(flashback) Alicia-Julian ∆ Don't tell anyone about this

Alicia avait appelé une ambulance, ça ne serait plus qu'une question de minutes maintenant. Je sentais sa main se coller à la mienne, et dans un sens, ça me rassurait qu'elle soit là. "Il faut juste attendre maintenant ..." J'essayais de me concentrer sur ma respiration quand, quelques minutes plus tard, j'entendis arriver les secours. Cette sirène, j'y étais habitué, j'avais parfois fait des gardes dans ce gens de véhicule, et je savais très bien comment ça fonctionné. Le médecin se dirigea vers nous et commença à me questionner. Je l'interrompit lui faisant moi même le topo sur la situation "24 ans, antécédent de cardiomyopathie descellée en septembre 2013, actuellement sous aucun traitement, pas de tabac, pas d'alcool. Douleur de type crise angor, suite à un effort." Alicia ne connaissait pas ma maladie, il n'y avait que mon meilleur ami, un externe en cardio qui était au courant, et qui me sermonnait sans arrêt sur le fait que je devais me soigner, et envisager au moins l'implantation d'un stimulateur cardiaque. Mais j'étais borné sur ce sujet, j'étais pas malade.

J'avais l'air parfaitement con, là, assise à ses côtés sans aucune panique, comme si je savais depuis longtemps qu'il avait quelques chose qui n'allait pas chez lui, mais il n'en était rien, j'en savais rien du tout et j'étais loin de me douter de quoi que ce soit. Il me disait d'attendre, de toute façon on avait rien d'autre à faire. Je le regard silencieuse, le temps ne paraissait pas une éternité, au contraire, il passa d'une rapidité déconcertante, si bien que je ne fus pas surprise de voir les secours arriver. Par contre c'est ce qu'il dit au médecin qui me décontenança, ses mots, des mots techniques que je comprenais pas bien sur, il avait coupé l'herbe sous le pied de médecin. Il savait ce qu'il avait et ne m'avait rien dit, mais le fait que je comprenait rien à ce qu'il disait commençait à me faire paniquer, mais genre vraiment si bien que je me redressais attrapant le bras du médecin, pour qu'il me dise ce qu'il avait, il était trop tard pour pas que je me pose de question et cet abruti que j'avais en ami était encore trop fier, même allongé au sol en pleine crise, ne me dirai rien. "La traduction c'est quoi?" Mais je me doutais bien qu'il avait un problème cardiaque. "C'est un problème de cœur, on va devoir l'emmener. Vous êtes de la famille?" Je me mordais la langue histoire de pas lui mettre un coup de pied au cul, il faisait vraiment n'importe quoi, autant que moi en fait. Je secouais la tête en réponse au médecin. "Nan, je suis une amie, on faisait un jogging, enfin on venait de commencer. Mais je viens avec vous. Il est hors de question que je le laisse tout seul."

Les secouristes me mirent sur un brancard et me firent entrer dans l'ambulance sans attendre, me plaçant un masque d'oxygène sur la bouche. Je vis Alicia entrer à son tour. Sa présence me rassurait, en quelque sorte. J'avais pas l'habitude d'être de ce côté la du catheter, alors quand l'infirmier me piqua, je fronçais légèrement les sourcils. Du reste, je m'en souvient pas trop, ils avaient du me shouter avec une bonne dose de morphine pour que la douleur s'apaise un temps. Quand je repris tous mes esprits, j'étais dans cette chambre d'hôpital, branché sur un scope qui montrait mon activité cardiaque. Je passais longuement mes mains sur mes yeux et y découvrit un catheter branché à plusieurs perfusions. Merde. Je soupirais longuement avant de m'assoir au bord du lit, un medecin arriva sans plus attendre, me parlant de pas mal de choses, du fait que je ne prenais pas de traitement, et que c'était dangereux, qu'il fallait songer à me faire operer ... Des trucs que je savais déjà. "Je vais bien ... C'est juste ... Juste un accident de parcours." Vu le regard du médecin, il n'en pensait pas moins. Il sorti de la chambre laissant rentrer mon amie.

