Silence. Nos regards se croisaient, un sourire de petite peste s'esquissait sur mon visage. Une tension était clairement palpable. Mon père, silencieux, se contentait de lire son journal. Ma nourrice, concentrée sur son repas ne remarquait pas la bataille que j'étais en train de mener avec ma cousine. Je me devais d'être la première à déposer ma main sur le centre de la table, ainsi je ne serais pas obligée de débarrasser la table, ou bien même d'aider ma nourrice a faire la vaisselle. C'était une habitude, notre habitude. Bien que je venais d'un milieu des plus aisés, ayant reçu en plus grande partie l'éducation de ma nourrice, comme tout enfant de mon âge je devais aider dans certaines tâches ménagères de la maison. Un cri se fit entendre, un cri de guerrière et ma cousine, Giada, se jeta sur la table, faisant ainsi tomber verres, couteaux, et plateaux remplis de charmants légumes que je n'avais pas réussi à avaler, légumes qui se projetèrent à la fois sur mon visage. Immédiatement, je ripostais en l'attrapant par ses cheveux noirs en essayant de la pousser de toute mes forces. Mon père grognait, tandis que Giada réclamait un temps mort. « Stoooooooop » hurla ma nourrice tout en attrapant ma monstre de cousine par la taille pour nous séparer. Nos batailles ne duraient jamais longtemps, ma nourrice, Maria, nous coupaient toujours en plein envol. « Maria je gagnais... » bougonna la brunette tout en retirant les aliments se trouvant sur son visage. Je n'osais plus bouger, je n'osais pas non plus respirer de peur de voir une main se plaquer contre ma joue. Mon père replia son journal, se leva, essuya ses cuisses et enfonça ses doigts dans ses cheveux. Il allait annoncer quelque chose. Il allait me punir, m'obliger à dormir sans lumière. J'avais peur. Mes doigts tremblaient. « Allez vous couchez » se contenta-t-il de nous demander. Surprise, je n'osais pas quitter la table. J'étais habitué aux sanctions, et aux punitions en tout genre - même si celles-ci étaient clairement inefficaces. « Partez-donc avant que je change d'avis... » souffla-t-il tout en commençant à nettoyer les dégâts que notre hystérie collective avait provoqué. C'est sans peine que je rejoignais ma chambre, rejoignais mon lit. Ils sont tous fous, pensais-je tout en souriant. J'aimais mes parents, ma famille ; vivre aussi bien entourée ne pouvait pas plus enrichissant pour une gamine comme moi, du moins c'est ce que je pensais lorsque j'étais enfant. Rapidement je m'endormais, fatiguée par cette journée passée auprès de ma famille.
"Depuis que les femmes travaillent, on est passé de "Merci mon Dieu, c'est vendredi" à "Merci mon Dieu, c'est lundi". Si une mère n'a jamais dit ça c'est que ses enfants n'ont pas encore atteint l'adolescence." Ann Diehl avait vu juste, l'adolescence fut loin d'être une partie de plaisir pour mon entourage, et plus particulièrement pour ma nourrice, je n'avais pas réellement de famille à vrai dire, avec des parents très peu présent et étant fille unique ma seule famille était ma nourrice, ma seconde mère qui était plus importante à mes yeux que ma vrai mère, cela peut vous paraître fou mais c'était vrai. A vrai dire elle avait sous le toit une adolescente mais une adolescente très extravertie aux hormones bien en éveil, alors je ne vous cache pas l'ambiance qu'il y avait à ce moment là chez nous, avec tous les hommes que je ramenais à la maison et toute les conneries que j'ai pu faire je lui en ai malheureusement fait voir de toute les couleurs, mais malgré ça Maria, ma nourrice, arrivait toujours à surmonter cela et à me raisonner calmement. Maria désespérait à l'idée de me voir ENFIN avoir une relation assez sérieuse, à vrai dire j'avais eu pas mal de copain mais vous savez à cet âge là c'est les premières expériences et pour tout vous dire je n'étais pas du tout prête à avoir une relation très sérieuse. Enfin c'était mon mode de pensée avant que je ne rencontre Sacha, ah... Sacha... La seule vraie histoire d'amour que j'ai connu et je pense la seule que je connaîtrais... Il faisait parti du peu de personnes qui comptaient le plus à mes yeux, il avait toujours été présent pour moi et... Quelle sotte j'avais pu être... Le tromper avec un homme qui n'en valait même pas la peine. Je n'aurais jamais du boire ce verre, verre de trop d'ailleurs, comme on dirait la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, un verre qui m'a pousser à aller dans les bras d'un autre pour assouvir nos pulsions sexuelles complètement inconscient de ce que nous faisions à vrai dire, mais cela n'empêche que nous l'avions fait avant d'être pris en flagrant délit par le beau brun, qui depuis ce jour ne m'avait plus adressé la parole ou du moins ne m'avait plus considérait comme SA Poppy. Comment j'avais pu être aussi "conne"... J'avais le don de casser mes relations les plus proches, sauf que Sacha n'était pas comme les autres, je l'aimais lui... Et je n'arrivais pas à me sortir sa présence de mon esprit, c'était impossible, j'avais tout essayer mais rien à faire... Et puis au final, il était parti pour Cambridge, me laissant seule à New York, agrandissant de jour en jour le gouffre qui se creusait dans ma poitrine, littéralement parlant, oui je souffrais de son absence, je souffrais... Mais personne ne pouvait me comprendre, personne... à part lui.
