I went from zero, to my own hero FEAT Cody

Les paupières de Lavender finirent enfin par s'ouvrir. Dans un réflexe, elle porta sa main sur sa droite, à l'aveugle. Mais au lieu de rencontrer son radio réveil, celle-ci se referma sur de l'air. Ses yeux s'ouvrirent un peu plus encore sous le coup du choc. Quelque chose était différent. Lavender se redressa aussi vite qu'il était possible de le faire en se réveillant tout juste. Son regard se promena sur les murs, les cadres accrochés sur deux pans de la pièce. Après quelques minutes de réflexion, elle se souvint enfin. La veille, elle s'était rendue à cette soirée ou veillée, peu importait le nom. Elle savait juste qu'elle l'avait fait pour faire plaisir à une amie, et puis, elle s'était retrouvée dans un bar où se côtoyaient bon nombre d'étudiants, un verre à la main. Lavender avait tenté de s'éclipser de la soirée plus d'une fois, sans succès. Elle avait même le vague souvenir d'avoir participé à un jeu de "cap ou pas cap", comme dans un film français qu'elle avait regardé en VOST.
Un ronflement lui permit de remettre tous ses souvenirs en place. Avec un regard vers le fond de la pièce, qui ressemblait davantage à un bureau qu'à une chambre, elle repéra un sofa rouge. Elle se souvenait à présent pour quelle raison elle n'avait pas pu rentrer hier soir. Un homme dormait sur le sofa d'en face et la discrétion des ronflements qu'il laissait échapper faisait sourire Lavender. Elle se souvenait de l'était d'ivresse avancée du jeune homme la veille au soir. Elle se souvenait également avoir proposé à son amie de rentrer sans elle.

Quatre lettres, deux mots, un vide de sens. T R O U N O I R. Voilà dans quel état d'esprit était Cody en se réveillant ce matin-là. Enfin non, pas encore. Pour le moment, il ronflait puis émergeait petit à petit à cause du soleil inquisiteur qui cherchait par tous les moyens à se faufiler entre ses paupières. Il devait sûrement faire cette espèce de bruit de cochon qu'on lui avait déclaré à plusieurs reprises, ce genre de ronflement-reniflement-toussotement répété chaque fois qu'il était en phase de réveil, comme un vieux moteur qui peinait à démarrer. Puis, machinalement, pensant se trouver dans son lit, bien que ce sofa soit indéniablement moins confortable que son bon vieux matelas, il se retourna pour se mettre sur le dos mais … BOUM. Il tomba par terre, se rattrapa à l'unique plaid qui lui servit de couverture pendant une nuit. Ou une demi-nuit, Dieu seul sait combien de temps il avait hiberné. Comme paralysé par le choc, il resta immobile quelques secondes, les quatre fers en l'air, une grimace de dessins animés perchée sur son visage. Qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi le sol était si dur ? Il ouvrit un œil, puis l'autre. Le plafond n'était pas celui de sa maison. Où étaient les tâches, hein ? Puis même, ça ne sentait pas comme chez lui. Il se redressa, parvint à s'asseoir par terre, adossé au canapé. Il frotta ses yeux rougis sans remarquer qu'il n'était pas seul dans la pièce et qu'une certaine demoiselle avait eu la chance d'assister à ce spectacle. « Qu'est-ce que je fous là ... » marmonna-t-il dans sa barbe. Et encore, je suis sympa, je vous fournis la traduction puisqu'en réalité, sa phrase ressembla bien plus à une espèce de 'gngngngngn' indéfinissable. Impuissant. Il ne pouvait pas se remémorer comment il avait fini la soirée, chez qui il était, ni ce qui s'était passé. Dieu merci, il était habillé. Personne n'avait tenté d'abuser de lui cette nuit, il s'en voyait rassuré.  

