Promenade nocturne

Au moins il ne s’en cachait pas, il admettait m’avoir dévoré des yeux. Ce qui, je devais bien l’avouer, n’était pas pour me déplaire. Décidément, il était plus qu’à mon goût. J’étais un peu rouiller dans les jeux de séductions, ne m’étant pas exercée depuis un moment. Je ne m’y étais jamais vraiment intéressé, si ce n’est lors de ma première année à Harvard, pour oublier une rupture difficile. Mais je m’étais ensuite vite réfugiée dans les livres et les études, faisant fi de toute distraction. Ce qui en soit n’était pas une solution des plus parfaite, je deviens bien l’admettre. J’en étais devenue rustre en société si je ne faisais pas attention. Je m’étais très vite habituée à cette solitude, dans laquelle je me complaisais. Mais il fallait dire qu’un peu de compagnie de temps en temps ne pouvait pas me faire de mal. Surtout si c’était pour être en si bonne compagnie. Cependant, j’émettais quelques réserves, à cause d’un léger manque de confiance. Il était tellement sûr de lui que par simple esprit de contradiction, j’étais prête à lui donner du fil à retordre, afin aussi de reprendre mes marques dans le domaine. Je laissai échapper un léger rire, arquant un sourcil tout en me mordillant la lèvre inférieure. Tout à moi ? Il ne savait pas dans quoi il s’embarquait. Je commençais à me laisser glisser sur un terrain dangereux, à mon plus grand bonheur. « Rien que ça ? Ça promet d’être intéressant… » Fierté française, ou féminine, je ne sais pas, toujours est-il que je n’arrivais pas à me motiver pour faire le premier pas. S’il était vraiment tout à moi et que je l’intéressais à ce point, il prendrait les devants.

J’avais eu raison de ne rien faire. Au moins à présent, j’étais sûre qu’il serait vraiment tout à moi pour le reste de la soirée. Tout en gardant ce sourire si charmeur aux lèvres – celui qui ‘avait fait craqué dès la première minute, il posa ses mains sur mes hanches, avant de se rapprocher, comblant le moindre espace vide entre nos deux corps. Son visage n’était plus qu’à quelques millimètres de moi. Mon regard oscillait entre ses yeux et ses lèvres. Je restais ainsi quelques secondes, une lueur d’amusement brillant au fond de mes prunelles, résistant jusqu’au dernier instant. Puis je mis fin à cette torture, cédant à la tentation. Je fis disparaître les derniers millimètres qui séparaient nos lèvres, l’embrassant avec ardeur tout en passant une main dans sa nuque. Un frisson me parcouru l’échine. Puis je m’écartai rapidement, tout en douceur, reprenant le contrôle de la situation. Je laissai échapper un rire clair. Finalement, je n’étais pas si rouillée que ça. Et ma spécialité, c’était de laisser les hommes mariner un peu, pour mieux les repêcher après. Cependant, j’avais une terrible envie de renouveler ce contact physique que j’avais délibérément rendu bref. Le jeu devenait plus qu’intéressant et excitant. Mais le fait d’être au beau milieu de la rue réduisait tout de suite le champ des possibles. « Et si… on allait faire un tour dans le parc ? » Après tout, c’était toujours mieux que les toilettes d’une boîtes, et de plus, c’était tout ce qu’il y avait à disposition.

HORS JEU :

Apparemment, le parc lui convenait tout autant que moi. J’essayais de garder autant de contrôle que je le pouvais, sentant bien que plus la soirée avançait, plus je perdais pied. En même temps, je devais bien admettre que perde pied en tel compagnie n’était pas si désagréable que ça. Mais par principe, j’aimais rester maître de mon être et de mes choix. Je le suivis dans le parc. Nous étions seuls à présent, la nuit pour seul manteau. Nous ne risquions pas d’être dérangés à une heure aussi avancée dans ce genre d’endroits. En plein jour, il aurait été impossible de trouver la moindre parcelle inoccupée, mais là, dans l’obscurité, tout était possible. Comme il l’indiqua lui-même, il y en avait pour tous les goûts. Banc, herbe, arbre… Je n’étais pas habituée à ce genre d’expérience, mais ça n’en était que plus excitant. Je me laissai guider par mon instinct, l’attirant contre moi par les pans de sa veste tout en m’adossant à un arbre. Je plongeai mon regard dans le sien, me mordillant la lèvre intérieure une nouvelle fois avant de l’embrasser à nouveau, plus longtemps cette fois. En même, avec un arbre dans le dos, difficile de reculer.

A la façon dont il me rendit mon baiser, j’étais au moins assurer qu’il n’irait pas par quatre chemins. Il savait ce qu’il voulait, je pouvais le sentir, ce qui avait le don de me rendre folle. Il y avait quelque chose d’incroyablement sauvage à l’œuvre ce soir, ce à quoi je n’étais pas habituée. Mais je n’avais aucun problème à me laisser emporter par la fougue du moment. Moi qui cherchais de quoi me changer les idées, j’étais servie. Je n’aurais pas pu trouver mieux. J’entrepris de défaire un à un les boutons de sa chemise alors qu’il glissa les mains sous mon haut. J’étais électrisée par le contact de ses mains sur ma peau nue, l’embrassant avec encore plus d’ardeur. Je terminai de défaire sa chemise, la laissant glisser sur le sol, laissant mes doigts parcourir son torse musclé. La réalité était tout à fait à la hauteur de mon imagination. Je m’abandonnai complètement sous ses lèvres, oubliant complètement toutes ces conneries qui m’avaient pourri la vie ces dernières semaines.