Le fruit de nos entrailles ♥ Reanow

La vie de Read était vraiment très compliqué en ce moment. Il venait d'être père de façon prématurée, à peine remis lui-même de sa maladie. Les médecins avaient parlé d'un miracle, comme quoi il était totalement guéri, mais qu'il faudrait surveiller son état encore pendant longtemps. Read était partagé entre joie et stress incessant. Les cours s'étaient mal passé, il savait qu'il devrait sans doute redoubler... Alors il avait eu à l'idée de postuler pour être secouriste formateur dans son ancienne division. Ainsi il aurait du temps pour s'occuper de son épouse, de Reese, de River et des futurs bébés à naître car un formateur donnait des cours et n'allait pas sur le terrain. Peut-être plus tard, lorsqu'il y serait plus apte, il reprendrait son ancien travail, ses études ou même passerait le concours de superviseur pour sa caserne. Il n'en avait pas encore parlé à Snowy, mais il avait eu la place demandée, celle de formateur, et il devrait donc aborder le sujet un jour. Il faudrait que le couple se décide de ce qu'il devait faire. Mais ce ne serait peut-être pas aujourd'hui... Car notre étudiant en médecine accompagnait son épouse à une échographie. Dans la salle d'attendre, il lui tenait la main, la regardant avec autant d'amour qu'il était possible d'en voir dans les yeux d'un homme. On ne pouvait pas nier ses sentiments. Chacun de ses gestes, chacun de ses regards ou de ses paroles envers Snowy respirait l'amour le plus pur, comme lorsqu'ils se l'étaient tous les deux avoué. « Je t'aime, mon petit cœur. » lui dit-il subitement, juste comme cela, parce qu'il était heureux d'être là avec elle, de partager ce moment. C'était leurs enfants qui se trouvaient dans ce petit ventre déjà plutôt rond pour tout juste plus de trois mois de grossesse. Il l'embrassa sur le coin des lèvres tandis que la porte du gynécologue s'ouvrit. Ils étaient allés tous les deux dans une clinique privée car Snowy en avait les moyens et il fallait éviter l'hôpital du fait de l'épidémie. Le médecin les invita à entrer et à s'asseoir. «Comment vous sentez-vous, madame Priest ? » demanda-t-il après que le jeune couple ne se soit mit à l'aise.

Read se sentit étrange. Snowy n'était pas vraiment très réceptive à ses gestes de tendresse. Elle ne répondit que par un léger sourire à sa déclaration d'amour et il put ressentir comme une sorte de gêne dans son regard. Mais cela ne fut rien comparé à ce qu'il ressentit lorsqu'il entra avec son épouse chez le gynécologue. Après avoir rétorqué, les mains légèrement tremblantes que tout allait bien, elle lui lança un regard noir comme il n'en avait jamais vu. Que se passait-il ? Il ne comprenait rien. Elle était stressée par sa grossesse, sûrement, mais pourquoi donc lui faire comprendre qu'il en était fautif ? Read fronça les sourcils, mais resta muet. Ce n'était pas le moment d'en parler, pas devant le gynécologue. Ils n'étaient pas là pour étaler leur vie de couple et leurs soucis existentiels de futurs parents. Mais Read avait tant été heurté par ce regard, lui qui avait l'habitude de la voir lui sourire amoureusement, qu'il en resta muet durant toute la mise en place, quand Snowy vînt s'allonger sur le fauteuil-lit prévu à cet effet. C'est à peine s'il se leva pour s'approcher de son épouse lorsque le médecin recouvrit le ventre arrondi de sa princesse avec du gel. Il osa cependant la prendre par la main encore une fois au bout de quelques minutes. Mais il ne la regarda pas dans les yeux, non, il se concentra sur l'écran lorsque le gynécologue vînt poser l'embout pour l'échographie sur le ventre de la belle. « Vous aimeriez connaître le sexe de vos enfants ? » demanda le professionnel tout en observant attentivement ce qu'il voyait pour s'assurer que le développement se faisait de façon normal. Read restait silencieux. Il ne pouvait se sortir de l'esprit le regard de sa femme à son encontre.

