CHAPTER ONE
« Maman... Tu m'as déjà dit qu'un jour tu me raconterais l'histoire... L'histoire de mon père. Alors. Il est où ? Mes copines me parlent de leurs pères, mes professeurs me demandent si à la maison j'ai un papa et une maman... Explique-moi. S'il te plait. » La petite Olyvia, du haut de ses dix ans et demie, venait de confronter sa mère à ce sujet pour la toute première fois. Auparavant, ce sujet était tabou et personne n'en parlait. La nounou de Lyvia n'en parlait pas. Le majordome non plus... Personne, en fait. Seulement la petite brunette voyait bien - et savait bien - qu'elle devait forcément avoir un papa en quelque part. Sinon, comment pourrait-elle être là ? Sa mère s'installa sur une petite chaise - quand même très haute gamme -, près du lit de sa fille chérie et tout en lui flattant le front, elle lui raconta l'histoire.
« Ton père est... parti. Très loin, ma chérie. La maladie l'a emportée, alors que tu n'étais qu'un petit bébé. Depuis ce jour, ma belle, nous vivons que toi et moi. » La petite fille sourit tristement, essayant de garder ses larmes pour elle. Elle ne pouvait pas croire qu'elle, elle n'avait plus de papa. Toutes ses copines de l'école en avait un. Et elle, elle n'en avait plus... Elle fixa longtemps sa mère dans les yeux et celle-ci sembla soudainement aussi triste que sa petite chérie. Elle finit par lui donner un bisou sur le front, repoussa la petite chaise et sortie de la chambre. Ce fut la seule et unique fois où le sujet du père d'Olyvia vint sur le tapis. Jusqu'à un beau jour...
CHAPTER TWO
Olyvia était maintenant âgée de seize ans. Plusieurs choses depuis ses dix ans et demie avaient changées. Premièrement, sa mère était maintenant marié à un homme plutôt... indescriptible. L'essentiel c'est qu'il ramenait assez d'argent pour subvenir aux besoins de la petite famille - et même plus... La brunette ne l'aimait pas, par contre. Avec ses airs d'homme d'affaire, ses intentions de gouverner la famille et surtout sa prétention à deux balles, Lyvia ne se gênait pas pour lui faire la vie dure. Elle n'appréciait pas non plus le fait qu'il fasse « comme chez lui » et qu'il agisse comme un père pour elle alors que son père, son vrai père, était mort depuis belles lurettes. Ensuite, l'adolescente était devenue un peu plus... comment dire ? Autonome, autoritaire, affirmée et... exigeante. À ses dix ans et demie, elle était encore très naïve, très fragile. En grandissant, elle est devenue une personne « à tête enflée » comme on dit. Le fait d'aller dans l'école la plus réputée et la mieux coté de tout Milan n'a sûrement pas aidé. Son cercle d'amies étaient aussi très, très... fermé. Pour entrer dans ce club très sélecte qu'était la bande de Lyvia, il fallait d'abord et avant tout avoir son accord. Pour se faire, vous deviez avoir fait vos preuves. Vous deviez lui montrer de la fidélité, de l'estime et de l'attention. Vous deviez ensuite faire partie de la classe aisée et avoir un beau style vestimentaire et une très belle apparence. Les trop grosses, les trop boutonneuses, les trop naïves et les trop basics ne pouvaient entrer dans ce cercle d'amis. Plusieurs trouvaient ça dérangeant, mais pour Olyvia, c'était tout simplement la façon correcte d'agir. Elle n'avait jamais rien connue d'autre que ça. Sa mère étant aussi une femme très exigeante envers les autres, très hautaine et autoritaire. - Quoi que très, très aimante. Bref, on pouvait dire que pour la jeune Galluci, tout allait très, très bien. Elle avait aussi des notes remarquablement élevées ce qui faisait qu'on oubliait presque qu'elle était une garce à deux balles... Ses professeurs adoraient sa présence en classe et tout le monde voulait faire équipe avec elle lors des exposés.
CHAPTER THREE
Les dix-huit ans sonnèrent finalement à la porte de la jeune femme. Depuis le temps, elle s'était forgée un caractère beaucoup plus massif qu'à l'adolescence. Beaucoup plus garce, beaucoup plus froide, beaucoup plus exigeante... Bref, elle était devenue très difficile envers les autres et envers elle-même. Un beau soir, alors qu'elle était seule avec son vilain beau-père à la maison familiale, ils eurent une discussion plus ou moins enflammé. Les prises de tête entre les deux gens n'étaient plus du tout rare, mais ce soir-là, ce fut plus que mémorable...
