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Aujourd'hui, je n'avais rien de prévu. Cela faisait plusieurs jours que j'avais quitté ma chambre de quarantaine pour rejoindre ma chambre à la mather house. J'avais encore passé quelques journées à la MH, prétendant que je ne me sentais pas trop bien alors qu'en réalité, je restais enfermée à fumer ou bougeais mes fesses pour faire les boutiques, aller rendre visite à telle ou telle personne ou pour vendre à droite et à gauche bref, le temps était passé extrêmement vite. En réalité, les cours commençaient à me manquer et faire des conneries également. J'étais encore au lit lorsque je reçus un sms de mon grand frère d'amour. J'aurais pu m'énerver parce que j'étais encore à moitié endormie or, Jeno était sans doute le seul qu arrivait à me mettre le sourire aux lèvres dès le réveil. Je me levais donc, filais à la douche et me préparais en deux-deux avant de rejoindre mon frère au Gap. Quelques minutes plus tard, je le retrouvais sur notre lieu de rendez-vous. Salut chaton ! Je le pris dans mes bras avant de déposer un baiser sur sa joue. J'adorais le faire chier aujourd'hui, c'était surnoms débiles à gogo !
Etre en quarantaine avait été la pire chose de ma vie or, cela m’avait permis d’encore plus prendre conscience des bonnes choses qui pouvaient aiguiller mon quotidien. Les amis, la drogue, les soirées, mon frère et même les cours, m’avaient énormément manqué et je dois dire que c’est seulement après être restée enfermée tel un animal en cage que je m’en rendais compte. Finalement, j’avais de la chance, ma vie ne pouvait pas être mieux ! Donc oui, j’arrivais sur le lieu de rendez-vous le sourire aux lèvres, pris mon frère dans mes bras avant de déposer un baiser sur sa joue et ne l’engueulais même pas alors qu’il venait à me décoiffer. « Je me sens plutôt bien. Ouais, je me sens bien même si tu m’as réveillé enfoiré va ! » Je lui tirais la langue en signe de mécontentement et lui piquais sa cigarette pour tirer une taff dessus avant de lui rendre. « En pleine forme et toi ? T’as l’air… Je sais pas, différent ! » Bien sûr, par différent j’entendais ‘pas aussi enthousiaste que moi et un peu bizarre’, comme à chaque fois que quelque chose le tracasser ou qu’il avait quelque chose d’important à me dire et *roulement de tambours*, c’était le cas. Il me parla d’Helena et tout de suite, une légère grimace vint s’emparait de mon visage. J’hésitais un moment avant de lui avouer rapidement : « Oh ouais Helena… D’ailleurs en parlant de ça… Bah je… » Je cherchais mes mots et repris la parole : « Je crois que je lui ai déboité la mâchoire ou en tout cas, j’ai failli. » J’haussais les épaules d’un air innocent comme j’avais l’habitude de le faire quand je faisais quelque chose de mal et ce, depuis toute petite. Je commençais à marcher en direction de l’entrée avant de demander curieusement : « Tu l’as vu et ? Il s’est passé quoi ? Vous vous êtes parlés ? »
J’étais enfin sortie de cette foutue chambre de quarantaine et aujourd’hui, je comptais bien rattraper le temps perdu. Je ne dirais pas que je profitais plus parce que, ce n’était pas vraiment possible, j’en faisais déjà qu’à ma tête. J’étais très heureuse de pouvoir retrouver mon frère, en chair et en os, de pouvoir lui parler sans avoir une vitre entre nous deux et de pouvoir l’embêter comme je l’avais toujours fait. Oui, quasiment déboitée la mâchoire, tu as bien entendu frérot. Une droite en pleine face, les lèvres en sang bref, du Alexys Carpenter dans toute sa splendeur. Parfois, j’en avais vraiment marre d’agir sous le coup de l’impulsivité mais à chaque fois, je finissais par admettre qu’il n’y avait rien de plus marrant, déstressant et excitant que de se mettre à frapper lorsque plus rien l’allait. Je suis un peu sadique sur les bords, j’avoue. C’est vrai que Jeno pouvait se défendre tout seul mais, c’était plus fort que moi, j’étais toujours obligée de m’attirer les foudres des ennemis