(+ Declan) you won : I'm tired of all this

Il fut bien évident que Mallory fut touchée par le fait qu’il commence par ce fameux ‘j’ai besoin de toi’ qui fit naître une vague de chaleur non négligeable à l’intérieur de tout son être. Elle n’aurait pas cru une seconde que ce soit le cas après leur dernière entrevue, bien qu’elle ne se fasse pas davantage à son absence de son côté, autant être honnête. « Je me suis blessée à la main car notre maison à Londres a été cambriolée, que j’étais la seule présente et même si je me suis bien défendue, j’ai quand même eu la main coincée par incident dans une porte. Quant à la raison pour laquelle j’étais venue te demander ton aide, c’est parce qu’un vieux pervers me fait chanter. Il possède des photos de moi avec mon crew et menaçait de les montrer à mon père à moins que je ne l’épouse, ou que je passe à tout le moins un « weekend sulfureux » sur son yacht avec lui. » Clair, net, précis. Mais c’était une façon pour Mallo de dire qu’elle était touchée par les propos de Declan, et d’ailleurs, il ne fut pas étonnant qu’elle s’approche la seconde qui suivit. « Tu officialiserais vraiment notre histoire ou ce sont des paroles pour apaiser ma colère ? » ne put-elle s’empêcher de demander en cherchant à sonder le plus petit début de réponse dans le fond de ses yeux bleus. Mais avant même qu’il ait pu répondre, la jolie Eliot le serra doucement dans ses bras, humant son odeur suave et attirante, profitant de cette présence qui lui avait manqué bien plus qu’elle ne saurait le dire. « J’ai cru que j’allais devenir dingue cette semaine tellement j’avais besoin de te sentir près de moi… est-ce que tu viendrais avec moi à Punta Cana ? Je n’ai pas envie d’être en bikini sexy en présence de quelqu’un d’autre. Je n'ai pas ras le bol de toi, Declan mais plutôt d'être loin de toi. »

« En fait, tu es la pire poissarde sur Terre. Il t’arrive que des merdes ma parole » soupirais-je en me passant une main lasse sur le visage. Je n’étais pas au bout de mes peines avec une femme comme elle. J’allais passer mon temps à lui sauver la mise même si elle était une grande fille capable de se débrouiller toute seule. « Il me faut un nom et ce type ne sera plus jamais un problème, je peux te l’assurer » ajoutais-je par la suite sur un ton froid à vous glacer le sang. Je n’aimais pas qu’on essaie de s’approprier ce qui m’appartenait et Mallory, qu’elle le veuille ou non, m’appartenait –tout comme l’inverse était vrai, je ne me leurrais pas la gueule. « Ce ne sont pas des paroles en l’air. Je ne dis pas que c’est la meilleure solution mais c’est la seule qui me vienne à l’esprit pour te prouver que tu n’es pas seulement une carpette ou un joli petit cul » répondis-je sans me démonter en la serrant dans mes bras, glissant une main sur sa nuque pour la lui caresser du bout des doigts. Elle était câline, bien ma veine. Je n’aimais pas furieusement les câlins même si, j’y prenais un peu gout auprès d’elle. « Rien ne t’empêchait de venir me trouver bébé… Et je ne raterai ça pour rien au monde alors arrête de te prendre la tête, laisse toi aller ! Je bouge pas mais si tu veux danser, je te préviens, c’est à tes risques et périls » marmonnais-je sans trop savoir quoi dire d’autre car je n’étais vraiment pas à l’aise dans ce genre de moment. Je savais faire l’amour à une femme pour apaiser les tensions mais la parlotte… Vraiment pas mon truc. « Bon ça veut dire que je suis pardonné ou je dois passer au plan B… Genre je te couvre de roses, je t’envoie des chocolats, je trouve un crétin pour m’écrire des poèmes à l’eau de rose etc ?! » plaisantais-je.