Je plaçais la clé dans la serrure afin de pénétrer dans notre demeure, une fois la porte ouverte, j'entrais puis claquer fortement la porte pour la refermer tout en me plaquant contre me laissant ainsi glisser, je venais de passer la pire journée de ma vie, journée que j'aurais préféré ne jamais connaître, vous savez je n'aimais pas montrer mes faiblesses et j'étais du genre à me cacher derrière mon caractère assez hautain, mais à présent il m'étais impossible de cacher mes faiblesses... La raison ? Je venais de rentrer de l'enterrement de ma nourrice... J'aurais plutôt envie dire celui de ma mère... J'avais été présente pour elle durant tout son combat contre ce foutu cancer, mais en vain, il faut croire que le cancer à gagner tous les rounds... J'étais à présent livrée à moi même, j'étais seule, je n'avais plus personne à qui parler me confier, c'était comme ci une partie de moi même était morte... Celle qui m'avait vu grandir qui m'avait fait ressentir ce que l'affection d'une mère pouvait être, qui avait remplacé mes parents, celle qui m'avait protéger, appris les bonnes manières... Celle... Elle était tout pour moi, je me sentais à découvert, sans sécurité. Je me relevais de la porte lorsque j'entendis une clé pénétrer la serrure de l'extérieur, j'essayais d'essuyer mes larmes en vain me dirigeant vers le salon j'entendis une voix derrière moi. « Poppy... » C'était mon père, pour tout vous dire il était la dernière personne que je voulais voir aujourd'hui, l'ignorant j'allais m'installer sur le canapé du salon souhaitant être seule. « Poppy... On est tous dans la même situation, enfin sache que je suis là pour toi. » « Non mais tu te fous de moi là ! J'ai envie d'être seule ça ne se voit pas ?! » « Poppy je te conseillerais de changer de ton avec moi ! J'essaye d'être présent pour toi mais apparemment mademoiselle à envie d'être seule » « Changer de ton ? Tu crois pas que si Maria n'avait pas été présente pour moi je n'aurais jamais connu l'affection que des parents pourraient avoir pour leur enfant ?! Tu ne vois pas que durant le peu de vie que j'ai vécu, les moments passés avec toi et maman se comptent sur les doigts de la main alors que ceux avec Maria sont inombrables ! Contrairement à mes amis moi je n'avais QUE Maria ! Et tu veux qu'aujourd'hui nous soyons soudé comme ça sur un coup de tête ?! LA BLAGUE DU SIECLE ! » Ne le laissant même pas répondre, j'allais en direction de ma chambre mettant ainsi fin à la discussion avec mon patriarche mais aussi pour me couper du monde extérieur, j'avais perdu l'être le plus cher à mes yeux... J'avais peut-être à nouveau blessé mon père mais j'étais comme ça, je n'allais pas garder ce que je pensais pour moi, je n'y étais pas parvenu...
Depuis tout s'était accéléré dans ma vie, j'avais du me prendre en main et accepter le fait que je devrais à présent compter uniquement sur moi même, du moins c'était ce que je pensais, j'étais passée dans le monde des adultes. J'avais à présent 22 ans, j'étais en troisième année de relations internationales et de français, célibataire et fière de l'être -ou pas-, oh bonne nouvelle j'avais retrouvé Sacha depuis et nous nous sommes assez rapprocher, j'avais compris que je l'aimais toujours et que mes pensées seront toujours rivées vers lui alors seul le destin sait comment cela se finira...