Julia&Caleb ► Retrouvailles autour d'un verre

L’idée de rejoindre le Glee Club d’Harvard était tentante voire plus que tentante surtout que Julia y était. Elle n’avait pas tort, nous pourrions bien nous amuser et puis, ce serait une façon de réussir à nous aménager un peu de temps pour nous voir. Il suffisait de regarder nos difficultés pour simplement prendre un café ensemble alors pour le reste… Je n’osais même pas y penser. « Tu as raison et puis, je viens de penser que cela sera justement une façon comme une autre de pouvoir nous voir plus souvent. Tu sais quoi, j’ai bien envie de dire banco et puis en tant que Lowell, je dois dire que c’est presque obligé que je m’intéresse à tout cela » haussais-je les épaules en prenant conscience que je venais non seulement de me décider pour rejoindre le club de théâtre mais également pour le Glee club en l’espace de cinq minutes. Julia était forte ! Très forte. « Tu sais que tu risques de devenir un redoutable avocat ? Non parce qu’en l’espace de quelques minutes, tu m’as aidé à prendre une décision que je traine depuis des jours et des jours » grommelais-je. C’était ma façon à moi de lui dire que son opinion comptait. J’étais ainsi, je pouvais me montrer franc du collier en toute circonstance et prendre des chemins détournés pour avouer des choses me touchant de près. Je lui parlais néanmoins d’où en était ma vie à cet instant précis à savoir mes amitiés avec Isaline et Aidan mais également de ma nouvelle partenaire de danse. « Les femmes et leur curiosité légendaire » la taquinais-je en buvant quelques gorgées de ma pression. Je lui répondis donc qu’il était tout à fait envisageable de lui faire rencontrer mes amis. Je lui parlais même de Charlie, mon autre meilleur ami. En fait, à la base, il s’agissait du meilleur ami de ma défunte fiancée mais que sa mort avait fini par nous souder réellement. Ce n’était pas aussi fort qu’avec Aidan mais j’appréciais réellement sa compagnie. J’en vins toutefois rapidement au sujet de ma partenaire. « Elle s’appelle Thaïs, elle a 24a et c’est une cabot. Sinon, je ne connais pas grand-chose d’elle, elle est aveugle. Au départ, j’ai cru que j’allais rigoler car je ne voyais pas comment elle pouvait danser mais elle m’a réellement épaté… C’est une bonne danseuse et je sais que nous pouvons remporter des prix si nous continuons à nous entrainer comme on le fait… Le seul problème, c’est que je n’arrive pas à être proche d’elle. Ce n’est pas elle qui coince mais moi. Tu me connais, j’ai toujours du mal à me lâcher mais là, c’est limite si ce n’est pas vital de garder mes distances. J’ai oublié de te préciser qu’elle est magnifique ! » me confiais-je à mon amie.

Voilà en un rien de temps, l’affaire était pliée et je savais qu’une fois notre rencontre terminée, j’irais sûrement m’inscrire au théâtre et au glee-club. Si mes parents me voyaient, ils hallucineraient et je ne parlais même pas de mon frère et de ma sœur. Le premier se désespérait de me voir ignorer les activités extra-scolaires et ma sœur, quant à elle, était bien plus énervée que je ne veuille pas chanter en public. D’après elle, je me sous-estimais et il était temps que je me dévoile aux autres. Pour ma part, ma timidité m’avait toujours poussé à me renfermer sur moi-même et rares étaient les personnes à réussir à percer ma carapace. Julia était l’une d’elle et je l’adorais sincèrement. Elle était plus qu’une amie, elle était ma confidente, ma conseillère bien que cela ne fasse que deux ans à peu près que nous étions amis. « Oui je te taquine en tout cas, je suis certain que tu t’entendras bien avec elle. C’est vraiment quelqu’un de bien même si pour l’heure, je n’arrive pas à me lâcher avec elle. Je ne sais pas, je crois que tout simplement, je sais que si je cherche à la connaitre un peu plus, je risque de tomber amoureux d’elle. Je ne sais même pas d’où me vient cette intuition mais elle me bloque sur place. Je ne veux pas revivre ce que j’ai vécu avec Mary. Si je perds encore une personne qui m’est proche, j’aurais beaucoup de mal à me relever » soupirais-je, me confiant à Julia car j’avais besoin de son point de vue, de ses conseils. J’étais pourtant le plus âgé des deux mais côté sentiment, je ressemblais à un véritable nouveau-né surtout que je n’étais vraiment pas très doué. « Dis-moi, ça te dirait de m’accompagner m’inscrire ? » lui demandais-je soudainement. Je n’étais pas très certain de ne pas faire demi-tour si j’y allais seul.

