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Respirer était difficile, pénible, douloureux à chaque inspiration. Le seul effort consistait à tenir ses paupières closes dans l'espoir que ce cauchemar passe. Aidan n'était pas du genre à se plaindre, aussi endurait-il le mal en silence, persuadé secrètement de l'avoir mérité puisqu'il était un incapable, un sans-cœur. Cette maladie le laissait en tête à tête avec sa seule compagnie, avec ses colères, ses peurs, sa culpabilité aussi. Une voix vint interrompre son monologue intérieur. Une nouvelle visite. Tant bien que mal, le Maladroit se dirige vers la vitre où les pestiférés s'agglutinent, comme pour mieux s'accrocher aux lambeaux de vie qu'offrent les proches, essayant de se persuader d'y voir un reflet d'avenir, un temps de mieux. Ce que Aidan contemple, c'est tout ce qu'il peut faire de cruel, à voir June qui lui rend visite. Comment peut-elle être si généreuse, s'inquiéter de lui, alors qu'il a pris son cœur pour mieux le piétiner ? Le Peintre se martèle qu'il aurait mieux fait de ne pas porter d’œillères, de ne pas laisser croire qu'il pouvait être comme tout le monde, qu'il pouvait être capable de sentiments, mais ce qui est fait n'est plus à faire et le Lowell tente l'amorce d'un sourire pour celle avec qui il partagea de si bons moments. « Tu n'étais pas obligée de venir June. Pas après tout ce que je t'ai fait. Je risque en plus de te refiler ce truc horrible. » Sa main s'appuie contre la vitre doucement, pour mieux s'en écarter. Ses yeux se posent sur les siens. « Je suis heureux de te voir. » dit-il sincèrement, courbant légèrement le dos. (Invité)
Janvier n’avait pas été le meilleur mois de l’année et franchement la seule chose que j’espérais c’était vraiment que tout les autres mois soient meilleurs. La seule chose « positive » avait été mon mariage avec Samson, au début du mois. On avait fait un petit mariage à Las Vegas, tous les deux, et je crois que ce délire était l’une des choses les plus drôles qui ne m’était pas arrivé depuis longtemps. Mais mes ennuies m’avaient vite rattrapés, mon suicide que tout le monde croyait réel alors que j’avais juste voulu danser sur le rebord d’une terrasse et puis Aidan qui m’avait plaqué. J’avais pleuré toutes les larmes de mon corps, encore et encore…Mais qu’est ce qu’il pouvait me reprocher, mes sentiments ? C’est vrai que lui ne semblait pas en avoir. Dire que j’avais demandé à Avery qu’il le rende jaloux, j’étais qu’une conne…Enfin peut être qu’il avait eu raison. Maintenant je savais qu’Aidan c’était toujours fichu de moi, je l’avais toujours su mais je croyais qu’il finirait par m’aimer, par vraiment s’attacher, j’avais toujours voulu vivre quelque chose avec lui mais il fallait se rendre à l’évidence : jamais il ne voudrait vivre quelque chose avec moi. Pourtant aujourd’hui il était à l’hôpital et j’avais décidé de venir le voir. Il avait été mis en quarantaine à cause de l’épidémie qui frappait Boston. Je soupirais quand il m’adressa la parole, il avait tant raison…Pourquoi j’étais si gentille, parce que j’avais des sentiments pour lui, c’est tout… « J’ai pas peur de cette grippe, y a des choses qui font plus mal dans la vie qu’un simple virus… ». C’est pas faux, le fait qu’il m’est brisé le cœur en faisant certainement parti. Des larmes coulèrent alors sur mes joues, même si j’essayais de me contenir, je les essuyais, c’était la première fois que je revoyais Aidan depuis qu’il m’avait dit que c’était fini. J’avais envie de le prendre dans mes bras, de l’embrasser, je réaliser que jamais plus cela ne se produirait… « Excuse moi, c'est plus fort que moi ! ».Je sais pas si j’étais heureuse, ça me faisait du bien mais en même temps si mal : « Je me suis dit que ça te ferais du bien de voir du monde, je pensais pas que tu aurais envie de me voir à vrai dire… ». Quand on tient à quelqu’un, on le retient, pas vrai ?
Aidan regardait fixement June. Comment avait-elle pu tomber amoureuse de lui ? Sachant pertinemment qu'il ne lui donnerait pas ce qu'elle souhaitait, et pourtant elle s'accrochait à lui comme un junkie à sa dernière dose. Il ne méritait pas cet amour, cela ne le faisait que se sentir davantage coupable. « Tu te trompes, ce n'est pas de moi dont tu as besoin, c'est de personnes comme lui, des personnes qui t'ouvrent les yeux. » Ses paupières se baissèrent, pourtant il aimait énormément June, mais pour la protéger, il devait rester un tant soit peu distant. Il ne voulait pas reproduire les mêmes erreurs. Elle lui dit ensuite qu'elle était allée avec un certain Samson à Las Vegas. Il haussa légèrement les sourcils. « Marshall, le petit ami de Leyna ? » Il n'en connaissait qu'un et de nom d'ailleurs, il ne l'avait jamais vu. « Tu es ami avec son frère ? J'ignorai ça... » En même temps, il n'allait pas lui faire la morale, il faisait tout pour qu'elle se détache de lui, ce n'était pas pour lui faire la gueule dès qu'un autre mec surgissait dans sa vie. Mais il y avait définitivement des fois où il ne la comprenait pas.