(+ Mei) family, family

Comme à chaque fois que leur auguste mère faisait le déplacement jusqu’à Cambridge ou ailleurs lorsque les deux sœurs ne vivaient pas là, c’était la croix et la bannière pour s’organiser. Maman Ivanova prévenait toujours à la dernière minute comme pour les tester et bien qu’Anna soit la première à adorer sa génitrice au-delà des mots, avec son boulot et la petite, elle avait connu plus simple ! « Mei, Maman rapplique après demain et comme d’habitude elle n’a pas réservé de chambre d’hôtel… » fit-elle de façon claire, concise et précise une fois que sa jeune sœur eut ouvert la porte de sa chambre à la Cabot House. Anna s’était dépêchée de quitter l’hôpital après avoir enchaîné pas moins de trois gardes, soit soixante douze heures de boulot non stop sans dormir ou presque. « Dis-moi que tu n’as pas d’examens à prévoir et que je ne vais pas me la coltiner toute seule, je suis débordée de boulot en ce moment ! »

Les yeux pas ouverts, une tête de pas réveillée et voilà que j’avais été réveillé par la sonnerie spéciale que j’avais mise pour ma sœur. Ouvrant à ma sœur, elle me disait Mei tout le temps, il n’y avait qu’elle qui avait droit de le faire pour les autres s’étaient : Li Mei.  Prenant mon gilet, je refermais donc la porte et tout en la regardant je lui disais : « Tu ne sais pas dire : « Bonjour, as-tu bien dormi . » Non, je n’en ai pas, j’en ai un la semaine prochaine. Pourquoi tu me poses cette question ? » Etant donné que j’avais pris ma douche hier soir, je pouvais donc  juste aller m’habiller, elle me disait qu’elle était débordée de boulot et donc qu’il ne fallait pas compter sur elle. Soupirant doucement, je lui disais : « En gros cela va être ma corvée…. ? » Allant de l’autre côté de mon paravent, je commençais donc à me passer une tenue décente.

Anna émit une très légère grimace désapprobatrice. « Effectivement, toutes mes excuses… bonjour votre altesse, votre sommeil a-t-il été selon votre goût ? » singea-t-elle légèrement, décidément pas d’humeur à donner dans la politesse ou autre détail du genre. Que Mei ne lui en tienne par rigueur, elle aurait bien aimé faire une grasse matinée comme sa jeune sœur. « Désolée, trois gardes d’à filée je crois que ma politesse est à son degré zéro… mais depuis quand recevoir ta mère est une corvée, fille indigne ! Je n’ai jamais dit que j’allais te laisser te débrouiller toute seule, mais dans l’idéal, il faudrait se partager le travail. Ce n’est pas possible qu’elle squatte mon bureau à l’hôpital ou à Harvard toute la journée alors que j’opère ou que je suis sur le branle bas de combat, tu comprends ? »

« Oui très chère, j’ai bien dormi et vous ? » Finissant de m’habiller, je lui disais : « Bon, d’accord et bien, on peut se débrouiller pour lui trouver des trucs à faire. Il faut toujours qu’elle vienne lorsque j’ai des exams ou lorsqu’on est assez débordées, elle ne prévient, elle gonfle…. » Tout en la regardant, je buvais un peu d’eau, et tout en lui souriant, je la reposais sur ma table de chevet, et je disais : « J’ai des trucs à faire aussi….On fait comment, on ne peut pas trouver une baby sitter pour Mères ? Cela n’existe pas ce truc ? » Je sentais d’avance que cela serait une suite plus ou moins casse pied. Il ne faudrait pas non plus que mon petit secret de danse soit découvert par la suite. Je la regardais donc patiemment et tout en lui mettant mes mains sur ses épaules, je lui disais : « Allez, il y a moyen de trouver une solution. »

Anna esquissa une expression quasiment moqueuse mais elle n’était jamais sans savoir que le propre des deux sœurs était de se chamailler gentiment à chaque fois qu’elles se voyaient. Un peu comme un chien avec un chat mais ça ne les empêchait pas de s’adorer tout de même. « Je ne te le fais pas dire ! C’est vrai que nous avons des emplois du temps tellement adaptables… elle le sait pourtant, ce n’est pas faute de le lui avoir dit et répété. Il y aura forcément un jour où je vais le lui dire de façon désagréable mais la connaissant, elle se vexera ! » Anna esquissa cependant un petit sourire amusé, faible mais bien présent, à la réplique de Mei. « Si cela existait je serais capable de me ruiner là dedans… mais plus sérieusement quelles sont tes disponibilités à partir d’après demain ? »

