You can’t have my heart And you won’t use my mind but
Do what you want (with my body) Do what you want (with my body)
Le temps a passé, les personnes ont changés, le vent se déchaîne sur les carreaux de ma nouvelle chambre, bonjour Londres ! Ma chambre la plus petite de la maisonnette, et oui j'ai pris le parti de laisser la grande pour Diana, la reine de la mode, elle en avait plus besoin que moi ... Je pourrais tout laisser à ma sœur, lui vouer ma vie, lui donner ma vie ! Ici nous sommes devenus des inconnus, des personnes comme tout le monde, finis les dames de chambre, les femmes de ménage, finit la vie de Grimaldi ! Ce que j'aime ici, c'est que malgré la pluie qui martèle mes vitres depuis maintenant plusieurs heures, j'ai le droit à un nouveau départ, une nouvelle chance. La danse classique a fini par avoir raison de mes kilos en trop, mais mes pieds commencent à partir en lambeau, j'aime souffrir, je ne serais pas comment l'expliquer, cette douleur quand mes pieds frottent le bois de mes ballerines, j'aime ça. Un soir d'hiver, la neige avait fini par fondre laissant la pluie reprendre ses droits, rentrant seule de mes cours de danse, le sac à dos sur l'épaule, la pluie ruisselant le long de mon cou pour finir par pénétrer dans le haut de mon tee shirt, des frissons se faisant ressentir, j'ai vu une lumière, comme une lumière qui m'attirait, qui ne me laisserait pas partir, continuer mon chemin sans savoir, savoir qui était dans cette pièce, à me regarder. Je pouvais discerner une forme, un visage de jeune homme, il devait avoir mon âge, il avait la main posée sur la fenêtre comme tendu pour que je l'attrape, je le fixais continuant à avancer mais ralentissant sans même m'en rendre compte. Oui j'étais passionné par cette lumière, comme envoûtée par cette personne qui m'était inconnue, mais que je croyais connaître depuis toujours, puis plus rien ! La lumière s'était éteinte, la maison auparavant éclairée et fascinante avait laissé place à une maison banale, d'un quartier résidentiel, sous la pluie londonienne.
Le jeune mystérieux, a fini par se dévoiler à mes yeux, nous avions seize ans, il s'était retrouvé à côté de moi en classe de biologie, mon camarade d'expérience, il me faisait rire, il y avait cette alchimie même si à cette époque je ne pouvais même pas comprendre ce qu'il se passait entre nous. Il y avait ce lien invisible qui nous rattrapait toujours, comme un ressort qui ne pouvait éclater, toujours resserré. Meilleurs amis, j'avais découvert la maison qui se trouvait juste à côté de la mienne, il est simple, drôle, tout ce que ma famille était mais nous avions tout de même un rang à tenir. Nous pouvions parler de tout, tout partager, comme des âmes soeurs battants à l'unisson, une chorale sans bavure, une idylle sans déceptions. Mais les choses ont changé, le lycée ! Un boom, comme une explosion dans ma tête, dans mon âme, un mal de tête qui ne cessait jamais de me taper le crâne ... il me fuyait ... j'avais repris mes habitudes, rentrer le soir avec Diana, la seule qui avait toujours été là pour moi ! J'étais devenue son ange gardien, celle qui la défendait comme elle l'avait fait par le passé ... Elle était populaire comme personne, les jeunes hommes lui tournaient autour, mais comme on dit on ne peut pas plaire à tout le monde !
C'était lors d'une soirée que mon ancien meilleur ami revint vers moi, le corps remplis d'effluves d'alcool qui hachait le moindre de ses mots, un robot qui marchait sans réellement tenir debout, il me faisait pitié mais j'avais cette faille en moi, cette fente qu'il avait créé dans mon coeur ... Il avait fini par déposer ses lèvres sur les miennes, un moment tendre, comme naturel, intense, inné, gravé à jamais dans nos têtes. Il avait changé, et pourtant à ce moment même je croyais le retrouver comme avant, j'avais cédé, je lui avais offert mon corps, qu'il avait pris comme une perle rare, d'une innocence inouïe. Ma première fois, notre première fois, première d'une grande série, nous nous parlions comme des adultes, aspirants à des projets d'aventures, il avait mon corps tout entier entre ses mains, mon coeur, mes yeux, mon souffle, toute ma personne, soumise à un amour fusionnel, indomptable, destructeur ... Soudainement quelques mois après mon souffle se coupa comme un circuit électrique qui s'enflamme, qui disjoncte, un court circuit, un disque rayé qui tournait en boucle, je le détestais de m'avoir fait ça, Diana ma soeur ! Le cygne noir, ma jumelle, la femme de ma vie ... Le néant !