GACK ♣ Pourquoi Toi?

Entre son arrivée et maintenant, l'état d'Eugène avait considérablement évolué. C'était à peine s'il tenait sur ses deux pattes, toussant toujours plus fort et sentant bien souvent ses membres lui refuser de lui obéir. Il était faible, extrêmement faible. Et pourtant, sa mauvaise attitude si bien reconnue par tous n'avait changé en rien. Okay il ne se plaignait plus tous les cinq minutes, mais il avait encore de l'énergie pour être fidèle à lui-même. « Mr Venteiheimer, une visite au couloir » lui annonça-t-on. Paisiblement allongé, il grognait lorsqu'on le lui annonça cette nouvelle. Qui serait assez aimable pour venir le voir ? Après tout, il ne se souvenait plus de qui il avait recommandé. Lily ? Elle était morte. Voilà à peut près toutes les personnes proches de lui. Néanmoins curieux, et fier d'avoir une visite alors que d'autres étaient dans l'attente, il leva le menton et pensant que cela signifiait pour lui la fin de son calvaire, il adressa un dernier « Tchao les zombies ». Il se faufila tant bien que mal à la baie vitré et quand il vit son visiteur, il ne put que se sentir soulagé. « Jack » souffla-t-il en appuyant ses deux petites mains sur la vitre. « Dis-moi que t'es venu me kidnapper .. t'm'as jamais autant manqué ». Oui, oui, Eugene avait bien prononcé ces quelques mots qui ne lui ressemblaient pourtant pas. Mais en période de maladie inconnue, il ne pouvait pas se la jouer malin, il devait juste profiter de son blondinet le plus possible.

Ses différentes pathologies le faisaient de plus en plus souffrir le martyr, mais être devant cette vitrine avec pour mannequin ce blond qui représentait vraiment tant pour lui, c'était un beau médicament. Un bon antidouleur. « Mieux ici ? Regarde un peu les fringues que j'ai ? Je préférerai être mourant mais habillé par des couturiers, tu vois .. Et va pas me dire que ça te fait envie de voir ça » grommelait le jeune allemand, en se désignant d'un seul geste de la main. Fidèle à lui-même, il préférait ne penser qu'à lui et à ses fantasmes plutôt qu'à la triste réalité de sa situation. Un seul sourire sur le visage de Jack et il se sentirait déjà beaucoup moins malade. N'allez pas croire que notre Gégène national avait oublié les belles paroles que venaient de lui adresser le Quincy, il se les gardait juste pour lui, un peu plus longtemps, avant d'enfin proposer sa réponse: « T'es trop mignon ». Jack n'était pas habitué à recevoir de tels compliments de la part de son allemand, ou alors seulement dans leur seule intimité entre les draps. Mais en dehors, c'était plutôt le calme total, y'avait pas de telles déclarations. Honteux peut-être de n'avoir finalement pas assez profité de son joueur de violon favoris, il se jura de le faire avant qu'il ne quitte cette pièce, surtout s'il s'agissait de leurs derniers instants ensemble. Alors il se mit à plonger ses yeux dans ceux magnifiques de son visiteur, en jurant de les reconnaître parmi toutes, quand il pensera à lui sur son possible lit de mort

Il avait raison, Eugene ne changeait pas, et pourtant, il ne pouvait pas avoir plus tort. Gégène changeait, à vitesse grand V lorsqu'il s'agissait de sa relation avec lui. Au début ce n'était qu'un flirt, puis un petit cou vite fait ici et là, et maintenant il se retrouvait carrément accroché à lui. Le jeune Venteiheimer n'avait pas vraiment eu de bonnes expériences amoureuses, la seule qu'il ait eut il l'avait ruiné d'une façon des plus dégueulasses et égoïstes. D'un côté Gégène ne pouvait et ne voulait s'attacher, de l'autre il n'avait pas vraiment le choix car Jack maintenant, c'était un quotidien auquel il pourrait s'habituer. « Ouais, toujours le même » commenta simplement le garçon, en perdant de vue les belles pupilles de son blondinet préféré. Les paroles qui suivirent auraient presque pu le ramener des morts tellement cela faisait l'effet d'électrochocs. Jack l'aimait vraiment beaucoup donc, c'était pas qu'une pensée, mais c'était vrai. A partir de ce moment, Eugene se sentait bien mieux dans sa tête.  « Même la Mort ne voudra pas de moi » ricana-t-il, avant de se mettre à s'étouffer. Manquant d'air, il glissa le long de la vitrine cherchant désespérément à reprendre son souffle. A force de cracher ses poumons, la voie se dégagea et il put enfin reprendre une bonne bouffée d'air frais.  « Désolé pour ça, t'auras pas à me revoir sur mes genoux » s'excusa-t-il, l'image qu'il renvoyait ne devait pas rassurer Jack, au contraire.  « Enfin, je me mettrai à genoux pour d'autres occasions, chaton, quand je ressortirai d'ici » déclara-t-il, forçant un sourire sur son visage tout en se remettant sur ses deux guenilles. Il espérait ainsi rassurer un minimum son visiteur.