Spoiler:

Je savais que Julia ne pensait pas à mal en me disant que je ne devais pas songer au fait qu’une nouvelle relation signifierait ou pas de trahir la mémoire de Mary. Elle ne savait pas et il n’était pas aisé pour moi de la contredire. Je savais très bien jouer le rôle du petit-ami éploré par la mort de sa fiancée. Dans le fond, je ne mentais pas. J’avais aimé Mary au-delà de tout, au point même de la demander en mariage ce qui chez moi, signifiait beaucoup. Non, malgré ma tristesse et mon amour déçu, je ne pouvais m’empêcher d’être partagé entre le fait de ternir son image et de me dévoiler et le fait de ne rien dire et de serrer les dents comme un parfait fiancé endeuillé. « Je suis passé à autre chose… Je veux dire avec Mary » marmonnais-je en détournant le regard. Julia était ma confidente alors si je devais le dire au moins à une personne en dehors d’Aidan, c’était bien à elle. « Mary me trompait depuis quelques semaines. Je ne l’ai appris que quelques jours avant sa mort. On s’est disputé, elle m’avait promis que c’était sans importance et qu’elle ne le reverrait plus. Lors des attentats, elle se trouvait une nouvelle fois avec lui. C’est son infidélité qui l’a tué.. Tu parles d’une justice divine » grognais-je légèrement sur la fin de mon discours. Je lui en voulais mais bien moins qu’à moi. Si j’avais été un meilleur fiancé, un homme bien plus à l’écoute peut-être n’aurait-elle jamais tenté d’aller voir ailleurs mais comme dirait l’adage, si ma tante en avait, on l’appellerait tonton. « Donc tu comprends, je n’ai pas envie, une nouvelle fois, d’être pris pour un con » terminais-je avant de changer le sujet de la conversation et de poursuivre sur mon inscription au Glee-club. Je lui proposais même de venir avec moi pour m’inscrire. « C’est ça, fous toi de ma gueule mais ouais, je dirais pas non pour un soutien moral sinon tel que je me connais, je vais faire demi-tour » lui souriais-je avant d’ajouter « Pourquoi pas ouais… enfin je sais pas trop, je m’étais imaginé mettre mon nom sur une liste et basta. Ça s’est passé comment ton inscription ? »

« Tu ne crois pas que tu mets la charrue avant les bœufs ? Je veux dire, je ne pense pas être amoureux d’elle, il est encore trop tôt même si je me fie toujours à l’intuition féminine… Je ne la connais pas vraiment mais je sais qu’elle a tendance à se renseigner sur moi. Cela m’étonnerait même pas qu’elle soit venue te parler » levais-je les yeux au ciel car j’avais beau faire le fier, je faisais surtout l’autruche à cet instant précis. Je ne pouvais pas tomber amoureux d’une femme simplement en la côtoyant quelques heures par jour pour danser pourtant, je n’arrêtais pas de penser à cette femme, ça en devenait grave. Il me tardait même d’arriver à nos entrainements que j’étais obligé d’attendre au coin de la rue pour ne pas arriver trop en avance de peur de paraitre ridicule. « Dis-moi, tu ne serais pas entremetteuse pendant tes moments perdus ? » plaisantais-je de bon cœur plutôt enclin à changer de sujet car celui-ci me mettait cordialement mal à l’aise comme à chaque fois que nous abordions mes sentiments pour une tierce personne.  Aussi, je fus soulagé que nous passions à cette inscription au Glee-club. « Mais oui maman, j’adore quand tu me maternes mais toi, côté amour ? ça donne quoi ?! Car c’est bien beau de parler des miens mais il serait peut-être temps de parler des tiens… Est-ce qu’un étudiant a réussi à percer ton petit cœur romantique ou tu es toujours à la recherche du grand amour ? » lui demandais-je pour la taquiner en rigolant avant de trinquer avec elle une nouvelle fois. « Au fait, ça te dirait qu’on se refasse un week-end tous les deux un de ces quatre en souvenir du bon vieux temps ? Cela fait longtemps qu’on ne s’est pas fait un petit camping non ? »