Louis&Thaïs + a true gambling moment

« Alors pour le côté dompteur d’animaux sauvages je suis d’accord, mais pourquoi tu veux me fouetter les fesses ?! » s’étrangla faussement Thaïs en optant pour une expression attristée, comme s’il venait de la blesser. Elle jouait la comédie bien évidemment, et savait pertinemment que Louis ne serait jamais méchant intentionnellement en sa présence, il n’avait guère besoin de le lui dire pour qu’elle en ait pleinement conscience. « Et tu es trop adorable avec moi pour que je pense ne serait-ce qu’une seconde à te faire des saloperies… je tiens bien trop à ton amitié pour ça ! » lança-t-elle d’un ton on ne peut plus sincère tout en retrouvant son expression souriante qu’elle avait précédemment mise sur son visage. Autant dire que la discussion tournant autour de son handicap ne la mettait pas des plus à l’aise mais dans un certain sens, cela lui faisait du bien également. Pas qu’elle soit capable de l’oublier complètement, une telle chose était hélas impossible, mais pouvoir se confier sur les vérités de son existence avec quelqu’un de proche lui faisait du bien, comme si désormais elle savait qu’au moins quelqu’un serait conscient de ce qu’elle endurait comme difficultés parfois. « Je sais que je peux t’appeler au même titre que tu peux m’appeler mais tu me connais, j’ose pas, j’ai peur de déranger, ou alors quand je fais des crises d’angoisse je suis tellement obnubilée par ça que je ne vois rien d’autre… mais le fait est, je suis insomniaque depuis la perte de ma vue et ça ne va pas en s’arrangeant, je suis lucide. Mais j’essaye de rencontrer des gens, tu sais, pour combler ma solitude… mais tu ne voudrais pas savoir ce qu’ils pensent de mon handicap, disons simplement que ce n’est pas du plus haut glamour. » Thaïs manquait surtout de confiance en elle mais la réaction d’autrui, parfois, n’était pas pour l’aider. « Je ne connais pas le principe mais je veux bien que tu m’expliques pour que l’on puisse aller jouer à la table ! »

« Ah ouais, t’es branché menottes toi ? » s’amusa Thaïs, pas choquée pour trois sous bien qu’elle ne soit pas forcément friande de ce genre de choseries de son côté. Elle avait testé, bien évidemment, qui n’a jamais tenté de se faire menotter à un lit ou de menotter quelqu’un mais elle préférait avoir pleinement la possession de ses mouvements en vue de donner d’autant plus de plaisir à son partenaire. Loin d’elle de faire preuve de franchise au point de le préciser à Louis, car après tout, ils n’étaient pas ici pour échanger sur ce genre de sujets, pas alors que les oreilles indiscrètes allaient bon train dans ce genre d’endroit… il faut toujours faire attention à ce que l’on dit lorsque l’on ne se trouve pas dans l’intimité de son appartement par exemple ! « Je sais, je sais… frappez pas ! » répliqua-t-elle aussitôt en brandissant ses mains comme pour se défendre, non sans lui offrir un joli sourire pour lui prouver qu’elle n’en pensait pas un mot en vérité. « C’est débile de me retenir mais d’un autre côté, imagine tu es en galante compagnie, ça va me faire suer de te déranger dans un moment pareil même si je suis mal ! A la place, je préfère te voir comme ce soir, dans une vraie soirée où tu es complètement disponible pour moi. Cherche pas, réflexe qui vient de mon enfance. » Loin de Thaïs l’envie d’en dire plus même s’il y aurait énormément à en dire en vérité. De toute façon, le moment était venu de jouer en laissant de côté ce qui pouvait bien tourmenter sa vie, bien que pour l’heure, elle n’avait pas encore lâché le bras de Louis, comme si elle s’y accrochait telle à une bouée de sauvetage. « Des numéros favoris ? Heum… le un pour ma date de naissance, le huit pour mon mois, neuf puisqu’il fait partie de mon année de naissance et aussi le douze ! Mais tu ne veux pas miser des chiffres à toi aussi ? »

