(+Sio) On est tous victime de son passé

Les deux pays de mon coeur ? Je n'avais pas dû m'exprimer clairement. La faute à Bleeker sûrement. Je rectifiai rapidement le tire, qu'elle ne reste pas sur cette incompréhension.

« Ah non, mais même toute seule, je n'ai JAMAIS voulu venir aux Etats-Unis. J'ai toujours voulu rester en France. Mais on ne m'a pas laissé le choix. J'avais tout là-bas, rien ici, je ne vois pas pourquoi j'aurais voulu venir ici. Il n'y avait rien qui m'intéressait dans le coin. »

Enfin bref, je ne voulais pas spécialement m'étaler sur le sujet. Autant passer à autre chose, ce genre de conversation était plutôt stérile et avait le don de m'exaspérer. Elle au moins avait de bonnes raison de rester dans le coin. Le fait que sa carrière soit lancée m'interpella. Elle avait déjà une carrière ? A son âge ? J'en étais bien loin, sachant que de toute façon, dans mon domaine, je ne pouvais rien faire sans diplôme.

« Ta carrière ? Mais tu fais quoi pour avoir une carrière déjà lancée à ton âge ? »

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« Ah, et bien, pourquoi tu ne retournes pas chez toi ? » Je me demandais bien comment est-ce qu’il fallait donc que pour l’instant je devais sans doute éviter cette fameuse question. De toute façon, pour l’instant, il était bien aussi que je lui donne ma réponse. Je me demandais bien pourquoi est-ce que nos paroles partaient comme ça mais bon. Je tentais donc de lui répondre : « Je chante depuis mon enfance, et j’ai déjà signé pour un album il y a cinq ans, et là je dois resigner sans doute pour encore cinq ans. » Je continuais donc de ne pas trop me tromper, mais bon, voyant la tête de Nono, je lui disais : « Veux-tu un peu de chocolat pour faire passer tout cela ? » Prenant la tablette qui se trouvait dans le frigo, je m’en prenais un petit morceau.

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Pourquoi je ne retourne pas chez moi ? Haha, très bonne question. Si seulement ça pouvait être aussi simple que ça, je me serais empressée de sauter dans le première avion en partance pour Paris, et j'aurais construit ma vie là-bas. Mais intégrer l'école du Louvre en plein cours de formation, sachant que les équivalences entre les Etats-Unis et la France n'étaient pas vraiment existantes...

« C'est... compliqué. Maintenant que je suis là, autant finir ma scolarité. Et puis, je ne suis pas sûre que mes parents le vivent très bien. »

Je n'en avais strictement rien à foutre de ce qu'ils pouvaient ressentir, mais niveau financier, il valait mieux que je ne me les mette pas complètement à dos. Non pas que je les croyais capable de me couper les vivres du jour au lendemain, mais restons sur nos gardes. Avec eux, on ne sait jamais. Ils m'avaient bien forcée à déménager sans prévenir, alors ne plus me donner un rond... Un jeu d'enfant.
Je restais bouche bée quelques secondes. Ben dis donc, je ne l'avais pas imaginer une seule seconde avec déjà un album à son actif et un contrat déjà signé. Le monde de la chanson était vraiment un monde à part. Comme celui du sport ou de la danse d'ailleurs. Tout se jouait à cet âge encore teinté d'innocence, si jeune, quand il me restait encore plusieurs années d'études avant de pouvoir prétendre à une quelconque carrière professionnelle... Heureusement, elle eu l'excellente idée de me proposer du chocolat. S'il y avait bien une seule façon de m'amadouer au pire de ma forme, c'était bien un bon petit carré de chocolat. Je n'ai jamais été dans les excès de ce côté là, ce n'est pas moi qui m'enfilerais une tablette entière en moins de deux minutes. Non, je préférais largement le déguster, savourer chaque parcelle de chocolat fondant sur ma langue.

