SICK OF YOU ~ TAMARA

Deux jours s'étaient écoulés depuis son internement, seulement deux jours. Mon dieu, ça paraissait plus long, tellement plus long. L'ambiance était mauvaise dans le grand dortoir qu'il partageait avec les autres malades, sans parler des têtes d'enterrement de chacun, des cris, des pleurs, des médecins qui intervenaient régulièrement en urgence dès qu'un contagieux faisait une attaque … Il n'avait rien pour se distraire, un téléviseur, rien de plus. Aucun moyen de communiquer avec l'extérieur, d'où la surprise générale quand on vint chercher Cody pour lui dire qu'une jeune femme souhaitait le voir. Il avait juste demander à ce que Ree, son meilleur ami, soit prévenu. Mais apparemment, quelqu'un d'autre avait eu vent de sa présence ici. Les symptômes de l'étudiant étaient les suivants ; hypertension, hallucinations, troubles paranoïaques … Il vivait dans l'angoisse, voyait en chaque patient un potentiel futur meurtrier et de ce fait, il vivait caché au fond de son lit. Ne parlons pas de tout ce qui l'entourait ; pour lui, le sol était comme du magma, un dangereux ennemi qu'il devait affronter chaque fois qu'il devait aller aux toilettes. L'horreur. Plus les jours passaient, plus son état se dégradait, inquiétants au plus haut point l'équipe médicale. Mais il se sentait pas seul ; ils étaient des centaines dans son cas.
Cody arriva dans le couloir des visites. Ça ressemblait un peu à des parloirs et ils ne pouvaient communiquer avec leurs proches qu'à travers une vitre de plexiglas afin d'éviter tout contact entre les malades et les gens parfaitement sains. Après avoir traité le médecin de psychopathe qui voulait lui arracher les dents une à une pour en faire un collier puis le vendre au marché noir, il se posa sur la chaise en scrutant sans cesse à droite à gauche pour vérifier qu'on ne l'attaquait pas. Apparemment … Non. Pas encore. On est jamais trop prudent. La personne qui le visitait n'était pas encore là mais Cody ne s'en rendait pas compte, bien trop perturbé par la nécessité de se défendre lui-même. Qui l'eut cru que la maladie le rendrait encore plus bizarre qu'il ne l'était déjà ?

Je n'avais plus de nouvelles de lui. Je ne l'ai pas vu depuis cette soirée. Alors je me suis posée des questions. Est ce que j'ai fait quelques chose de mal ? Je ne comprend pas.. et je ne comprendrais jamais. Il me manque.. Suis-je si stupide ? Honnêtement c'est quoi mon soucis ? Comment je peux me faire du soucis.. comment je peux me rendre compte de ce genre de choses ? Je me sens bête vraiment.Et je me suis même rendue chez lui, chez sa mère.. pour savoir pourquoi il ne voulait pas me parler. C'est là que la nouvelle est tombée. Je me suis trouvée bête. Tous les journaux en parle et moi je n'ai pas pensé une seconde que cela aurait pu arriver. Et c'est arrivé. Je ne sais pas si je fais bien de m'y rendre. Mais si c'était la dernière fois que je le voyais ? On ne sait pas encore totalement ce que c'est.. et je ne supporterais pas de ne pas être venue.. je veux être là pour lui.. comme il a toujours été là pour moi. J'avance dans le couloir après m'être présentée, j'ai demandé à le voir.. J'espère qu'il ne remarquera pas le léger bleu sur ma joue. Peu importe, je ne suis pas là pour ça. Je stresse.. je ne sais pas comme il va être.. Je tremble un peu.. puis lorsque je le vois derrière cette vitre énorme, je m'arrête. Je marche doucement vers lui.. il semble perdue. Je m'arrête en face de lui et je pose ma main sur la vitre.. à son niveau. Il y'a des micros posés un peu partout. " Hey, Cody, c'est moi, tu.. comment tu te sens ? "