Je me retrouvais rapidement dans l'ambulance, à ses côtés, je le regardais tout le long du trajet sans poser de questions, répondant simplement au deux trois questions des ambulanciers. On arriva à l'hôpital et je fus mise de côté, super je me retrouvais encore une fois seule, et voilà que je commençais vraiment à stresser, s'était horrible. Je tournais comme un lion en cage, en survet' dans la salle d'attente, je pouvais pas rester en place. J'avais même pas pris mes clopes, pour quoi faire en même temps quand t'es censé faire un jogging avec un ami, un paquet de clope ça n'a aucun intérêt. Alors je m'acharnais à boire des cafés, je sais même pas combien j'en avais pris, combien de verre en plastique j'avais détruit, à force de mâchouiller le rebord pour déplier le tour. J'avais toujours fais ça, même en soirée, même quand ça va bien, mais là s'était encore pire et boire du café ne m'aidait pas à me calmer en même temps normal, c'est pas le but du café de te calmer les nerfs. Finalement, le médecin sorti de la chambre, et je sauta sur l'occasion pour ne pas laisser se fermer la porte. Je m'approchais toujours le gobelet au lèvres, le regardant, inquiète. "Alors?" C'est tout ce que j'avais à lui dire espérant que cette simple question il comprenne que j'attendais plus qu'un simple: ça va.

J'entendis Alicia s'approcher de moi alors que j'étais occupé à fixer mon rythme cardiaque. J'étais pas forcément calé en cardiologie, mais je voyais très bien rien qu'au tracés de l'ECG que quelque chose ne fonctionnait pas réellement. Le médecin avait peu être pas tort, je me ferai surement opérer cet été, mais là, je pouvais pas me le permettre, mon rythme de vie était beaucoup trop soutenu, j'avais trop de travail. Et puis au fond, pour moi j'étais pas trop malade. Je relevais les yeux vers mon amie, un peu honteux de tout ce qui venait de se passer. Elle avait pas à subir ça. Personne n'avait à le subir d'ailleurs.

"Ouais, j'suis juste fatigué ... Les études tout ça ... J'suis désolé, on va devoir reporter pour le Starbucks."

Dans les situations de crises, j'avais la fâcheuse tendance à utiliser l'humour. Peu être comme une carapace, un bouclier face à la réalité. Face aux choses qu'on a pas vraiment envie d'entendre, parce qu'on est dans le déni.

J'étais déjà assez stressée comme ça pour ce qui m'arrivait en ce moment et voilà que Julian faisait une attaque sous mes yeux, et il avait l'audace de me dire que c'est de la fatigue, nan j'y croyais pas vraiment, j'étais bien placée pour savoir ce qui se passait quand t'étais fatiguée et que tu mangeais pas, et j'étais loin d'avoir se genre de réaction, mon corps n'avait pas ce genre de réaction. Je veux bien qu'on soit pas foutu tous pareil et qu'on réagissait tous différemment, mais fallait pas abuser. Je m'approchais vers le bout de son lit sans un mot. "Pourquoi tu me mens? Je suis fatiguée aussi, je mange rien, mais je me tiens pas pour autant le cœur quand je fais un malaise Julian. T'es le genre de mec à compter les calories qu'ils te faut pour une journée, alors tu me fera pas croire à de la fatigue." Je lui parlais calmement, je voulais qu'il se confie à moi, et encore une fois j'allais me retrouver dans une histoire que je vais devoir porter, encore une fois je faisais une bonne action et ça allait me peser parce que je savais pas faire autrement que de me sentir coupable.

Je soupirais, elle avait raison, bien sur qu'elle avait raison. Mais j'me sentais pas capable d'en parler avec elle. Elle avait l'air tellement mal en ce moment, elle semblait changée depuis que j'étais revenu d'Afrique, comme brisée, elle aussi. Tout le monde a l'air brisé ces derniers temps. Ils ne comprennent pas la chance qu'ils ont. La vie est tellement belle. "Je suis désolé Alicia." Répondais je simplement. Désolé de lui faire voir ça, elle en avait pas besoin. Personne n'en avait besoin. Je soupirais longuement, derrière, les bips de la machine qui surveillais mon coeur s'accéléraient. "J'pense qu'on devrait plus courir. On ira au cinéma la prochaine fois."

Je le regardais soupirant, je voulais des réponses, parce que j'allais me poser des milliers de questions pour changer, que j'allais stresser si je sais pas, parce que dans le fond dispersais que s'était rien de grave mais je savais que s'étais pas vrai. Il se disait désolé mais désolé de quoi? "T'es désolé de quoi? De pas m'emmener au Starbuck's? Tu crois que c'est ça qui me dérange? Je vais m'inquiéter pour toi Julian, tu le sais alors dis moi. Je te supplierai pas, mais j'irai voir les médecins pour avoir une réponse c'est toi qui choisi." Je lui laissai pas vraiment le choix, soit il me disait tout tout de suite soit je sortais de la chambre, même si j'étais calme dans mes mots et dans mon attitude j'avais trop de chose en moi qui bouillonnais pour rester ici allonger dans ce lit avec pour tempo les bips des machines qui le surveillaient.