Besoin d'un partenaire ? [Thaïs & Wesley]

« Elena de la Vega ? Bon on va imaginer très fort que je suis brune et d’une beauté à couper le souffle pour que ça marche mais bon, comme la plupart des spectateurs seront miro comme pas deux, ça servira mes intérêts en la matière ! » plaisanta-t-elle de bon cœur avant d’éclater de rire de sa propre connerie. Wesley devait pourtant le savoir depuis le temps : Thaïs n’était jamais la dernière à renchérir. Elle détestait tout ce qui était larmoyant ou triste, et avait pour cela bannit les livres pleurnichards de sa bibliothèque en braille. Elle essayait, dans la mesure du possible, de surtout s’entourer d’histoires plus gaies et drôles. « Ah ouais… fort bien alors, on va essayer TOUTES les danses que je dois réviser pour mon prochain exam, et j’aime mieux te dire que y’en a une bonne trentaine. On va voir si tu feras autant le malin au bout de six heures d’entraînement, monsieur je ne suis pas habitué mais je me pavane ! » Là encore, si Thaïs adorait plaisanter, elle aimait plus encore les défis. Oh bien sûr, si elle captait le moindre signe de faiblesse de la part de son partenaire du jour, elle serait la première à mettre le hola mais en attendant, puisqu’il lui demandait presque gentiment de l’épuiser au-delà des mots, il allait étudier comme une religion la définition du mot « tortionnaire ». Elle lui accorda donc les deux petites secondes de répit qu’il lui demanda après la fin de la valse pour mieux mettre la musique suivante de la playlist qu’elle s’était faite sur son Ipod. Cette fois, pour le quickstep, la cadence était loin d’être la même : cette danse était un sautillement à elle toute seule, faite uniquement de rebonds partant des genoux et demandant un souffle et une endurance proprement hors du commun pour être bien dansée. Thaïs la pratiquait les yeux fermés depuis le temps, aussi fut-elle en mesure de le guider pour lui montrer à quelle hauteur monter les genoux. « Allez, tiens la cadence, suis mon rythme ! » le guidait-elle afin qu’ils soient parfaitement synchrones et évite tout incident, comme se rentrer malencontreusement dedans par exemple.

« Ouais mais tu sais au pire, les perruques, ça existe s’il n’y a que ça ! Et puis tu sais, moi aussi je vais briser énormément de cœur en partant de cette fameuse réception, et j’en suis par avance la première désolée ! » énonça-t-elle d’un ton particulièrement dramatique, faussé bien évidemment, tandis qu’elle plaquait la main contre son cœur comme s’ils se trouvaient en plein atelier de théâtre, à répéter une scène d’une pièce. « Mais serait-ce que le célèbre Wesley Bradford s’est fait mettre la corde au cou ? » s’intéressa-t-elle néanmoins car Thaïs avait beau en plaisanter, il n’en restait pas moins son ami et ce qui le rendait heureuse la rendait heureuse par effet de vase communiquant. Il avait pleinement mérité sa part de bonheur, après tout. « L’homme de toutes les situations, hein ? Donc ça veut dire que j’ai pu t’appeler pour mes fameuses « trente petites danses » comme tu dis si bien, mais tu es doué dans d’autres domaines je suppose ? » Cela ne datait pas d’hier, ces deux là faisaient toujours mine d’être comme chien et chat alors qu’ils n’en pensaient rien en vérité. D’autant que Wesley n’avait aucunement menti, il gérait comme un chef et nulle n’était plus fière de lui que Thaïs. Dommage d’ailleurs qu’ils ne s’entraînent pas plus souvent ensemble car elle était certaine de pouvoir le transformer en vrai danseur, un talent inattendu sommeillant soigneusement en lui et ne demandant qu’à être réveillé. Le fait qu’il soit sportif ne gâchait rien car au moins, il tenait la distance, pas comme bien d’autres prétendus danseurs l’ayant affreusement déçue lors d’essais… « Parfait ! Sinon tu me dis, hein… la prochaine danse est un Charleston, là aussi il va falloir que ton endurance soit au taquet car la danse change tout le temps de rythme. Tu veux tes dix secondes de récupération avant que l’on n’enchaîne ? »

« Hey, mais j’ai un standing à respecter moi ! Qui te dis que je vais la perdre, d’abord, cette perruque ? Je suis plus habituée à avoir des déguisements sur la gueule que toi, Monsieur je sais tout ! Mais tu ne savais pas que j’étais la réincarnation de Freddy, les griffes de la nuit ? Faut que tu mettes à jour tes infos ! » Thaïs détestait les films d’horreur, mais par-dessus tout. Wesley n’avait pas idée à quel point elle cauchemardait par le passé dès qu’elle avait le malheur d’en voir un, poussée par un pote par exemple ou lors d’une soirée Halloween. Bah en tout cas rien ne semblait la choquer dans le fait de délirer avec son pote et pour ça, Thaïs n’était jamais la dernière, bien au contraire. « Aaaaaah mais c’est une super nouvelle de la mort qui tue ça ! Pourquoi tu l’as pas dit avant ? Il va sans dire qu’on reste les meilleurs mais ça c’est même pas la peine de le dire… mais confidence pour confidence, possible que j’ai trouvé quelqu’un moi aussi. Il est pas blond, il est brun… mais il est top quand même » s’amusa-t-elle à dire car elle serait curieuse de voir quelle serait la réaction de Wesley en croisant Caleb. Comme beaucoup d’autres avant lui, sûrement le trouverait-il froid comme un pâle matin d’hiver en Sibérie mais qu’importe… le bel allemand ne se comportait plus ainsi en sa présence, ou plus vraiment en tout cas. « Okay on va reprendre mais puisque tu ne te vantes jamais ET que tu as une voix d’ange, faudrait vraiment que tu me chantes une berceuse un de ces quatre, ça manque à ma culture musicale je parie ! » Aussitôt, Thaïs remit la musique en marche, se lançant dans une nouvelle danse en compagnie de Wesley tout en se félicitant de lui avoir demandé de venir aujourd’hui. Sans lui, cette journée d’entraînement n’aurait vraiment pas été pareille.

