(Josh&Julian) ∆ So much trouble

Il posait sa main sur mon épaule. J'pense que la tension à l'intérieur de moi était palpable. J'étais plutôt le gars zen, qui rassure tout le monde, jamais angoissé, privilégiant toujours la relaxation dans les moments difficile. Je souris légèrement à mon ami.

"Merci encore Josh, pour ce que tu fais."

Nous nous dirigions vers la salle d'intervention ou l'infirmière nous attendait, pressée d'avoir terminé pour rejoindre les aventures des Stark. J'aime pas Game of Thrones, voir des gens mourir à chaque épisode, je trouve pas ça tellement intéressant.

"On peut y aller."

J'enlever le haut de ma blouse et m'installais sur le ventre sur le brancard prévu à cet effet. J'avais déjà vu des médecins pratiquer cette intervention, mais la subir, c'était une première. J'avais pas peur de la douleur. Quand on a vécu en zone de guerre, c'est le genre de truc sur lequel on relativise vachement.

"Merci encore Josh, pour ce que tu fais." Je lui souriais en guise de réponse, retirant alors ma main de son épaule. J'étais prêt à affronter n'importe quoi à ce moment précis, et même ma peur de paralyser mon pote. Mais bon, tout allait bien se passer, en plus une infirmière sera là, une assez expérimentée par rapport à moi donc ça devrait le faire. On va récupérer ce qu'il faut dans le corps de Julian et puis on verra bien si ça va sauver sa patiente ou pas. On se dirigeait alors vers la salle d'intervention qui avait été préparée exprès pour l'occasion et l'infirmière était déjà présente. "On peut y aller." me disait-il. L'infirmière, qui était visiblement pressée, je la regardais d'un oeil bizarre avant de me reprendre et de me préparer pour faire l'intervention. Je me lavais bien les mains, je mettais des gants histoire de ne pas l'infecter. Puis je me mettais au niveau de mon pote, regardant la zone où je devais agir. "Bon, t'es prêt ? On va t'anesthésier localement dans un premier temps. C'est quand ça s'estompera que ça risque d'être très douloureux. t'as vérifié si t'avais pas d'allergie avec l'anesthésiant ?" Ce serait moche que tout tombe à l'eau à cause de ça quand même.

J'suis pas un froussard. J'l'ai jamais été. J'ai vécu dans des zones qui ferait froid dans le dos à la plupart des humains vivants dans le monde occidentale. Des endroits où je risquais ma vie à tout moment, mais j'm'en foutais, j'étais pas là pour avoir peur. J'faisais bien mieux; j'me rendais utile. Comme maintenant. J'pourrais pas faire autre chose que ça pour Willow. J'pouvais pas inventer un médicament miracle qui la sauverait. J'pouvais juste essayer. J'entendis Josh se laver les mains et me demander si j'avais pas d'allergie à l'anesthésiant.

"Aucun antécédents, et aucune allergie connue, tu peux y aller."

Ouais, bon, j'suis un peu menteur sur le coup. Je souffre de cardiomyopathie depuis bien longtemps. C'est mon meilleur ami qui bosse en service de cardio qui me la diagnostiquer en septembre dernier, mais ça, Josh n'a pas franchement besoin de le savoir. Ça risque rien à ce niveau là de toute façon.

Je devais rester rigoureux pour le coup et ne pas faire de conneries. J'étais sérieux, j'étais concentré et j'étais minutieux. Il était hors de question de foirer ce coup sous prétexte que j'étais pas attentif et que j'oubliais des étapes importantes lors de la préparation de l'intervention. J'savais qu'il connaissait les risques et tout le blabla habituel mais je me devais de le lui redemander. Histoire qu'il soit bien en connaissance de cause. "Aucun antécédents, et aucune allergie connue, tu peux y aller." Je hochais la tête et je retournais à mes préparations pour l'intervention. Il fallait que je pratique un prélèvement de moelle osseuse afin qu'il puisse la faire analyser. C'était ses affaires et je m'y mêlais juste parce qu'il me l'avait demandé. Je n'étais qu'un pion. "Prépare toi alors.." J'attrapais le désinfectant pour nettoyer la zone, j'y appliquais ensuite le drap recouvrant la partie qui ne m'intéressait pas, dévoilant uniquement une partie de sa hanche. Et puis c'était là que tout allait devenir sérieux. "Dernier retour en arrière possible. T'es vraiment sûr ?" Bon, je connaissais déjà sa réponse, mais je préférais insister une dernière fois avant de me mettre au boulot.