« Alors là, si tu me prends par les sentiments... Rien ne pourrais me faire plus de bien qu'un carreau de chocolat ! »

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Lui tendant alors le paquet, je lui disais : « Tiens, prends un. » Tout en regardant la fenêtre, je savourais mon petit carré de chocolat. Je me demandais bien ce que je devais dire par la suite, mais bon, je tentais : « Tu vas en Inde pour le voyage ? » Il y avait bien une petite conversation qui pouvait naître et donc, je pouvais tenter de dire quelques mots. Me retournant pour la voir, je m’asseyais dans mon fauteuil. Je m’apercevais que Nono n’était pas forcément bavarde. « Je me demande si tout le monde pourra venir en voyage. Cela serait dommage s’il en manque ; tu ne trouves pas ? » En tous les cas, j’en profiterais pour écrire des chansons et prendre de l’avance sur mon prochain album. Et essayer de prendre des sons pour ma création. Prendre des photos pour ma pochette et essayer de faire de mon mieux afin de travailler comme il le fallait.

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Elle me tendit un carré de chocolat, ce que j'appréciai grandement. Je le laissai fondre sous ma langue, laissant l'endorphine se libérer dans mon corps. Un peu de détente, ça faisait du bien. Je fermai les yeux un moment, profitant de ce petit instant de tranquillité. Puis je revins sur terre en douceur lorsqu'elle mentionna le voyage en Inde. J'avais oublié ce détail. Evidemment j'allais y participer. C'était une occasion en or de découvrir ce pays à l'histoire si riche.

« Oui, j'y vais, comme tout le monde j'imagine. »

Un voyage comme ça organisé par la confrérie, tout le monde devait forcément y aller. C'était une occasion qui ne se représenterait pas de si tôt, je ne voyais pas comment on pouvait passer à côté de ça. Il fallait vraiment être stupide. Mais il faut avouer que certain devait avoir des empêchements, du genre trop de travail, ou un temps partiels... Ou encore des examens ou autre dissertation à rendre juste au retour des vacances. Dans ce cas, partir en Inde n'était peut-être pas la meilleure des solutions. En tout cas, tout ce que je demandais, c'était que Bleeker soit dans ce cas là. Les autres à la limite, ça ne me dérangeais pas. Même Lizzie, je crois qu'à force je me serais habituée à sa présence. Mais Bleeker, ça, jamais je ne pourrais m'y faire. Ce n'était vraiment pas contre lui hein, c'était juste sa tête que je ne pouvais pas supporter de voir tous les jours. Il me rappelait trop de choses que j'essayais d'oublier depuis quatre ans.

« Je ne sais pas... Ca dépend des gens qui manquent. Et puis... quand on est en plus petit groupe, on discute plus facilement avec les gens, non ? »

C'était une façon bien pitoyable d'essayer de jouer les filles sociables qui adoraient les voyages de groupes, mais j'espérais que ce serait suffisant pour la convaincre.

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« Oui, cela va être bien pour faire connaissance avec un petit groupe. De toute façon, je me demande bien si on pourra visiter un peu la ville et tout le tralala. » J’aimais bien voyager et j’appréciais aussi prendre des souvenirs afin de pouvoir les revoir par la suite. Je trouvais cela sympa de le faire. Tout en souriant, je lui disais en riant : « J’espère que l’on passera de bons moment là-bas tous ensembles. » Il fallait juste que je continue de faire ma valise et ayant aussi mon passeport toujours à jour, je savais qu’il ne me serait donc pas difficile de prendre l’avion.

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Même en petit groupe, je n'étais pas vraiment d'humeur à faire connaissance avec les gens. Sauf si cela pouvait m'éviter la présence de Bleeker. Dans ce cas, je serais ravie de faire connaissance avec ses pires ennemies, tant qu'il ne m'approchait pas. Je m'étais complètement ridiculisée une fois, je ne comptais pas renouveler l'expérience.

