juste un instant d'égarement ▬ ariane&avery

Halloween. Une fête normalement géniale sauf quand ça va pas forcement bien avec sa copine. C'est mon cas ce soir. J'ai bien rigolé après la maison hantée avec Holly et la soirée Cabot, mais j'reste là à errer dans les rues sombres de la ville seul. J'suis pensif, j'sais pas quoi faire avec Ace. D'un côté j'ai pas envie de casser tout ce qu'on a vécu jusque là, mais d'un autre côté elle m'a menti et je déteste ça. J'ai pas envie qu'elle ce fasse du mal avec cette merde et en l'évitant y a des risques pour qu'elle replonge définitivement. Je sortis une cigarette pour décompresser et me posa près d'un mur, une jambe contre le béton pour tenir debout. Je l'alluma avant de tirer une fois dessus. Ça fait du bien. Je ferma les yeux quelques instants histoire de ne plus penser à rien, de faire le vide dans ma tête. Je tira une nouvelle fois dessus, regardant mon portable. Plus que quelques pour cents de batterie. Avec la coupure de courant pas moyen d'obtenir de la batterie. Mieux vaut que je rentre pour ne pas me perdre dans le noir des ruelles du campus. Je marcha dans les rues après avoir fini ma cigarette et pris un chewing-gum à la menthe. Je m’arrêta en voyant Ariane pas loin. Ariane.

J’ai essayé, du mieux possible. J’ai enfilé un costume pitoyable, j’ai orné mon plus beau sourire, j’ai passé quelques heures à soigner mon maquillage, et malgré le noir complet qui règne dans la résidence Eliot, j’ai tenté d’être de la meilleure des humeurs possible mais ça ne fonctionne pas. Draco et ses somptueux repas à la chandelle, Jagger et sa bonne humeur légendaire, Blue et nos fous-rires nombreux, rien ne parvient à me faire oublier que Walter est à présent en couple avec cette Cabot dont la seule pensée du prénom me révulse. J’ai une boule au ventre à la seule idée de les croiser, main dans la main ce soir. Si je peux faire semblant que cela ne m’atteint pas avec Walter, les voir ensemble serait tout de même trop dur à digérer. Je décide donc de faire demi-tour, de m’éloigner des festivités pour réfléchir, m’aérer l’esprit et surtout laisser les larmes que je retiens depuis plusieurs jours s’abattre sur mes joues pâles. Mon mascara peut bien couler, ça n’a pas vraiment d’importance alors que je me dirige vers une rue qui me semble déserte. J’ai trop longtemps tenté de masquer mes émotions, même à moi-même. Il est temps de lâcher prise. Je m’arrête lorsque le brouhaha s’estompe doucement. Je me pose contre un mur et ferme les yeux un instant tandis que des perles salées roulent sur mes joues. « Ariane. » Je sursaute. Je m’attendais à pouvoir pleurer en silence encore quelques minutes, seule. Mais c’est sans compter une voix connue qui me pousse à me redresser. Avery se trouve à quelques mètres de moi, et je tente d’essuyer furtivement d’un revers de main mes larmes. Je refuse que qui que ce soit me voit dans cet état et même si avec lui, c’est différent. J’orne mes lèves d’un sourire tout en me tournant vers lui. « Avery ! » Répondis-je tandis qu’il s’approche de moi, brisant l’espace qui nous sépare. « Qu’est-ce que tu fais tout seul dans cette rue déserte et sombre ? » Demandais-je.

Tout en marchant mon chewing-gum discrètement, je m'avança vers la jeune Eliot essayant de ne pas tomber sur un caillou pouvant me faire chuter. Heureusement, la rue n'a pas de petites pierres au sol. Je fis un sourire à la jeune femme faisant disparaître les doutes sur mon couple. Ariane est toujours aussi ravissante sous la lumière du clair de lune. J'arrivais à distinguer un sourire sur ses lèvres délicates. Qu’est-ce que tu fais tout seul dans cette rue déserte et sombre ? Haha, la question qui tue dès le début. Qu'est-ce que je fait là ? Hm ... comment dire subtilement que je broie du noir et que je me torture l'esprit à cause de ma copine ? Je me contenta de m'approcher vers elle et de dire dans un soufflement, rien. Je remarqua un mur pas loin, illuminé par la lune. Je m'approcha de ce dernier, me posant dessus et jetant discrètement mon chewing-gum par terre. C'est pas très écolo je l'admet. Et toi ? Tu t'es perdue ?