L'éclairage se résumait à une petite lampe posée sur une masse informe de couleur bois qui ressemblait fortement à un bureau massif. Les sens en plein éveil, Lavender terminait de reconstituer les morceaux du puzzle rendus plus compliqués à assembler après une nuit agitée. En attendant que son protégé de la veille se réveille complètement, Lavender réfléchissait aux différentes formulations possibles. Elle devrait bien expliquer ce qu'il s'était passé la veille au soir, ivre comme il était, elle était prête à parier qu'il n'en avait aucun souvenir. Lavender crût à un tremblement de terre lorsque le corps du jeune homme encore endormi atterri sur le plancher avec fracas. A peine plus éveillée que lui, Lavender sentit pourtant tous ses sens se réveiller soudainement; et se leva de sa propre couchette pour se diriger à pas de course vers le point de chute de l'étudiant. Elle ne put réprimer un sourire lorsqu'elle l'aperçut ainsi, l'air effaré et les yeux encore teintés de sommeil. Le sol craqua de nouveau lorsque le jeune homme tenta de se relever, il parvint tout au plus à caler son dos contre le sofa. Lavender ne s'était pas attendu à des remerciements, encore moins à un réveil des plus chaleureux. Il ne devait même pas se souvenir d'elle, ni des ricanements qu'elle avait essuyé en le portant dans la rue. Elle se serait contentée d'un vague "Bonjour", mais elle dût revoir ses exigences à la baisse en entendant un « Qu'est-ce que je fous là ... » résonnait dans la pièce. Par où devait-elle commencer ? Lui dire qu'il était saoul hier soir et qu'elle l'avait ramené ? Ou mieux, qu'il s'était amusé à appuyer sur toutes les sonnettes qu'il croisait pendant qu'elle peinait à supporter son poids dans la rue ? Qu'un policier en repos avait fini par ouvrir sa porte et accepté de les héberger pour la nuit ? Devait-elle également lui rappeler que...Lavender consulta sa montre par réflexe...qu'ils avaient cours dans 30 minutes ? Les yeux de Lavender prirent la forme de deux soucoupes. Elle se leva et commença à rassembler ses affaires; ce matin, le jeune homme semblait en état de marcher tout seul.
- Bonjour, démarra Lavender avec précaution. Je suis Lavender, j'étudie la bio' à Harvard. Pour faire court, on a tous les deux assisté à une soirée au Lord Hobo hier, qui s'est finie tard. Tu avais trop bu, j'ai voulu te raccompagner. En tout bien, tout honneur ! jugea t-elle bon de préciser. Tu m'as vaguement parlé de moto et de chérie, tu m'as montré la photo d'une petite fille sur ton téléphone...et on a atterri ici grâce à ton aptitude du "je sonne à toutes les portes qui se présentent, il y en a bien un qui va ouvrir". Sur ce dernier point, tu avais raison ! Oh et, on a cours dans 30 minutes, acheva Lavender.

Cody ne connaissait pas cette maison. Il en avait eu des trous noirs, des néants cérébraux, des ouragans d'ivresse balayaient souvent ce qu'il avait entre ses deux oreilles. Mais rares étaient les fois où il se réveillait dans une maison totalement inconnue, lugubre qui plus est. Peut-être pas si lugubre, mais Cody avait autant de mal à ouvrir les paupières qu'un chiot qui vient de naître donc il voyait tout en dark. Pour le moment, il se pensait seul, s'auto-questionnant sur la nature de sa présence ici. Qui sait, peut-être que dans un élan de schizophrénie, il finirait par obtenir une réponse plausible de lui-même ? Il n'avait même pas remarqué la présence de Lavender, bien qu'elle se soit déplacée, bien qu'elle se soit approchée de lui. C'est à tambour battant que sa gueule de bois se vengeait sur son cerveau et dans des moments comme celui-ci, Cody ne trouvait point meilleure compagnie que sa boîte de Doliprane. Il sursauta littéralement lorsque le son de la voix de Lavender s'insinua dans ses oreilles, se raccrochant au coussin du sofa pour ne pas tomber encore plus bas. Oui, il aurait été capable de réaliser l'exploit de chuter alors que monsieur était déjà assis par terre. Un cri aigu s'échappa du fond de sa gorge, désintégrant ainsi toute forme de virilité venant de sa personne. Trop d'information pour lui d'un coup, il fut obligé d'engouffrer sa tête entre ses mains, canalisant son énergie pour tenter de mettre bout à bout ce qui traversait les lèvres de son a priori sauveuse. « Non, non, non, non … » finit-il par répondre, hochant vigoureusement la tête de droite à gauche, toujours entre ses mains. « Ne me dis pas qu'on a couché ensemble ! » s'exclama-t-il en posant le regard sur celle qui l'avait précédemment effrayé. Non, elle ne l'avait pas dit mais Cody et son âme mélodramatique. « Trente minutes tu dis ? On est où ? Chez qui ? Pourquoi ? Comment ? Oh non, stop, mon crâne me travaille, je réfléchis trop. » Il termina sa phrase avec un ton suppliant, presque larmoyant, ne se rendant même pas compte qu'il était sûrement encore plus ridicule que la veille, du moins à en croire ce que Lavender avait décrit. 