de mon frère, de me mêler de ses histoires. « Disons que j’ai peut-être frappé un peu fort… Elle m’a traité de salope ! » Précisais-je pour ma défense. Et je l’avais bien cherché puisque je l’avais insulté de pétasse. Elle n’avait fait que se défendre… Oh et puis merde, si elle n’est pas contente, fallait pas revenir… Et encore moins parler de Jeno. Impatiente, je lui demandais comme s’était déroulé leurs retrouvailles. Le début de sa phrase ne m’étonna guère d’ailleurs, ça me fit plutôt sourire puis, il y eut la révélation à propos du bébé. Helena m’en avait parlé, c’est d’ailleurs pour cette raison que j’avais arrêté de me battre avec elle, pour l’écouter. Je soupirais en murmurant un bref : « Je sais… » Mais rapidement, tu repris la parole pour lui demander ce qui t’intéressais le plus : « Comment t’as réagi ? »
Je me justifiais en avouant qu'Helena m'avait insulté. En réalité, elle n'avait fait que se défendre puisuqe c'est moi qui l'avait attaqué la première. C'était plus fort que moi, je n'aimais pas la personne qu'elle était devenue, je n'aimais pas non plus la façon dont elle parlait de Jeno. Elle le faisait passer pour un salaud, racontait que c'était un con alors que c'était elle qui l'avait détruit. Elle était partie, elle était tombée enceinte bref, tout était entièrement de sa faute. Je l'ai un peu chercher... J'aime pas du tout ce qu'elle est devenue. J'aime pas sa façon de se comporter, j'aime... Plus rien. C'est une conne. Ajoutais-je en soupirant comme déçue d'elle. C'était le cas. Je l'avais bien aimé Helena. Elle semblait diférente de sa famille. Il faut croire qu'ils ne valaient pas mieux les uns que les autres. Je voulais savoir ce que Jeno avait ressenti lorsqu'elle lui avait appris la grande nouvelle. C'est pas faux mais... Je voulais en savoir plus. Je savais que ce n'était pas la première chose à laquelle il avait pense. Je voulais savoir si ça lui aurait fait plaisir ou non, je voulais savoir s'il avait eu mal ou si cette annonce l'avait rendu indifférent. T'as pas besoin de le faire tu sais. Ça te fera plus de mal qu'autre chose. C'était du passé. Il ne fallait pas ressasser le passé, ça ne faisait qu'empirer les choses.
Je n'aimais pas le voir mal. J'avais l'impression qu'on se voyait uniquement pour ça en ce moment et pourtant, j'avais besoin de savoir, j'avais également besoin de lui parler, il était le seul en qui j'avais confiance et le seul dont je me souciais réellement. Bien sûr, j'en voulais à Helena de l'avoir fait souffrir de la sorte or, je ne lui en voulais pas pour le bébé. Je ne pouvais pas faire une telle chose et ce, même si j'étais énervée contre elle, même si je la détestais au plus haut point. Oh non pitié me parle pas de Jorden ! Y a rien entre Jorden et moi je... Je l'ai oublié et le fait qu'il soit ici, ça me fait rien. Je sais, c'est pas bien de mentir mais, il n'était pas question de moi dans cette histoire et, parler de Jorden n'était vraiment pas une bonne idée. Ouais sinon, j'allais devoir lu dire qu'on avait fini au commissariat ou encore que j'avais recouché avec lui ou même qu'il me prenait pour une conne parce qu'il avait Maelys bref, c'était compliqué et là, on parlait de lui, pas de moi. Je m'arrêtais et me tournais vers lui. Ecoute Jeno, je sais qu'elle a eu tort, qu'elle aurait dû t'en parler et, je la défends pas mais... J'aurais agi pareil. T'étais amoureux mais peut-être pas prêt à devenir père. Elle, elle l'était pas non plus, elle a eu peur de te perdre et, elle est partie. Elle l'a pas tué, c'était un accident. Je soupirais, désolée de la défendre en quelque sorte mais, c'était le cas. Elle n'avait pas tué leur enfant. J'ai pas envie de dire et si mais... Est-ce que vous l'auriez gardé ? Je veux dire tu serais toujours avec si jamais elle n'était pas partie, si elle t'avait tout dit ? J'avais besoin de savoir, c'était plus fort que moi. J'avais l'impression que toute cette histoire l'avait fait mûrir en quelque sorte.