Leyna n'avait pas remis le pied en cours depuis une semaine déjà... Elle préférait rester dans son lit et dormir sans cesse. Au moins là, elle savait que tout ce qui se passait n'était que dans son esprit. Elle qui criait sur tous les toits ces derniers temps à quel point tout allait bien dans sa vie et qu'elle était heureuse : ironie. En un simple mois tout pouvait changer. Elle était passée de la fille tout particulièrement heureuse en amitié et en amour à une fille désespérée, sans amis et pratiquement célibataire. Pourtant si la jeune femme restait chez elle ce n'était pas pour pleurer sur son sort à longueur de journée, elle ne voulait juste pas côtoyer le genre humain. En fait toutes ces émotions c'étaient désormais écrasée. Tout à coup, elle sentit quelqu'un entrer dans sa chambre mais ne se leva même pas de son lit pour voir de qui il s'agissait.
Je m'étais levé pour aller courir de bon matin. C'était pourtant pas le choix le plus raisonnable à faire. J'avais quelques travaux en retard, des projets à terminer, d'autres à commencer même et pourtant, je préférais aller gambader comme un lapin. Mes profs n'allaient plus être très compréhensibles avec moi en fait ils étaient même un peu sur les nerfs. Faut dire que, après m'être tiré après l'attentat sans demander mon reste, j'avais pas marqué des points en restant comme ça, porté disparu. J'avais jamais été un super bosseur, mais il fallait vraiment que je passe la cinquième, là. Porté par cette idée, j'accéléra la cadence de mes pas. Le truc, c'est que j'avais besoin de sortir, de m'aérer la tête. J'avais déjà eu une chance monstre de pas choper le virus qui avait envoyé la moitié d'Harvard, si c'était pas plus, en quarantaine. Je serais devenu barge, coincé entre quatre murs. Le seul truc que j'enviais aux malades, c'était la clémence qu'ils allaient recevoir en cours. Enfin, c'était une bien maigre consolation. Je rejoignis le campus au pas de course, bien que j'ai pas de cours à cette heure. Même si je puais maintenant un peu la transpiration, j'avais envie de voir du monde et mon choix venait de se porter sur Leyna. C'était drôle de voir comme nos rapports s'étaient arrangés depuis que j'avais réussi à avoir un tantinet une réaction adulte en admettant que j'aurais été largement capable de coucher avec un membre de sa fratrie par simple esprit de vengeance. C'était pas hyper flatteur mais ça nous avait permit de nous trouver des points communs et de commencer à établir les fondements d'une amitié. J'entra à la Dunster, m'essuyant un peu les pieds avant, quand même et rejoignit la chambre de Leyna. Je ne frappais même pas à la porte, la poussant doucement. Zéro réaction. Mais une bosse sous les couvertures. Rejoignant le lit sans me soucier d'être trop silencieux, une fois à côté d'elle, je lui donnais une petite tape sur les fesses. C'était amical, bien sûr. J'avais pas de tabou avec mes amis. En fait, j'en avais pas avec grand monde. Salut, toi. Lançais-je en attendant qu'elle remonte à la surface.
La dernière année avait été pleine de montagnes russes pour Leyna. Déjà elle avait quitté Paris pour venir étudier à Harvard avec ses amis, elle était tombée amoureuse pour la première fois, de deux garçons qui plus est, avait perdu sa meilleure amie dans la mort pour la retrouver ressuscitée quelques mois plus tard et c'était fait trompée, par les deux hommes qu'elle avait aimée. Encore ce n'est rien, elle avait aussi pratiquement perdu son meilleur ami pour une bêtise, avait attrapée une horrible maladie et j'en passe. Face à tout cela, la jeune femme ne savait plus du tout quelle était la "bonne" façon de réagir pour remonter à la surface. Elle était forte, ça personne ne pouvait le nier, seulement les évènements dépassaient de loin ses sentiments. Elle était juste lasse, impassible et n'avait plus envie de se battre. C'est alors que quelqu'un vint la sortir de ses pensées en lui tapant les fesses. Non mais qui pouvait... Maël. C'était le seul à agir avec elle de cette façon sans arrière pensée. Surtout te gêne pas. J'ai toujours su que tu aimais mes fesses. Dit-elle avec un petit sourire en coin tout en se redressant dans son lit pour voir le visage de son interlocuteur. Elle avait reconnu le beau Maël à sa voix seulement il fallait bien se montrer histoire de faire preuve d'un peu de civisme. Même avec le moral dans les orteils, la petite brune détestait se montrer impolie envers ses amis, et surtout elle essayait de faire bonne figure pour ne pas qu'on la prenne en pitié malgré les évènements qui avaient probablement fait le tour du campus. La pitié était la chose qu'elle détestait le plus au monde.