« Tu sais quoi ? Je pense que tu es un profiteur de première classe ! Dans ta mallette, il n'y a absolument rien ! Que des papiers sans importance ! Arrête donc de profiter de ma mère, de notre toit, de notre confiance. T'es pas mieux qu'un éboueur de la ville ! Tu ne vaux rien. Espèce de menteur profiteur ! » Ce n'était pas la première fois que Lyvia tenait tête à Ethiano, cela dit, c'était la première fois qu'il osait lui répondre.
« C'est moi le menteur ? Le profiteur ? S'il y a bien une personne à traiter de profiteuse et de menteuse, c'est bien ta mère ! Pas moi ! Tu t'es jamais demandé d'où il pouvait provenir, tout cet argent ? Tu t'es jamais demandé il était où, ton vrai père ? Tu as jamais trouvé ça étrange qu'on te fasse croire qu'il soit mort alors que tu n'as jamais vue sa pierre tombale ? Pense-y deux secondes ! Derrière tes airs de garce prétentieuse, tu n'es pas mieux qu'une idiote qui se fait mener en bateau depuis des années maintenant ! » Quoi ? Frustrée, la jeune femme se leva d'un bond et retourna à sa chambre. Elle ne voulait accorder aucune attention aux dires de son beau-père, cela dit il avait soulever de nombreux points... C'est vrai que jamais elle n'avait vue la pierre tombale de son père. Et même que son prénom lui était totalement inconnu... Ce soir-là, les pensées de la jeune femme s'entrechoquaient. Tout était devenu brouillard. Décidément, elle aurait une bonne conversation à avoir avec sa mère.
CHAPTER FOUR
« Tu me dis tout ou je pars pour de bon ! Ça fait des ANNÉES que tu m'évites, que tu évites le sujet ! S'en ait trop ! Je sais que tu me caches quelque chose, maintenant tu craches le morceau ET ÇA PRESSE ! » criait à tue-tête Olyvia, visiblement très contrariée que sa mère ose encore une fois prétendre que tout est parfait. Voilà maintenant trois ans que les deux femmes s'entretuaient presque. L'une s'entêtait à vouloir connaître la vérité tandis que l'autre s'obstinait à ne rien vouloir dire. L'ambiance à la maison était devenue si merdique que Lyvia était partie vivre en appartement, avec des copines. Quand on dit appartement, on parle d'appartement de luxe, évidemment. Elle avait même commencé des études en Marketing à l'Université de Milan depuis un an... Tout se passait pour le mieux, sauf le petit point où à 21 ans, on a vraiment besoin de savoir ce qu'on nous a caché depuis l'enfance.
« Je ne peux pas te le dire, ma belle. Et ce n'est pas l'envie qui manque, tu le sais très bien. C'est juste que... Si je parles, tout ça va cesser. Cette belle vie, ce luxe, ce plaisir qu'on a de vivre sans compter... Tout ça va stopper net. C'était la condition. » +
« Quelle condition ? Mais de quoi tu me parles, bordel ! » s'énervait la jeune femme. Voyant que sa mère ne se déciderait pas à parler ce soir, elle prit ses clics et ses clacs et sortie de la demeure familiale. Elle était vraiment au bout du rouleau. S'il y a bien un sujet sensible dans son coeur à elle, c'est bien la famille. Pour le reste, on pourrait croire qu'elle n'a pas d'âme et pas de coeur, mais en ce qui concerne la famille, c'est tout ce qu'il y a de plus sacré. Même si pour l'instant, sa mère semble visiblement nier le tout.
