renaissance. Libre de tout je commençais à m’extérioriser, à faire du sport pour évacuer se tentions de haine, mon corps se sculptait pour ressembler à celui d’Apollon. Ah aurais-je oublié de vous préciser qu’étant enfant j’étais le petit gros à lunettes qui était la proie de toutes les moqueries ? Enfin… ceux qui osaient se moquer de moi ne faisaient pas long feu, petit gros certes, dangereux et violent également. On ne m’a jamais emmerdé depuis ce moment et je trouve cela bien dommage, je ne suis jamais contre mettre une petite rouste à un branleur. Les mois passaient et je ressemblais enfin à un homme. Nul à l’école non pas parce que je n’étais pas intelligent mais simplement parce que je me contentais de foutre le bordel j’étais souvent renvoyé. Je passais donc mes journées à la maison à mater des films et à jouer aux jeux vidéo jusqu’au jour où une délicieuse femme entra dans ma vie pour la changer de nouveau. C’était et ce fut ma dernière baby-sitter, une fille à peine plus âgée que moi, et oui même si j’étais quasiment un adulte mon père n’aimait pas me voir seul à la maison. Mais cette femme n’était pas comme toutes les autres qui portaient des guenilles et un dentier, non elle… elle était parfaite, elle avait les atouts dont je rêvais. J’ai toujours soupçonné mon père de m’avoir fait un cadeau, pour que je devienne un homme, enfin, et même si ce n’est pas cette hypothèse, j’en ai rien à foutre, j’en ai tout bonnement profité. J’ai donc fait ma première expérience sexuelle avec elle, encore et encore, dans toutes les pièces, toutes les positions et c’est là que mes démons se déclenchèrent. Semblables à ceux de ma mère j’aimais terriblement le contact de l’alcool et de la drogue ainsi que celui des femmes. Jeune débauché, j’organisais et j’organise toujours les fêtes les plus prisées de New York, celles où tout le monde souhaite entrer. Je suis le mec à connaître, le mec à qui il faut faire de la lèche. Oh il m’est arrivé de faire des conneries. Les filles je ne prends même pas la peine de connaitre leur nom. Une fois j’ai décoincé une pucelle, une meuf qui ne faisait que de me toiser du regard, sauf que cette furie n’a fait que me harceler par la suite, me disant qu’elle était amoureuse et surtout qu’elle était désormais en cloque. Je lui ai refilé un peu d’argent pour qu’elle me fiche la paix, et je crois que ça a marché. Elle a peut-être eu le gosse qui sait, mais au fond je m’en tape complètement. Les années passèrent encore un peu et mon frère, brillant dans ses études décida de mettre les voiles pour l’Australie, histoire de faire sa mère Térésa là-bas, moi tout ce que je voyais c’est que j’allais être seul et que cela faisait une personne en moins à supporter. Malheureusement, mon père trouvait que mon caractère ne valait rien, oui il trouvait que je l’agaçais, il m’a donc bien fait comprendre, un beau matin, que je devais me présenter à l’armée sous peine de me voir déshérité. Je ne voyais pas, honnêtement, ce que j’allais pouvoir foutre là-bas, mais l’argent comptait trop pour moi, du coup j’avais fait l’effort d’enfiler ma tenue. Je restais quelque temps, je progressais vite. J’avais à peine 20 ans que je surpassais déjà les vieux des camps d’entraînement. Je n’étais pas du genre con, même si je n’avais jamais pris le temps de faire des études, non mon seul défaut, c’était l’autorité. Je donne les ordres, je n’aime pas les recevoir, point à la ligne. En clair, je finissais souvent au trou pour avoir désobéi, mais c’est tout moi, les règles sont faites pour être enfreintes non ? Envoyé au Nigeria avec quelques petits lots d’Américains, j’ai passé de longues journées là-bas, à me faire chier comme pas possible. Les bouffeurs d’œufs brouillés, ouais, les British avaient juste besoin de renfort, rien de plus. Alors, en manque d’action, je me suis lentement dirigé vers leur infanterie, sympathisant avec quelques-uns de ces mecs à l’accent étrange. Pour rire, après quelques verres, on s’est même échangé nos uniformes qui étaient assez différents l’uns de l’autre, et c’est là que tout à basculer. Je me suis fait tirer dessus en tant que British, et c’est donc pour les British que je me suis fait soigner. J’avoue, je n’ai rien compris à cette histoire, je me suis soudainement réveillé, anglais. Mais l’avantage dans cette histoire c’est que du côté Américain, on n’avait pas ces infirmières canons, car oui, j’avais chaque jour une jolie demoiselle pour panser mes plaies. À part cet épisode, l’armée a été très simple, alors à quoi cela me servirait de tout raconter ? La suite est bien plus intéressante. Après cet épisode, mon père m’avait gentiment convié à venir, il faut dire que ça l’arrangeait. Je suis donc rentré à New York en vainqueur, parce que le fils prodigue du politique était un héros de guerre, ce n'est pas beau ça ? Mais j’ignorais que j’allais bientôt me retrouver tout seul pour mon plus grand plaisir. Un matin, alors que je dormais dans le salon en compagnie de deux délicieuses créatures, les flics sonnèrent à ma porte, m’embarquant ensuite, ne me laissant même pas le temps d’enfiler un pantalon. Durant un interrogatoire lourd ils me questionnèrent à propos de mon père, de ses affaires, de ses comptes offshore et tout le bordel. J’ignorais tout de ses magouilles, tant qu’il avait de l’argent, ça m’allait. J’ai appris à la fin de cet entretien que mon père avait liquidé ses comptes ici, ceux de New York, qu’il les avait planqués on ne sait où, les emportant certainement avec lui en Suisse ou un truc du genre. Durant des heures je restais assis sans rien dire, à attendre qu’on vienne me poser des questions encore plus inutiles que les autres. À un moment, le gringalet qui jouait les durs se ramena une dernière fois pour me relâcher, en me racontant que le jet de mon père avait été arrêté et que sa prochaine destination était la prison. Et quelques heures après, me voilà de retour chez moi, seul à se demander quoi faire. J’avalais alors un verre de whisky et je me suis mis à chercher des documents secrets, de l’argent où tout ce qui avait un rapport avec mon père. Pour l’instant mes comptes ici étaient gelés, je n’avais plus rien et ça c’était impossible. Le fin mot de l’histoire ? Je suis tombé sur ce que je voulais, et je peux vous dire que je ne suis pas prêt de faire quelque chose de ma vie étant donné tout l’argent que j’ai en stock. Je n’ai qu’une chose à dire, merci à ma pseudo famille mais surtout merci à mon intelligence pour cette superbe vie que j’allais pouvoir m’offrir. New York était devenu trop ship, et avec ma condition physique, je pouvais devenir quelqu’un, d’autre je veux dire. J’allais y perdre ma notoriété mais un recruteur d’Harvard a eu des vues sur mes actions dans divers sports, il m’a donc conseillé d’intégrer quelques clubs, de poursuivre mes études, et je préférais ça plutôt que de remettre cet uniforme. Oh bien sûr, je suis obligé de faire des gardes de temps en temps, c’est ça l’armée, une grande famille, cependant ça ne fait presque plus partie de ma vie. J’ai donc fait mes bagages, et je suis arrivé à Harvard comme un prince se dirigeant vers son nouveau royaume. Je m’y suis installé tranquillement, et désormais le nom de Jefferson est bien ancré dans les murs de cette université.