Don't fall [Lyséa]

Je fouillai dans mon sac à papier brun, cherchant ou est-ce que j’avais mis la pomme après avoir payé mon épicerie. Je finis par la récupéré, souriant tel un enfant devant son premier cadeau de noël, puis je croqué dedans à pleine dents. Je savourai le goût de ce fruit si somptueux avant de regarder le ciel avec satisfaction. C’est alors que mes yeux se stoppèrent sur une silhouette en haut d’une bâtisse. Je figeai le moment de comprendre la situation avant de jetai mon sac à même le sol et d’accourir à l’intérieur de l’immeuble. Je cherchai du regard les escaliers qui menaient au toit. Sans perdre une seconde de plus, je montai les marches quatre à quatre, arrivant en haut en quelques enjambés. Une fois sur le toit, je priai pour que la fille ne ce soit pas jeté en bas de l’immeuble. Je fus rassuré en l’apercevant un peu plus loin. Je marchai calmement en sa direction, préparant ce que j’allais dire. Lorsque je fus à une distance respectable, je lui adressai la parole : « Mademoiselle, j’ignore ce qui vous pousse à être ici en ce moment, mais ne faite pas ça… » Mon cœur battait à tout rompre. C’était la première fois que j’assistais à un cas de la sorte et j’avais peur de tout foiré. Habituellement, je sauvais les gens des flammes, pas des suicides.

Lyséa n'en pouvait plus. Elle ne dormait presque plus et ne cessait de penser à son frère qui était mort à cause de cette bombe qui avait explosé à Harvard il y a plusieurs mois. Ses crises de bipolarité avait tendance à devenir de plus en plus présentes et ses insomnies de plus en plus douloureuses. Aussi, étant au bout du rouleau, la jeune Carlton se rendit à un immeuble, au début s'était pour y voir un ami avec lequel elle pourrait discuter. Mais finalement elle ne se rendit jamais chez lui et préféra gravir les nombreuses marches qui la mènerait jusqu'au toit. Lorsqu'elle arriva sur celui-ci, elle n'hésita pas une seule seconde à monter sur la corniche. Cette dernière n'était pas bien épaisse, et il serait facile pour Lyséa de tomber rapidement. Soit de s'écraser à plus de 15 étages, soit à retomber maladroitement sur le toit. Aussi lorsqu'elle entendit une voix derrière elle, la jeune femme sursauta légèrement et manqua de perdre son équilibre du mauvais côté de la corniche. Inspirant profondément, elle tourna son regard vers le jeune homme mais resta néanmoins face au vide. « N'approchait pas ou je saute ! » Continuant à regarder l'homme qui se trouvait non loin d'elle, elle inspira profondément en ajoutant l'air nostalgique. « C'est ma faute ! Tout est ma faute ! »

Lorsqu’elle sursauta, mes yeux s’écarquillèrent, troublé à l’idée que j’aurais pu la faire tomber à même ma voix. J’analysai la corniche pendant qu’elle me défendait d’approcher. Il n’y avait rien de bien solide sous ses pieds. J’avalai difficilement ma salive, analysant son beau petit visage déchiré par l’incompréhension. Pourquoi tout était de sa faute? Je respirai profondément avant de mettre mes mains vers elle, lui faisant des signes de se calmer. « Je ne m’approcherai pas de toi okay? Mais dit moi au moins pourquoi c’est de votre faute… Tout le monde fait des erreurs dans la vie vous savez et il y a toujours un moyen de tout arranger sans en arriver là. Vous ne pensez pas? » Ma stratégie était de la faire parler, de discuter avec elle. Malheureusement pour moi, je n’avais pas mon cellulaire avec moi, alors je ne pouvais contacter aucun membre de la caserne pour les prévenir de la situation.

Lyséa ne bougeait pas, ou du moins, elle essayait de bouger le moins possible. Observant le jeune homme qui était derrière elle, elle se demandait comment avait-il fait pour savoir ou elle se trouvait. Mais elle se demandait surtout qui il était. L'air meurtrie et l'incompréhension pouvait se lire sur son visage. Aussi mordant sa lèvre inférieur, elle fronça les sourcils et ne répondant d'abord pas à la question, du genre homme, elle lâcha presque froidement « Vous êtes qui d'abord ? Et qu'est-ce que vous faites là ? » Détournant finalement son regard pour regarder le vide. Elle inspira profondément, son corps tremblait légèrement et on pouvait voir dans son regard, du moins si on la regardait dans les yeux, qu'elle n'était pas sûre de ce qu'elle faisait. « On s'est disputés et ensuite je suis partie. Il a seulement voulu me retrouver et il est mort ! C'est entièrement de ma faute ! Ca aurait du être moi et pas lui... » Observant avec plus d'insistance le vide, Lyséa ferma les yeux un court instant et quand elle s'aperçut qu'elle penchait un peu trop en avant, elle les réouvrit aussitôt, se stabilisant de nouveau sur la corniche.

