Marsh & Théo + Wrong place, Wrong people.

Je marchais au trot, limite je me retrouvais en train de courir dans les couloirs d'Harvard. Plus le temps de me taper au moins quatre étages à pied, il fallait que j'arrive à choper un ascenseur. J'allais finir par arriver à mon cours de kinésithérapie en retard et avec tout le stress que j'accumulais dernièrement plus la fatigue, arriver en retard me mettait hors de moi. C'est ainsi que je me mis à courir en direction du premier ascenseur que je trouvais, mon sac en bandoulière de cuir marron pendait dangereusement le long de mon épaule. Manquait plus que son contenu se déverse sur le sol et je pétais un câble. Je m'arrêtais devant la boite en fer et appuyais sur le bouton d'appel. Puis en l'attendant, je jetais un coup d’œil à mon téléphone, pour me rendre compte qu'il n'avait plus beaucoup de batterie. Putain, formidable ! Finalement, l'ascenseur se ramena et je montais dedans en soupirant, fallait vite qu'il monte. Cependant, j'entendis des bruits de pas comme-ci quelqu'un courrait juste en plein dans ma direction. Alors que les portes commençaient à se refermer, je posais un doigt sur un bouton qui permettait de retenir les portes ouvertes afin de laisser rentrer l'inconnu, avec des sourcils froncés. Néanmoins à peine fut-il entré dans l'habitacle que je le reconnus instantanément. « Oh putain... » Manquait plus que ça, ou lui.

En général, j’étais jamais pressé pour me rendre à mes cours. En fait, j’aimais bien prendre mon temps et je n’avais absolument rien à foutre d’arriver en retard et que tout le monde me regarde. Limite, je préférais ça même si c’était exactement le genre de chose que mes profs détestaient. Il ne pouvait pas vraiment s’en plaindre puisque j’avais tout de même de bonne note. C’était ça pour moi être Winthrop. Sportif, intelligent, plein de fric et regardez-moi! Mon sac sur une seule épaule, je marchais donc tranquillement pour me rendre à mon cours dans mon jeans tout-aller et mon éternel hoodie aux couleurs d’Harvard. J’allais prendre l’escalier quand me vint à l’idée d’utiliser l’ascenseur! Il était bien rare que je le fasse puisque c’était –en théorie- tout à fait interdit aux élèves qui n’en avait pas besoin. Or, mes pauvres jambes ne supporteraient certainement pas de monter toutes ces étages alors je bifurquai vers cette grosse boite de métal qui devait dater de l’époque des premiers ascenseurs. Tout à fait surprenant qu’il fonctionne encore! Au loin, je vis que la porte se refermait alors je piquai un petit sprint pour entrer juste à temps. Les portes se refermèrent en même temps qu’une voix s’élevait. « Oh putain... » Je tournai lentement la tête et un large sourire étira mes lèvres. Tiens, tiens! Je fixai à nouveau les portes, lui ordonnant simplement: « Au troisième. » Je n’avais aucun respect ni aucune envie d’être gentil avec ce connard de Théophyl, pourquoi est-ce que ce serait différent aujourd’hui?

« Au troisième. » Ah punaise, mais quel abruti je fais moi alors. Pourquoi je les avais pas refermées de suite ces fichues portes moi ? Nooon, bien sur que non, il avait fallu que je les maintienne ouvertes pour que je puisse me retrouver coincé dans cet ascenseur en compagnie de monsieur Marshall je-saute-tout-ce-que-ma-bite-me-dicte. Je secouais la tête en soupirant. J'appuyais d'abord sur le bouton du quatrième avant de faire une grimace ironique et d'appuyer sur le bouton du troisième. « À tes ordres l'galeux. » Oh merde, c'était sorti tout seul et là plus d'échappatoires, les portes venaient de se refermer d'elles-même. Je rajustais mon sac en levant les yeux au ciel, en mode, je prie pour que l'ascenseur arrive bien vite à sa destination pour que tu puisses te barrer de là. À vrai dire, je n'avais plus eu l'occasion de parler avec ce type depuis le Housing Day, juste après ma rupture avec Leyna. Le truc était, qu'il avait voulu la jouer au stand de tir: le premier qui perd n'a plus droit d'approcher la belle. La grosse blague. Là, j'avais juste une envie de meurtre.