Le jeune homme n'osait pas regarder son épouse. Il l'avait juste prise par la main et fixait l'écran comme s'il avait peur que les formes qui s'y dessinaient en disparaissent. Mais surtout, il était toujours aussi heurté par ce qu'avait bien pu dire Snowy. C'était comme si elle lui en voulait le plus au monde. Pourtant, il ne se souvenait pas d'avoir fait quelque chose de mal. Il se retenait de sortir de la pièce. Honnêtement, la tension était si grande qu'il se demandait s'il ne devait pas la laisser seule. Après tout, elle avait bien l'air de ne pas avoir besoin de lui ici. Il ferma les yeux un instant et son cœur loupa un battement lorsque Snow fit une remarque très désobligeante en s'adressant au gynéco. Alors là... Il ne savait pas s'il devait pleurer ou s'énerver... Pour le coups, non seulement la situation était très embarrassante, mais en plus il ne comprenait même pas pourquoi elle lui parlait sur ce ton. Il avait toujours fait son maximum pour être présent de partout : avec River et Reese, mais aussi avec son épouse et leurs jumeaux. Mais bon sang, elle pensait qu'il était un surhomme ? Elle n'avait même jamais ressenti l'envie de voir sa fille, la fille de son mari...
Read finit par pousser un soupir et se mordre la lèvre. Il n'allait pas faire de scène, surtout devant le médecin déjà assez gêné comme ça. Par contre, il ne lança pas un regard à Snowy. Il savait qu'elle voulait connaître les sexes des bébés, qu'elle en mourrait d'impatience. « Oui, on aimerait savoir. » finit-il par déclarer en parlant au nom du couple. Le médecin eut un sourire. « C'est un petit garçon, regardez il est ici... Et une petit fille, juste là... » dit-il en montrant les taches sur l'écran -car cela ressemblait à des tâches pour quelqu'un n'étant pas habitué à ce genre d'image d'échographie. Read eut tout juste un petit sourire. Si Snow voulait gâcher ce moment, bah elle avait réussi.

Le trajet de retour se fit dans le silence le plus complet, tout comme la suite de l'annonce de la nouvelle. Read avait senti à quel point la nouvelle sur les sexes des bébés avait réjoui Snowy, mais il n'avait d'aucune façon participé à cette joie. Cette visite chez le gynécologue était plus triste qu'autre chose, bien que le médecin ait dit que tout allait bien. C'était contradictoire, mais c'était normal en même temps, après les petites pique lancées par son épouse. Read s'interdisait d'exploser, même s'il risquait de la faire à tout moment. Snow ne lui avait jamais parlé ouvertement et là... Il ne comprenait plus rien en vérité. La voiture privée -chose qu'il détestait, Snow le savait bien, les ramena chez eux et il n'y eut pas une parole d'échangées avant leur entrée dans l'appartement. Là aussi d'ailleurs le silence persista jusqu'à ce que l'ancien secouriste ne finisse par prendre la parole après avoir poussé un large soupir. « C'était quoi, cette scène ? » demanda-t-il tout bonnement, sur un ton peut-être plus agressif qu'il n'aurait dû. Il avait voulu passer l'éponge, pour ne pas créer de dispute, demander si elle voulait un jus ou de l'eau, la servir. Mais il savait pertinemment qu'il fallait crever l'abcès et qu'il n'y avait aucune chance le cas contraire que les choses se passent bien entre eux comme avant. Ils avaient besoin de parler. Mais Read était stressé, fatigué, sur les nerfs. Et il semblait en être de même pour sa femme....

Read avait croisé les bras et regardait Snowy d'un air un peu déconnecté. Il aurait voulu passer un bon moment et non se prendre la tête pour un malentendu. Car toute cette histoire devait très certainement reposer sur un gros malentendu. D'ailleurs, lorsque son épouse prit enfin la décision de lui répondre, il n'en crut pas ses oreilles. Elle ironisait maintenant ? Il arqua les sourcils, avant de hocher la tête de façon négative. « Quoi ? » demanda-t-il simplement. « Ca veut dire quoi ça ? » continua-t-il ensuite. Est-ce qu'elle était en train de dire qu'il n'était pas assez présent pour elle ? Pourtant, il faisait son possible pour jouer sous tous les fronts. Et voyant que ce n'était plus possible, il avait même pris la décision de prochainement arrêter les études pour prendre un travail qui lui permettrait d'être présent chez eux et de faire en sorte que Snowy puisse continuer ses études sans que les jumeaux ne soient élevés par une nounou de luxe... « T'es pas en train de faire une crise de jalousie bidon j'espère ? Tu me parles jamais de ce que tu ressens depuis le début de la grossesse et là, comme une fleur, tu commences à avoir ce genre de prétentions envers moi ! » Il la regarda encore un instant avant d'aller sortir un verre et de le remplir d'eau dans la cuisine américaine qui jonchait le salon. Il voulait se calmer, il fallait qu'il arrête car à un moment donné ce serait lui qui deviendrait injuste. Et si personne ne se comprend, on ne peut pas cicatriser l'abcès crevé.