« Oh, je pense qu'on pourra visiter quand même. On aura forcément du temps libre, ils peuvent pas avoir organiser tout à la minute près. De toute façon, je compte bien en profiter pour aller faire quelques escapades dans la jungle à la rencontre de temples perdus. »

En effet, j'avais étudié l'Inde pendant certains cours de ma mineure archéologie, et quitte à subir un voyage de groupe, autant aller voir de mes yeux vus ces petites merveilles architecturales dont nous avions parlé. Et si je pouvais ramener quelques photos à M. O'Donoghue, je serais certaine qu'il serait ravi. Je devais avouer qu'être son assistante était tout à fait appréciable, et que nous nous entendions plutôt bien en plus de ça. En même temps, il était l'ami d'M.S., donc je ne pouvais que m'entendre avec lui.

« On va partir dans l'un des pays les plus riches dans tous les domaines : culturellement, religieusement, socialement, artistiquement... Sincèrement, si on ne passe pas de bons moments tous ensemble, c'est qu'il y a un problème. »

Et puis, de ce que j'en avais aperçu, les organisateurs de ce voyage semblaient être quelques peu... dérangés. Ils avaient forcément dû nous concocter quelques surprises audacieuses. Pour le meilleur comme le pire...

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« Dans la jungle ? Ah, tu veux aller voir les éléphants ? Pour ma part, je préférais le marché. Apparemment, il y a pas mal de choses à voir aussi. » Je me demandais bien ce que je pouvais donc lui dire par la suite. Il y avait tant de choses que je voulais faire en Inde. Mais bon, je commençais ma liste et j’avais un peu de courses à faire aussi avant. Souriant tout en l’entendant me dire que l’on passer adonc des bons moments. Je retrouvais que pour l’instant, il y avait alors une forte chance pour qu’elle ait un peu raison. Je finissais mon carré de chocolat, et je lui demandais : « La vente des œuvres d’art aura toujours lieu dans la confrérie ? »

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A la mention des éléphants, je ne pus m’empêcher de penser à la chanson du Livre de la Jungle. Et tout ça militairement ! Je ne comprenais même pas comment je pouvais encore me souvenir de ça alors que cela faisait une éternité que je n’avais pas regardé ce dessin animé.

« Ben, en fait, j’irais surtout voir des ruines je pense, pour mes cours d’archéologie et d’histoire de l’art, ça peut être intéressant. Mais effectivement… J’ai toujours rêvé de monter un éléphant pour aller faire une balade. Le cheval, c’est bien, mais un éléphant… C’est quand même plus impressionnant. Tu ne trouves pas ? »

Je me voyais déjà chevauchant l’une de ces bêtes qui m’imposaient le respect depuis ma plus tendre enfance. Allez savoir pourquoi. Ce n’est pourtant pas le genre d’animal que l’on croise tous les jours dans les rues de Paris. Mais dès que nous en avions l’occasion, mes parents m’emmenaient au zoo de Vincennes, et là je pouvais passer des heures à les regarder se mouvoir avec toute leur puissance et leur lenteur. J’en restais bouche bée. Mais avant de partir, je devais m’occuper de la vente d’œuvre d’art pour financer le voyage, comme elle me le rappela si bien.

« Non, ce n’est pas dans la confrérie, mais au Sanders Theater, je sais pas si tu vois où c’est ? Il y avait plus de place, et puis il faut dire que c’est quand même plus sympa pour une expo-vente, le lieu a plus de cachet. »

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« Montez à dos d’éléphant, hum, je préfère les voir libre dans la nature. Ils n’ont pas besoin des hommes pour vivre….Enfin, j’espère que tu pourras y aller pour les voir. Hiihi, et que tu vas bien t’amuser. » Je souriais et je me demandais bien pourquoi est-ce que personne ne voulait voir ses merveilleux animaux en liberté. Je disais : « Si je viens avec toi, cela serait pour me prendre en photo devant un éléphant, tu pourras le faire pour moi ? Je ne monterais pas dessus, juste en prendre en photo. » J’avais demandé cela comme ça, et j’avais une petite idée de chanson en tête, et à vrai dire, je crois que le nouvel album sera avec les musiques du Monde. Je tenais à lui répondre pour la suite : « Ah, bien, j’irai donc pour mettre un peu d’ambiance au piano histoire de mettre tout ce petit monde à l’aise. J’espère que tout le monde viendra pour aider aussi. »

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