Lavender se pencha pour récupérer quelques affaires éparpillées çà et là la veille au soir. Cody s'était endormi tout habillé, sans même penser à retirer ses chaussures. Lavender n'avait pas réussi à les lui faire retirer, et à vrai dire, elle n'avait pas vraiment cherché à insister. Elle s'était sentie repartir quelques années en arrière lorsqu'elle allait chez les voisins pour une soirée de baby-sitting. Finalement, après l'expérience de la veille, elle pouvait affirmer qu'un adulte fortement imbibé pouvait être aussi ingérable qu'un enfant qui venait d'apprendre à marcher et qui découvrait le monde à tâtons. Le regard de l'homme semblait vitreux, vu la quantité d'alcool qu'il avait dû ingurgiter pendant la soirée, il lui en restait certainement encore une bonne dose dans les veines. Soudain, le regard du jeune homme gagna en intensité et ses yeux s'agrandirent pour créer deux abîmes. Ce qu'elle lisait était un mélange de frayeur, d'appréhension et de curiosité aussi. La tête dans les mains, Lavender devait se concentrer pour comprendre les paroles de l'étudiant. Lorsqu'il leva enfin les yeux vers elle, ce fut pour lui poser la question la plus déroutante à laquelle Lavender n'ait jamais eu à répondre :
- Toi et moi ? Ensemble ? Non...non vraiment, sois tranquille. Il ne s'est absolument rien passé. D'ailleurs, si ça te rassure, j'ai déjà quelqu'un donc.... Lavender dût se forcer à afficher une expression neutre alors qu'elle sentait un fou rire monter en elle. On va y aller molo avec les questions, précisa Lavender en inspectant, l'air de rien, la mine fatiguée du jeune homme. Avec ton tour de passe-passe de la nuit dernière, tu as réussi à sonner chez un policier en repos. Il a remarqué que tu ne tenais pas une forme olympique et à proposer de nous laisser nous installer ici pour la nuit. C'était soit le sofa, soit la cellule de dégrisement ! Lavender grimaça :
- Excuse-moi mais...j'ai le droit de connaître ton prénom avant de finir l'interrogatoire ?

Il y avait des miraculés en médecine qui se réveillait après vingt ans de coma. Cody n'osait imaginer leur souffrance psychologique dès lors qu'ils regagnaient la réalité. Ça devait être quelque chose comme sa gueule de bois mais à la puissance 1000. Pourtant, Cody avait l'impression de vivre ça, de se réveiller et d'apprendre de sitôt que sa femme s'était remariée, que ses enfants ne se souvenaient pas de lui et qu'en plus, il était dans une clinique au fin fond de la Sibérie. Ce n'était pas loin, il était quand même chez un flic. Un flic quoi. Cody. Le mec le moins réglo en matière de PV, de contravention et d'ivresse sur la voie publique. Puis merde, c'était qui cette fille ? Vous comprenez le déroutement du brunet et son soulagement quand il apprit qu'il n'y avait rien eu entre eux. Il ne cacha rien, il soupira longuement, bruyamment. Non pas que Lavender n'était pas une fille intéressante, au contraire ; physiquement elle a tout pour plaire mais comprenez qu'il était dur pour lui de cautionner avoir passé la nuit avec une fille comme elle et ne pas s'en rappeler. Ce serait frustrant. « Dieu soit loué. » fit-il enfin en posant sa main sur son cœur qui, durant quelques secondes, s'était accéléré à s'arracher de sa poitrine. Lavender lui expliqua le topo, rien de bien glorieux visiblement. Parfois, Cody aimerait que les humains soient munis de paupières d'oreilles. Dans ce cas, il aurait pu épargner ses exploits contés par la délicieuse femme en sa compagnie. « Un flic. Y a cent mille gens ici et il a fallu qu'on tombe sur un flic. » Le ton de sa voix reflétait parfaitement Ô combien il était blasé. Lavender demanda son prénom. Là, il comprit qu'il ne savait pas le sien non plus, enfin si, il avait le vague souvenir de ses présentations il y a quelques minutes, mais son alzheimer post-hangover l'avait effacé aussi vite qu'il était rentré. Cependant, la parano l'emporta sur la ponctualité. « Je sais pas … Tu vas l'utiliser contre moi ? Le flic veut le savoir, c'est ça ? Tu es complice ? » Il se rendit tout de même compte qu'il cherchait la petite bête pour rien et tenta de lui faire confiance ; « Redis-moi ton prénom et je te dirais le mien. » J'ai bien précisé 'tenta'.  

