(flashback) Alicia-Julian ∆ Don't tell anyone about this

Octobre. J'avais retrouvé Harvard et mes amis du coin depuis un mois maintenant et avais reprit mes habitudes Américaines. Aller courir tous les dimanches matin en faisait parti. Il ne faisait pas encore trop froid en ce début de mois, les feuilles commençaient à peine à tomber. C'était un dimanche parfait pour ça. Alicia et moi, ça fait quelques temps qu'on se connait. On faisait du krav' ensemble c'était plutôt cool, et j'avais eu vent qu'elle n'était pas bien en ce moment. Courir lui changerait probablement les idées. Alors je l'attendais là, sur le parking de l'université, mon iPod sur les oreilles, du stone roses à fond. Je lui avais envoyé un SMS dont j'attendais encore la réponse hier soir. Tant pis, je verrais bien si la jeune femme se pointe. Au pire, ça ne me dérangeait pas de courir seul, j'voulais juste passer un peu de temps avec mon amie, et voir ce qui cloche chez elle.

Ca faisait un mois, un mois presque jour pour jour que j'avais plus de nouvelle, que je me rendais pas compte de l'enfer dans lequel je descendais, chaque jour un peu plus, s'était horrible, je sortais plus, je commençais à plus me supporter, je mangeais plus je dormais plus, s'étais pitoyable, j'étais pitoyable. Puis y avais Julian qui m'avais envoyé un sms, un sms pour aller courir, faire un jogging je tenais même pas sur mes jambes pour aller en cours, si bien que j'avais passé la nuit à réfléchir si j'allais le rejoindre ou pas. Pour finalement me décider à le rejoindre. On faisait du Krav' ensemble avant, avant qu'il parte pour l'Afrique, mais lui au moins il était revenue et puis je savais ou il était, s'était pas comme tout les autres. J'avais enfilé un jogging bien trop large et un sweat de je sais pas quel ex plan cul de l'an dernier, un peu de musique dans les oreilles, un truc un peu moins déprimant que ces derniers temps, histoire d'avoir une bonne allure. Il était là il m'attendait, il aurai très bien pus être parti, que ça m'aurai pas étonnée puisque je ne lui avait pas donné de réponse. J'afficha un léger sourire en m'approchant de lui. "T'es chaud Leaneagh?" S'était une guise de bonjour enjoué que j'avais habituellement, histoire qu'on parle pas de moi.

Elle était là, Alicia, le visage éteint derrière un leger sourire qui semblait faux. J'avais eu raison de l'attendre, finalement, elle se présentait à moi, à l'heure. "Ça m'fait plaisir de te voir ma belle." J'avais gardé contact avec la jeune femme quand j'étais en Afrique, je lui racontais mes aventures somaliennes tandis qu'elle me tenait au courant de la vie sur le campus. J'aimais bien passer du temps en sa compagnie, ne serait ce que pour un petit footing matinal. "Bon aller, let's go. Si t'es toujours aussi endurante, j'te paie un starbucks à la fin." Je lui fis mon plus beau sourire et commençais à courir en direction du parc le plus proche, là où nous avions l'habitude d'aller nous entrainer. Ma course était plus lente qu'habituellement. Je savais exactement pourquoi. Mon coeur. J'avais apprit récemment par mon meilleur ami, qui lui, était interne en cardiologie, que j'avais une malformation cardiaque, du à ma grande prématurité. Naitre à trois mois du terme n'a jamais été bon. J'avais beau avoir vécu 24 ans sans aucun soucis, je savais qu'il fallait que je freine mon rythme de vie si je voulais continuer à fréquenter les hôpitaux du coté des soignants.

On va dire que Julian avait été le seul moteur sportif de ma vie, et son absence l'an dernier, s'était bien fait ressentir, j'avais totalement arrêté le jogging, me réservant seulement au sport de chambre. Je le pris dans mes bras, même si on s'était revus y a pas si longtemps, sa présence faisait du bien, toujours mieux que de l'autre coté d'un écran d'ordinateur. Sa motivation était bien présente, ça ne changeais pas, la mienne beaucoup moins mais je le faisais pour notre amitié, elle était l'une des rares qu'il me restait et à laquelle je tenais encore vraiment. "C'est partit. Si j'ai le droit à un starbuck alors on va se dépêcher." Rigolais-je avant de me mettre en route prés de lui le suivant à mon rythme, et je sentis rapidement l'effet de la nicotine et autre substance illicite que j'avais ingurgité cette dernière année, ouai j'avais plus le même rythme, mais je me débrouillais au possible. Sauf que lui aussi il semblait moins endurant que dans mon souvenir, ou alors c'est simplement qu'on se faisait vieux tout les deux.