Tout en prenant mon agenda, je lui disais : « Et bien, j’ai une garde en pédiatrie à partir de mardi jusqu’au jeudi matin. Ensuite, j’ai un exam le jeudi après-midi. Je suis donc dispo le lundi, vendredi et le week-end. » Adieu la danse…Il fallait bien que cela se passe correctement et donc, pour une fois, il était bien pour une fois que je n’y aille pas bien que j’avais juste envie de le faire. Je fermais donc mon agenda et le remettant dans mon sac, je trouvais donc qu’il était bien pour moi de demander à ma sœur : « Et toi ? Tu as quoi de libre ? » Bon d’accord, on commençait pas vraiment le truc dans le bon sens, mais bon, on doit aussi essayer de trouver des solutions. Je lui souriais et j’espérais bien que l’on puisse trouver un terrain d’entente.

Anna écouta avec la plus grande attention la description de l’agenda de sa sœur non sans soupirer au passage, pas parce que Mei ne lui donnait pas la réponse escomptée mais plutôt parce qu’en ce moment, elle n’allait guère pouvoir l’aider au-delà de l’entendement. « En théorie je n’ai rien de libre ! C’est une semaine énorme pour moi, j’enchaîne les gardes puisque plusieurs de mes collègues sont absents, sans oublier les urgences qui ne désemplissent pas… je n’ai pas un jour de congé. Mais tant pis, lorsque tu ne seras pas libre, Maman s’occupa de Moira dans mon bureau et elle restera sagement là bas, surtout quand je serai au bloc. Elle n’aura pas le choix de toute manière ! »

« Ah oui, je comprends…Et bien, on va essayer de trouver un terrain d’entente. On n’a pas vraiment le choix. Je peux si tu veux la faire visiter. » Il devait bien y avoir une personne à qui Maman aurait pu parler, je demandais à ma sœur. « Maman n’a pas une amie ici ? Je ne sais pas une personne qu’elle n’a pas vu depuis longtemps…On aurait pu faire en sorte qu’elles se croisent. » Donc, tout en essayant de savoir ce que je pouvais donc faire, je me demandais bien s’il était nécessaire pour moi de comprendre le truc, mais bon, je demandais : « Il n’y a pas une de ces cousines ici… ? Tu sais la peintre là… »  Allant vers mon album photo, je tentais de trouver la personne en question. Je la montrais à ma sœur, et je me demandais bien si elle allait donc réagir ou pas au truc.

« Oh ne t’en fais pas ma belle je sais très bien que je peux compter sur toi tout comme tu peux compter sur moi pour l’occuper quand tu ne seras pas disponible. L’idée n’est pas de t’épuiser non plus surtout si tu es en période de partiels ! » avoua-t-elle d’un ton légèrement radoucit, se félicitant d’être venue trouver sa sœur car Mei avait peut-être des défauts mais jamais celui d’abandonner sa famille, exactement comme Anna à vrai dire. « Tu connais Maman… on l’adore mais elle est souvent tellement soulante que les gens se trouvent tout de suite quelque chose à faire ! Mais à quelle cousine tu penses exactement ? Je t’avoue que j’ai un peu le cerveau fatigué après trois gardes consécutives ! »

« Ah, d’accord, mais on va trouver de quoi l’occuper. Elle peut aussi aller visiter un musée ou autre. Il suffit de lui faire un planning. » Prenant alors la photo, je lui disais : « Tante Ting Ting, elle a un magasin de musique en ville. Je crois que c’est elle, j’ai son numéro de téléphone derrière la photo. Elle me l’a donné au cas où. » Retournant la photo, je regardais donc un peu plus le numéro de téléphone. Il fallait juste que je sache si cela était possible ou pas, je demandais : « Seulement, je ne sais plus si elle s’entend toujours bien avec Maman… » Il s’agissait d’un vrai mystère et donc, je regardais Anna avec attention pour savoir ce qu’elle pensait de la chose.