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Avant j’étais heureux, j’étais le mec souriant, conciliant, prêt à donner sa chemise pour le plus démuni d’entre nous, et à vrai dire, j’étais un peu comme ça encore aujourd’hui, sauf que je n’étais plus souriant, ni heureux, j’avais perdu mon étincelle, mon humour, ma joie de vivre, ce genre de chose qui illumine généralement une personne. Je me contentais de vivre, errant dans cette ville comme un fantôme dans les limbes. C’était mon fardeau, vivre sans rien exécuter ou avoir de spécial. Ce soir, en compagnie de Norah, tout s’envolait, oh bien sûr je savais que ça n’allait durer qu’un temps, mais je m’en fichais, c’était l’instant présent qui comptait. « Norbert, chouette prénom ! » Ou pas, mais mon rire avait suffi à me foutre de la situation. Je ne voulais pas l’imaginer en homme, mes rêves se seraient alors transformés en cauchemars. Je portais alors doucement mon verre à mes lèvres, le collant à celles-ci sans pour autant boire une gorgée. J’aimais simplement humer le doux parfum avant de m’en délecter. Avant de boire, je prenais un air outré, et me ravisais, posant le verre sur le bar. « Dans ton pays, tout de suite. Je te rappelle que je suis français aussi, du moins, une partie de moi l’est. Je ne dirais pas que c’est une question de pays mais plutôt de génération, maintenant on boit juste pour connaître l’ivresse et ce qui s’en suit, nous c’était différent. Damn, j’ai l’air si vieux, je viens de me prendre une claque. » J'arquai alors mes sourcils comme si je venais de lui donner une bonne leçon. Je lui adressais alors un sourire et vidais mon verre d’une traite, j’attrapais alors la bouteille et remplissais mon verre ainsi que celui de Norah. J’avais arrêté de compter le nombre de verre bu, qu’importe le nombre si on a l’ivresse après tout, au final ce soir, j’étais comme la jeune génération, sauf que j’avais de bon goût. « Je doute que tu puisses me porter, et puis c’est moi le sauveur de ces dames non ? » Je lui adressais un large sourire et rejouais machinalement avec mon verre. Je sentais l’alcool serpenter dans mes veines et m’embuer l’esprit, c’était agréable, doux et dangereux à la fois. « Bon sinon, à part ça, tu as bien des choses à raconter non ? Ou quelque chose afin de nous sortir de cette image de deux pochtrons qui se saoulent pour oublier. Allez, un truc drôle, n’importe quoi ! »
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