Son rythme à elle aussi avait changé. Notre course ressemblait à un marathon digne du maison pour retraités qui se reprennent en charge, ce qui eu le don de faire afficher sur mon visage un léger sourire qui ne dura guère longtemps. À peine arrivé au parc, à quelques minutes de l'université d'où nous étions parti, mon coeur faisait déjà des siennes. J'essayais tant bien que mal de tenir la cadence, mais très vite, j'avais du me résoudre à m'arrêter, me tenant la poitrine avec effroi. J'avais horriblement mal. Je savais pertinemment qu'au fond, j'aurai jamais du me remettre à courir. Mais c'était plus fort que moi, je voulais vivre, sans me soucier du lendemain, comme j'en avais l'habitude de faire précédemment. "Désolé, je suis ... Un peu rouillé." Soufflais-je entre deux expiration. Je voulais pas qu'elle soit au courant. Je voulais que personne soit au courant.

Ouai j'avais un rythme de merde, mais fallais que je m'en prenne qu'a moi même aussi, j'avais eu une telle vie ces derniers mois, mais ça faisait du bien d'évacuer aussi un peu. Mais parce contre c'est Julian s'était bien plus étonnant, il n'avait pas bonne forme, je veux bien qu'il aie pas couru depuis un moment mais là à s'arrête au bout de genre quoi même pas quinze minute de course. Tutut nan y a un bug dans le système. Je me rapprochais de lui sachant qu'il se tenait la poitrine. "T'es sur que ça va? Je veux bien que tu sois rouillé mais quand même, t'sais j'te connais, j'connais tes capacités aussi..." Et puis il respirait comme un bœuf, enfin s'était trop bizarre. "Ou alors tu devrais arrêter la clope", même si je savais qu'il ne fumait pas, peut être que y avait un truc qui allait pas en fait.

La douleur s'amplifiait m'obligeant à m'allonger, haletant, dans l'herbe située sous nos pieds. Je fermais les yeux pour prendre de longues inspirations. Ça ressemblait étrangement à une attaque cardiaque. J'avais besoin d'être conduit de toute urgence à l'hôpital. Mais ma fierté et mon envie de ne pas inquiéter mon amie prenait le dessus. "Faudrait déjà que je commence pour arrêter." J'avais une hygiène de vie assez saine; je ne buvais pas, je ne fumais pas, alors ne parlons même pas de la drogue. Je bouffais végétarien depuis mon enfance, et je faisais très souvent du sports. Alors ça me faisait doucement rire qu'elle me parle de clope, elle me connaissait bien pourtant. J'étais peu être le seul de ses amis à pas y toucher d'ailleurs. Il y a beaucoup trop de fumer à Harvard. Il y a beaucoup trop de fumeur dans le monde.

Je pris une gorgée d'eau, en le regardant s'allonger et sur le dos, chose qui ne fait habituellement, qu'à la fin d'une séance intensive de krav' ou alors après un sprint sur deux ou trois cent mètres pas après quinze pseudo minutes de footing. Nan y avait un truc qui allait pas s'était clair. Je m'inquiétais bien sur mais il y avait aussi des probabilité qu'il se foute aussi de ma gueule, après tout, j'étais arrivé en tirant la tronche il pourrai très bien essayer de me faire peur pour rien. Enfin je savais pas trop comment réagir. Je m'accroupie à ses côtés calmement, les bras croisés le regardant inquiète tout de même, prête à dégainer mon portable pour appeler les secours. "Ju, faut que je fasse quoi." Je sais même pas pourquoi je paniquait pas, peut-être parce que j'en avais plus la force en ce moment, que j'étais trop épuisé pour laisser la panique m'envahir, nan j'étais d'un calme olympien, je crois même que si je me voyais je me ferai peur, enfin trop bizarre. Je pris tout de même la décision de lui filer la bouteille d'eau, je sais pas à quoi ça pourrai bien lui servir une bouteille d'eau mais bon on sais jamais.

J'essayais de garder mon calme, pourtant la douleur était de plus en plus présente. Je n'y arrivais plus. Je fronçais les sourcils, respirant le plus lentement possible pour essayais de l'atténuer quelque peu. Mais c'était en vain. Je me tenais la poitrine, c'était la pire douleur que je n'avais jamais ressentie. Fallait que j'accepte. J'avais de sérieux soucis cardiaques, mais j'avais décidé de passer à côté, de vivre normalement, de ne pas avoir de traitement. On m'avait parlé de la greffe, et j'avais encore plus refusé. Non, je n'étais pas malade. Mais ça, là je ne pouvais plus tenir. "Appelle une ambulance." J'arrêtais de lutter. Non, la je ne pouvais plus, j'en avais plus le force.

J'étais calme, mais mon coeur battait dans tout les sens, n'importe comment, surtout quand il me dit qu'il fallait que j'appel les secours, j'avais toute sorte d'image qui me traversais la tête tellement que ça m'avait bloqué une panique physique. En gros je réagissais comme un automate, rien de plus rien de moi. Je sortais mon téléphone, appelais le 911, donnais ma position et ce qu'il venait de se passer, je regardais Julian, posant simplement ma main contre la sienne, s'était peut-être la seule chose humaine que je faisais. "L'ambulance arrive...." Je m'assied à ses côtés, le cœur battant à fond. "Je peux faire quoi?" Il fallait pas qu'il me laisse lui non plus, si non autant dire que je pouvais partir sans jamais revenir, s'en serai trop pour moi.