Je n'avais jamais été du genre pudique, ou même du genre timide. J'avais confiance en moi et une langue terriblement bien pendue. Je sais pas d'où me venait cette confiance, confiance très marquée qui m'opposait à mon jumeau, plus timide. Enfin, elle était là. Pas mal de gens avaient déjà vus mes fesses, je doutais pas le moins du monde de mon physique et j'avais horreur de tourner autour du pot. Quand il fallait que je dise un truc, ça finissait par sortir et si j'étais de mauvaise humeur, pas forcément sur le ton adapté. Pas forcément un tempérament facile donc, mais bon, à prendre ou à laisser. Ca expliquait les débuts périlleux de ma relation avec Leyna. Je savais qu'elle craquait sur moi dès le début et j'avais joué, elle aussi et ça s'était mal fini avant de repartir. Et aujourd'hui, j'avais pas la moindre gêne avec elle. En fait, je commençais à bien la connaître et à anticiper ses réactions. Elle s'extirpa des couvertures, histoire de me faire face, quand même. Je suis un mec. C'est normal, c'est le contraire qui devrait te faire flipper rétorquais-je. Elle avait pas l'air blasée devant mon côté sans gêne et puis elle pouvait me rendre la pareille, pas de soucis. Cependant y avait autre chose. Elle avait pas l'air très bien, en dépit du sens de la répartie que je lui connaissais bien. Toujours debout, j'inclina légèrement la tête, l'air plus soucieux. Ca va ? Demandais-je.
Leyna avait entièrement conscience de sa beauté et tout particulièrement de son effet sur les hommes. Elle n'avait jamais hésité à user de ses charmes pour parvenir à ses fins. C'était d'ailleurs quelque chose qui faisait souvent peur aux hommes... Les femmes avec autant de confiance en elles se faisaient rares de nos jours. Très peu d'hommes avaient réussi à lui résister, en dehors de Maël. C'était la raison de leurs nombreux différents par le passé, la jeune femme ne pouvait concevoir qu'un garçon qui lui plaise ne veuille pas coucher avec elle. Rien ne clochait chez elle ! Heureusement ils avaient trouvé le moyen de contourner cette situation et finalement devenir amis. Ils n'hésitaient pas à se faire des remarques qui pouvaient sembler déplacé pour certains mais qu'eux trouvaient toujours plutôt marrant. Est-ce que tu m'as entendu dire que ça me déplaisait ? Elle lui offrit un petit clin d'oeil. À quoi sa servait de pleurer sur son sort de toute manière ? Ça se saurait si sa remontait le temps pour empêcher les gens de nous blesser. Pourtant quelque chose dans son visage semblait la trahir puisque le beau Maël s'informa de comment elle allait. Numéro un ! Par contre si tu restes planter là debout une seconde de plus ça risque de changer. Elle savait très bien qu'elle risquait de ne berner personne, surtout que les rumeurs avaient probablement déjà commencées à circuler mais comme on dit une fille s'essaie. Et puis s'il la croyait, alors tant mieux, ça éviterait la discussion pénible qu'elle semblait voir arriver.
Si j'aimais bien une chose chez la brune, c'est ce qui m'avait rebuté durant toute cette époque ou j'avais pas put la voir en peinture : son sens de la répartie, semblable au mien sur bien des points. J'aimais toute cette confiance, tout bonnement car j'avais la même et que je cherchais la compagnie de gens qui n'y verraient pas là une forme d'estime bien trop élevée de soit. On n'est pas un espèce de monstre irritant simplement car on est conscient de sa valeur. Le commentaire de Leyna m'arracha un sourire un peu cochon en guise de réponse au clin d'oeil qu'elle venait de m'adresser. Bah, t'es comme toutes les autres la charriais-je un peu. Qui n'aimait pas se faire mettre la main aux fesses, à l'exception des coincées qui s'insurgent pour si peu et y voient directement les manières d'un gros pervers. La trouvant un peu bizarre, je pris le risque de demander si ça allait. Je m'attendais pas à ce qu'elle me tombe dans les bras en me racontant toute sa vie, mais j'aimais savoir si il fallait que je marche sur des oeufs, ou pas. Visiblement, le moment confidence, c'était pas pour tout de suite et elle me demande de m'assoir au lieu de rester debout, planté sur le place, à côté de son lit. Je reviens d'un jogging, je pue un peu crut-je bon de l'avertir en passant une main sur ma nuque.
S'il y a bien un trait de caractère qui peu totalement réunir ou opposé deux personne, c'est bien la confiance en soit. Ceux qui n'en ont pas ont royalement horreur de ceux qui ont conscience de leur valeur, et deux personnes qui en ont peuvent franchement se taper sur les nerfs en raison du surplus d'égo. À l'inverse, ça faisait du bien de s'entourer de personnes qui ne passaient pas leur temps à se rabaisser. Bah ouais, c'est cool être idolâtrer, seulement après un certain temps on se lasse d'être une reine, parce qu'on a besoin de personnes pour savoir qu'on est les meilleurs. Seulement là, le jeune homme venait de commettre une énorme bourde, c'est pourquoi Leyna n'hésita pas à lui balancer un coussin en pleine tronche. Dit plus jamais un truc pareil ! Osé dire à Leyna Carlson qu'elle était comme toutes les autres filles c'était vraiment l'une des plus grosse insultes qu'on ne pouvait lui faire. Elle avait beaucoup plus de classes que la plupart des nunuches d'Harvard qui se croient meilleures que tout le monde. Elle, elle savait qu'elle l'était, voilà la majeure différence. La jeune femme menaça également le beau Winthrop de se mettre en colère s'il ne venait pas s'asseoir sur le lit mais il répliqua qu'il revenait d'un jogging. Classe ! Je m'en fiche, viens. Dit-elle en se décalant un peu pour lui laisser une place près d'elle. Sinon on peut toujours aller prendre une douche tous les deux... Elle lui fit son petit sourire coquin, sachant très bien qu'il risquait fort probablement de refuser. Dans le cas contraire, elle ne dirait jamais non à voir le beau Maël Thomasnu comme un vers avec son corps ruisselant d'eau bien chaude... Assez de fantasme Carlson.