Et parmi toute cette armée d'hommes et de femmes en blouse blanche à commencer par lui, ce fut Tamara qui apparut à travers la vitre. En pleine forme, il avait cette tendance à imaginer les pires scénarios alors je ne vous laisse même pas imaginer son comportement alors qu'il avait 40 de fièvre et le cœur qui battait à en lui exploser la poitrine. D'abord, il fut attendri par le visage de Tamara, tellement heureux de la voir elle, lui qui n'avait eu que la visite de sa mère et de son meilleur ami depuis son débarquement en quarantaine. Mais elle était là, Tamara. Il sourit, mais se mit à paniquer quand elle approcha sa main de sa vitre. Il avait des visions, évaluait très très très mal les distances et dut penser qu'elle lui voulait du mal puisque sitôt, il recula sa chaise d'au moins un mètre. Toute son inquiétude se lisait sur son visage. Il se sentait un peu comme un chiot battu qui n'attendait plus que les coups de son maître pour injustement le punir. « Qu'est-ce que tu fais là ?! » s'écria-t-il. Cependant, pas encore assez fort pour interpeller les médecins. Il n'en voulait plus à Tamara, mais la maladie en avait décidé autrement.

J'ai toujours eu une sainte horreur des hôpitaux, des médecins.. de tout ce qui touche à la santé. On ne sait jamais, une fois Cody m'a dit que lorsque l'on va dans les hôpitaux et que l'on a presque rien ils trouvent toujours un truc à nous à nous soigner et c'est plus ou moins grave. Je n'ai jamais aimé ces endroits. En plus l'odeur est affreuse, l'ambiance morbide.. j'ai toujours peur de regarder autour de moi de peur de voir un truc horrible.. J'avance rapidement fixant la blouse du médecin devant moi qui m'emmène au couloir où je pourrais lui parler. Je m'arrête lorsque je le vois.. il semble si affecter, malade.. faible, j'aurais aimé pouvoir passer, que cette maladie ne soit qu'une simple grippe. J'ignore ce que c'est comme maladie mais elle me fait affreusement peur, quand je vois dans quel état est mon Cody. Je m'approche de la vitre. Je pose ma main sur ma vitre, j'aimerais pouvoir le toucher.. Je lui demande comment il va.. Seulement il semble totalement affolé. Je retire ma main par crainte, il a reculé.. Bon sang.. c'est dur. J'ai si peur. Je détourne le regard ravalant mes larmes. " Je suis désolée.. tout va bien.. Je.. je voulais savoir comment tu allais.. je m'inquiète.. J'ai peur.. pour toi Cody. " Je renifle sans lâcher mes larmes. Je tremble un peu. " Approche je te ferais rien, regarde y'a une vitre " Je souris légèrement.. " Tu me manques.. " Je sais qu'il est malade.. que la maladie le change.. qu'il n'est pas lui même. Il faut que je relativise..

Ces deux journées passées en quarantaine n'enlevait rien à l'idée que Cody se faisait de cette situation ; il se sentait parqué comme une bête dans un zoo ou dans un cirque, à l'affût de la moindre cachette pour éviter les regards moqueurs de chacun. Bon, la différence avec un zoo, c'est que les gens de l'autre côté de la vitre étaient aussi inquiets, aussi paniqué que Cody pouvait l'être. Quoique lui … On lui avait dit qu'il fallait qu'il se calme, qu'il respire profondément, dans quel cas il pourrait mourir littéralement de peur. Et Tamara lui faisait peur. Sa vision difforme l'obligeait à plisser les narines comme si ça lui permettait de mieux distinguer les formes autour de lui. Il reconnut d'abord la chevelure châtain de Tamara, puis sa voix. Pour autant, il ne s'approcha pas d'elle, l'observant en silence tandis qu'elle affirmait qu'il n'avait pas à la craindre. Ouais, autant qu'il n'avait pas à craindre les médecins et malgré cela, ils ne s'empêchaient pas de lui injecter des tranquillisants dès qu'il avait le dos tourné. Finalement, il se rapprocha, se posa sur une chaise et rapprocha son visage de Tamara pour lui confier ; « Moi aussi j'ai peur pour moi. » Pour le moment, il était bien trop inquiet pour sa propre survie qu'il en zappait ce que ressentait Macready. « Je pense que je vais mourir. » chuchota-t-il en plaquant son front contre la vitre.

