(+ Mei) family, family

« Lui faire un planning ? Très bonne idée en théorie mais tu oublies à quel point Maman est capable de le suivre pour mieux interrompre une activité quelconque et venir nous rejoindre… si elle vient à Cambridge, ce n’est hélas pas pour visiter les musées, à moins que les visite avec elle ! » Anna soupira non sans se frotter légèrement le front de désespoir. La situation était un peu insoluble et la jolie russe se voyait déjà devoir moucher le nez de sa propre mère tant celle-ci décidait parfois de ne plus le faire seule. « Effectivement je n’y avais pas pensé… mais elles n’avaient pas été brouillées pendant un temps ? Il me semble… »

« Ah oui ? Et bien elle n’aura pas vraiment le choix ! Il n’est pas question que je me laisse marcher sur les pieds. » Je tenais vraiment à ce que tout se passe bien, mais pour l’instant, je me demandais bien si cela était possible une nouvelle fois. « Arf…On va devoir trouver un autre truc alors. Des musées ? Des trucs à faire ? A l’hosto si tu veux, on a besoin de femmes pour les bébés qui sont abandonnés. Elle pourrait donc les bercer, cela fera une petite activité et je l’aurais sous la main au cas où…»

« Tu as bien raison ! De toute façon tu connais Maman : plus on courbe l’échine plus elle en demande, plus on se révolte et plus elle nous respecte. » Sans doute était-ce son éducation chinoise qui avait rendu son tempérament comme cela mais il allait sans dire qu’Anna n’avait pas plus l’intention de se laisser marcher sur les pieds : elle avait déjà bien assez de boulot comme cela pour en prime supporter les caprices de bébé de sa génitrice. « En pédiatrie tu aurais des choses à lui faire faire ? Tu la connais, elle est raide dingue des enfants… de mon côté j’ai quelques patients enfants qui auraient bien besoin d’un peu de joie donc on peut piocher là dedans. Par ailleurs, en parlant d’enfant… possible que je sois enceinte. Mais je crains de faire un déni, à vrai dire. Enfin de l’avoir fait. »

« Et bien, on va faire en sorte qu’elle nous respecte. On va lui concocter un petit planning sympa. » Je lui répondais : « Je viens de te dire que les enfants nés sous X et qui restent un peu à l’hôpital ont besoin de « mères » pour leurs donner de l’amour. » Tout en lui disant cela, je sortais mon cours et je lui montrais de quoi il s’agissait. Puis, je lui disais : « Maman pourrait alors jouer un peu avec eux. Elle aime bien raconter des contes. J’ai quelques livres ici. Il suffirait de lui demander si elle accepte de leurs raconter tout cela. » Puis me tournant vers ma sœur, je lui demandais : « J’ai bien entendu ce que j’ai entendu…. ? Je vais être TATA ?! » Puis l’écoutant me dire qu’elle faisait un déni, je la questionnais : « As-tu essayé de te dire que c’est la vie que tu portes ? Si tu veux en parler, j’ai une amie psy qui pourrait t’aider. »

« Oh mais tu sais bien que le respect n’a jamais été le problème ! Elle est juste dans la lune à penser surtout à son petit confort, je prends plutôt cela pour de l’égoïsme, j’avoue. Mais j’ai bien écouté ce que tu as dis, je demandais de façon plus générale si tu avais uniquement cela à lui faire faire, bien que ce soit déjà parfait, ou autre chose, histoire qu’elle ne vienne pas te casser les bonbons au bout d’une minute… » soupira-t-elle avant d’ébouriffer la longue chevelure d’ébène de sa petite sœur comme à chaque fois qu’elle souhaitait la taquiner gentiment. « A vrai dire je pense que je suis plutôt en fin de déni, il faut que je fasse des examens approfondi car à mon avis je n’en suis pas qu’à un mois de grossesse mais à un stade plus avancé… j’ai pris de la poitrine, des hanches et j’ai énormément de sautes d’humeur. Ceci j’entends d’ici la maternelle me faire la leçon comme quoi je ne l’ai pas prévenue… j’en suis fatiguée par avance ! »

« Oui, il faudra bien s’y faire. De toute façon, elle est comme elle est. On ne va pas la refaire encore et encore….Bah, je dois juste en trouver d’autres des choses à faire. Mais pour le moment, je dois juste réfléchir. » Il fallait que l’on discute donc sur la suite à venir, et je voyais bien que ma sœur avait sans doute besoin de parler un peu. Je lui disais alors : «  On va voir cela ensemble. » La discussion était donc presque fini en fin de journée. On allait devoir se serrer les coudes de façon à pouvoir continuer notre petite organoisation.


FIN