(+ Julia) Une robe et une brioche pour demander pardon

Une brioche dans le bec, je regardais mon œuvre avec la plus grande fierté. La robe était une pure merveille et il fallait être aveugle pour ne pas le reconnaître. Oui je me lançais des fleurs mais il fallait bien qu’une personne le fasse et nous n’étions jamais mieux servis que par soi-même. Pour l’heure, je mordillais de bon cœur dans une brioche faite maison et de mes propres mimines, me régalant pour ainsi dire. Je savais que si une personne s’approchait de mon cerveau pour en décrypter mes pensées, je passerai sûrement pour une prétentieuse mais j’étais fière de moi et je pouvais bien danser la lambada dans ma tête sans que cela ne gêne personne hein ?! « Ahhh je me suis mise des petites de chocolat partout !! » hurlais-je en sautillant sur place la mine dépitée car j’avais beau rêvé de grandeur pour mon avenir, je n’en restais pas moins une maladroite ambitieuse. Je reposais donc ma brioche pour foncer me changer et surtout me laver les mains car inutile de dire qu’offrir une robe pleine de tâche n’était pas la meilleure des façons pour se faire pardonner n’est-ce pas ?! J’avais l’impression de demander pardon de plus en plus souvent ces derniers temps mais qu’importe, je sautais sur l’occasion pour vanter mes créations alors je n’allais pas me plaindre non plus.

Une heure plus tard, après avoir réussi par miracle à retrouver le nom ainsi que la confrérie de ma pauvre victime qui remontait déjà à une quinzaine de jours, je me présentais devant la porte de sa chambre. « Euh bonjour » bafouillais-je légèrement en me dandinant d’un pied à l’autre. « Je t’ai fait une robe sur mesure pour le bal du 31 ainsi que de la brioche aux petits de chocolats, j’espère que tu me pardonneras de ma maladresse de l’autre jour et même si tu t’en rappelles pas, et bien souviens toi, je suis celle qui t’a collé ta plus grosse honte en plein milieu de la cafeteria même si techniquement la honte était partagée enfin bref, c’est pour toi » me lançais-je dans une diatribe de mon cru comme toujours quand j’étais stressée.

Le stress m’habitait tandis que je remontais l’allée menant à la Quincy House. J’espérais sincèrement que Julia Delcroix serait présente dans son dortoir sinon j’étais bonne pour refaire une brioche. Oh ce n’était pas tant que cela me gênait mais quand même, je ne pouvais hélas pas passer mon temps à faire des allers retours chez ma grand-mère pour occuper sa cuisine car malheureusement pour moi, en dehors du club de cuisine, c’était le seul endroit où je pouvais trouver tous les ustensiles pour cuisiner sereinement. Enfin, je ne craignais pas qu’elle n’apprécie pas mes cadeaux mais plutôt qu’elle refuse de me parler. Il faut dire qu’à cause de moi, elle avait reçu tout un mug de chocolat sur sa robe et cela en pleine cafétéria. Dès fois, ma maladresse me perdrait mais d’après Alexei, cela faisait partie de mon charme. J’étais un peu sceptique pour le coup. Je poussais donc un profond soupire devant la porte de sa chambre avant de prendre mon courage à deux mains et toquer. Heureusement pour moi, Julia était là. « Euh oui d’accord… » bafouillais-je avant de rentrer dans sa chambre, l’observant sous tous les angles. « Euh pour me rassurer, tu ne vas pas me séquestrer et me taper hein ? » plaisantais-je timidement même si j’avais eu vent de quelques tensions entre certaines confréries mais la Dunster passait relativement bien partout alors, je ne risquais d’être un dommage collatéral dans une guéguerre n’est-ce pas. ?! « J’espère que tu aimes les brioches à la pépite de chocolat. J’aime beaucoup le chocolat toi aussi non ? Je dis ça parce que sinon tu n’aurais pas eu un mug de chocolat entre les mains et je crois que je vais me taire car je parle trop » grimaçais-je un vague sourire d’excuses en restant debout sans savoir quoi faire.