Un léger silence planait dans l’ascenseur. En fait non, soyons franc, il n’avait rien de léger ce silence. Il était même très pesant et pourtant, Théo le brisa très rapidement d’un simple petit commentaire qui allait déclencher toute une guerre. « À tes ordres l'galeux. » Je perdis lentement le sourire et tournai la tête vers lui. Il voulait vraiment jouer à ce petit jeu-là? Non parce que j’avais plutôt l’impression qu’il y serait perdant. L’ascenseur monta difficilement d’un étage et continua son ascension alors que je me léchai lentement les lèvres et souriait à nouveau. « C’est moi que tu traites de galeux? Non parce que c’est pas exactement le nom que ta copine criait quand je l’ai baisé au garage. » Voilà, il avait voulu ouvrir la porte, et bien moi, j’y mettais les deux pieds et le jeu ne faisait que commencer. J’avais bien hâte de voir ce qu’il aurait à me servir et j’espérais pratiquement qu’il engage les hostilités physiques que je puisse enfin me dégourdir les poings! Voilà maintenant un bon moment qu’ils me démangeaient en sa présence et j’avais hâte qu’ils puissent faire connaissance avec son visage d’enfoiré!

Si je devais résumer ma journée en quelques mots, j'aurais sûrement pu la décrire comme la journée la plus pourrie de toute mon existence. Ah non faux, j'en avais vécu de pire, mais pas de ce degré là. Je me retrouvais donc coincé dans un ascenseur en compagnie de celui que je foutais toujours en quarantaine et que j'insultais toujours chaque fois qu'on me parlait de lui. Non parce que c'était pour dire, je ne pouvais pas le voir en peinture et oh, halléluia, il se trouvait pas moins à trente mètres de moi. Du bonheur à l'état pur. « C’est moi que tu traites de galeux? Non parce que c’est pas exactement le nom que ta copine criait quand je l’ai baisé au garage. » QUOI ? Il me chante quoi celui-là ? Je me tournai doucement dans sa direction, gardant un visage neutre alors que seul mes yeux verts me trahissaient. Sans déconner... Il avait pas dit ce que je venais d'entendre n'est-ce pas ? Dans ma tête seule une phrase revenait en force et elle était du style "taggle, je vais te défoncer." « Je te demande pardon ? »  D'où me venait se degré de politesse qu'il ne méritait pas du tout ? Je laissais sortir un sifflement de ma bouche. « Ah alors ce n'est pas qu'un mythe ? Tu t'es bien tapé tout le monde... t'as tellement peu d'estime pour toi que tu te préfères te taper tout ce qui bouge n'est-ce pas ? Tttt tttt que c'est malheureux. » Quel enfoiré, je ne saurais pas comment dire, mais il ne méritait que des insultes, insultes qu'il n'allait pas tarder à se bouffer, ainsi que la compagnie d'un hypercut bien fourni. L'ascenseur montait toujours, alors que je reportais mon regard devant moi, contenant ma colère. Quand soudain, une drôle de secousse nous ébranla.

Théo mit un léger moment à répondre et je mis ça sur le compte de son retard mental. Il avait besoin de temps pour assimiler les paroles des autres le pauvre, fallait lui laisser une chance! Quoi qu’il en soit, j’étais plutôt fier de ma réplique d’autant plus qu’elle était totalement vraie et que je n’avais même pas eu à me forcer pour la lui balancer à la gueule. « Je te demande pardon ? » Ah voilà, il se réveillait lentement, mais sûrement! Je ne répondis pas tout de suite, lui laissant même le temps de riposter. J’avais bien envie de voir ce qu’il pourrait me sortir après un coup comme celui-là! Il ne pouvait certainement pas me renvoyer la balle, je savais déjà très bien qu’il s’était déjà tapé Leyna. Quant à lui, sa simple expression me confirmait que sa jolie brunette avait omis ce détail croustillant! « Ah alors ce n'est pas qu'un mythe ? Tu t'es bien tapé tout le monde... t'as tellement peu d'estime pour toi que tu te préfères te taper tout ce qui bouge n'est-ce pas ? Tttt tttt que c'est malheureux. » Bon sang, même quand il parlait tout ça ne faisait aucun sens. Dieu me bénisse, je n’étais pas dans sa tête! L’ascenseur eu une drôle de secousse, mais je n’y portai pas tout de suite attention. Qu’est-ce que j’en avais à foutre que ce vieil engin fasse de drôle de bruit et se dandine de gauche à droite? Du moment qu’il nous menait à destination! « Tu sais, c’est très mal de laisser parler la jalousie. J’comprends que tu m’envie, avoir toutes les filles à ses pieds, c’est pas donné à tout l’monde! Mais si tu veux un conseil, c’est pas en couchant avec les mêmes filles que moi que t’arrivera à atteindre mon niveau mon gars. » Je partis d’un rire mauvais et bref en replaçant mon sac sur mon épaule comme si de rien était.

