D & E - I wonder if I ever cross your mind

Il était 13 heures 10, mon cours de sociologie s'était terminé depuis peu et j'en étais complètement soulagé. Ces 4 heures avaient été insupportables, j'avais mal dormi cette nuit, j'avais eu une petite embrouille avec Marloes, rien de grave, mais assez pour me prendre la tête. J'essaie de ne pas le montrer mais aujourd'hui c'était dur. Tout s'accumulait, le chauffage de ma chambre marchait une fois sur deux, j'avais mis une demi heure avant de trouver mes clés. J'avais la tête certainement trop remplie d'histoire futile. J'voulais même pas me regarder dans une vitre, j'savais que je ressemblais à rien aujourd'hui, tout me faisait vraiment chier, comme se cette journée était la pire de toute. Combien de fois l'envie de balancer Harvard par dessus mon épaule m'avait traversé l'esprit ? Peut être autant de fois qu'il y a de lettres dans mon prénom. Même une clope ne suffisait pas à me calmer. Oui, parce que non seulement j'étais fatigué, mais en plus j'étais excédé de toutes ces journées qui se ressemblent et qui ne semblent pas avoir de fin. Quand est-ce que j'aurai une minute de répit ? Comment est-ce que j'avais pu tomber dans ce cercle infernal et ne pas pouvoir sortir la tête de l'eau ? Oui, parce que clairement j'étouffais et je n'allais bientôt plus pouvoir continuer ainsi. J'étais sorti de la salle et m'étais dirigé le plus rapidement possible vers mon casier, histoire de prendre mes affaires et de dégager, faire une sieste ou fumer un joint, enfin faire quelque chose qui me détende. J'avais posé mes quelques livres, pris mon chargeur d'ordinateur et mis tout le nécessaire dans mon sac à dos, que je mis sur une épaule. En refermant doucement la porte, je soupirais lentement, baissant mes paupières, j'avais mal à la tête; un ras de bol complet quoi. Décidé à partir, je me retournais brutalement, histoire d'aller vers la porte, me je bousculais au même moment quelqu'un. Et merde. J'allais poursuivre ma route lorsque je vis que cette fille dont tous les cours venaient de tomber à terre était Elia. Oui, et là, je fus tout gêné; d'ailleurs je ne sus pas quoi répondre, et je me baissais juste, pour ramasser ses cours et essayer de remettre les feuilles droites. Non, je n'avais rien dit. Pourquoi ? Parce qu'Elia ça fait un moment que je l'ai repéré. Quelques semaines après le début de cette année. J'étais pas vraiment pote avec des filles de Cabot donc je n'ai jamais eu l'occasion de lui parler, mais quelque chose m'intrigue chez elle et en plus, je la trouvais carrément jolie, raison de plus pour ne pas sortir l'insulte que j'aurai refilé à une personne quelconque, et qui me pendait à la langue. Une fois les feuilles remises en place, je les lui tendis. « Hmm ... Désolé, j't'avais pas vu. » Bravo. Je lui parle. Pour la première fois, je dis n'importe quoi et en plus je la fais presque tomber. Tu gères Deon, tu gères. Blaireau.

Elia attrapa les feuilles que je lui tendais, presque gênée. « Non non .. ce n’est pas à toi de t’excuser .. je suis désolée c’est moi qui ne t’ai pas vu, j’espère que tu n’as rien ? » Bah, la conversation était vraiment banale, je me ressaisissais, pas besoin d'être gêné pour quelques feuilles étalées sur le sol, non, ça n'en vaut vraiment pas la peine. « Y a pas de mal, ne t'inquiètes pas, ça va ». Elle remit son sac sur ses épaules, et je ramassais le mien que j'avais posé pour ramasser ses cours. Je ne savais pas trop quoi dire et j'imagine qu'elle aussi. Ne voulant pas m'attarder, je lui souris et repris mon chemin vers la porte. Putain ça faisait des jours voir des semaines que je me demandais comment l'aborder, même pour parler de la pluie et du beau temps, et aujourd'hui, tout ce que j'arrivais à faire, c'est juste lui rendre ses feuilles et me barrer ? Oui j'avais eu une mauvaise journée, oui j'étais de mauvaise humeurs, mais c'est vraiment pas la peine de continuer sur cette voie. Finalement, je me retournais d'un coup vers Elia, qui était dos à moi et qui allait alors partir. « Elia ! » Elle se retourna. Mais pourquoi je l'appelle par son prénom moi ? On s'est jamais parlé ! Pourtant, elle ne sembla pas le prendre mal, je crois qu'elle se demandait seulement ce que je lui voulais. « Heu ... » J'inspirais, essayant d'être le plus naturel possible. « Ca te dit ... d'aller boire un verre ? ». Je savais que je n'avais pas l'air à l'aide, je pense qu'elle l'avait vu. C'était un peu bizarre cette situation. Genre comme si je propose d'aller prendre un verre à tous les gens dont je fais tomber les cours. Je mis mes mains dans mes poches, la fixant pendant qu'elle s'approchait de moi. Enfin, elle ne s'approchait pas n'importe comment : elle souriait.

