Lukycia ∆ Like we're gonna die young

Peu importe ce que nous sommes, on sera toujours connu à travers notre passé, notre histoire, nos actes, nos faiblesses. Se montrer faible. J'ai franchement tendance à l'être ces temps-ci, avec toutes ces merdes qui gravitent autour de moi. Je sors beaucoup ces temps-ci. Surtout au Lord Hobbo. Ce bar, je l'affectionne particulièrement. C'est mon royaume, en quelque sorte. Le patron est cool, il me laisse y chanter quelques soirs par semaine, et c'est toujours du fric en plus à dépenser dans la C.

Adossé au bar avec mon troisième whisky, j'écoute le groupe qui se produit sur scène. Ils sont pas trop mauvais, et avec tout ce qui circule dans mon sang, j'ai tendance à apprécier tout ce qui bouge un peu. J'ai pas reprit les injections depuis mon hospitalisation. C'est le genre de truc ou je veux pas replonger; mais ça m'attire, malgré tout. Il faut que je parle à Lassa, qu'on s'explique enfin sur notre histoire, sur notre divorce à venir. Mais pas ce soir. Ce soir j'ai envie de m'en mettre plein la tête, de faire comme ci. Comme si demain, on allait tous mourir.

Je suis vraiment de mauvais poil. Ma répet' s'est super mal passée. Je bouscule ces couples à la con dans la rue, ne laisse pas passer les mamies comme mes parents me l'ont appris. J'en ai marre de tous ces faux semblants, de ces faux-culs. A quoi ça sert de faire du théâtre si le monde est déjà une comédie?

Alors j'ai décidé de me prendre une cuite, voire de rentrer avec un mec, inconnu ou pas je m'en fous. Je me suis déjà envoyé deux petits "cachets", et ironiquement mon agacement n'a fait qu'empirer.

J'arrive au Lord Hobo et fonce au bar. Je n'ai pas une faim de loup, mais une soif de poisson. Je commande une bouteille de Jack Daniels. Pourquoi faire les choses simplement quand on est moi?

Il y a cette jeune femme qui vient d'arriver et qui se place à côté de moi au bar. Elle a l'air d'en vouloir à tout le monde, elle vient de bousculer la plupart des gens pour arriver jusqu'au comptoir. Sa commande me fit légèrement sourire. Une bouteille entière de Jack Daniels, on peut pas dire qu'elle y aller de main morte.

"Bonsoir, bizut Mather non ?"

Quand j'étais retourné chez les Mather, il y a deux semaines, j'avais cru apercevoir cette même jeune blonde parmi les futurs membres de cette maison chère à mon coeur. On était seuls tous les deux, autant parler Whisky ensemble.

Qu'est-ce qu'il me veut celui-là? Je crois que c'est un Mather, mais je n'en suis plus sure... Trop de dope. Ça me défonce la mémoire, un truc de dingue. En tous cas, il est plutôt pas mal. Normal si c'est un Mather.
"T'es un Mather toi, non? Et oui, je suis bien bizut."
Finalement, lui au moins ne me les brisait pas. J'allais éventuellement pouvoir sicuter un peu avec lui.
"Et... Si non, tu fais quoi comme études?" J'avais rien de mieux à dire.

Elle avait l'air défoncée. Tout autant que moi, ou alors même un petit peu plus encore. Apparemment, elle aussi savait d'où je venais, les Mather. J'y avais passé mes deux dernières années, et venais de retenter le coup de rejoindre la maison. J'avais du les quitter un peu précipitamment en septembre, quand je me suis fait hospitalisé.

"Bizut Mather aussi."

Je le souris légèrement. J'allais pas forcément m'étaler sur ce sujet là. Elle me parla alors de mes études. Après avoir bu une longue gorgée, je lui répondis poliment.

"J'suis en cinquième année d'informatique, et de musique. Et toi ? "

"En quatrième année de relations internationales et de théâtre... Et de debauche!" Lui répondis-je en déconnant.

J'ouvris ma bouteille et en descendis une bonne quantité. Puis je me suis dit que j'étais dans une journée de bonté extrême et que j'allais partager. Ma putain de bonté me perdra un jour, j'vous le dis.

"T'en veux? Quand je suis déchirée, je suis généreuse, profites-en."

De débauche. Elle avait pas tort. La plus part des Mather étaient des débauchés de première. On était présents à toutes les soirées, on pouvait boire des litres d'alcool, et la plupart d'entre nous touchait bien trop à la drogue pour des étudiants de la prestigieuse université d'Harvard. La jeune femme buvais d'une traite une large quantité d'alcool et m'en proposa. Je la remerciais avec un sourire et bu une gorgée avant de lui sourire en fouillant mes poches et en y sortant y petit sachet de poudre.

"T'as été sympa, autant l'être avec toi. Tu veux voyager avec moi ?"

"Graaaaave, je crois q'on va bien s'entendre."

Je commençais à apprécier ce type: un Mather, physiquement pas mal, on musico et qui me propose une défonce. Franchement, si c'est pas être posé ça, je veux bien retourner chez mes vieux.

"Ah, si tu veux j'ai des cachets, mais vu que j'en ai déjà pris deux, je ne suis pas maso. Je préfère la coke en plus."

Elle semblait être emballée par mon idée, et j'avais franchement pas envie de finir la soirée seul. Depuis ma rupture avec Lassa, j'avais tendance à abusé des corps féminins, et de le jeter juste après. Y'avait Sven aussi, avec qui j'avais eu une brève aventure en septembre. Mais ça, c'était autre chose.

"Les cachets, c'est pas trop mon truc."

J'avais utilisé les cachets pour ma tentative de suicide infructueuse, il y a quelques semaines, autant dire que je les évités depuis. J'attrapais la main de la jolie blonde et l'entrainais vers l'arrière salle du bar. En tant que musicien récurant chez eux, j'y avais accès sans soucis. Je traçais deux lignes, et tendis la main vers ces dernières.

"À toi l'honneur."

Que de galanterie. Je ne me faisais pas prier. Je sortis un dollar que je roulai, comme d'hab, et m'envoyai le rail. La méthode artisanale, quoi. Je lui tendis un billet:

"Merci. A ton tour maintenant. Je t'attends au Nirvana."

Comme je n'avais pas perdu de vue mes objectifs, le sous-entendu était gros. Il n'y avait plus qu'a espérer qu'il serait reçu.