Madame était unique, madame était classe, madame ne devrait pas être comparée à toutes ses filles qui aiment se faire toucher le derrière par de beaux garçons. Non, madame aimait ça, mais différemment, car madame était différente, supérieure. Et madame me le fit comprendre à coup de coussin. Maël esquiva plus ou moins avant de rouler les yeux. Lui en fait, il se foutait de prouver qu'il était supérieur à toute la race masculine, il avait son égo, plus vaste que la moyenne, mais pas à ce point. Enfin, Leyna était Leyna et ça ne le surprenait plus de sa part ce genre de réactions. Elle me demande (ou m'ordonna) de m'asseoir avant de continuer à parler. Je crut bon de lui faire remarquer que je sentais pas très bon et que je doutais qu'elle adore. Elle m'affirma qu'elle s'en moquait et se décala dans le lit. Je me laissa donc tomber sur les couvertures. Suivit un commentaire sur la douche. Huhu. Je lui rendit son sourire cochon. Je suis pas contre. M'enfin, j'ai pas de vêtements propres et, te vexes pas, j'ai pas envie de t'emprunter l'une de tes robes pour rentrer. Lançais-je en lui donnant un petit coup de coude. Je repris ensuite la parole, incapable de m'imaginer que je m'apprêtais à mettre bien les pieds dans le plat. Et puis, pas sûr que ça plairait à ton chéri. Dis-je en arquant un sourcil.
Leyna ne c'était pas fait complimenter sur ses fesses depuis déjà quelques temps, ça faisait du bien de savoir qu'elle avait toujours un petit truc qui attirait encore la gente masculine. Bah ouais, après avoir passé quatre mois en couple, il arrive de douter un peu sur l'effet qu'on fait, puisqu'il y a longtemps qu'on en a pas usé. Bon, la demoiselle savait qu'elle pourrait très bien avoir ce genre de compliment en sortant dans les bars et en se tapant les premiers mecs qu'elle croisait, mais allez savoir pourquoi elle n'en avait pas très envie. Elle préférait encore envoyer un coussin à la tête de Maël qui venait de l'insulter royalement sans réfléchir. Elle l'invita par la suite à se joindre à elle dans le lit, quand bien même il disait ne pas sentir la rose à cause de son précédent jogging. La Dunster eut la brillante idée de lui proposer une petite douche sensuelle à deux, qui sait, peut-être aurait-il accepter. Sa première réponse la fit sourire alors que la deuxième avait l'effet d'un coup de poignard. Apparemment les nouvelles ne c'étaient pas encore rendus jusqu'à lui. Tu as pas à t'en faire, je suis plus avec Marshall. Et puis quoi, qu'est-ce que tu as contre mes robes Thomas ? Elle essayait de dissimuler sa révélation par d'autres propos, priant mentalement pour qu'il n'est pas porté attention au fait qu'elle était célibataire. C'était déjà tellement honteux d'être cocue, - par les deux seuls mecs avec qui elle était sortie qui plus est - moins qu'il y avait de gens au courant, mieux elle se sentait.
Mes parents m'avaient souvent reprochés mon incapacité à garder trop longuement ma bouche fermée. J'avais à peu près tout le temps un commentaire à faire sur tout. C'était inévitable, j'avais la langue trop bien pendue et peu pour moi le truc du "tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler", je n'avais jamais été du genre très patient, comme garçon. Et parfois, ça me jouait des tours comme là. Il avait fallu que je parle de son mec et qu'elle m'annonce qu'il ne l'était plus. Elle l'avait peut-être plaqué. Cependant, un truc, dans son expression, me fit penser le contraire et le fait qu'elle change de sujet aussi vivement consolida un peu ce pressentiment. Cette envie de riposter sans s'attarder me fit bien comprendre qu'il valait mieux se taire là-dessus tant qu'elle parlait pas d'elle-même, ainsi j'ignora cette partie de la réponse. Rien de spécial, mais je doute qu'elles mettent aussi bien ma silhouette en valeur que la tienne commentais-je, laconique. Non, c'est clair que les robes, c'était pas fait pour moi. Gardant dans un coin de ma tête son information sur sa rupture, je ne put m'empêcher de subtilement venir poser ma main sur la sienne, caressant un peu le dos de cette dernière avec mon pouce, dans une ébauche de geste de réconfort. Je laissa ma main comme ça avant de pousser un petit soupire. C'est que le matin et je me sens déjà crevé commentais-je, changeant de sujet.