La jeune femme avait pris un risque en raccompagnant un étudiant ivre dans les rues de Cambridge à un heure déjà avancée de la nuit. Et s'il avait eu l'alcool mauvais ?...Lavender ne s'était même pas posé la question lorsqu'elle l'avait vu, attablé au comptoir du bar. Le ton avait commencé à monter, rien à voir avec une quelconque altercation, le jeune homme avait soudainement haussé la voix comme s'il avait peur que plus personne ne l'entende. Ses mains s'étaient mises à trembler et le verre qu'il tenait dans la main semblait avoir du mal à rester en place. Un peu plus et il se serait endormi en plein milieu de la soirée. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres lorsque Lavender lui avoua qu'il ne s'était rien passé entre eux. Décidément, en matière de politesse, le jeune homme avait dû manquer quelques cours et la patience légendaire de la jeune femme risquait d'être mise à rude épreuve. En haussant un sourcil, Lavender se demanda soudain si elle n'aurait pas mieux fait d'abandonner la jeune homme à son sort la veille au soir. Il la harcelait de questions, auxquelles il aurait pu répondre par lui-même s'il n'avait pas ingurgité plus de 10 verres d'affilée.
- Et tu t'attendais à quoi, commença doucement Lavender, en te promenant complètement ivre dans les rues de la ville à plus de minuit ? On a déjà eu de la chance que quelqu'un veuille bien nous ouvrir, ça aurait tout aussi bien pu être un seau d'eau. Le jeune homme ne semblait qu'à moitié réceptif, ses paupières ne cessaient de se lever et de s'abaisser comme s'il avait du mal à rester éveillé. Tu es sérieux là ? Tu ne penses pas que j'aurais pu le faire dès hier soir si je l'avais voulu ? A quoi bon attendre que tu te réveilles si c'est pour t'emmener au poste ? Non sérieusement, poursuivit Lavender avec gentillesse, j'aimerais juste éviter les accidents la prochaine fois, rien de plus. Alors, pas de soucis, on repart de zéro. Lavender s'approcha du jeune homme; elle avait bien du mal à conserver un air neutre alors que l'homme sentait fortement la bière.
- Je suis Lavender, et toi ? dit-elle en lui tendant la main pour l'aider à se relever.

En temps normal, Cody ne se souciait guère de son état au réveil, au lendemain d'une soirée. Il pouvait avoir une mine aussi joyeuse qu'un zombie venant de sortir de terre, l'odeur d'une vieille serviette qui aurait trempé trois jours dans de la bière, être débraillé à en faire pâlir encore plus Karl Lagarfield, no matter. He doesn't care. Là non. Il ne connaissait pas Lavender, elle devait le prendre pour un alcoolique, un SDF ou que savait-il encore. Il soupira, ne souhaitant pas spécialement que sa sauveuse lui rappelle encore, encore, encore et encore dans quel état pitoyable il avait osé se promener la veille.  « Tu crois que j'aurais dégrisé plus vite avec un seau d'eau ? » l'interrogea-t-il très sérieusement, comme s'il espérait qu'elle lui balance une vieille théorie confirmant le tout. Il tenta de se lever, posa une main sur le sofa derrière lui, ses fesses quittèrent le sol … Boum, il retomba. Il tenta de le masquer en faisant passer sa mini-chute pour une simple envie de se réinstaller confortablement sur le plancher. Son métabolisme n'était pas encore prêt à fournir trop d'effort, voilà tout. Il ricana et demanda ; « Ahah, ça veut dire qu'il y aura une prochaine fois ? » Lavender serait bien courageuse dis donc. Cody, s'il s'était croisé, il aurait sûrement prié pour que ça ne se reproduise pas une seconde fois. Mais que voulez-vous, Lavender était peut-être une Warrior, Wonderwoman, Hit Girl et Catwoman. Le tout dans un même corps. « Cody. » souffla-t-il avant de sourire grandement. Wouw, il se rappelait de son propre prénom, il n'était pas donc pas si touché que ça. Il prit ça comme encouragements et tenta une seconde fois de se lever. Il parvint, mais perdit vite l'équilibre et s'assit aussi vite sur le canapé cette fois-ci. « Je ne savais pas qu'il y avait beaucoup de tremblement de terre dans le coin ... » ronchonna-t-il en observant minutieusement ses pieds. « Bon, on doit être en cours dans combien de temps tu disais ? » Il fallait certainement qu'ils commencent à s'inquiéter ...