Le voir dans cet état me fait prendre conscience que cette maladie est totalement incontrôlable. On ne sait pas du tout comment elle va évoluer.. pourquoi on ne trouve pas ce que c'est bordel ? J'ai envie de m'énerver.. Je ne supporte pas l'idée de le perdre, Cody est la personne qui compte le plus pour moi, la seule qui me connaisse vraiment et qui m'accepte. Il ne mérite pas ça.. il est totalement parano.. Il panique.. pourtant ce n'est que moi.. Je ne sais pas quoi faire pour l'aider.. je ne suis pas sûre que péter un câble sur les équipe médical soit une excellente idée, alors je reste calme et je tente de communiquer avec lui. Lui aussi a terriblement peur apparemment.. Je le regarde tristement.. Il ne sait plus ce qu'il dit.. il semble paumait. Alors c'est ça cette maladie, on finit totalement égaré.. on est totalement perdu ? On ne sait plus en qui on doit avoir confiance. C'est quoi.. C'est quoi le soucis.. pourquoi on ne sait pas encore ce que c'est. Je veux qu'on le soigne.. si seulement je pouvais. Je pince mes lèvres pour ne pas pleurer.. Il pose sa tête sur la vitre. Je me met à la même hauteur que lui. " Mais non, tu verras, on va trouver un remède, tu vas guérir et je te promet que tout ira pour le mieux.. " J'ai envie de lui dire plus mais il ne s'en souviendra pas. A quoi bon. " Cody je suis là.. je te promet que je ne te lâcherais pas. Je reviendrais tous les jours.. tu n'es pas seule. " Je déglutis. J'aimerais le toucher, cette vitre est frustrante. " Tu sais quoi ? Si tu guéris, je te promet que moi j'arrête.. on pourrait vivre quelque chose.. promet moi de te battre ! Ne laisse pas cette connerie t'abattre ! "

La panique s'éprenait de tous ses membres comme une sorte de cancer qui se généralisait. Quelle merde. Vicieuse cette peur qui le rongeait. Elle jouait avec Cody, avec sa faible capacité à gérer son stress. Au final, ce n'était pas la maladie qui le flinguerait ; il risquait de mourir littéralement de peur dans ces conditions. La présence de Tamara avait un aspect rassurant … Mais inquiétant. S'il était en train de délirer ? Si elle n'existait pas ? S'il parlait simplement à une vitre ? Si on se foutait de sa gueule encore, comme les médecins avaient l'air de le faire, et si et si …  Difficile de discerner le vrai du faux. Cody voyait le mal partout. Même s'il ne savait pas si Tamara était un mirage ou pas, il s'osa à répondre, quitte à passer pour un mec qui blablate avec son amie imaginaire. « Un remède ? Non, non … C'est pas possible … Non ... » murmura-t-il en se levant de son siège comme monté sur un piston. Touché par les paroles de Tamara, il ne se laissait pas amadouer, concentré sur sa propre survie. Puis, elle évoqua d'arrêter. Arrêter quoi ? La prostitution, ça va de soit. Mais dans la tête de Cody, Tamara ne dirait jamais ça, elle ne le ferait. Si un jour elle arrêtait, ce ne serait pas pour lui, ni pour personne, ce serait pour elle, quand elle serait prête à assumer les conséquences vis-à-vis de son mac. Voilà comment Cody voyait les choses. Il plaqua ses deux mains contre la vitre et grogna presque. « Tu n'existes pas. T'es une invention de mon cerveau. » affirma-t-il, presque sûr de ce qu'il avançait. « Dis-moi une chose que je ne sais pas, que ma tête ne peut pas inventer. » conclut-il la voix suppliante.

