Calena - I'm afraid for you

J'étais allongée sur mon lit comme une infirme. Je ne pouvais que très rarement, uniquement pour me laver, aller aux toilettes et prendre des médicaments qu'on nous donnait, c'était des différents tous les jours. Je faisais le moins possible pour ne pas me fatiguer. Je ne savais pas ce qui nous avait tous touchés un par un mais ce qui était sûr, c'était qu'à ce rythme là, Cambridge et Harvard allaient être désert de chez désert. L'hôpital doit être débordé, si ça se trouve je vais finir comme ça, malade dans une pièce avec des gens que je connais plus ou moins sans pouvoir voir une dernière fois les personnes qui me sont chères comme ma fille, Neva, Alek, Bri, Liz, Calvin, Haytam, Alex, Elia, Sateen et j'en passe .. Je déglutissais péniblement, même faire l'étoile de mer sur mes draps était pénible. Toutes mes articulations me faisaient souffrir, j'avais une migraine pas possible, ma gorge était en feu et j'avais les yeux humides toute la journée. Je ne savais pas si j'allais m'en sortir et ça me faisait flipper. Alors que je déprimais, j'entendis mon prénom, l'espace d'un instant j'ai cru entendre des voix et devenir vraiment folle enfermée comme un poisson dans un bocal mais en tournant la tête, je vis Calvin derrière la vitre des visites. Il était venu .. Il était venu !!! Je me relevais doucement, grimaçant légèrement, je serrais les dents pour ne pas paraître trop mal en point mais mon physique parlait de lui même. J'avançais jusque la vitre, les yeux embués par des larmes. Tu devrais pas être là, c'est comme ça que j'ai attrapé ce truc ... Je ne souhaitais pas qu'il finisse comme moi, jamais de la vie.

Sérieusement, il ne manquerait plus qu'il tombe malade et c'était la fin pour moi, je pourrais crever de ce truc je m'en ficherais .. ou presque, parce qu'il restait toujours ma fille, Neva, Liz et d'autres. Evidemment que le voir ici me faisait chaud au coeur, j'étais heureuse qu'il se soit déplacée pour me voir mais je craignais pour sa santé. D'habitude, j'ai un très bon système immunitaire, je ne tombe que très rarement malade, mais là ça ne m'avait pas loupée. J'étais complètement K.O alors que cela faisait seulement quelques heures que j'étais enfermée ici. Je m'en fiche. Je voulais te voir ... Un petit sourire se dessina sur mon visage, rien que l'idée qu'il puisse venir, et risque de tomber malade, uniquement pour me voir moi alors que, soyons francs, je ne ressemble à rien actuellement, me rendait toute heureuse. Bien sûr que je l'aime encore c'est évident. C'est gentil .. mais fait attention à toi quand même. Il voulait toujours prendre soin de moi mais moi aussi, je le voulais en bonne santé, qu'il vive longtemps que ça soit avec ou sans moi, là n'était pas la question. Je vais aller voir les médecins pour qu'ils t'octroient une chambre. C'est inadmissible de te voir ici comme un animal de foire ! Le voir se mettre en colère pour moi c'était mignon, mais je n'avais pas envie de profiter de traitement de luxe parce qu'il a menacé les infirmières ou les médecins. Je n'avais pas le choix que de rester là de toute façon, c'était le même traitement pour tout le monde. Je devais juste suivre le mouvement. Non laisse, je ne peux pas bouger d'ici de toute façon sous peine de contaminer d'autres personnes .. tu ne devrais sincèrement pas rester là, je ne veux pas que tu sois malade par ma faute. Je déglutissais, dégagean en vain mon visage d'une mèche de cheveux rebelle. De toute façon, ça ne servait à rien de tenter de ressembler à quelque chose.

On ne savait pas encore si ce truc était contagieux ou non mais vu l'épidémie qui faisait rage dans toute la ville, je ne voulais pas prendre le risque, sûrement pas. S'il finissait dans le même état que moi et ce par ma faute, je ne le supporterais pas. Il n'étais certes pas la personne la plus innocente du monde mais ça n'empêchait que je l'aimais envers et contre tous. Sa présence ici me prouvait qu'il tenait encore largement à moi et que rien n'était perdu comme j'avais pu le croire il y a quelques temps. Mademoiselle Lubienski mettez-vous dans la tête que je ne bougerais pas ! Ca me faisait étrange de l'entendre m'appeler ainsi et surtout de me vouvoyer. Je ne pouvais pas m'empêcher de rire, ce qui ne me faisait pas de mal quand on voyait l'environnement dans lequel je me trouvais. Je suppose que peut importe ce que je dirais tu resteras planté devant cette vitre .. Ca me fait plaisir de te voir ici. L'intonation de ma voix avait légèrement baissé sur la fin de ma phrase. Comme si, j'étais presque honteuse de l'avouer. Et… Comment va ta fille… Hein ? Il vient de me demander des nouvelles de Robyn ? Genre vraiment ? Je dois rêver ou avoir mal compris le sens de sa phrase .. Non parce qu'on ne peut pas dire qu'il portait ma fille dans son coeur depuis qu'il a appris qu'elle n'était pas d'elle. Alors forcément, même si les choses s'arrangeaient entre nous, jamais je n'aurais pensé qu'il puisse s'y intéresser un jour ce qui aurait vraiment compliqué les choses au bout d'un moment. Je .. euh .. elle va bien normalement, c'est .. Alex qui la garde puisque je suppose que Neva l'a prévenu comme ell t'a prévenu toi que j'étais enfermée ici. Je jetais un rapide coup d'oeil au plafond et à la salle avant de reposer mon regard sur lui. C'est gentil de me demander de ses nouvelles, j'apprécie.