Bon je devais reconnaître que je m'échauffais là. Il allait goûter à ma répartie de fifou dans pas très longtemps. Merde, il avait couché avec Elia dans un garage ? Je savais qu'elle était adepte des lieux publics mais pas à ce point-là, puis avec lui là ? Le ET qui se prenait pour Charlemagne ? C'était abusé. Ayé je les imaginais déjà tous les deux sur une bagnole à la faire bouger dans tous les sens. Oh non Jésus si tu m'entends fais-moi bien vite arriver à destination. « Tu sais, c’est très mal de laisser parler la jalousie. J’comprends que tu m’envie, avoir toutes les filles à ses pieds, c’est pas donné à tout l’monde! Mais si tu veux un conseil, c’est pas en couchant avec les mêmes filles que moi que t’arrivera à atteindre mon niveau mon gars. » Je me tournais vers lui avant de lui exploser de rire au visage. Alors ça c'était fort, trop fort même. Bon ok, de savoir que j'étais passé sur les mêmes filles que lui, après lui d'autant plus c'était dégueulasse mais enfin bon. « C’est lamentable… » Je fis mine d'essuyer des larmes au coin de mes yeux, me remettant de ce qu'il venait de dire. Puis c'était quoi que cet égo surdimensionné qu'il se tapait là ? L'horreur. Elle sortait vraiment avec ça, Leyna ? J'en profitais ensuite pour poser une expression comique sur mon visage. « Euh je te prie de me pardonner, alors j'ai effectivement constaté que ta bouche s’était ouverte et avait remuée, malheureusement ta sorti des trucs tellement insensés que je regrette d'avoir à t'informer que j'ai rien capté. » Il allait m'insulter d'abruti le pauvre enfant, je le savais déjà mais bon. Et en plus je faisais des rimes. Moi vouloir être comme lui ? Une corde je vous prie. « Fais gaffe l'égocentrique, va pas marcher sur ton égo, qu'est-ce que tu ferais sans, hein ? » Une nouvelle secousse ébranla l'ascenseur et la lumière se mit à grésiller. C'était quoi ce bordel ? Je levais la tête au ciel. Par tous les saints, qu'on ne reste pas coincés ici ou l'un de nous deux allait y laisser sa vie.

Théophyl se retourna vers moi et parti d’un rire sonore. Je gardai le sourire, soutenant son regard alors qu’il se bidonnait bien devant moi. Vas-y, marre toi tant que je le peux encore, je doute que ce soit aussi sympathique avec quelques côtes de cassées. « C’est lamentable… » Je ne perdais toujours pas le sourire, attendant de voir ce qu’il aurait à me servir. Définitivement, il fallait que notre trajet d’ascenseur soit bien long et ennuyant pour que je daigne l’écouter. Ou alors je manquais de piquant dans ma vie et avait envie de me marrer un peu. Ouais, ça devait être ça. Il essuya des larmes imaginaires au coin de ses yeux et je me fis sourire à penser que bientôt, ces larmes seraient bien vraies, mais qu’elles n’auraient rien à voir avec un fou rire, mais plutôt avec la douleur. Allez, faites qu’il me serve un truc bien que je lui en colle une bonne! « Euh je te prie de me pardonner, alors j'ai effectivement constaté que ta bouche s’était ouverte et avait remuée, malheureusement ta sortie des trucs tellement insensés que je regrette d'avoir à t'informer que j'ai rien capté. » J’arquai un sourcil. Il était dans la troupe de théâtre celui-là, c’est certain! Je me mis à rire à mon tour, tapant dans mes mains pour l’applaudir. « Bravo! Bravooo! Combien de fois exactement tu l’as répété? Sûrement des centaines depuis le housing day! Alors, comment on se sent d’enfin pouvoir me la servir? » Il avait très bien compris ce que j’avais dit, la lueur de colère au fond de son œil me le confirmait bien. Pourtant, j’étais déçu. J’aurais aimé qu’il revienne à la charge. Il n’en était donc pas capable? « Fais gaffe l'égocentrique, va pas marcher sur ton égo, qu'est-ce que tu ferais sans, hein ? » La lumière grésilla et la seule pensée qui me vint était que tout ça était causé par l’électricité dans l’air. Deux pôles suffisamment négatifs pour tout déréglé! L’ascenseur arrêta soudainement dans une secousse plus forte que les autres et je levai la tête vers l’écran qui affichait l’étage, il affichait toujours le deux. C’est quoi ça? « Bon tu nous remets l’ascenseur en marche p’tit malin, j’ai un cours dans dix minutes et j’ai pas que ça à faire! » Persuadé qu’il était responsable, je fronçais les sourcils à son intention. Je n’avais plus du tout envie de rire.

