(+ Siobban) could you understand, really ?

Thaïs revenait de quelques semaines exténuantes à New York mais elle se trouvait nettement plus sereine qu’avant son départ. Déjà parce qu’elle avait passé tout son temps à soutenir Caleb, à l’aider et que leur couple n’en n’avait été que renforcé. Leur complicité également, d’ailleurs. Sauf que pour privilégier son mariage, il avait fallut que la blondinette oublie tout le reste, y compris ses plus belles amitiés d’Harvard. Si elle revenait aujourd’hui, en prime, et qu’elle s’entraînait actuellement dans cette salle de danse, c’était pour passer ses derniers partiels avant de n’être plus capable en raison de l’avancement de sa grossesse. « Allez, encore un peu de Paso, j’suis faiblarde » se dictait-elle à elle-même non sans entendre un pas particulièrement décidé dans le couloir. Si elle avait suffisamment tendu l’oreille, peut-être Thaïs aurait-elle reconnu le pas de Siobban…

J’avais vu ma meilleure amie disparaître pour aller je ne sais où. Pas de nouvelles, rien, pas un simple mot et voilà que j’avais dû me faire un sang d’encre…Elle avait abusé des bonnes choses. Je me demandais bien comment est-ce qu’il fallait donc que je prenne le truc. Est-ce que je devais être calme ? Est-ce que je devais ne pas m’énerver ? Mais bon, je marchais donc pour aller à la salle et tout en poussant la porte, je lui disais en irlandais : « Tá sé deas a chur in iúl nuair a théann muid ...» (C'est sympa de prévenir lorsque l'on pars...) Je ne comprenais pas vraiment comment je devais me comporter ou pas. Mais il était fort possible que je m’énerve un peu froidement….Je m’étais inquiétée pour rien, et là, j’avais juste envie de la secouer un peu plus…Je restais donc devant la porte sachant qu'elle allait sans doute m'entendre. De toute façon, je ne comptais pas m'en aller comme ça.

Thaïs n’avait pas manqué de sursauter légèrement en entendant la porte s’ouvrir à la volée, ne s’étant pas attendue à ce que l’on vienne la déranger en pleine séance d’entraînement de danse. Elle arrêta aussitôt la musique, pour mieux entendre une voix extrêmement familière lui passer un demi savon en gaélique… bah, peut-être l’avait-elle diablement cherché après tout. « Je suis partie très vite et je ne savais pas quand j’allais revenir, j’étais sur New York pour soutenir Caleb » expliqua-t-elle avec un calme olympien, toujours en gaélique. Inutile de s’énerver : cela ne ferait que jeter de l’huile sur le feu.

« Et un un e-mail, c’était trop compliqué…. ? » Oui, il ne fallait pas trop non plus pousser le bouchon. Même lorsque je partais en concert ou en tournée, je lui laissais un petit mot tous les jours sur son répondeur….Croisant les bras, je me doutais qu’elle m’avait reconnu, elle était loin d’être une idiote. Je savais aussi qu’en entendant ma voix qu’elle avait entendu ma déception. Je reprenais alors la parole pour lui dire : « Tu vois c’est chacune son tour pour les déceptions… » Me souvenant de son retour avec celui qui l’avait laissé toute seule enceinte dans leur appartement. J’avais juste envie qu’elle me parle qu’elle dise quelque chose qui explique le tout. Sauf que parfois, je n’avais pas envie non plus de m’excuser. J’avais fais un effort, je n’avais rien dit, j’avais juste regardé comment il l’a faisait souffrir et cela m’agaçait fortement. Enfin, je patientais sachant qu’il était fort possible que ma voix me trahisse une nouvelle fois. J’étais en colère oui, mais plus inquiète qu’autre chose….

« Si je n’ai pas eu le temps d’envoyer un texto ou d’appeler, je n’ai pas plus eu le temps de t’envoyer un mail, soyons logiques » avoua Thaïs, faisant preuve de davantage de froideur car dieu sait combien elle détestait être cueillie de façon si désagréable et en prime la fatigue qu’elle trimballait derrière ainsi que le stress lié à ses derniers partiels n’aidaient pas. « Je te signale que la dernière fois en Inde tu t’en es pris à mon mari sans raison apparente. Tu ne t’attendais tout de même pas à un Oscar et une tape amicale dans le dos pour ça, n’est-ce pas ? Que ça te plaise ou non, je suis mariée avec Caleb, je l’aime et je le défendrai toujours. Il y a des tonnes de choses que tu ne peux pas comprendre Sio parce que tu n’es pas en couple. Maintenant, si ta déception est trop insupportable, la porte est par là, je ne te retiens pas. Je suis venue ici pour endurer mes derniers partiels et non me faire agresser parce que tu t’estimes flouée. Je fais ce que je peux je te signale et si ce n’est pas suffisant et bien… navrée mais c’est tout ce que je peux offrir ! »