« Mais oui suis-je bête tu es l’incarnation même de la perfection, personne n’est aussi beau, bosseur, détenteur de telles réussites et en prime d’une modestie à couper le souffle… sincèrement, je suis pantoise et limite j’ai presque envie de te demander un autographe histoire de pouvoir frimer en solo dans mon coin ! » Thaïs n’était pas ainsi avec tout le monde. Bien sûr, elle faisait preuve d’humour et de dérision – voire même d’autodérision dans de nombreux cas – mais elle se lâchait de manière vive avec Wesley. De cette manière, elle n’avait aucun besoin d’aller s’alcooliser joyeusement les veines pour faire preuve de cette joie de vivre, de cette aise même dont elle usait en sa présence. « Pas sûr que tu te réveilles en vie… ça va dépendre si t’es chou avec moi ou pas et crois moi je suis duuuuure à satisfaire en ce moment c’est fou de chez fou ! » Thaïs croisa cependant ses bras contre son corps fin et élancé, allant même jusqu’à froncer les sourcils à l’entente des paroles suivantes de Wesley. Voilà qui la surprenait… « Comment ça ce n’est pas le cas de tout le monde, tu as eu des réflexions merdiques de gens jaloux ? M’en fous, moi je suis doublement, triplement même heureuse pour toi. Pour mon petit cas personnel sache que c’est un danseur… et que j’ai décidé de lui proposer un partenariat il y a quelques semaines. Au départ, j’avais juste envie de le tuer tellement il était froid avec moi, j’en souffrais d’ailleurs parce que tu sais bien, je déteste vivre de manière trop sérieuse ou même l’être tout simplement mais j’ai fini par réussir à le dérider et il s’avérait que la froideur dont il faisait preuve était une manière de se protéger, parce qu’il avait peur de tomber amoureux de moi et me perde. Notre histoire est récente mais il s’appelle Caleb Weyss et est à la Lowell House. Peut-être que tu en as entendu parler ? » Les entraînements qu’elle avait en compagnie de son loulou de Poméranie étaient beaucoup plus intenses et parfois nettement moins drôles, voilà pourquoi Thaïs avait eu tout bêtement besoin de faire appel à Wesley… surtout qu’ils géraient bien, l’un avec l’autre. « Décidément, non seulement t’es increvable mais décidément doué ! T’as pas envie de changer d’orientation ? » plaisanta-t-elle à la fin de cette nouvelle danse.

Thaïs ne se moquait pas, elle riait à gorge déployée, gigantesque nuance ! « Oh mille pardons votre altesse… franchement je suis à deux doigts d’aller chercher un calepin quelconque dans une papeterie histoire que tu me fasses ZE dédicace… mais bon en même temps comme je ne pourrais pas la voir, tu pourrais marquer des conneries que ça vaudrait quand même des millions ET je ne m’en rendrais même pas compte ! Ceci dit s’il faut passer carrément par ton avocat… compte sur moi pour investir dans le pigeon voyageur, ça fera quand même moins chier ! » Certes, la jolie irlandaise n’était pas nécessairement ultra à l’aise en face de gens fortunés, mais avec Wesley ce n’était pas pareil. Ça n’avait d’ailleurs jamais été pareil puisqu’il se moquait de lui-même avec un brio que Thaïs était toujours tentée d’applaudir… vraiment, il dédiabolisait une caste qui foutait presque les jetons à la tempétueuse blonde, chose qui n’était pas peu dire ! « Bordel pourquoi c’est toujours toi qui gagne même quand on fait des comparaisons pourries ? J’exige remboursement par un bisou ! » grogna-t-elle faussement en lui tendant la joue pour exiger réparation. De toute façon, demander à Thaïs de faire preuve de maturité en compagnie de Wesley, c’était comme lui demander de moins boire : absolument criminel par avance et par principe. « Oh merde je savais pas qu’elle avait carrément fait une fausse couche ! Je suis désolée… mais faut croire que l’amour triomphe de tout, ça fait peut-être cliché et affreusement guimauve dit comme ça mais en attendant, vous avez été séparés et maintenant vous revoilà ensemble malgré tout ce qui vous est arrivé… je suis admirative ! Bon en même temps perso je suis pas quelqu’un d’ultra rancunier donc possible que j’aurais réagit quand même mais je crois que justement, tu mérites encore plus d’être heureux que moi. C’est pas un concours bien sûr mais je trouve qu’elle t’humanise encore plus. T’sais bien que tu restes mon héros richard, j’arrête pas de te le dire ! En tout cas si un jour tu veux me présenter à elle, je serai ravie, et ce serait même fun de se faire une sortie à quatre avec Caleb, pourquoi pas ? » Thaïs avait beau être une moralisatrice sur le retour quand elle s’y mettait, elle restait disponible pour son blond préféré à n’importe quelle heure du jour comme de la nuit, même ne serait-ce que pour parler. « Ah ouais ? Oh pinaise je suis flattée alors ! Tu veux faire une pause ou on continue ? »