Je soupirai silencieusement lorsqu’elle me demanda qui je pouvais bien être. Je ne répondis pas tout de suite. Je ne voulais pas lui foutre la trouille en lui expliquant que j’étais pompier et que je savais ce que je faisais. Je pensais qu’en jouant le simple civile, tout cette tentative passerait mieux. « Je m’appelle Dwight…  Je vous ai vue d’en bas. » C’est alors qu’elle expliqua un peu la raison pour laquelle elle était sur la corniche. De qui s’agissait-il et pourquoi était-il mort? « Écoutez, je ne pense pas que vous êtes la cause de sa mort… Il a eu moins de chance, c’est tout. Ne vous faite pas autant de mal alors que vous n’y êtes pour rien. » Subtilement, je fis un pas en sa direction, le plus calmement possible pour ne pas qu’elle le remarque, du moins, pour ne pas l’affoler d’avantage.

Lyséa tremblait légèrement, elle menaçait à tout instant de se jeter dans le vide et ce devant les yeux de ce jeune homme. Il faisait nuit, aussi personnes d'en bas n'avait réellement remarqué la présence de la jeune Dunster. « Dwight ...? » Secouant négativement la tête, Lyséa tourna son regard vers lui, un peu plus tremblante, et légèrement crispée. « Vous avez avancez ! Vous avez avancez je vous ai vu ! » Le regardant, Lyséa se tourna alors de dos au vide afin de se mettre face à lui. Elle manqua de tomber de nouveau mais se pencha en avant afin de ne pas tomber en arrière. « Qu'est-ce que vous en savez ? Comment vous pouvez savoir que ce n'est pas ma faute ? Il est parti me chercher et là il a explosé ! Explosé à cause de cette bombe. Et c'est ma faute s'il est allé à Harvard. C'était pour moi.. Juste pour moi... » Elle inspira profondément puis se redressa droite, reculant légèrement ses pieds sur la corniche afin que ses talons soient dans le vide.

Je restai figé, la bouche entrouverte, sans mot. Elle venait de se tourner pour me faire face, réfutant ce que j’essayais de lui faire comprendre. Elle était têtue. Puis, elle énonça l’attentat terroriste d’Harvard. Je me sentis soudainement encore plus impliqué dans cette situation. Il y avait eu tant de mort cette journée là que je comprenais totalement sa souffrance. Je ne savais trop quoi répliquer à sa crise, alors je décidai de continuer mes questions. « Si ce n’est pas trop indiscret, quel est le nom de cet homme? » J’avais retenu pratiquement tous ceux qui n’avaient pas survécu aux nombreuses explosions. Peut-être qu’il me rappellerait quelque chose?

Lyséa était presque en équilibre sur la corniche. Aussi, ne regardant pas le vide mais seulement le jeune homme qu'elle avait en face d'elle, plusieurs larmes commencèrent à couler le long de ses joues. Elle était à bout, elle devait en finir. Elle n'en pouvait plus, alors pourquoi était-elle encore en vie ? « Noah, c'était Noah Carlton... » La jeune Dunster prit une profonde inspiration puis elle finit par fermer les yeux. L'équilibre lui manquant cruellement, à cause des spasmes de tremblements dont elle était victime, elle bascula en arrière avant de tomber de la corniche. La jeune Carlton était tout de même accrochée au haut de la corniche, paniquée, elle laissa son regard dérivée vers le bas, une de ses mains glissant, elle resta accroché avec sa main gauche. Grimaçant de douleur, elle voulait lâcher, lâcher et tomber pour s'écraser et retrouver toute sa famille, qui l'attendaient forcément quelque part. Mais une part d'elle, voulait resté accroché à cette corniche.

Noah Carlton. Je cherchai dans ma mémoire avant d’avoir un flashback. Son corps inerte et sans vie gisait sur le sol lorsque nous étions arrivés sur les lieux. C’est moi qui l’avait transporté à l’extérieur de l’immeuble pour ensuite le laisser entre les mains des ambulanciers qui ne pouvaient malheureusement rien faire de plus que de l’enfermer dans une housse.  J’avalai difficilement ma salive et, au même moment, la demoiselle ferma ses yeux et sa laissa tombé. Je laissai entendre un « NON » sonore avant de franchir la distance qui me restait entre ma position et la corniche. Lorsque j’arrivai au bord je découvris la brunette, luttant entre l’envie de vivre et l’envie de tout laisser derrière elle. Je ne lui laissai pas le temps de réfléchir, attrapant son avant bras pour la tirer par-dessus la corniche. Je tombai à la renverse, la plaquant contre le sol.  « Ne penser pas à y retourner, je vous en empêcherai coûte que coûte. »

Lyséa était au bout du rouleau et seul un demeuré ne pouvait pas le remarquer. Aussi lorsqu'elle était finalement tombée en arrière dans le vide, le visage meurtris par les larmes, et se tenant à la corniche avec une seule de ses mains. La jeune Carlton voulut tout lâcher, comme-ça tout ses problèmes ne seraient qu'un mauvais souvenirs. Aussi lorsqu'elle sentit la jeune homme la soulever pour la ramener sur le toit et se retrouvant au dessus d'elle. Les larmes continuèrent à couler et la jeune Dunster ne savait pas si elle lui en voulait de lui avoir sauver la vie ou si elle le détestait pour ça. « Pourquoi... Pourquoi il est mort... » Restant sous le jeune homme, Lyséa ne bougea pas, légèrement tremblante, elle tourna son visage sur le côté afin d'éviter de montrer à Dwight à quel point elle était mal.