« Bravo! Bravooo! Combien de fois exactement tu l’as répété? Sûrement des centaines depuis le housing day! Alors, comment on se sent d’enfin pouvoir me la servir? »  Il s'etait mit à rire à son tour et à taper dans ses mains, m'applaudissant. Je lui souriais donc hypocritement, baissant la tête comme si je le remerciais de son accueil chaleureux. Puis soudain, l'ascenseur nous refila une secousse colossal puis se stoppa, à l'étage numéro deux. Pourquoi pas au trois après qu'il se soit barré hein ? Non ça aurait été trop beau.  « Bon tu nous remets l’ascenseur en marche p’tit malin, j’ai un cours dans dix minutes et j’ai pas que ça à faire! » Qu'est-ce que je m'en branlais de son cours, j'avais aussi le mien. Je me tournais vers lui l'air méchant. « Vas-y t'as fumé quelque chose de naturel ou de la moquette ? C'est toi le mécanicien, c'est apparemment toi qui te tape des meufs dans ton garage, donc vas-y répares ça champion ! » Par des meufs je sous-entendais MA meuf et là ça me faisait carrément sortir de mes gonds. J'allais lui coller une patate monumental et il s'en souviendrait toute sa vie. Pourquoi est-ce qu'on avait pas le droit de se ramener avec des armes dans les bahuts hein ? Je me serais fait une joie de m'en servir contre lui. Nous étions coincés dans ascenseur bordel ! J'étais coincé dans un ascenseur avec le pire de tous les crétins au monde. Pauvre de moi. Je commençais à chercher sur le tableau de bord des boutons un quelconque moyen qui nous permettrait de demander de l'aide. Il était hors de question qu'il ne touche à quoique ce soit et qu'il fasse dégringoler l'ascenseur et ne cause accessoirement, notre mort. C'était plutôt moi qui allait causer la sienne oui ! Et dire qu'il me rendait méchant. Mais seul le bouton jaune d'appel appelait mon attention mais même en appuyant dessus rien ne se produisit. « Tiin, tu pouvais pas fermer ta gueule ? J'suis sur que l'ascenseur il s'est lui-même dit que t'étais le pire couillon au monde. » Là j'allais le faire sortir de ses gonds à son tour.

Jamie me regardais d’un air mauvais, apparemment, la panne d’ascenseur n’avait rien à voir avec lui. Ou alors si puisqu’il portait définitivement la poisse! Mais bon, tout ça n’était donc pas pour changer dans la minute et je compris rapidement qu’il venait sûrement de rendre l’âme. Ne manquait plus que ça! « Vas-y t'as fumé quelque chose de naturel ou de la moquette ? C'est toi le mécanicien, c'est apparemment toi qui te tape des meufs dans ton garage, donc vas-y répares ça champion ! » Je ne pus m’empêcher d’esquissai un sourire et d’hausser un sourcil à son intention, baissant un peu la tête en la hochant lentement d’haut en bas. « C’qu’est marrant c’est qu’elle était venu pour faire réparer sa bagnole, faut croire qu’elle avait bien plus que l’huile à moteur à faire changer! » Je balançai mon sac dans le coin de l’ascenseur et le poussai d’un mouvement d’épaule pour me mettre face au panneau. Apparemment, impossible de l’ouvrir à moins d’avoir la clé et le bouton d’appel ne fonctionnait plus depuis une bonne trentaine d’années selon moi. Je soupirai bruyamment, tentant d’ouvrir le panneau quand même, avec un peu de chance, il allait céder tellement il était vieux. « Tiin, tu pouvais pas fermer ta gueule ? J'suis sûr que l'ascenseur il s'est lui-même dit que t'étais le pire couillon au monde. » Je serai la mâchoire, il commençait à me tomber sur les nerfs là. Je n’avais plus du tout le moral à rire et s’il continuait comme ça, j’allais repeindre les parois avec son sang. Je fis volte-face et le poussai du bout du doigt contre son torse. « La ferme, enfoiré! C’est plutôt ta connerie qui l’a mis en panne, j’suis surpris que ce soit pas Leyna qui t’ait trompé en premier! »