« Mais moi aussi j’ai déjà testé, qu’est-ce que tu crois ! Histoire de ne pas mourir idiote… mais c’est quand même pas mon truc. Ceci dit tu as l’air renseigné sur la question ! » le provoqua-t-elle de bon cœur en accompagnant ses paroles d’un petit air mutin et moqueur à la fois. Thaïs savait par avance que Louis ne s’en offusquerait certainement pas et c’était ce qu’elle appréciait tant chez lui : le fait de pouvoir avoir toutes les conversations du monde sans craindre qu’il ne se vexe ou ne soit choqué… « J’te promets d’y réfléchir, okay ? » lui proposa-t-elle finalement, car d’un autre côté cela leur permettrait également de passer plus de temps ensemble mais Thaïs avait maladivement peur de déranger, à chaque fois. Elle préférait mille fois être invitée que s’inviter elle-même… question d’éducation, sans nul doute. « L’as te parle ? » demanda-t-elle sans vraiment réellement comprendre de quoi il retourne mais qu’importe, Thaïs s’empara aussitôt de sa main en l’entendant lui murmurer la suite, chose qui la fit à moitié sourire et frémir par avance. Finalement, soit le jeu allait la passionner, soit la faire mourir d’une crise cardiaque, c’était au choix ! Une chance qu’elle ait un goût très prononcé par le passé pour l’adrénaline, bien qu’elle ne soit plus réellement en position pour que ce soit encore vrai aujourd’hui… « Je croise tous les doigts fais-moi confiance !! Tu me donnes le résultat quand tu le vois, hein ? Hein Louis ?! » Pour un peu, elle serrait fortement ses doigts sous l’appréhension, comme s’ils allaient leur arracher les membres en cas de perte. Thaïs prenait définitivement les jeux trop à cœur…

Thaïs se concentrait sur la voix de Louis pour oublier ce stress passager et ridicule qui lui faisait lui serrer aussi fortement sa main, bien qu’elle n’en vienne pas jusqu’à considérer que les règles qu’il venait juste d’énoncer étaient simples. Aux yeux de la jolie irlandaise, une partition de piano extrêmement complexes pour tout non initié lui paraissait extraordinairement enfantine, alors qu’un jeu de hasard la paralyserait presque… étrange, n’est-ce pas ? A vrai dire, pas tant que cela : Thaïs n’avait pas besoin de ses yeux pour jouer ou même danser… mais elle en avait besoin pour saisir le concept d’un jeu tel que celui de la roulette. « Simple c’est pas le mot que j’emploierais là, tout de suite ! » ne put-elle s’empêcher d’énoncer, amusée. Il était normal que cela plaise à Louis : il était tout de même le patron après tout ! « On a perdu ? » demanda-t-elle une fois qu’un nouveau ‘faites vos jeux’ fut capté par son ouïe. « Hey, ne t’énerve pas c’est qu’un jeu… peut-être qu’il vaut mieux miser de petites sommes sur un chiffre qui t’a déjà porté chance ? » Thaïs porta la main de Louis à ses lèvres avant de ne lui offrir un sourire enchanteur avant d’essayer de capter dans quelle direction il avait parlé pour mieux tirer la langue à l’opportun ayant osé le provoquer. Pure réflexe ! « Je croise tous les doigts je t’ai dit ! »

« Ah, bah ça c’est plus simple ! » lança Thaïs d’un ton enjoué avant qu’il ne lui explique un autre concept, à savoir les gains ou les pertes potentielles du jeu de la roulette. La jolie irlandaise avait entendu dire que parfois, des clients perdaient la chemise sur certains jeux, mais cela devait probablement être sur d’autres jeux aux mises bien plus importantes. « T’es sûr ? Non parce que faudrait pas que tu perdes la culotte hein ! Bon je sais pas si y’a de gros risques au jeu de la roulette mais je crois qu’au poker par exemple, il y a des joueurs qui perdent énormément d’argent… tu me diras moi je suis fauchée comme les blés, je ne risque pas de perdre grand-chose mais ce n’est pas une raison ! » Pour sûr, Thaïs avait un rapport à l’argent très nettement différent que celui de Louis, vu qu’ils n’avaient pas du tout les mêmes moyens. Le membre de la Eliot House était considéré comme aisé alors que la tempétueuse blonde galérait pour payer ses factures. Ainsi va la vie et Louis n’était pas quelqu’un à rayer de sa vie juste parce qu’il était riche ! De même, elle ne le côtoyait pas juste parce qu’il avait de l’argent… oh ça non, ce n’était pas le genre de la maison. « C’est vrai on a gagné ?! Haha on est les meilleurs mon bichon !! » s’exclama-t-elle en sautillant sur sa chaise, faisant ainsi bisquer celui les ayant précédemment provoqués. « Tu veux que je lui fasse passer l’envie de te provoquer ? »