Arrivée près de moi, même avec un sourire je pensais qu’elle allait me jetre. En beauté pour tout dire. Quand même, les Cabot sont quand même connues pour être assez prisées et souvent envoyant balader les mecs. Mais d’un côté, j’avais l’impression que ce n’était pas son cas. En fait cette fille lorsqu’on la voit, elle donne envie de rigoler, a toujours l’air super occupée et la tête remplie de trucs à faire. Moi je trouve ça trop mignon. « Je viens de sortir de 4 h de cours, alors avec plaisir ». M’attendant à un refus j’étais un peu surpris. Surpris mais content, j’avais envie de me changer les idées, terriblement. Je lui souris, un sourire un peu bête mais j’étais vraiment content. Je ne m’étais pas fait jeté, comme quoi, j’ai bien fait d’essayer ! « Moi aussi, les cours étaient vraiment très longs, franch’ment j’en peux vraiment plus aujourd’hui ! » Je lâchais un petit rire et nous commencions à marcher ensemble dans le hall, afin de sortir et nous retrouver enfin à l’extérieur. « Désolée mais comment tu connais mon prénom ? ». Je sentais le rouge me monter aux joues. Bon j’suis mat de peau donc ça se voit pas vraiment, mais là elle venait de me poser une sacrée question : j’suis grillé ! Je passais ma main dans mes cheveux – ma mère me disait que je faisais toujours ça lorsque j’étais gêné ! « Ah bah tu sais … tout le monde se connait sur le campus … enfin je crois … il me semble que j’ai entendu quelqu’un t’appeler et voilà … ». Waw. Si elle capte tout j’ai le droit à une médaille d’or. Pour seule réponse, elle me sourit, je sais pas trop comment interpréter ça mais au moment, elle n’a pas pris les jambes à son cou, c’est déjà ça. « J’imagine que tu connais pas mon nom, ça m’étonnerait pas ! » dis-je en rigolant « Je m’appelle Deon ! »

Finalement, entamer la conversation n’avait pas été si difficile que j’avais pu le penser, et surtout elle n’avait pas fui à mon invitation comme si j’étais un fou. Comme quoi … Je me fais beaucoup trop d’idées, avant de tenter les choses. « Tu fais des études de quoi ? » Et en plus elle me pose des questions, cool. J’esquissais un sourire, en fixant le sol, puis je relevais la tête, afin de croiser son regard. Certes, elle avait de très beaux yeux, mais ce que je trouvais encore plus charmant, c’était les fossettes au creux de ses lèvres et le long de sa joue ; je trouve que ça embellit vraiment les femmes. Je souriais de plus belle. « Sociologie ». Presque sans avoir fait attention à la réponse, elle me complimenta sur mon prénom. « J’aime beaucoup, c’est original & peu commun, ça me plait bien. Mais pourquoi ça ne t’étonnes pas que je ne connais pas ton prénom ? ». Arf, démasqué ? j’avais peut-être été trop rapide, on verrait bien. « On a jamais parlé avant et je sais que tu fais partie des Cabot et je reste rarement avec les filles de ta maison ». je me rendis compte que ma réponse pouvait être mal interprétée et rajoutais « Pas qu’elles ne soient pas sympas ! C’est juste que je n’ai jamais eu l’occasion de faire connaissance avec l’une d’entre vous ! ». Au fur et à mesure de la conversation, nous avancions vers la cafétéria du campus ; j’en profite pour sortir une cigarette de ma poche et la mettre entre mes lèvres lorsqu’Elia me demanda où je préférais aller. Ca mettait tellement de bonne humeur de voir une fille sans cesse le sourire aux lèvres, rien que de la regarder alors qu’elle essayait d’énumérer tous les endroits où on pouvait aller me donner envie de rire et ses fossettes me rendaient complètement fous, j’avais tellement envie de les embrasser ! Mesdames, vos fossettes me tueront. « On va où tu veux, ma belle ». J’allumais la cigarette, tirais une bouffée et la recrachais aussitôt. « Hmmm … Pourquoi on irait pas au Luna Cafe ? »

De là où on se trouvait, on avait une grande vue sur tout le campus et évidemment, le campus avait aussi une grande vue sur nous, et j’imagine certainement que les gens qui me connaissent et me voient en compagnie d’Elia doivent se demander ce que je fous. Sérieusement, je me le demande moi-même, mais dès que j’y pense, j’ai l’impression que la réponse me brule les lèvres : je vis ma vie ? Elle leva les yeux et me sourit. J’en avais tellement besoin des sourires sincères comme ça ! « C’est une bonne idée, on peut y aller avec ta voiture ? Je suis venue à pieds ce matin » . Je lui rendis un sourire à mon tour et lui montrais ma voiture du doigt « Elle est là-bas ! ». On marchait alors en direction du parking, et on ne parlait pas tellement. J’étais un peu gêné mais ça ne paraissait pas être le cas d’Elia. Cette fille est incroyable, j’ai vraiment l’impression qu’elle ne se prend pas la tête et ça me fait du bien, avec toutes ces histoires, j’ai vraiment besoin de ça ! J’étais complètement hypnotisé par ses joues, ses fossettes, ça me faisait complètement craquer ; j’avais toujours adoré ça et je pense que c’est ce qui manque cruellement à Marloes ! Et voilà. Je sais pas ce qu’elle vient tout le temps foutre dans ma tête. J’aimerai l’oublier, juste une journée, et respirer. Une fois arrivés à la voiture, je vais vers la portière passager et lui ouvre avec un grand sourire, en rigolant « Madame ». Elle me répond par un sourire amusé et son petit rire habituel, qui lui va si bien. Je vais ensuite jusqu’à la place conducteur, m’installe et pose mes affaires sur la banquette arrière. Bon, c’est bon, je suis dans ma caisse, avec une autre fille que ma copine. Et en fait non. Je lâche un petit rire, qu’elle ne comprend certainement pas. Non, j’ai pas de copine. Elle baisse la tête, cherchant mon regard, essayant de comprendre pourquoi je rigole. Je reprends ma cigarette entre mes doigts et lui sourit. « J’ai décidé de plus me prendre la tête ».