Lavender avait la même impression que la veille, à une différence près, le jeune homme à qui elle avait sauvé la mise le soir précédent était réveillé. Et pourtant rien n'avait changé, elle avait toujours cette étrange sensation d'urgence, comme si l'homme qui lui faisait face avait encore besoin d'être rassuré, accompagné, comme un enfant égaré. De nouveau, elle se retrouvait dans la peau de la Lavender que tout le monde connaissait : attentionnée, à l'écoute et pleine de bonne volonté. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours été comme ça. L'odeur de bière devenait de plus en plus forte à mesure que Lavender se rapprochait de l'homme affalé sur le sol. L'étudiante afficha un air contrit lorsqu'il lui posa la plus étrange des questions "Tu crois que j'aurais dégrisé plus vite avec un seau d'eau ?". Il le faisait exprès ou... ?
- Au mieux, ça t'aurait réveillé non ? Au pire, étant donné qu'il ne fait déjà pas chaud le soir en cette période, tu aurais rapidement fini en hypothermie si tu n'avais pas trouvé de refuge dans l'heure. Mais mis à part ça... Lavender tentait de ne pas être dans le jugement, mais il fallait dire qu'il ne faisait rien pour arranger son cas. Elle le récupérait en état d'épave après un soirée bien arrosée et il ne trouvait rien de mieux à dire pour sa défense. Avait-elle même entendu un merci ? Dans un bruit de chaussures qui glissent sur le parquet, il tenta néanmoins de se relever, peine perdue. Son postérieur atterrit là où il était quelques secondes plus tôt; par terre.
- Tu aurais pu ne pas avoir de prochaine fois si je ne t'avais pas ramené ! Sans tomber dans le mélodrame, elle avait tout de même un peu raison. Tu pourrais tomber sur une personne moins bien attentionnée la prochaine fois. Il fallait dire ce qui est, un brigand aurait pu profiter de la situation pour lui faire les poches et vider son porte-feuille là où Lavender tachait de lui trouver un abri pour la nuit."Cody", le jeune homme avait lâché son prénom sans crier gare et Lavender mit quelques secones à comprendre ce que cela signifiait. Il commençait enfin à comprendre qu'il pouvait lui faire confiance. Alors qu'il entamait une nouvelle tentative pour se lever, et échoua de nouveau, l'étudiante s'avança vers lui en lui tendant son bras.
- Tu veux que je t'aide ?...Je sais que pour une question d'ego, tu risques de me répondre non, mais je suis ta meilleure option si tu veux arriver à l'heure en cours ! dit-elle en jetant un oeil vers l'horloge murale.
- Techniquement, on commence les cours dans 20 minutes. Enfin toi, je ne sais pas mais moi j'ai un TD de prévu.

Le seau d'eau aurait été sûrement une bonne tactique pour éviter la gêne du lendemain matin. Ou l'hypothermie, voire la mort assurée. Lavender avait une vision fataliste des choses mais Cody ne lui en voulait pas trop étant donné qu'elle était jolie et qu'elle lui avait sauvé la mise. Pour ces deux raisons, et même s'il semblait irrespectueux à son égard, il la remerciait sincèrement. « C'est vrai que ça n'aurait pas été très sympa. Je pense qu'on a des ambitions plus grandes dans la vie que de finir en glaçons sous un porche. » Peut-être que la vie de glaçon se révélait palpitante, tout compte fait. Mais Bleeker n'était pas prêt à en faire l'amère expérience, il souffrait déjà tellement de sa gueule de bois et du jugement de Lavender. Surtout là, maintenant que ses fesses avaient visiblement pris dix kilos pendant la nuit, ce qui les rendait impossible à lever. Le spectacle devait être beau mais Cody avait beau analysé le visage de la Quincy, cette dernière semblait tellement sérieuse qu'il ignorait si elle crevait d'envie de se foutre de sa gueule. « Oh, Wonderwoman, c'est très gentil de m'avoir pris sous ta cape mais je ne pense pas que j'aurais été dans un pire état si quelqu'un d'autre avait pris le relais. » Malgré son manque flagrant d'empathie, il espérait tant bien que mal décrocher un sourire sincère des lèvres de Lavender. Il avait la nette impression d'être le boulet qu'elle traînait à ses pieds depuis la veille et ça ne lui plaisait guère.
Il inspecta la main de sa sauveuse. Quelques secondes. Le temps de mesurer combien de points de virilité il perdrait en l'attrapant. Beaucoup trop. Tant pis. L'heure tournait, plus que vingt minutes avant le début des cours. Et encore, si ce n'était qu'un cours magistral, les deux s'en ficheraient bien mais ce n'était pas le cas. Il accepta son aide et se retrouva sur pieds. Ce changement de position fut suivi d'un léger vertige mais rien de bien grave. « Merci. » souffla-t-il. « Dis-moi qu'on est juste à côté de la fac, s'il te plaît ... » Il n'était pas certain d'être en capacité de courir, en fait.