C'est vrai ça, pourquoi l'aurait-elle contacté lorsqu'elle allait mal ? Qu'est-ce qui l'aurait poussé à vouloir lui parler plutôt que d'aller me voir ? Ne partagions-nous pas une certaine complicité ? Je lui disais chaque chose qui allait de travers, et je pensais bien qu'elle me rendait la pareille en toute honnêteté. Certes je savais qu'elle était bouleversée ces temps-ci, mais de là à vouloir faire ce geste si regrettable.. J'en avais souffert, de longs moments. J'étais partagé entre l'envie de la voir, de la serrer dans mes bras, évidemment, mais également celle de l'ignorer, de ne plus lui adresser la parole. C'était contradictoire, et surtout très dérangeant. C'est d'ailleurs ce que j'avais fait, je l'avais évitée, j'avais gardé le silence sur son passage, et même si c'était un comportement digne d'un bambin, c'était pour le moins explicite. Mais là, un sentiment nouveau prenait possession de mon coeur, de mon corps, et y laissait comme une chaleur regrettable, un amer sentiment de déception. Ainsi qu'une brûlante et cuisante sensation de jalousie. Qui était-il ? J'étais tombé sur elle par hasard, l'ayant vue dans le Hall, et je m'étais apprêté à faire mes excuses pour mon comportement de ces derniers jours.. Mais ensuite
il était arrivé. Je ne savais pas exactement qui il était, mais à la réaction de la jeune femme je doutais bien que lui et moi nous entendrons à merveille. Je serrais les poings et restai là, assis sur ce muret, à les observer comme depuis qu'il avait fait son apparition : si c'était-là le seul moyen pour en savoir plus sur ce qu'elle semblait me cacher, alors soit. Mais je sentais bien qu'une nouvelle page se tournait pour ce
nous que j'avais espéré, dont j'avais fini par percevoir l'existence. Utopie. Déception, puis colère aussi. En effet, je doutais qu'il soit un ami. Cependant, ma mâchoire en vint à se contracter aussi, douloureusement : était-ce une raison pour lui parler ainsi ? Puis un picotement, étrange, un pincement au coeur comme ceux qui soulagent d'une blessure. Finalement peut-être le méritait-elle, c'est ce que j'en vins à penser. Le temps passait, la pièce se déroulait sous mes yeux, mon visage se décomposait peu à peu, et l'illusion s'évaporait. Avais-je été assez con pour croire à l'exclusivité ?