« Pas ma faute, je fais pas exprès je te ferais remarquer !! Mais si ça se trouve pour le type qui me fait chanter je devrais mettre les gars au courant parce que bon… ils sont un peu concernés aussi. » Puis techniquement parlant, Mallory n’était pas idiote et savait très bien ce que Declan ferait si jamais elle lui donnait le nom de son maître chanteur. Elle n’était pas désespérée au point de vouloir la mort de ce type, pas avant qu’elle n’ait expérimenté toutes les options… cela valait le coup d’essayer à vrai dire ! « Rien ne m’empêchait ? Heu… tu veux que je te rafraîchisse la mémoire ? Je crois que quelqu’un de ma connaissance m’a dit un jour « quand on me smache la gueule, je tends pas l’autre joue » et bien au risque de t’apprendre quelque chose, c’est la même pour moi ! » Mallo esquissa un petit sourire amusé avant d’embrasser tendrement sa joue pour lui dire qu’elle n’était pas rancunière mais que non, cette semaine, elle n’aurait jamais pu venir le trouver de peur de se reprendre des paroles atroces en pleine tête. « Pas envie de danser… par contre, tu sais qu’en proposant à une nénette des chocolats et des poèmes, tu prends le risque qu’elle accepte ? »

« C’est comme tu veux, sache que l’offre tiens toujours » haussais-je les épaules. Je n’étais pas du genre à insister lourdement. Si elle ne désirait pas mon aide, elle n’avait qu’à se démerder toute seule comme une grande ou avec les membres de son gang. J’avais beaucoup d’affection pour cette femme, il ne fallait pas douter de cela mais le fait est que j’étais du genre à ne pas m’imposer. Si Mallory jugeait bon que je n’aie pas à m’en mêler, je ne m’en mêlerai pas. Oui, je ne connaissais pas le langage qui consistait à dire non pour dire oui, avec moi, c’était soit blanc, soit noir et il y avait très peu de place à la grisaille. En même temps, dans mon monde, c’est marche ou crève. « Je parlais physiquement bébé. Je rends les coups, c’est pas plus compliqué que ça. Après, tu ne serais pas la première à vouloir jouer avec le peu de cœur que j’ai et je ne suis pas du genre à m’encombrer de choses qui n’en vaillent pas la peine. J’ai une bonne tolérance à la douleur » haussais-je les épaules. On pourrait croire que j’étais du genre indifférent à tout ce qui m’entoure voire même à Mallory mais ce n’était pas le cas. C’est juste que j’aie un mode de fonctionnement pour le moins difficile à appréhender. Je grognais légèrement néanmoins lorsqu’elle me taquina sur cette offre de rose etc. « Mouais ben pour le moment, le seul poème qui me vient en tête : T’es pas conne, t’es même bonne alors fais pas ta nonne… Pas sûr que ce soit ce genre de poème auxquels tu t’attends » plaisantais-je en glissant un main au creux de ses reins.

Pour l’heure, Mallory voulait surtout avoir le temps de se poser sur la question avant d’agir à la légère. C’était une qualité chez elle de réfléchir avant d’agir et cela lui avait moult servi par le passé. Sûrement le club aurait-il une brillante idée pour empêcher cet abruti de leur nuire, et qui ne passait pas par la case « dégommage » à n’en point douter. « Techniquement parlant, c’est toi qui a piétiné mon cœur oserais-je te rappeler » fit-elle en écarquillant grand les yeux, marquée par cette indifférence dont il faisait preuve. Mallo ne savait pas juste s’en foutre. Sûrement cela allait-elle la desservir pour le coup mais elle s’en foutait, c’était le principe. « Surtout que je ne vois pas quel besoin tu as de rendre des coups avec moi vu que je ne t’ai pas attaqué. A moins que j’ai manqué un épisode… c’est horrible, on dirait que tu t’en fous ! » Cela la choquait sans forcément l’étonner en même temps. Curieux sentiment mais c’est sûrement ce qui fit fermer son visage à toute émotion. « De ta part ? Oui sûrement ! Le contraire sera plus étonnant c'est net... »

