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Meghan H. Oackley & Kaleigh B. Reagan
J'étais blessée, en colère, je me sentais trahie, trompée, dupée, enculée jusqu'au fond du cul. Je n'arrivais pas à mettre mes idées en place, je n'arrivais pas à me souvenir exactement de ce qui me contrariait mais je savais que la rage en moi existait bel et bien pour une raison. Impossible de retracer ma journée. Telle une pile électrique j'avais foncé à la première supérette du coin pour y faire des achats en tout genre, aussi variés qu'inutiles finalement. J'avais couru des heures au petit matin, espérant parvenir à me fatiguer et réussir à fermer les yeux ne serait-ce qu'une demi-heure. En vain. L'eau de la douche avait coulé assez longtemps pour que j'abandonne l'idée de me plaindre si elle devenait froide. Je me sentais irritée, piquée au vif, persécutée. Du type qui me dévisageait en faisant ses lacets sur le stade que nous avons partagé ce matin au vendeur poilu du supermarché. Tous m'en voulaient, tous tentaient de me blesser, de trouver quelque chose à redire, de me trouver des défauts, de me nuire. Je décidais et puisque le monde était contre moi de me rendre le soir venu, après la fermeture au Lavietes Pavillon. L'équipe et moi avions encouragés nos équipes il n'y a pas si longtemps et je me revoyais, faussement souriante agitant mes pompons pour supporter un mongole qui avait réussi à marquer trop paniers d'affilés. Seul le grand cadran apportait une lumière dans l'obscurité, illuminant le grand panier dans toute sa hauteur. Déposant mes talons hauts sur le banc ou je déposais mon sac bleu, je me retrouvais nus pieds à caresser le sol froid aussi glissant que brillant. Attachant mes cheveux dans une queue de cheval lâche, je me débarassais de ma veste en laine pour me retrouver en débardeur et jean, courant du bout du terrain jusqu'à l'entrée, puis m’exécutant à faire quelques mouvements de gymnastique. D'abord un enchaînement de roues, puis un flip et un salto arrière en me jetant sur le sol comme si je ne pouvais tomber, comme si j'étais invincible.
Remarquant de beaux ballons de basket alignés à côté de l'estrade, je m'empressais de tirer le chariot dans ma direction et d'en saisir un que je jetais violemment non pas dans le panier mais contre le panier dans un grand bruit métallisé qui résonna dans toute la salle. Vexée, j'en jetais un deuxième, puis un troisième et ainsi de suite jusqu'à m'énerver toute seule. « Vas te faire foutre ! » J'en jetais un nouveau dans les grands portes d'entrée. « Voilà ce que te dis Miss Parfaite, elle te dit d'aller te faire foutre ! » Je m'esclaffais, essayant à nouveau de faire rentrer un ballon dans le stupide anneau. « Ça, c'est pour avoir été une sale menteuse. » Lançais-je, toisant soudainement mon reflet dans une barre du chariot. « Mais non Kaleigh, il a fallut que tu veuilles le beurre, l'argent du beurre et le cul de la fermière, bien entendu ! » Je ris de nouveau jusqu'à perdre la voix. « Vous entendez ? Kaleigh Reagan parle comme un charretier : Je t'encule mon pote, vas te faire mettre, j'te baise ahaha. » La bile remonta alors dans ma gorge tel un poison prêt à dégainer ses qualités pour me tuer. « Tu l'as bien baisé n'est-ce pas ? » Je jetais un nouveau ballon dans le vide. « Will était un bon coup n'est-ce pas connasse ? » Puis un dans les gradins. Je hurlais avant de m'effondrer sur le sol, me laissant volontiers tomber sur le sol, me cognant la tête contre le sol sans souffrir néanmoins, ne sentant que le poids de la colère peser sur mes frêles épaules. « Si je savais comment tu es morte. Toi seule pourrait me le dire. Qu'est-ce que tu dirais de moi si tu me voyais... je n'ai plus aucune class'. Ce que je m'en fiche ahaha ! Je m'en fiche tu saisis ? Je m'en fous totalement ! » Me relevant rapidement, je sentis un vertige me saisir, aussi éphémère que violent lorsque des pas retentirent dans la grande seule. Je me sentis soudainement prise d'une peur panique. Et si le trio infernal venait me chercher ? Et si le duo des valentins Elie et William venaient me trouver pour m'obliger à les regarder baiser ? Et si mes parents étaient finalement venus me chercher pour m'obliger à rentrer et à voir le pasteur, mis au courant par Elie que leur fille avait couché avec des femmes. Personne ne le savait non, Candice était au courant... m'avait-elle vendue ? Saisissant un ballon entre les mains jusqu'à me blanchir les doigts, je m'écriais : « Vous ne m'aurez pas ! Venez donc me chercher, battez-vous à la loyale ! Je suis armée, je vous préviens, un ballon en pleine gueule calmerait vos ardeurs. »
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