J’entrais dans cette chambre, regardant un peu autour de moi pour me faire une idée de la personnalité de l’occupante. Il faut dire que je ne la connaissais pas énormément mais j’étais partante pour apprendre à la connaitre justement. J’aimais bien faire de nouvelles connaissances malgré ma timidité maladive. Malheureusement, notre premier contact avait été un peu brutal par ma faute mais Julia m’informa que tout était déjà oublié. Je poussais un soupir de soulagement car mine de rien, ça me réconfortait et me rassurait. « Je suis soulagée tu ne peux pas savoir. Je suis une véritable catastrophe ambulante mais d’habitude cela ne me dérange pas car je suis la seule à en pâtir mais là, tu t’es retrouvée avec ta jolie robe tâchée en pleine cafétéria et je m’en voulais énormément. Et puis je te comprends, le chocolat c’est la vie. Personnellement je suis fan de la cannelle. Si je me retenais pas, j’en mettrais partout même quand il en faut pas » lui dis-je avec un adorable sourire avant de poser la brioche sur son bureau. J’en ôtais le film plastique pour lui tendre une part. « Tiens goûte, je suis la meilleure pour les brioches… en fait j’adore cuisiner mais c’est la mode où je me révèle être la plus douée sans me jeter des fleurs hein » rougissais-je comme à chaque fois que je me vantais. Je connaissais mon talent, je n’allais pas le nier, je crois que ce serait le comble de l’hypocrisie.

Julia n’imaginait pas à quel point j’étais maladroite sinon elle ne tiendrait pas le même discours. Elle ne savait sûrement pas ce que ça faisait d’attirer les ennuis comme si vous étiez maudite depuis votre naissance. Simple, dès qu’il devait avoir une catastrophe, elle était pour moi. J’étais même certaine que ma survie relevait du miracle mais je m’en fichais un peu. J’avais fini par prendre la chose avec fatalité car que pouvais-je faire d’autre en soi ? Rien. C’était bien le problème. Alors, ce n’était pas grave, je continuais à me prendre des portes, des murs, à me coincer les doigts, à tomber, rater des marches etc. Je crois même que j’allais demander à sponsoriser par une marque de pansement ou d’eau oxygénée pour que mon budget soin redescende à un seuil raisonnable. « Je ne sais pas si on peut comparer mais si tu es vraiment une catastrophe ambulante alors je te plains sincèrement dès fois, j’aimerai être une autre personne que moi rien que pour passer une journée normale. » commençais-je à lui répondre tout en la regardant se resservir avec plaisir. J’étais contente qu’elle aime ma brioche. « Est-ce que cela signifie que j’ai encore réussi à convertir une autre personne à ma cuisine ?! Je compte monter un fan club, tu veux ta carte d’adhérente ? » lui demandais-je avec amusement.

« Oh je vois parfaitement… Dans le même registre, j’ai avoué à mon employeur que j’étais follement amoureuse de lui depuis des années autant te dire, que je me suis pris gentiment un râteau enfin je crois… Il ne m’a pas retourné mes sentiments, c’est certain mais en même temps, je suis un peu qu’une domestique pour lui alors bon ! » haussais-je les épaules non blessée par ce rejet. Toutefois, j’ignorais une chose fondamentale : nous parlions du même homme. Si je l’apprenais sûrement ne pourrais-je m’empêcher de la jalouser ou même de faire un complexe. Julia était belle, elle savait ce qu’elle voulait dans la vie alors que moi, je n’étais qu’une souris facilement déstabilisée. Oui, si j’apprenais qu’Eventine et elle avaient flirté dans le passé, il était inutile de dire que mes chances frôlaient les -100 de parvenir à toucher son cœur. De tout de manière, grand-mère ne l’accepterait jamais, nous n’étions pas du même monde, je n’étais que sa cuisinière, sa femme de chambre le week-end… Et puis, ne voulait-elle pas me faire épouser ce Gaston ?! « Oh je sais faire tous les desserts que tu veux, je cuisine depuis que je suis en âge de tenir un couteau… Je possède même mon propre recueil de cuisine. En dehors de la mode, c’est ma principale passion. En fait, je ne sais pas si j’ouvrirais mon propre restaurant ou créerai ma propre marque de vêtements. Sûrement ferais-je les deux, pourquoi me limiter ?! » haussais-je les épaules signe évident de mon ambition qui ne connaissait aucune limite si ce n’est ma timidité et ma soumission envers ma parente.