Come out and play ft. Konrad

© Kaiji
Alors là, je ne m’attendais vraiment pas à ça. Je fis d’abord une moue d’incompréhension quand il m’annonça que le patron consommait chez lui, avant de réaliser. Non seulement ce type était un enfoiré, mais en plus, c’était un dealer. Et il tenait mon patron à l’entrejambe. J’étais donc pieds et points liés, obligée de faire mon travail de serveuse sans rien dire. Je sentais mon sang bouillir dans mes veines. Sauf qu’après quelques instants de réflexion, je me rendis compte qu’il venait de me faire une révélation des plus croustillantes et avantageuses. S’il pouvait faire pression sur mon patron, moi aussi. En effet, qu’est-ce qui m’empêchait de le dénoncer aux flics ? Je n’oserai peut-être pas m’attaquer à un dealer, mais un simple consommateur… C’était envisageable. Et cela me conférait une nouvelle marge de manœuvre. Je gardai cette satisfaction pour moi pour le moment, lui laissant croire qu’il possédait une longueur d’avance.

« Très bien, si tu le prends sur ce ton… Je vais te chercher ton verre d’eau. »

Connard. Il allait voir ce qu’il allait voir. Je passai derrière le bar, remplis un grand verre d’eau, et annonçai au patron qu’il ne pourrait pas me virer malgré ce que je m’apprêtais à faire, ou je le balancerais pour ses petites consommations illégales. Une fois de retour vers le récalcitrant, je le regardai bien en face, avant de vider lentement tout le contenu du verre sur sa tête.

« Monsieur est servit. »

† Come out and play. †

© Kaiji
Je l'aurais tué sur place. Pourquoi ne s'énervait-il pas ? Je ne supportais pas son arrogance. Au moins s'il avait pété un câble, j'aurais pu déchaîner toute ma haine et ma colère sur lui. Mais non, il se contentait de me sourire, de ce sourire hautain et arrogant, insupportable. Je n'en pouvais plus de ce type, j'aurais volontiers passer mes mains autour de sa gorge jusqu'à ce que son pouls s'arrête. Je le laissai partir sans rien dire, alors qu'il venait de m'annoncer que j'avais apparemment menacé mon patron pour rien. Je retournai derrière le bar, avec une envie folle de prendre une pause. Alors que j'allais m'excuser auprès du patron, ce dernier ne me laissa pas le temps de prendre la parole, me suppliant de ne rien dire sur sa consommation de drogue, que ce n'était pas très important mais qu'il risquait gros si cela se savait, notamment la fermeture du bar. Au moins, j'avais ça pour moi.

« Aucun problème. Dans ce cas, je prends une pause, si vous n'y voyez pas d'inconvénient... »

Evidemment, il n'avait rien à dire. J'attrapai donc ma veste que j'enfilai rapidement, attrapant mon briquet et une cigarette dans mon sac. Une fois dehors, je pris une grande inspiration, les yeux fermés, appréciant la morsure du vent frais sur chaque parcelle de ma peau dénudée. Enfin tranquille. Je portai la cigarette à mes lèvres, l'allumai, pris une première bouffée, laissant la nicotine se répandre dans mon organisme. Alors que j'allais m'adosser au mur, je remarquai une présence dans l'obscurité. Après une observation un peu plus attentive, je devinai le connard de client de l'intérieur. Je ne pus m'empêcher de l'interpeller d'une voix acerbe.

« Qu'est-ce que tu fous encore là ? Tu peux pas te casser, tout simplement ? »