Pour simple réponse, Avery glisse un rien qui en dit long pour toute réponse. Mais je ne lui en demande pas d’avantage. J’ai appris à savoir qu’il ne se livre que sans y être obligé et ce soir, je n’aimerai pas que l’on insiste sur mon propre état alors je me contente d’hausser les épaules. Il me contourne pour se posé contre un mur tandis que je pivote sur moi-même pour lui faire face. Suis-je perdue ? Très certainement, mais plus dans ma tête qu’en réalité. L’obscurité est quelque peu atténuée par la lune qui scintille dans le ciel. « J’avais juste envie de m’éloigner un petit peu des autres. Y avait trop d’agitation pour moi. » Répondis-je en me rapprochant de lui pour m’adosser à mon tour contre le mur. Je lève les yeux vers le ciel dont les étoiles forment un magnifique spectacle. « Le ciel est magnifique ce soir… » Lâchais-je dans un souffle. Peut-être que si l’électricité n’avait pas été coupé, je n’aurai jamais prêté plus attention que cela à la façon dont sont si parfaitement alignés ces points lumineux au-dessus de nos têtes. Dans mon sac à main, mon portable émet un petit signal sonore, signe que la batterie est maintenant à deux doigts de rendre l’âme, je jette un œil en sa direction avant de regarder Avery. « Plus de batterie. Fichue coupure d’électricité. » Pestais-je avant de le fixer un instant. « Besoin de parler ? » Demandais-je en voyant son visage perdu.

Discuter maintenant c'est pas dans mes attentions. J'préfère me taire ce soir et profiter de la présence d'Ariane pour me changer les idées. J’avais juste envie de m’éloigner un petit peu des autres. Y avait trop d’agitation pour moi. J'hocha la tête, signe que ses paroles ont bien atteints mes oreilles. Je la regarda faire un tour sur elle même avant de se poser à côté de moi. La lumière de la lune me fit remarquer que son maquillage avait coulé. J'suis pas un expert dans ce domaine, mais soit elle l'a raté, soit elle a pleuré. Dans les deux cas, ça ne ressemble pas à Ariane. Le ciel est magnifique ce soir… Je leva ma tête au ciel, captivé par les quelques nuages naviguant dans le noir de la nuit. Je me pencha ensuite vers la jeune femme, murmurant quelques mots. Tout comme toi. Chaque femmes aiment qu'on lui fasse des compliments. Plus de batterie. Fichue coupure d’électricité. Tu m'étonnes. Vivement que les techniciens de la ville travaillent un peu. Ce doit pas être bien compliqué de remettre des fils ensembles. Besoin de parler ? Pourquoi elle a toujours ce besoin d'être ma confidente ? J'ai pas envie de ça ce soir. J'ai juste envie de me sentir libre et vivant, oublier tous les problèmes qui pèsent sur mon dos de jeune adulte. J'peux te retourner la question. Ne fais pas semblant de cacher tes larmes, ton maquillage te trahit. Je soupira doucement, me tournant complètement vers la jeune femme. Je déposa une main sur sa joue sentant une certaine humidité. Pourquoi ces larmes ?

« Tout comme toi. » Du coin de l’œil j’observe Avery, mais je ne réponds pas. Je profite simplement de l’impact bénéfique qu’a ce compliment sur moi. L’espace d’un instant, je me sens moins stupide, moins puérile d’être là, perdue dans une rue déserte où j’aurai pu faire une bien pire rencontre, et tout cela dans l’unique but de fuir une évidence que je suis pourtant contrainte d’accepter. Walter est bien avec cette fille, et quoi que je fasse ils resteront ensemble. Peut-être que finalement, je me suis trompée sur toute la ligne. Notre lien privilégiée n’est pas indestructible. Je reste là un instant, savourant la beauté du clair de lune, tandis que je me risque à proposer à Avery de déverser les choses qui semblent le ronger de l’intérieur. J’aurai sans nul doute dû penser qu’il réagirait ainsi, me retourner la question. Cela m’apprendra à vouloir si souvent jouer les confidentes. Je baisse les yeux lorsqu’il tente de m’arracher des confidences. Mon maquillage m’a trahi et je me sens à présent tellement vulnérable. Je fixe le sol, les mots refusent de sortir, je me terre dans mon mutisme. Me confier n’a jamais été dans mes cordes et ce soir n’échappera pas à la règle. Les doigts d’Avery glissent sur ma joue et alors je relève les yeux vers lui. « Pourquoi ces larmes ? » Ses grands yeux me déstabilisent alors que nos visages sont si proches, que nos yeux se croisent et que son souffle caresse presque ma peau.  « Ça marche si je te dis qu’elles font juste partie du déguisement ? » Tentais-je sans le quitter des yeux. En réalité je n’ai aucune envie d’évoquer Walter, Faith ou toutes les autres choses qui me mettent dans cet état pitoyable. Je voudrais simplement oublier. « Toi comme moi, nous n’avons pas envie de parler ce soir. » Dis-je en posant ma paume sur sa main encore plaquée contre ma joue. Ses grands yeux brillent dans l’obscurité, je ne parviens pas à m’en détacher. « J’ai juste envie de tout oublier ce soir. Faisons quelque chose de dingue et stupide juste le temps d’une soirée... En oubliant toutes les conséquences. » Avouais-je dans un souffle.

