"One Bourbon, One Beer, One Scotch" |Jude&Julian|

Au final, Julian vit Jude se lever pour le rejoindre et se servir une assiette avant de retourner s'asseoir au bord de son lit, Junkee sur les talons. L'Eliot rappela son chien à l'ordre avec un léger claquement de langue. Le berger savait pertinemment qu'il n'avait pas à réclamer le moindre bout de nourriture à d'autres personnes que Billie et lui, mais morfale comme il était, cette règle semblait un peu trop souvent oubliée. La grosse boule de poils s'assit sagement, restant quand même à côté du Mather et regardant son maître d'un air malin.
Avec soulagement, le jeune homme vit le Mather avaler une première bouchée du repas de fortune qu'il lui avait préparé avant de lui tourner le dos pour se servir à son tour.
« J’crois qu’il faut que je fasse le deuil de ma mère et de mon fils, pour réussir à arrêter tout ça… », asséna Montgomery soudainement. Julian se coupa en plein élan, gardant le bras en l'air. Deuil? Mère et fils? Qu'est-ce-que c'était que ça encore? Sa réaction devait être amplement explicite vu que la voix de Jude s'éleva de nouveau, éclairant un peu ce qui était censé être son pire ennemi.
« -Je consommais déjà de la drogue avant, mais leur mort m’a… disons que ça a juste tout empiré et que j’suis devenu dépendant à ce moment-là…
- L'absence de quelqu'un devient beaucoup plus forte alors qu'elle est déjà insupportable même après plusieurs années... j'ai vraiment douillé pour mettre un terme à tout comme..., Julian inspira un bon coup et se fit face à Jude, comme j'ai perdu mes parents.»

Même en étant orphelin depuis ses 12 ans, Andrews avait toujours eu du mal à dire définitivement au revoir à son père et sa mère. Bien souvent, c'était à cause de leur mort qu'il faisait des bad trip quand il prenait une dose trop forte. C'était aussi à cause d'eux qu'il avait tenu tête aussi longtemps à Billie avant d'aller en cure lui aussi. C'est pourquoi il n'en avait jamais vraiment parlé. Sa meilleure amie le savait, certains bruits dans la rue courraient mais c'était tout. Un peu, comme si le fait de le dire lui-même et à haute voix les faisait disparaître encore plus.
« Au fait, merci pour les pâtes », ajouta Jude, allégeant l'ambiance qui venait de se plomber. Julian lui sourit et prit son assiette avant de retourner se poser sur sa chaise et d'avaler une première bouchée.
« De rien, j'ai seulement paré au plus pressé vu ton état. Tu sais... tu es tout à fait capable de t'en sortir, tu as toutes les chances de ton côté, Jude.»
Il ne savait pas vraiment pourquoi il faisait ça: aider un Mather, qui avait un paquet d'emmerdes collées aux basques, alors qu'il y avait toutes ces histoires à deux francs six sous entre les Eliots et les Mathers. Mais il avait le sentiment de racheter sa conduite en l'aidant à s'en sortir, après tout, il savait dans quoi il s'engageait et Jude avait besoin d'être guidé.