(+ Leonor) who are you exactly ?

« Je ne suis pas contre passer à autre chose, coucher trois ans sur le même sujet n’est pas mon genre » avoua Bambi sans autre forme de procès, cherchant à se détendre progressivement en se disant que cette presque parfaite inconnue avait sûrement calmé ses nerfs et qu’il n’y avait plus vraiment lieu de faire preuve d’autant de méfiance. Cela ne voulait pas dire que la belle blonde allait se dévoiler comme ça d’un claquement de doigt, mais éviter d’être sur la défensive, c’était déjà un considérable pas en avant pour elle. « D’accord, peut-être pas de psy mais tu n’as personne à qui tu tiens et à qui tu pourrais donc te confier ? » demanda-t-elle, non pas à cause d’une curiosité mal placée mais plutôt parce que Bambi savait ce que cela faisait d’être en proie à une colère impossible à contrôler. Elle ne le savait même que trop bien à vrai dire. « Enchantée alors, Leonor » reprit-elle sans oser aller jusqu’à l’appeler Leo, parce qu’après tout, on ne pouvait pas dire qu’elles soient amis au moins pour le moment… mais Bambi se tourna bientôt complètement vers elle, tentant de faire le même effort qu’elle de son côté sans se braquer. « Je m’appelle Bambi, donc… j’ai vingt-deux ans et personne ne m’a jamais donné de surnom, sûrement parce que j’ai un prénom trop court pour ça, ou trop « célèbre », je n’en sais rien et ça ne me dérange pas. Je suis née à Podgorica, au Monténégro, et j’y ai vécu pendant longtemps même si j’ai voyagé à travers le globe avec mon père. Je suis ici depuis quatre ans, en archéologie pour le côté majeur et en psychologie pour le côté mineur. Et sinon… que dire d’autre à part que je suis de la Mather House ? »

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Si elle avait des personnes sur qui compter ? Bien sûr. Mais Bambi était trop solitaire et altruiste pour oser placer le moindre poids sur les épaules de ses potes. Elle encaissait donc toute seule comme une grande, quitte à péter un bon vieux câble de derrière les fagots, elle s’en moquait bien… au moins, elle trinquait seule et personne d’autre n’était ni blessé ni gêné par de potentielles problématiques insolubles. « J’ai de très bons potes… mais ils ne connaissent pas mon problème. Je suis du genre à me démerder seule » avoua-t-elle sans détour avant d’arquer un sourcil face aux propos de Leonor. Et bien, elle n’avait pas sa langue dans sa poche celle-là ! « Tu vas te faire des amis toi si tu pars du principe que tous les Mathers ne sont que des drogués… j’ai l’air d’être défoncée selon toi ? » Bambi laissa échapper un petit rire narquois, du genre à se battre contre les clichés et à détester tous ceux possédant un esprit trop rétrécit pour voir au-delà du bout de leur nez. Elle ne possédait pas d’animosité envers la Dunster, pas alors qu’elle côtoyait ce genre de réaction à longueur de journée. Mais c’était fatiguant à la longue. « Sinon je connais O’Donoghue surtout de nom, je ne l’ai eu qu’à un cours ou deux. Disons que mon paternel étant aussi prof d’archéologie bah… il m’a à l’œil, pour tout avouer. »

« Tu penses vraiment que ton prof m’a à l’œil parce que je l’ai fais chier ? » demanda-t-elle, légèrement ironique pour le coup. En l’occurrence, c’était tout le contraire. Samuel veillait sur elle parce qu’il l’avait prise en sympathie après l’avoir surprise en train de se disputer avec son vieux. Ce que Bambi ironisait, c’était les poncifs qui s’abattaient encore et toujours sur elle, que ce soit parce qu’elle soit blonde, mather, monténégrine ou sexy… et à la longue, cela devenait fatiguant. « Tu veux le protéger dois-je comprendre ? T’es au courant que vous avez une sérieuse différence d’âge et qu’à mon avis, il sait se défendre tout seul ? Pour ton info, je ne lui ai rien fait de mal, au contraire on a eut un contact très civilisé. Mais je ne vois pas vraiment pourquoi je t’en dirais plus. » Bambi haussa les épaules, sans brutalité, toujours aussi méfiante. Ce n’était pas vraiment contre Leonor mais ce genre d’idée la fatiguait et il y avait de quoi. « Désolée d’être sèche mais je crois que j’en ai juste un peu marre des idées préconçues sur moi. Je crois que ça aurait pu être le Pape qui me balançait ce genre de trucs… j’aurais réagis de la même façon à vrai dire ! »

A la décharge de Leonor, il était tellement facile pour Bambi de grogner avant d’avoir mal que c’était devenu une habitude, ou mieux encore, un réflexe défensif particulièrement efficace. D’ordinaire, on insistait pas pour la connaître, on abandonnait la lutte à partir du moment où elle avait grogné la première. C’était étrange mais… diablement vrai pourtant. Ceci dit elle accueillit le nouvel effort de la Dunster avec un semblant de sourire, timide mais pas moins présent, pour mieux soupirer. Elle n’était définitivement plus habituée aux relations sociales normales et fatalement, elle pataugeait… peut-être que cette demoiselle avait plus à lui apporter qu’elle ne le pensait au premier regard. « Tu ne m’as pas vraiment froissée… c’est plus un réflexe en fait. Je suis adepte du « tué ou être tué », tu saisis ? Ne prends pas ombrage de mes réactions, ce n’est pas vraiment contre toi. Disons que c’est ma façon d’agir, je suppose… quoi qu’il en soit, à part la boxe et mes études, j’aime dessiner et peindre. Tu as des passions de ton côté ? » Rien que le fait que Bambi lui confie pareille information prouvait qu’elle comptait faire un effort. Peu de personnes possédaient actuellement ladite information…

Leonor semblait avoir des passions comme le commun des mortels et un peu de normalité ne devait pas lui faire du mal, somme toute. Bambi pouvait tout à fait comprendre sa façon de voir les choses pour avoir eu souvent la même par le passé, pour mieux se détacher de la normalité et s’enfoncer dans sa propre colère. Difficile de s’en sortir tout seul lorsque tout vous enfonce… une chance que la jolie Mather ait une volonté de fer et un rien de contrôle pour éviter toute catastrophe, sans quoi elle aurait déjà été renvoyée de Harvard depuis belle lurette. Cela prouvait qu’elle avait la tête plus dure qu’il n’y paraissait au premier regard. « Je dessine partout, ça dépend de mon humeur et de ce que j’ai sous les yeux. Je fais aussi bien des environnements pour bosser ma perspective que des portraits. J’ai toujours mon calepin sur moi, au cas où. Quant à la peinture, ça par contre c’est plus chez moi, dans le mini atelier que j’ai. Mais en général je reproduis des dessins de mon calepin pour les agrémenter sur une toile… c’est un exercice différent mais assez apaisant quand je regarde bien. Enfin bref… tout ce qui détend est bon à prendre dans mon cas, comme tu t’en doutes sûrement. »