« Il t’a laissé toute seule enceinte chez vous au cas où tu aurais oublié….Et il n’a pas appelé non plus… » M’arrêtant un peu, je reprenais : « Comme ça, je n’ai pas de cœur et je ne peux pas comprendre…Tu te moques de moi là ?! Et le mariage a eu lieu quand, parce qu’aux dernières nouvelles, je n’étais pas là…. » J’avais une folle envie de lui donner une paire de baffe et je me souvenais de Fred qui essayait de faire le tampon. Même si on avait raison toutes les deux, on ne pouvait pas vraiment admettre que pour l’instant, il nous faudrait du temps pour comprendre. « Mon estime n’a rien à avoir dans toute cette histoire. D’ailleurs je ne t’agresse pas, je te demande une explication digne de ce nom et pas un baragouinage de ce genre. Et si je dois encore te taper sur le système pour que tu réfléchisses à tout cela, je continuerais. »

« Il m’a appelée tous les soirs ne dis pas des conneries ! Et puis si je suis partie c’est justement parce qu’il est venu me chercher ! Mais depuis quand je dois te rendre des comptes à la seconde ? Je gère ma vie comme je l’entends, je suis une grande fille je te signale ! » Peut-être était-ce une cruelle façon de lui faire comprendre que Sio n’était pas sa mère mais aux yeux de Thaïs, cette dernière dépassait actuellement les bornes, au même titre qu’elle l’avait fait en Inde face à Caleb justement. « Je te l’ai déjà dit que je m’étais mariée à Vegas mais que l’on ferait une cérémonie avec famille et proche. Et je n’ai jamais dit que tu n’avais pas de cœur, ne détourne pas mes propos comme tu l’entends… je disais juste que tu n’étais pas mariée ou en couple et donc pas en position pour comprendre ce que je vis ! » Cette discussion n’avait aucun sens et allait finir en eau de boudin si cela continuait… mais par principe, Thaïs ne voulait pas lâcher le morceau. « Je ne vois pas en quoi j’ai des comptes à te rendre ! Je ne t’ai pas prévenue que je partais soit, j’en suis la première désolée mais je ne vois pas en quel honneur je dois te donner un emploi du temps détaillé de mes faits et gestes ! Tu le fais peut-être ? Je ne crois pas non ! »

« Certes mais retrouvé un appartement vide avec les courses en main fut comment dire....Une sacrée surprise....» J'avais fais les courses pour qu'elle puisse avoir des petits plats sympas et personne à mon retour. J'étais donc repartie comme j'étais venue : avec les bras chargés des courses. « Et bien pour ta cérémonie, mais ne compte pas sur ma présence tant que tu n'entendras pas raison ni sur celle de mes parents d'ailleurs...Tu veux de l'espace tu vas en avoir, mais dis-toi une chose : si tu as le moindre problème avec ton bébé, je ne serais pas là. » Il ne fallait pas non plus qu'elle croit que j'allais donc céder comme elle le voulait. De toute façon, j'avais un autre plan pour savoir comment est-ce qu'elle allait. Je reprenais : « Donc, si j'ai bien compris parce que je suis presque seule, que je ne peux pas comprendre...? Tu ne crois pas que tu exagères un peu là ? Je suis extérieure à ta situation, et c'est là justement la différence, je vois des trucs que tu ne vois pas... » Comment faire entendre raison à une femme qui vivait avec ex-toxico ?! Je reprenais : « Lorsque je pars en tournée je met toujours un mot sur ton répondeur tous les jours. Donc...Mais tu as sans doute oublié. »

« Je ne dis pas que j’ai bien agis mais le timing était simplement mauvais » s’expliqua-t-elle avant que Sio ne lui mette une sorte d’uppercut verbal en pleine poire. Durant un long instant, Thaïs la laissa parler, sans répondre, se contentant de serrer les poings et d’éviter de se mettre à pleurer malgré la vague d’hormones qui s’emparait d’elle. « LA FERME !! » vociféra-t-elle subitement, la respiration haletante, sachant pertinemment que si Caleb la voyait s’énerver de cette manière il lui passerait un savon mais là, Sio la poussait à bout. « Tu ne veux pas venir au mariage ? Ne viens pas. Tu te rends compte de la crise de merde que tu me tapes pour un manque de communication ?! Au risque de t’apprendre quelque chose, t’es pas ma mère Sio, elle est morte en me mettant au monde ! Ça te défrise ma manière de faire ? J’te retiens pas. Mais quand tu feras l’autopsie de tout ça, j’aurais certes des torts, mais là tu transformes ça en vendetta ridicule et si tu voulais me blesser, mes félicitations, t’as très bien réussi ton coup. Je me débrouillerai à l’avenir, je ne voudrais surtout pas déranger sa majesté ! »

« Timing mauvais ?! Tu te moques de moi là ?! Je suis arrivé dans un appartement vide, et pas de mots, je ne suis pas ta mère comme tu dis, mais une sœur qui s'est inquiétée. » Ayant la voix qui tremblait un peu plus, j'avais eu un petit pincement au cœur lorsqu'elle m'avait dis cela. Même en m'insultant, elle ne comprenait pas le truc. Je l'entendais me dire qu'elle avait été blessée et je lui disais aussi : « Pour ma part tu en as fais autant. Et pour ton information, je ne fais pas une vendetta, je te posais une simple question. Et quant à l'autopsie de notre dispute, je vais te dire une chose : que tu le veuilles ou non, je te protégerais même si tu ne le veux pas. Même si je dois te mettre à dos, c'est comme ça. Tu devras faire avec. » Je n'étais plus énervée juste déçue et triste à la fois. Triste, je n'allais pas pleurer ici, juste supporter la tornade.