« Ais-je dit que je parlais de toi ?! Je ne pense pas. Je te parle juste en général bébé alors arrête de penser que je te cible. Si c’était le cas, tu le comprendrais dès le début »soupirais-je car j’avais beau me repasser le fil de la conversation, je n’avais jamais dit que c’était elle… Je disais simplement qu’elle ne serait pas la première à essayer de m’atteindre après, qu’est-ce que je pouvais dire d’autres ?! Je n’étais pas l’homme le plus démonstratif de la terre, ça, c’était le moins qu’on puisse dire. Je n’aimais pas les câlins, je n’aimais pas les parlottes qui sentaient bon l’eau de rose et en prime, je détestais parler de mes sentiments. « Je m’en fous pas, je ne montre pas mes émotions, c’est tout. On porte tous un masque ou une carapace. Cela ne m’empêche pas de ressentir les choses bébé… Va falloir que tu apprennes à faire la différence avec moi sinon ça ne va pas le faire » répondis-je en voyant son visage se fermer. Je la relâchais, ne sachant pas quoi faire d’autres. « Si tu t’attends à ce que je sois romantique, attentionné, amoureux fou à le crier sur les toits… Tu seras forcément déçue. La seule chose que je peux faire, c’est essayer de te convenir mais je ne suis pas un prince charmant ou un de tes soupirants. J’ai plus de défaut que je n’aurais de qualité mais tu peux être assurée que je ne te tromperai pas, que je te dirais la vérité si elle est utile » marmonnais-je avec l’impression que quoique je dise ou fasse, je finirai toujours par la décevoir.

« Tu es vraiment sûr de ça ? Parce que tu parles plutôt par énigmes depuis le départ ! » avoua-t-elle en toute sincérité. Mallory avait beau tendre l’oreille, essayer de lire entre les lignes, elle avait surtout l’impression qu’il faisait quinze pas en arrière pour un en avant. Comment voulait-il qu’elle s’y retrouve dans ces conditions ?! Sûrement n’était-elle pas parfaite, la jolie Eliot n’avait jamais prétendu l’être. Mais là… c’était dur pour elle d’avoir l’impression qu’il se fermait à elle au lieu de s’ouvrir. « Je n’ai jamais dit que je voulais que tu donnes dans la guimauve mais le gros problème, c’est que tu es super tranché. C’est blanc ou noir, marche ou crève, t’es pas content tu dégages, j’ai faux ? Que tu n’aimes pas parler de tes sentiments, très bien. Tu n’es pas démonstratif non plus et au lieu de t’ouvrir, tu te fermes dès que j’essaye d’approcher… je suis censée faire quoi, moi ? Une histoire à deux, ce n’est pas une histoire où l’un des deux s’ouvre, fais quinze pas vers l’autre et où l’autre campe sur ses positions. Je veux bien faire tous les efforts du monde mais si je suis la seule effectivement, c’est voué à l’échec. Juste savoir de tes sentiments que tu ne me tromperas pas, merci mais j’ai envie de dire… heu encore heureux ! Je sais pas, c’est… frustrant merde ! » Mallo s’assit docilement sur le canapé, prenant son visage entre ses mains pour tenter de rassembler son esprit en morceaux. Et pas que son esprit, d’ailleurs.