Chassez le naturel, et il revient au grand galop ! Eugene avait essayé de paraître attachant, bien qu'il l'était sous bien des rapports, mais à force d'entendre les compliments que lui présentaient sur un plateau d'argent Jack, il ne put s'empêcher de redevenir ce gars superficiel. « Ça fait la même chose à bien des personnes, Harvard elle-même est fade sans moi, j'en suis sûr » fit-il, tentant de garder le peu de dignité qu'il pouvait lui rester après son attaque. Jack était peut-être le seul à l'avoir vu aussi faible depuis son existence, ou depuis qu'il était devenu ce garçon sans gêne, sans remords et sans principes. Eugene avait été calme et sympa une fois, à penser que ouais, il pourrait vivre sa vie normalement avec un homme à ses côtés, pour la fin des temps. Mais ce fut à quel prix ? Le rejet total de toutes parts. Alors il s'était endurci, et son essence même s'était converti en quelque chose de noir. Et Jack se tenait là, devant lui, à lui rappeler constamment qu'il pouvait être ce mec dont il a tant rêvé plus jeune. L'idée aussi bien présentée, ça le mettait dans un état de mutisme. Est-ce que Jack pouvait vraiment représenter autant ? « Tu tiens à quel point à moi ? » lui demanda alors le jeune allemand, essayant de ratisser cette zone d'ombres. Il voulait savoir, avant de possiblement admettre qu'il en pinçait un peu plus qu'il ne voulait bien le faire croire pour ce mec-là.

C'est vrai qu'Eugene avait toujours cherché à manipuler les garçons avec qui il passait du bon temps, toujours à leur arracher des compliments, à essayer de les rendre accro à lui pour ensuite mieux rigoler quand il leur avoue qu'en réalité il n'en a rien à faire d'eux. Mais pas avec Jack, là c'était une autre forme de manipulation. Celle qui sortait tout droit du coeur, en vrai. Il n'allait tout de même pas prendre le risque de dire des mots qui pourraient avoir un impact neutre sur Jack, il n'allait pas jouer la fleur bleue s'il n'était pas sûr qu'il recevrait un câlin par la suite et non pas des rires au visage. Mais ce qu'il entendait là, tout de suite, maintenant, ça lui donnait presque envie de retomber dans les pommes. Tout ça ? Il ne s'attendait pas à autant d'élocution de la part de son amant favori, car justement, c'était son amant et donc le sexe passait avant la discut'. A croire que les deux garçons s'étaient pris à leur propre jeu. Ou plutôt que Gégène avait décidé que Jack pouvait être le copain du moment, comme ça il n'aura pas l'air d'un perdant ni d'être trop amoureux. C'était cela même oui ! N'était-ce pas du rouge que l'on voyait monté sur le visage du bel allemand ? Qu'allait-il pouvoir répondre maintenant ? Et avec peu de mots, toujours avec peu de mots de peur de trop en dire. « Tu pourrais au moins essayer de la briser, chaton » déclara-t-il gentiment en posant son front contre la vitre, ses mains montant instinctivement dessus. « Quand je ressors, on pourrait, j'sais pas, faire genre qu'on est ensemble ? Ou justement, ne pas faire genre et le faire bien ? ». C'était confus tout ça, Gégène pourrait vous l'accorder, mais ça voulait bien dire ce que ça voulait bien dire nan ?