Eventine éclata de rire : un gâchis ? Peut-être. En même temps, le beau brun était bien trop accro à la gente féminine pour chercher ailleurs, c’est de notoriété publique. Mais il attendait cependant la fameuse question redoutée par tous les célibataires endurcies : comment vont les amours ? Certes, Anastasia ne le pointa pas exactement de cette manière mais c’était presque tout comme. « Plein ?! Hey je suis un gars occupé moi ! Plein n’est pas le terme que j’emploierais, à vrai dire. Il y en a eu quelques unes, quand j’avais le temps déjà. Tu te souviens que je suis violoniste à l’internationale et donc toujours en voyage ? » ironisa-t-il non sans hausser les épaules car il avait de temps à autre une présence et c’était bien suffisant pour l’heure. Le beau brun n’était pas du genre à rechercher la perle rare… elle arrivait quand elle devrait arriver et si elle devait arriver. « Et toi alors, depuis ton arrivée ? Je suis sûr que tu les as tous fait tomber comme des mouches ! » En même temps, le contraire serait étonnant : plus désirable que cette blondinette, ça n’existait pas, ou alors il avait clairement besoin de lunettes. « Je dis OUI OUI OUI pour le café, ça tombe bien je meurs de soif… cafet’ ou en ville ? Ceci dit ma biche, laisse le passé où il est, maintenant on s’est retrouvés et on va redevenir Minus & Cortex en mode : on va conquérir le mooooonde ! » sonna-t-il en plaquant théâtralement sa main contre son cœur. Merde, pour un peu, il avait presque loupé sa vocation en ne décidant pas de devenir acteur.
Il y en avait tout de même eu quelques unes, et malgré moi, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une pointe de jalousie. Ces filles avec qui il était sorti avaient pu profiter de lui, pendant que j'étais séquestrée comme une moins que rien sans même pouvoir lui parler. J'étais exaspérée, d'avoir perdu tout ce temps loin de cet homme, et je comptais bien le rattraper. « Bien entendu que je le sais. Mais étant prince, violoniste de renommé mondiale et bel homme, c'est toi qui doit en avoir des tonnes à tes pieds ! » Je m'exclame en le montrant du doigt, amusée. Même si j'ai eu pas mal de conquêtes depuis mon arrivée à Harvard, je suis certaine qu'il a plus de succès que moi. Je lui tire la langue, comme si j'étais gênée par cette question, restant évasive - je n'ai jamais aimé parlé de ça, même avec Eventine. « J'ai rien eu de sérieux, j'y arrive pas depuis.. mon mariage. » Je déglutis au dernier mot, consciente que j'ai perdu totale confiance en moi à cause de lui. J'arrive toujours à voir des hommes, ou des femmes, mais c'est différent : je n'étais tombée amoureuse d'aucun. Heureuse qu'il accepte de sortir d'ici, je souris et passe mon bras sous le sien, comme avant. Il était so cute quand il faisait mine de jouer une pièce. « En ville, j'en ai déjà marre de l'université aujourd'hui ! » Quand il me confirma que nous resterons unis quoi qu'il arrive, je sers plus fort son bras tandis que nous marchons et lui lance un regard émerveillé. « Ah tu sais que je pourrais plus jamais me passer de toi maintenant ? »
Eventine esquissa un petit sourire amusé : c’est fou comme on lui collait cette image de Don Juan alors qu’il se moquait, la plupart du temps, des regards emplis de sous-entendus lancés par la gente féminine dont il croisait la route. « Et qui te dis que je m’y intéresse ? » reprit-il d’un ton cabotin sans pour autant voir la plus petite marque de jalousie chez Anastasia : après tout, elle avait été mariée, elle le battait donc à plat de couture dans le genre, difficile de faire mieux comme engagement, ou à défaut plus total. « En même temps n’importe qui serait disons réticent à ta place. Moi le premier, enfin je crois mais après je n’ai jamais été marié, t’en sais plus que moi sur le sujet. Mais laisse-toi le temps de rencontrer du monde, et si possible les bonnes personnes… puis oublie pas, tu as un ange gardien royal, ça pète ça non ? » Eventine lui fit un clin d’œil encourageant, pour bien lui faire comprendre qu’il ne risquait pas de la lâcher de sitôt, quitte à lui coller aux basques pour qu’elle se sente plus à l’aise. « C’est parti ma biche, la Luna Caffe, ça te tente ? J’y ai pris mes petites habitudes et ils ont une carte plutôt pas mal en dehors même des cafés. Quant au fait de te passer de moi… ne le fais pas, ça m’emmerderait d’avoir à te chercher jusqu’au bout du monde. » Tout en serrant ses épaules, le beau brun embrassa tendrement sa tempe alors qu’il la conduisait en dehors de l’université : ils l’avaient bien mérité, ce café en dehors de l’université !
