Sven&Anna + just wanna know if you're okay

« Vous n’avez pas tort, mais il ne faut pas voir la coupe à moitié vide ou les choses d’un seul et même angle : il peut exister des raisons pour lesquelles les gens s’adonnent à la violence, qui sont condamnables certes mais qui pourraient nous pousser également nous même à agir de cette façon. Ceci dit vous avez également en raison en disant que tout le monde a le droit d’aimer et d’être aimé bien que malheureusement, ce droit ne soit pas accessible à tout le monde. Vous avez des proches près de vous, Eirik ? » demanda subitement Anna, sans chercher à se montrer intrusive mais plutôt pour se rassurer sur le fait qu’il ne ferait pas une nouvelle connerie dans peu de temps. Sans doute réagissait-elle actuellement davantage en jeune mère qu’en médecin mais qu’importe, elle n’avait pas sa blouse en ces lieux. « Je vous rassure cela m’a pris quelques semaines avant de m’y retrouver mais deux solutions s’offrent à nous : soit nous tentons l’aventure à l’extérieur de ces bâtiments pour trouver un café sympathique, ou bien j’ai une cafetière toute neuve dans mon bureau mais moins de possibilités de boissons, il va sans dire. Dans un cas comme dans l’autre, je serai en mesure de vous guider et de vous ramener à bon port, n’ayez aucune crainte. »

« Je vous rassure tout de suite : je n’ai jamais eu recourt à la violence et pour être certaine de faire taire toute colère potentielle en moi, j’ai privilégié les sports de combat afin de me défouler. Je n’ai jamais fait aucun mal intentionnellement, de cette façon… mais on relativise un peu les choses lorsque l’on a des vies entre ses mains, vous savez : il est facile de dire « l’erreur est humaine » pour tous les autres, mais pour un médecin ce n’est pas un discours qui peut s’entendre. » La phrase suivante que prononça Eirik lui fit tellement plaisir qu’elle se risqua à avoir un sourire bien plus franc, laissant apparaître sa dentition parfaite et blanche tandis qu’elle hochait positivement la tête afin d’appuyer les propos du jeune homme. Inutile de coucher là-dessus, loin d’elle l’envie de le mettre mal à l’aise, bien qu’elle espérait très certainement qu’il remonterait définitivement la pente et n’aurait plus jamais besoin d’être pris en charge par son service ou un autre au sein de l’hôpital d’ailleurs. « Vous pensez à tout dites-moi ! Mais s’il n’y avait pas de malade, vous savez, les médecins n’auraient aucun travail… » nota-t-elle avec une pointe d’humour non sans le conduire jusqu’à son bureau, qui se trouvait à quelques couloirs de là. Cette aile du bâtiment était réellement déserte : la plupart devaient déjà être partis en vacances… « Installez-vous, mettez-vous à l’aise, je vous propose café serré ou long ou avec une touche de lait ou bien chocolat chaud, qu’est-ce que vous tenterait ? »

Le métier de médecin pouvait paraître restrictif mais d’un autre côté, il en fallait bien. Anna sauvait des vies depuis des années maintenant, et bien qu’elle ait surtout voulu suivre les traces de son défunt père au départ, elle n’était pas peu fière de la décision qu’elle avait prise car ses recherches sur la maladie d’Alzheimer, notamment, n’étaient pas sans donner des résultats très intéressants. Encore un pas dans l’avancée de la Science… « D’un autre côté, regarder les étoiles ne sauve pas des vies. C’est un métier à risques je suis tout à fait d’accord mais il en faut tout de même et bien que je ne sois pas forcément d’accord avec toutes les méthodes pratiquées par mes confrères, je suis fière de faire ce que je fais. » Et Anna le revendiquait pour tel d’ailleurs, sans aucun équivoque d’aucune sorte. « En toute honnêteté, je souhaite ne plus jamais vous croiser à l’hôpital ! » reprit-elle tout en lui préparant son café en même temps, avec une lichette de lait comme il le lui avait demandé. Une fois qu’il fut prêt, elle le déposa en face de lui contre le bureau pour mieux se préparer le sien et s’asseoir ensuite en face de lui, dans son grand fauteuil. « Et à part regarder les étoiles, Eirik, qu’est-ce qui vous intéresse de beau dans la vie ? »

« Chaque discipline possède sa part d’intérêt, Eirik, ne laissez personne vous dissuader de la chose. Vous voulez étudier les étoiles ? Et bien étudiez-les, faites comme bon vous semble. Que cela ne paraisse pas « utile » à autrui ne doit même pas vous effleurer l’esprit puisque avant toute chose, cela vous sera utile à vous » reprit-elle d’un ton d’autant plus adoucit. Anna avait certes suivit des cours de médecine et non d’astronomie mais elle pouvait comprendre l’engouement que l’on était capable d’avoir en regardant le ciel. C’était inaccessible, merveilleux… en bref cela faisait rêver, soit une chose que la brunette ne savait hélas pas faire. Elle possédait malheureusement un esprit trop cartésien pour se faire. « Oh vous apprenez à cuisiner ? J’aime énormément cela et je me rends souvent à un cours de cuisine très efficace et gratuit en prime. Je pourrais vous donner les références, si cela vous tente, le chef est très doué et sympathique également, ce qui ne gâche rien. Sinon, de mon côté, disons que je jongle entre ma vie de famille et mon travail, chose qui me donne beaucoup de fil à retordre déjà, et j’essaye de me remettre à la peinture, hobby que j’ai été contrainte de laisser tomber par la force des choses. Mais il est probable que ma famille s’agrandisse bientôt, même si je n’en suis pas encore totalement sûre à cent pour cent. »

Anna esquissa un petit face aux paroles d’Eirik : si cela se trouvait, il avait un peu de talent pour les différentes disciplines qu’il venait d’énoncer mais ne s’en rendait pas compte. Après tout, nous sommes toujours bien piètres juges de nous-mêmes. La jolie russe voulait croire que face à la volonté, le talent suit toujours, car toutes les disciplines ne requièrent pas nécessairement de talent au départ, mais plus de la pratique et du goût, soit des choses que l’on apprend pas que l’on a forcément au départ. « Je suis sûre que vous êtes bien plus doué que vous ne le pensez. Mais vous manquez juste de pratique : pour la cuisine, c’est comme apprendre une langue, il faut répéter, répéter et répéter jusqu’à ce que cela rentre. Le cours auquel je vais est très bien car il est pour tous les niveaux, aussi bien débutants qu’intermédiaires ou confirmés. Vous trouverez sûrement votre bonheur… quant au dessin, peut-être y a-t-il des cours en ville ou à l’université ? Vous êtes-vous renseigné ? Mais je vous rejoint : commander sans arrêt, cela finit par revenir très cher » avoua-t-elle non sans commencer à noter le nom du cuisinier dont elle lui avait parlé, ses coordonnées et les heures potentielles de cours où il pourrait prendre rendez-vous.