Oui, Mallory avait saisi le principe même si je n’avais pas vraiment conscience de faire quinze pas en arrière. C’est juste qu’elle m’en demandait trop, trop vite. Je n’étais pas du genre à me dire : je suis en couple, je suis raide dingue de cette nana, etc. Oui, j’aimais passer du temps avec elle, lui faire l’amour n’était franchement pas désagréable bien au contraire mais de là à tout parier sur cette histoire, il y avait de la marge. « C’est peut-être pour toi, quelque chose de normal mais pas pour moi. Je n’ai jamais eu envie d’être fidèle parce qu’aucune femme ne m’a donné envie de l’être. Je ne suis pas du genre à m’attacher et quand je le fais, c’est petit à petit. Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Que je suis amoureux de toi ? Je ne vais pas te mentir, j’éprouve beaucoup de choses pour toi mais je ne suis pas encore amoureux. J’ai besoin de temps bordel Mallo ! Je suis pas comme toi, je ne sais pas me donner comme tu le fais et même si mes efforts ne voient pas comme les tiens, ils sont bien présents. Tu crois que je ne suis pas frustré de ne jamais arriver à me faire comprendre de toi ? Que je n’en ai pas marre de passer pour l’insensible des deux ? Putain, ça me saoule… Je n’arrête pas de te dire que je veux être en couple avec toi, qu’est-ce qu’il te faut de plus ?! Est-ce que tu ne peux pas me laisser le temps ? Je te demande juste de m’apprendre à t’aimer » m’emportais-je en faisant les cent pas.

Ce qui était parti d’un sauvetage surprise de leur histoire était en train de tourner au cauchemar. Peut-être Mallory n’avait-elle pas la patience requise pour se dire qu’il allait rester ou que de son côté elle avait peur qu’il la blesse à nouveau comme il l’avait fait une semaine plus tôt. Rien que d’y penser et elle frémissait de souffrance. « Peut-être que c’est ça la différence entre toi et moi justement ! » s’emporta-t-elle à son tour face au fait qu’il lui ait avoué ne pas être amoureux d’elle. Aussitôt, Mallo s’en voulut d’avoir lâché pareille vérité en pâture alors qu’elle n’était même pas certaine qu’ils finissent cette conversation en un seul morceau. « Je n’ai jamais dit que je ne pouvais pas te laisser du temps mais arrête de nous comparer… je te signale que je n’ai aucune expérience. Alors forcément, j’ai envie de donner tout ce que je rêve de donner depuis des lustres et je suis frustrée parce que soit j’ai l’impression que tu t’en fous, soit tu le piétines… j’ai peut-être trop à donner c’est ça mon problème. Écoute, je vais apprendre à fermer ma gueule, d’accord ? Comme ça, ça contentera tout le monde. » Mallo se releva du canapé pour marcher jusqu’à un globe qui s’ouvrit pour en dénicher des bouteilles de scotch au moins vingt ans d’âge. Elle en avait cruellement besoin, il faut croire.

« Putain mais je rêve ! » marmonnais-je. C’est ainsi qu’elle me voyait ?! C’était pas folichon. « Et moi j’ai l’impression que quoique je dise, quoique je fasse, ça ne sera jamais suffisant pour toi. Je dois peut-être arrêter de nous comparer mais cesse de prétendre tout connaitre de moi ? Tu penses que je m’en fous ? Ce n’est pas le cas. Si tu ne représentais absolument rien pour moi, je ne serais pas là à en discuter avec toi. Seulement, je suis condamné d’avance car tu pars du principe que je ne ressens rien, que je suis qu’un mec bon à te piétiner le cœur sous prétexte que je ne réponds pas à tes sentiments. Le pire, c’est que je crève d’envie d’y répondre mais je ne sais pas… tu n’as peut-être pas d’expérience en la matière mais je n’en ai pas plus que toi. Oh je me suis tapée des centaines et des centaines de nanas… La belle affaire ! C’est vrai que ça va beaucoup m’aider à comprendre ce que je ressens, à comprendre pourquoi cette putain de conversation me donnerait presque envie de chialer comme une gonzesse » lâchais-je avant de m’approcher du mur pour donner un coup de poing. Putain que ça faisait un mal de chien mais en même temps me remettait les idées bien en place. « Tu vois Hale, je te demande pas de te la fermer, je te demandais juste de me montrer la marche à suivre, que tu me montres que dans le monde, ce n’est pas forcément marche ou crève mais finalement, je n’en vaux pas la peine car tu pars du prince que je m’en branle ou que je vais te piétiner mais pour l’heure, je crois que les rôles sont inversés… J’étais venu pour toi ce soir parce que je crève de te savoir loin de moi seulement, ça ne te suffit pas car tu veux tout, tout de suite »