Calvin qui me demandait des nouvelles de ma fille, je crois que si je meurs dans cette chambre de quarantaine, je pourrais le faire en paix. Ca veut dire qu'il accepte doucement sa présence et le fait que maintenant, je suis devenue mère. Je ne dis pas qu'il va me dire de venir habiter avec lui et que j'emmène Robyn en même temps ,ce qu'Alex ne tolérerait pas au passage, mais je vois bien qu'il y a du progrès et ça me fait vraiment très plaisir. Je ne pourrais pas vivre sans mes proches mais plus particulièrement sans ma fille et sans lui, ce sont les deux amours de ma vie, les plus belles choses que je possède, je ne suis plus rien si je les perds. Je lui souriais timidement avant de baisser instinctivement la tête vers le sol pour admirer mes pieds. J'étais un peu gênée mais je ne savais pas vraiment pourquoi. Ecoute Milena… Je fronçais les sourcils, n'aimant pas son ton. Quand il prenait cet air, il ajoutait toujours quelque chose de fort peur rassurant à la suite. Je levais automatiquement le visage vers le sien. Un air inquiet se lisait sur mon visage. Si ça se trouve, il est venu pour me dire qu'il me quitte officiellement, puisqu'au final notre situation est clairement dans le brouillard. Je sentais ma jambe qui tremblait toute seule sans que je ne puisse la contrôler. Je compte….quitter mon rôle de professeur à Harvard… Je restais complètement bouche bée. Je ne savais pas quoi dire. J'étais partagée entre le soulagement puisque non il ne m'annonçait pas qu'il ne m'aimait plus ou quelque chose du genre, et l'inquiétude quand à cet annonce. Comment ça il arrête d'enseigner ? Non, je refuse. Mais .. Non Calvin, tu adores enseigner, tu adores tes élèves, tu aimes ton métier. Pourquoi ? Si c'est pour moi, sache que je m'en fiche de devoir vivre cachée ou que sais je encore, le temps de mes études. Si c'est par rapport à Alex ou à moi ou bien notre situation ou quoi, je refuse, je suis sérieuse, je ne veux pas que tu arrêtes ! Je passais mes mains sur mon visage, reculant un peu de la vitre avant de pousser un long soupir.

Je ne comprenais pas pourquoi il voulait subitement changer de métier, ne plus être professeur. Je veux dire, depuis que je le connais il exerce cette profession et il s'épanouie totalement dedans, il adore ça, ça se voit ! Je ne vois pas pourquoi il voudrait arrêter à moins que ça ne soit ,de près ou de loin, en rapport avec moi, ma fille voire même Alexander. Non je ne pouvais pas le laisser faire ça, il m'avait empêchée d'arrêter les cours pour lui, je n'allais pas le laisser faire la même erreur que moi, sûrement pas. J'essayais de réfléchir à une solution, aux mots que j'allais sortir, je ne voulais pas parler sans penser avant à la portée de mes paroles. Je parlais bien trop souvent sans réfléchir avant et ça n'était pas vraiment la meilleure chose à faire. Ce n’est pas à cause de toi. Et je ne quitterais certainement pas Harvard à cause d’une vermine. Je levais les yeux au ciel -ou plutôt vers le plafond blanc et moche de la pièce- avant de soupirer. Je ne lui demanderais jamais d'apprécier Alex mais bon il pouvait faire des efforts en ma présence, il restait le père de ma fille malgré que l'idée ne lui plaisait pas du tout c'était comme ça et on ne pouvait rien y faire. Tu sais que mon grand-père a fait une attaque et il a besoin de repos. Je vais donc devoir entièrement me consacrer à l’entreprise. Je déglutissais, ça c'était dit. Ca avait le mérite d'être clair et précis. Il quittait donc Harvard c'est ça ? Génial .. T’inquiète pas, ce ne sera des voyages que de quelques jours. Quelques jours qui se transformaient en quelques semaines puis des mois et ainsi de suite, je ne suis pas dupe, je vois bien où il veut en venir il aurait juste pu choisir un autre moment que celui là .. Tu n'es pas obligé de prendre autant de pincettes pour me quitter officiellement et pour de bon Calvin, j'ai passé le temps des enfantillages je crois .. Ouaip qu'il dise ce qu'il avait à dire et qu'il parte, j'ai pas envie d'perdre mon temps.