Ariane ne répondit rien suite à mon compliment. L'avais-je gêné ? J'en doute. Mon regard bleu plongé dans le sien rendait la situation inédite. Je ne me suis jamais retrouvé aussi près de son visage. Nos souffles s’entremêlaient en cette soirée d'Halloween. Ça marche si je te dis qu’elles font juste partie du déguisement ? J'haussa les sourcils, tout comme moi elle n'a pas envie de parler. Problème de famille, de cœur, d'amitié ? Je ne le saurai pas maintenant. Toi comme moi, nous n’avons pas envie de parler ce soir. Exact. Je sentis la main d'Ariane se poser contre la mienne ce qui fit naître en moi un léger frisson. J'hocha la tête doucement avant de rapprocher nos corps un peu plus. J’ai juste envie de tout oublier ce soir. Faisons quelque chose de dingue et stupide juste le temps d’une soirée... En oubliant toutes les conséquences. Je pris ses paroles comme un feu vert. La nuit n'appartient qu'à nos conneries. Je me rapprocha de son visage, la poussant délicatement contre le mur avant de capturer ses lèvres dans les miennes. C'est une connerie, mais mes pulsions me disent le contraire. A cet instant j'ai juste envie d'être connecté à elle et de me sentir vivant.

Mon corps frémit lorsqu’il me plaque avec délicatesse contre le mur. Ses grands yeux me regardent avec insistance et dans l’obscurité je rougie presque. Mes joues s’empourprent définitivement lorsque ses lèvres capturent les miennes. Ce baiser me transcende de l’intérieur. Ce baiser est une erreur monumentale, j’en suis consciente et pourtant, je le prolonge avec envie. Nos lèvres se cherchent, se heurtent avec désir. Nous devrions sans nul doute rompre ce contact, lui comme moi, mais je n’ai pas le cœur à le repousser. J’en ai envie ce soir, j’ai envie de le sentir plus proche encore. Je passe une main dans sa nuque, l’autre glisse le long de son dos musclé et je me plaque contre lui. Ma poitrine vient s’écraser contre son torse tandis que je goûte ses lèvres, inlassablement. Je sens une vague de désir tout balayer sur son passage, morale et raison. C’est comme si tout s’effaçait, le temps d’un instant, comme si rien n’avait d’importance et que cette nuit nous était réservée. Lorsque finalement nos visage s’éloignent, je plonge mes grandes prunelles dans les siennes. Je n’ai pas envie de m’excuser. Je ne suis pas désolée. Je suis simplement irrémédiablement attirée vers lui et ce réconfort qu’il me procure quand il est si prêt. Mes doigts glissent sur sa joue, caressant au passage sa bouche humide. Il est nécessaire que je m’écarte de lui, que je le repousse ne serait-ce pour préserver son couple mais je n’en ai pas la force.

A ce moment, je ne pensais plus à Ace, à Briony, à mes parents, à mes frères et sœurs ... Nan plus à rien sauf à la jeune Eliot. Elle prolongea ce baiser tout comme moi. Même si nos deux univers sont différents, j'ai ce besoin de sentir ses lèvres sur les miennes, de toucher son corps avec mes doigts avides. C'est mal, je le sais, mais rien ne me fit briser ce baiser si désiré. Pas de regret, juste des gestes. J'entoura sa taille avec l'un de mes bras, l'attirant un peu plus vers moi. Nous étions collés. Ce baiser se rompit finalement, laissant nos deux visages s'écarter l'un de l'autre. Je plongea mes yeux dans les siens, n'osant pas ouvrir ma bouche. Ses doigts me caressaient le visage tendrement me faisant légèrement sourire. J'avala ma salive, ne sachant pas ce que la suite allait donner. Continuer ou en rester là ? J'inspira posant mon front contre celui d'Ariane. Nos souffles se mêlaient toujours, le sien balaya mon visage. Je finis par murmurer quelques mots. Quelque chose de dingue et stupide..

Front contre front, nous nous observons. Une lueur transparaît dans mes grands yeux clair, mon visage traduit une moue espiègle et je mordille ma lèvre inférieure pour réprimer l’envie de l’embrasser de nouveau. J’en ai envie pourtant, un peu trop. J’ai pensé qu’avec Avery les choses resteraient platoniques malgré l’attirance, que notre amitié ne dériverait jamais et je m’étais habituée à l’idée, pourtant, ce soir, je n’en suis plus très sûre. Mais est-ce si terrible de s’offrir une parenthèse le temps d’une nuit ? Demain tout redeviendra comme avant, mais ce soir… « Quelque chose de dingue et stupide.. » Je sens son souffle chaud contre ma peau, son haleine mentholée se mêle avec délice à son parfum. Je tente de réprimer mes pulsions, mes hormones sont en ébullition et puis l’attirance est bien trop présente, elle me force à baisser la garde et alors mes lèvres rencontrent de nouveau les siennes. Avec plus de fougue cette fois-ci. Je mordille légèrement sa lèvre avant de plaquer mes lèvres conte lui et de l’embrasser langoureusement quelques secondes. Je me sens vivante, pour la première fois depuis longtemps et c’est tellement excitant ! « Dingue, stupide, mais tellement excitant. » Dis-je en glissant ma main sous son tee-shirt, explorant du bout de mes doigts la peau brûlante de son dos. « Il est encore temps de t’enfuir… » Dis-je en le défiant du regard de rester.