Je sentis une compresse froide sur la zone que Josh était en train de désinfecter. Il me demanda une dernière fois si j'voulais revenir en arrière, tout arrêter là, pas le faire. Son insistance à vouloir me faire finalement oublier cette idée potentiellement stupide mais trop encrée dans ma tête me fit sourire. "Josh, tu peux y aller. Si tu veux pouvoir dormir encore un peu, tu ferai bien de commencer." Parler du fait qu'il pourrait aller se recoucher juste après, ça allait peu être le motiver à faire ça vite, mais bien. Au fond, j'voulais qu'il soit rapide, parce que j'avais encore pas mal de choses à faire. Mon pote du labo devait analyser l'échantillon et si c'était bon, je devais prévenir le médecin de garde au petit matin, pour qu'il envisage la transplantation. Tout ça en ayant une soit disant horrible douloir au réveil de la partie anesthésiée. C'est plutôt psychologique, la douleur, chez moi. La seule fois où j'ai vraiment eu mal, c'était en septembre, quand j'avais fait ma crise d'angor après avoir fait un footing avec Alicia.

J'inspire et j'expire. Aller quoi, ça va bien se passer. Ce n'est qu'un prélèvement de moelle et c'était Julian qui allait souffrir, pas moi. Rien ne pourrait lui arriver si tout se fait correctement. Donc on s'bouge le cul et on y va. On arrête de stresser, on se calme et on est parti pour faire cette intervention. Après tout, plus vite c'est fait, plus vite j'en suis débarrassé. "Josh, tu peux y aller. Si tu veux pouvoir dormir encore un peu, tu ferai bien de commencer." Il n'avait pas tort sur ce point, même si techniquement je suis de garde et je n'ai pas le droit de dormir. Après, s'il se passe un truc, je serai réveillé par mon bipeur et le soucis est réglé. "Ok, c'est parti alors." Silencieux, je m'appliquais à faire chaque étape minutieusement. D'abord, j’anesthésiais la zone où le prélèvement se fera et dès qu'il ne sent plus rien, je fais une petite incision afin que l'aiguille puisse passer plus facilement. Après une bonne dizaine de minutes, la procédure était finie. Je déposais le prélèvement sur la table à côté de moi, m'occupant de retirer l'aiguille et de tout rendre exploitable. Je me tournais vers Julian, encore allongé. "Bon, y'a plus qu'à recoudre la petite incision faite et ça sera bon. Le prélèvement pourra être apporté au labo. Par contre, dès que l'anesthésie sera dissipée, tu risques d'avoir mal. Marcher, t'assoir... ça va pas être glorieux." Avec une aiguille et du fil, je me mettais alors à recoudre tranquillement avec deux points l'incision et c'était fini.

"Ok alors c'est parti." Je sentais alors une aiguille traverser ma peau. Je fermais les yeux, essayant de me concentrer sur ma respiration. J'étais pas quelqu'un de chétif, il m'en fallait beaucoup pour que je me plaigne de la douleur. Pourtant, elle était bien là, mais elle s'atténuait assez rapidement. L'anesthésie avait été efficace. Je le sentais trifouiller pendant une dizaine de minutes, essayant de me relaxer au maximum. Même avec l'anesthésie, certaines des sensations restent. Mais j'étais ailleurs, perdu dans mes pensées. Perdu dans les yeux de Septembre. Est ce que j'allais rester son médecin, est ce que j'allais enfin porter mes couilles, assumer mes sentiments pour elle. J'en savais rien. Pourtant j'avais merdé cet après-midi. J'en avais parlé à sa demi-soeur, qui m'avait forcé à cracher le morceau avec son insistance. Le bruit de l'échantillon posé dans un plateau me fit ouvrir les yeux. Josh avait terminé. Je me relevais lentement après qu'il ait posé les derniers fils, et je sentais déjà la douleur se réveiller. Je savais que j'avais bien agit en faisait ça. "Merci mec. Tu as été génial."

Je savais bien que Julian était un mec bien. J'veux dire... regardez. Il était en train de subir une intervention officieuse afin de faire des analyses sur son propre matériel génétique afin de sauver une de ses patientes. Il s'investit beaucoup trop dans le cas de ses patients et ça risque de le perdre. Mais ça restait quand même une grande qualité. Il avait de la compassion pour les personnes dont il s'occupait au point de vouloir les sauver lui même. Sauf qu'il arrivera bien un moment où il ne pourra pas sauver tout le monde. Et à un moment ou à un autre, il aura des choix à faire... ce qui déterminera sa carrière dans la médecine. Ça lui foutra sûrement une grosse claque dans la gueule... J'en suis quasi certain même. L'intervention terminée, je lui posais deux points de suture au niveau de l'incision que j'avais faite et je lui mettais également un pansement. "Merci mec. Tu as été génial." Je le regardais, souriant. Je jetais tout ce dont il y avait besoin d'être jeté à la poubelle avant de retirer mes gants chirurgicaux. "Fais attention à toi et ne force pas trop. L'anesthésie doit être en train de s'estomper. Tu devrais te reposer cette nuit et une partie de la journée de demain... Histoire de pas en faire trop et forcer quoi." C'était pas l'ami qui parlait mais le médecin. De médecin à patient. Quelque part, ça m'entrainait, c'était pas négligeable. J'attrapais l'échantillon et je lui tendais. "Voilà, tu peux le porter à analyse." concluais-je avec un léger sourire sur les lèvres.