Ada Miura - done

j'ai grandi dans une ville reculée du japon. "en ville" est de toute évidence abusé puisque je ne quittais pratiquement jamais le minuscule appartement familial. ma mère est célibataire depuis 5 ans. depuis qu'elle a eu ma dernière petite sœur, en fait. c'est une femme étonnante ! elle n'a jamais été fichue de vivre seule : alors, à cause de ça, elle s'est retrouvée à la tête d'un petit groupe de 4 mômes, chacun d'un père différent. c'était la honte, ça, au pays. ce pourquoi elle nous gardait enfermés à la maison toute la journée. mon frère aîné et moi-même devions nous occuper de préparer le repas, des cadets et des tâches ménagères. beaucoup de restrictions et de lois pour des enfants. j'ai toujours désiré aller à l'école mais c'est à peine si j'avais l'autorisation d'aller sur le balcon pour arroser les fleurs. (...) mais je m'étais habituée à ce rythme de vie ; et puis, ma génitrice rentrait le soir alors tout allait bien. malgré son immaturité, elle n'en restait pas moins une personne adorable, câline, attentionnée et aimante. j'avais toujours vu en elle un modèle, je voulais qu'elle soit fière de moi. fière de l'adolescente forte que j'étais. seulement je n'ai jamais eu l'occasion de lui montrer ce que j'étais devenue ; de un, parce qu'elle nous a lâchement abandonnés au mois de décembre, allant vivre son histoire d'amour avec un nouvel homme, je ne sais où. et, de deux, parce qu'on a finalement déménagé avec mes frères. disons qu'au bout de 6 mois sans elle, 6 long mois durant lesquels tout notre maigre argent de poche s'était épuisé, 6 horribles mois de "vite, on va se laver au parc, on a plus l'eau à la maison. et ne mange pas tout le riz, il nous reste que ça pour les deux prochaines semaines" on avait notre compte de malheurs. mais ce ne fut pas ce qui nous poussa le plus, koishi, oguri et moi-même, à partir. notre soeur cadette, yuki, mourut environ 4 mois après le départ de notre mère. Voulant racommoder nos rideaux, elle s'était mise debout sur une chaise. mauvaise chute, paralysée, hémorragie et mort dans la nuit. elle avait 6 ans. je ne pardonnerai jamais ma génitrice de nous avoir laissés là, tous les 4. ses "amours", ses "enfants", alors qu'elle nous envoyait même pas de quoi vivre. était-ce de notre faute si tous ses couples s'étaient brisés ? cette longue et pénible histoire est encore un sujet extrêmement tabou pour moi. (...) après notre départ, donc, koishi et moi avons commencé à travailler. oguri, lui, resta à la maison jusqu'à ce qu'on ait suffisamment d'argent pour vivre et, par la suite, pour l'envoyer à l'école. heureusement pour moi, j'ai toujours réussi à travailler avec de simples bouquins, ce qui fait que je n'ai jamais réellement eu de retard une fois rentrée en établissement scolaire. j'étais intelligente, voire carrément surdouée ; ce pourquoi j'obtins une bourse. Prenant mes aises comme tout le programme me semblait facile, je laissais tomber mon petit boulot pour me lancer dans le chant et la danse. chance pour moi, mon "groupe" marcha et me ramena pas mal d'argent. aujourd'hui, me voilà avec ma place en or à harvard, avec ma famille en responsabilité permanente sur le dos, que demander de plus ? ah, et oui, comme l'école, et pas que, coûte évidemment très cher, c'est mon manager qui a accepté de me la payer en échange d'un oui obligatoire pour le retour dans le groupe à la fin des études. quel personnage généreux !