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Cinquième bière. Ce n’était vraiment pas raisonnable et je me demandais ce qu’il me passait par la tête dans ce bar près d’Harvard. Bien sûr, j’aurais pu faire comme tout le monde et arriver à l’heure, dire bonjour à tout le monde et me mêler à la populasse d’étudiants. Sauf que je ne savais pas pourquoi, mais je n’en avais pas envie. Ce n’était pas une déprime ou une certaine forme d’asociabilité qui venait d’apparaître, non. Simplement que je voulais être seule avec ma fiche liste de « bonnes » résolutions. En tête de liste ? « Arrêter d’être amoureuse d’Austin » J’avais écris ça avec un tel naturel que je m’en étais étonnée moi-même. Comme si c’était aussi simple que de l’écrire sur un bout de papier. Ce serait génial dans ce cas-là, mais je n’y croyais pas plus que cela. Vraiment pas d’ailleurs. Cependant, j’aimerais juste réussi à tourner la page pour de bon et arrêter de courir derrière un mec qui ne me donnera jamais ce que je voudrais en retour. Autant arrêter de se voiler la face pour cette nouvelle année. En faisant un bilan de mon année 2013, je me rendais compte que la seule chose qui me rendait heureuse était que mon ancien meilleur ami avait fait réapparition dans ma vie. Certes, ça n’avait pas été sans conséquence entre les t-shirts tâchés, les disputes, les froids, mais aussi les sourires, les fous rires et cette fameuse nuit où nous avions couché ensemble. Ok, on était bien fait, mais ça restait finalement un très bon souvenir. Me sentir aimer par celui dont je suis amoureuse depuis tant d’années m’avait fait bien et même si ce bonheur avait été éphémère, je recommencerais sans hésiter si l’on me proposait de changer cet évènement. Regardant le papier devant mes yeux, je levais les yeux au ciel. Comme si j’allais tenir la moitié de ce qu’il y avait écrit. Froissant ma liste, je la fourrais dans la poche de mon jeans. En effet, pas de robes ce soir. Trop froid, trop de flemme, trop pas envie. Un sous pull noir « hipsta please », un jeans foncé et une paire de basket plate, j’avais juste envie de ne pas tomber malade et de profiter convenablement de ma soirée. Même si ce mot était assez paradoxal.
Terminant mon verre, je le reposais sur le comptoir, réglant toute ma consommation d’un trait avant de partir de là. Me baladant dans les rues proches d’Harvard, je regardais vaguement l’heure et je me disais que c’était peut-être le bon moment pour y aller, même si le cœur n’y était qu’à moitié. Après un super Noël avec Austin, je savais qu’il serait à cette fête et sincèrement, je ne savais pas trop si le voir bourré, défoncé et/ou avec d’autres filles me plairaient forcément. En vérité, ça ne me plairait pas du tout. Enfin, s’il était torché ou avait des hallucinations passaient encore. Mais le voir entouré de filles, non, vraiment pas. Pourtant, je n’avais pas à être jalouse. C’est mon ancien meilleur ami et il fait ce qu’il veut. Comme toujours, en fait. Parfois, je me demandais si nous étions ensemble, s’il continuerait à boire, fumer, se droguer et draguer. Mes souvenirs de notre couple d’avant ne m’aidaient pas à savoir s’il avait changé et je savais de toute façon la réponse à cette question. Non, il ne changerait pas. Tant mieux, peut-être, il resterait celui que je ne connais. Ce serait juste à moi de lui faire confiance pour qu’il n’aille pas ailleurs. Enfin, tout ça n’avait pas d’importance. Il n’était pas amoureux de moi, donc la question ne se posait évidemment pas. Autant que je laisse ce genre de rêves en 2013 pour avancer en 2014. A quelques mètres de l’entrée de la fête, je voyais des gens dehors et je décidais de rester en retrait, vérifiant bien qu’Austin n’était pas dans les parages pour sortir un paquet de cigarettes. Quoi ? Ce n’est que du tabac, rien de grave. De toute façon, il ne serait pas en état de me faire la moindre remarque et je souriais d’avance en sachant très bien que ce sera lui qui me fera consommer alcool ou le reste ce soir. Il ne voudrait pas si je prends de l’avance.
Allumant ma cigarette, je la portais à mes lèvres pour tirer dessus. Depuis que je l’avais vu et sentit fumer dans mon appartement à Noël, je n’avais pas pu résister à acheter un paquet pour en faire de même. Loin de tout le monde l’idée que je me laisse influencer par lui ! Je ne serais pas entrain de fumer si c’était le cas, mais à trop me tenter, voilà ! Consumant rapidement ma cigarette, le mégot atterrit rapidement sur la route et je m’avançais vers l’entrée, sans prendre la peine de saluer qui que ce soit dehors. Si quelqu’un me connaissait, il viendrait déjà me voir. D’une humeur de chiotte ? Non, c’était juste que j’avais une envie pressante d’aller aux toilettes – la bière, quelle connerie ! – et que je voulais juste me soulager sans aucun obstacle sur ma route. Heureusement pour moi, j’avais réussi à me frayer un chemin parmi le monde sur la piste de danse et je fus la fille la plus heureuse au monde en poussant la porte des toilettes. Une chance qu’il n’y est pas déjà la queue pour accéder à une cabine ! D’ailleurs, c’était assez étrange, il n’y avait qu’une cabine et des … « Oh merde » lâchais-je en écarquillant les yeux, me rendant compte 1) que je suis dans les toilettes des hommes et 2) qu’Austin était entrain de pisser juste devant moi. J’aurais du gardé la couleur blonde, vraiment. Ce n’est juste pas possible d’être aussi stupide, je crois. « Promis, j’ai pas regardé ! » me justifiais-je, dos à lui en levant les mains au ciel. Les deux seuls personnes dans les toilettes des hommes, je crois que mes bières me firent un peu divaguées dans des pensées très peu sages et j’avais préféré me diriger vers la porte pour sortir de là. La honte si quelqu’un venait à rentrer en même temps que moi. Je sentais déjà les piques d’Austin pointé le bout de leur nez. En même temps, gourde comme je suis..
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