CHAPTER FIVE
Deux ans s'étaient écoulées depuis la dernière fois où Lyvia avait été voir sa mère pour lui parler de son paternel. Après cette discussion plus ou moins concluante, la jeune étudiante en marketing avait décidée qu'il serait plus bénéfique pour elle de s'éloigner de sa mère. Après tout, elle devenait source de distraction pour ses études et ce n'était pas du tout ce que souhaitait la brune. Elle se voyait avoir un avenir prometteur, un succès monstre dans le domaine du marketing et des communications. Rien ni personne - et encore moins sa mère - l'empêcherait d'obtenir son diplôme et un poste dans l'une des boîtes les plus réputées de la ville. Lyvia avait travaillé si durement durant tout son lycée qu'elle ne laisserait personne se mettre au travers de sa route. Cela dit, un soir où elle ruminait dans sa spacieuse chambre d'appartement, elle décidait de rassembler son courage une dernière fois et aller faire face à sa mère. Déterminée comme jamais, elle prit sa voiture et retourna au domicile. Il n'y avait personne. Personne ? Oh. Ça arrangeait les choses ! Encore plus déterminée à avoir les réponses à ses questions, elle prit sa clef personnelle et entra chez elle. Direction : le bureau de sa mère. Si son père existait encore - et si ce qu'Ethiano disait était vrai - il y aurait forcément des traces de lui en quelque part. Armée de patience et d'entêtement, Olyvia commença à chercher. Peu importe quoi. Une preuve, une note, un mot, une photo... N'importe quoi. Juste un petit quelque chose. Elle foutu le bordel dans le bureau au grand complet, à la recherche d'un indice quelconque. Ce n'est qu'au bout d'une heure et quart qu'elle tomba sur quelque chose... Oh. Et ce quelque chose, c'était... quelque chose. Assise au beau milieu de la pièce, entourée du bordel qu'elle avait commis, elle lu à voix haute les mots écrits noirs sur blanc.
« Madame Galluci, c'est avec étonnement que j'ai eu vent de votre grossesse. Pardonnez mon étonnement, mais jamais je n'aurais cru cela possible. Vous comprendrez qu'il est impossible pour moi de prendre à ma charge cet enfant. J'ai une femme. J'ai une gouverne à assurer. J'ai des engagements à respecter. Je suis certain que vous comprendrez. Cette lettre, voyez-là comme la fin de notre histoire. Par contre, je tiens à vous aider financièrement pour que vous et votre enfant ne manquez de rien. Voyez-le comme mon éternel contribution. À tous les mois, je m'assurerai que vous receviez un chèque suffisamment profitable à votre famille et à vous. Veuillez toutefois respecter la condition de ne parler à personne de cet arrangement. Sans quoi, je couperai vos vivres. Merci de votre compréhension. Ce fut un réel plaisir, n'en doutez pas. Cordialement. Monsieur Di Fabio. » Di Fabio. Comme dans LA famille Di Fabio ? La tête pleine de question, la jeune Lyvia enfouit la lettre dans le fond de son sac et quitta la maison. Quelques jours plus tard, elle revint voir sa mère et lui annonça, d'une voix déterminée qu'elle comptait quitter le pays pour aller étudier aux États-Unis. Elle aurait besoin de tout l'argent que sa mère avait mis de côté pour elle. C'est donc le compte en banque pleins à craquer, les valises pleines et de la détermination comme mille qu'Olyvia quitta sa mère, son beau-père et sa vie dorée de Milan. Évidemment, personne ne savait ce qu'était son réel plan. Et c'était bien mieux comme ça, au fond...
CHAPTER SIX
Olyvia était maintenant à Harvard depuis près de huit mois. Elle a posé ses bagages en juin dernier et en septembre 2013, elle entrait en quatrième année de Marketing et pouvait se compter comme l'une des membres des Eliots. On pouvait dire que pour elle, tout brillait. Elle savait où elle s'en allait et c'est peut-être pour ça qu'elle n'eut aucune difficulté à s'adapter et à s'intégrer à la meute. Cela dit, son objectif premier en venant à Cambridge n'était pas d'apprendre à parler plus couramment l'anglais, non. Son but, c'était de retrouver Elios. Effectivement, le soir où elle revint de chez sa mère, la lettre de son père dans son sac, elle fit des recherches sur le web. Après tout, un membre de la haute société d'Italie n'était pas difficile à retracer. Elle constata qu'il avait eu un fil d'un an plus jeune qu'elle et qu'il était maintenant devenu étudiant à Harvard. Elle souhaitait le retrouver. Simplement pour apprendre à connaître quelqu'un de sa famille... Et pour changer d'air, aussi. Vivre près d'une mère menteuse et d'un beau-père complètement disjoncté, elle n'en était plus capable. Je vous entends déjà dire « Mais pourquoi elle n'a pas été retrouvé son père, à la place ? » Eh bien, la réponse est simple ! Olyvia est devenue dépendante de l'argent qu'il offrait à sa mère en échange de son silence. Elle ne souhaite pas briser la règle. Et puis, c'est écrit qu'elle ne doit pas avoir de contact avec son père, pas avec son frère...