Alors comme ça, Monsieur ne s'intéressait pas aux nombreuses courtisanes qui bavaient à ses pieds ? Tant mieux à vrai dire, je détestais partager qui que ce soit, et surtout mon meilleur ami que je n'avais pas vu depuis des années. Si j'avais pu, je l'aurai enfermé chez moi pendant des jours pour profiter de lui à chaque instant, mais je n'étais pas folle à ce point. « J'sais pas une intuition ! T'es tellement TOUT en fait, que tu dois avoir plein d'occasions.. » lui dis-je malicieuse, les yeux écarquillés de joie. Même si parler de mes récentes relations, plutôt courtes certes, je gardais mon sourire. Eventine mettait tout en ordre pour ne pas me faire penser à l'horreur que j'avais vécu toutes ces années. « Je trouverai bien ma perle rare un de ces quatre. » Je lui fais un petit clin d'oeil et ne lâche pas son bras, pendant que nous nous dirigeons vers la sortie. Il fait plutôt doux dehors et je ne claque pas des dents - il fait beaucoup moins chaud qu'en Grèce mais bien moins froid qu'en Norvège, j'ai l'habitude. « La Luna Coffee alors, je te fais confiance ! » Je m'exclame en souriant, marchant aux côtés d'Ev.. Je n'aurai jamais cru le revoir, mais c'était bien réel, il était là avec moi. Je ronronne silencieusement quand il dépose un baiser sur mon front, confirmant la réalité de l'instant. « Je ne pars plus, promis. Sauf si tu pars avec moi. » Il fallait juste lui faire comprendre qu'ici, seul lui comptait réellement.
« Tellement tout, carrément ? Je ne suis pas un petit quelque chose en particulier ? Je vais finir par croire que je suis quelconque, c’est quand même la loose suprême ! » s’exclama-t-il, faussement indigné par le discours d’Anastasia. Elle s’était sûrement mal exprimée ou, au contraire, cela sonnait agréablement comme un compliment dans son esprit. « En même temps ce n’est pas comme si tu étais pressée… t’as pas encore quatre-vingt dix ans ! Moi non plus, du coup je ne me presse pas et je teste de temps en temps, sait-on jamais » avoua-t-il car Eventine avait beau être quelqu’un de « raisonnable » en la matière, il n’en restait pas moins un jeune homme détestant la solitude par-dessus tout. Il lui arrivait donc de combler certaines de ses nuits dans les bras délicats d’une femme, sans pour autant passer pour le premier goujat venu… il avait une réputation de prince à tenir après tout ! « Tu me rassures… mais ne me propose pas trop de partir, je serais tentée de te suivre au bout du monde ! » fit-il tandis qu’ils se rapprochaient doucement mais sûrement du Luna Caffe, là où le beau brun souhaitait emmener Ana pour leur premier café de « réconciliation » dirons-nous et dieu sait combien ils avaient du temps à rattraper à vrai dire.