Lorsque l'on ne sait pas où l'on va on en sais pas ce qui va se passait, on a peur.. on est même morte de peur. Je ne sais pas où tout cela va mener. Je ne sais pas ce qui va se passer pour Cody. Mais je prie pour que tout aille bien. je ne veux pas qu'il lui arrive un truc.. Je m'en veux tellement déjà de ne pas être malade avec lui pour être prêt de lui et non dernière cette vitre froide. Il me manque, son contact me manque.. comment être sûr que tout se passera bien lorsque je partirais ? Comment on saura ? On ne sait pas. D'après les médecins, on n'a pas découvert quelle souche viral s'était. Je tente de le rassurer comme je peux, seulement.. je sais que tout cela n'est pas facile, il est totalement parano.. la maladie, la fièvre, rien n'arrange les choses pour communiquer avec lui, cela devient difficile. " Bien sûr que si, tu crois vraiment que tu vas me laisser ? Je te l'interdis Cody, tu m'entends ? Je ne suis rien bêtement sans toi.. " Je peux lui dire ce genre de truc, il ne s'en souviendra pas.. alors c'est certain. Je tente de le motiver, je ne trouve pas mieux que lui promettre de ne plus accepter que l'on me mette sur le trottoir.. pourquoi pas.. l'idée est a prendre, je dois faire quelque chose, je ne pourrais pas être prostitué jusqu'à 40 ans.. Je dois me battre et peut-être que la fragilité de Cody lui qui d'ordinaire est ma force, me sert de force justement, je ne sais pas ce qui se passera. Seulement en disant cela Cody s'énerve.. il est persuadé que je n'exsite pas.. Je reste blessée.. mais je sais qu'il ne faut pas mal le prendre. " Je suis réelle.. je te promet.. " Il veut des preuves.. je me pince les lèvres. " Une fois tu m'as demandé pourquoi je faisais ce que je fais.. tu sais hein ? Et tu te souviens de ce que je t'ai répondu, je sais que tu connais la réponse.. " Je souris pour l'encourager avant de la dire quand même. " Parce que je n'ai pas le choix.. tu connais tout ça.. tu sais qui je suis.. Cody.. Pose ta main au niveau de la mienne s'il te plait et je te prouverais que tu es presque avec moi.. que tout ira bien ok ? "

Tamara n'existait pas, elle ne pouvait pas exister. La seule personne à être au courant de la présence de Cody ici était son meilleur ami. Aucun autre individu ne savait pour sa maladie, à part sa mère sinon. Voilà toutes les raisons qui poussaient le jeune homme à douter de lui-même. Ben oui, au fond, c'est juste qu'il n'avait pas confiance en lui à cause de toutes ces visions qu'il avait et qu'il ne pouvait point empêcher de survenir à tout moment. Pourtant, Tamara, ici … Mon dieu, il avait tellement envie d'y croire, tellement, tellement, tellement. Les mots au fond de sa gorge butaient contre une paroi invisible, semblable à cette même vitre qui les séparait, retenant Cody de serrer dans ses bras Tamara. Au fond, ce serait une des seules choses qui lui ferait prendre conscience qu'elle n'était pas un mirage en plein désert, une oasis qui disparaît soudainement dès que l'on veut s'y plonger. « Si tu crois que j'ai envie de te laisser … Ne te fais pas de faux espoirs, je suis condamné. » marmonna-t-il en baissant les yeux, collant son front contre le verre froid. Il avait envie de chaleur. De celle de Tamara, inconditionnellement. Il resta immobile, tentant de se concentrer, de tenir en laisse son cerveau, espérant sincèrement ralentir son rythme cardiaque tant il avait l'impression que son cœur allait s'arracher lui-même de sa poitrine pour partir en sautillant au fond des toilettes. Image un peu glauque, je le reconnais. Il sourit en l'écoutant, puis posa farouchement sa main contre la vitre au niveau de celle de Tamara. Son front était comme soudé au carreau à présent mais bizarrement, c'était la seule manière qu'il avait trouvé pour se rafraîchir, au sens propre comme au figuré, les idées. « T'as pas la moindre idée de combien j'ai envie de te serrer dans mes bras. Là, maintenant. » Mais il ne pourrait pas, il ne le pourrait sans doute plus.