A ghost in Cambridge

Cela semble si irréel de pouvoir lui parler, lui dire combien ma vie avait été vide de sens sans lui à mes côtés. Je me rappelle très bien lui avoir dit au téléphone des milliers de fois. Je savais très bien qu'il n'allait pas répondre à mes appels mais ça me faisait du bien de lui parler de ma journée et ce même si je le savais mort. Cette thérapie que certains qualifierait certainement de bizarre m'avait permis d'encaisser sa disparition, enfin du moins la rendre moins douloureuse. Je n'avais pas été préparé à sa mort soudaine mais encore moins à sa résurrection miracle car c'est la chose à laquelle on s'attend le moins, on n'y pense même pas pour rester rationnelle. Cela dit ma vie est un tel bordel que ça m'étonne même pas que ce genre de trucs bizarre me tombe dessus. Enfin c'est tellement une bonne nouvelle que je ne vais pas cracher dessus. Je dois dire que celle-ci tombe à pic car j'ai vraiment besoin d'un peu de lumière dans ma vie pour me dire que celle-ci n'est pas totalement foutue, que si je suis encore vivante c'est qu'il y a bien une raison. Croisons les doigts pour que Caleb ne me soit pas enlevé une seconde fois, ce serait la pire des choses qui puisse arriver dorénavant. " Toi aussi tu m’as manqué, tous les jours… Je suis tellement content de te retrouver. Tu te souviens quand on était petits ? On passait notre temps à dire que notre amitié était plus forte que tout… Faut croire qu’on avait vu juste… Rien ni personne ne peut nous séparer. " Je ne pus m'empêcher de sourire à cette remarque car effectivement nous n'avions pas eu tort même si à mon humble avis nous n'avions pas vu notre amitié indestructible sous cet angle. " Effectivement on peut pas faire mieux comme amitié solide. Je pense que maintenant on peut tout traverser. " Si on a pu survivre à ça alors tout le reste semble bien petit à côté. Enfin bon avant de parler du futur, restons dans le présent, à profiter un maximum de ces retrouvailles qui vont certainement chambouler ma vie, déjà que ça l'a embelli. " Mais parle-moi plutôt de toi ! Qu’est-ce que tu deviens ? Je veux tout savoir ! " Je grinçais des dents. Comment je pouvais lui parler de moi sans l'inquiéter alors que mes pensées étaient sombres si on exclu son retour. J'avais pas envie qu'il se sente mal, qu'il se sente responsable surtout que c'était loin d'être de sa faute mais de la mienne. Je pouvais décemment pas lui parler de ma dépression chronique, de mon mariage raté, de mon avortement. Je m'en voulais de ne pas avoir des choses plus joyeuses à raconter. " Hum et bien je gère du mieux que je peux ma vie d'étudiante. Je pense que je reviendrai pas à ma carrière sportive, ça me semble impossible désormais. J'essaye de me construire un avenir dont je serais fière, on verra bien ce que ça donne. " C'est à dire une véritable catastrophe mais je veux pas l'embêter avec mes problèmes. Il viendrait sûrement l'heure où je pourrais lui parler de tout mais je pense pas que maintenant soit le bon moment. " Mais toi du coup, tu fais quoi ici ? Tu comptes reprendre tes études à Harvard ? " Si c'était bel et bien le cas, je me réjouissais d'avance de pouvoir le voir aussi souvent que ej le voudrais désormais.

« Hum et bien je gère du mieux que je peux ma vie d'étudiante. Je pense que je reviendrai pas à ma carrière sportive, ça me semble impossible désormais. J'essaye de me construire un avenir dont je serais fière, on verra bien ce que ça donne. »Je l’écoutais avec attention et ne pus m’empêcher de me pincer les lèvres lorsqu’elle me fit savoir qu’elle allait probablement renoncer à sa carrière. Pour l’avoir suivi depuis ses débuts, je savais comme elle pouvait être talentueuse et ça me brisait le cœur qu’elle renonce à son rêve. Keyla était née pour faire du tennis, elle était promise à une grande carrière. Quel gâchis… « Mais toi du coup, tu fais quoi ici ? Tu comptes reprendre tes études à Harvard ? » me demanda-t-elle, ce qui m’arracha un sourire amusé. De toute évidence, elle n’avait pas envie de parler d’elle. Avait-elle des soucis en ce moment ? Je ne pus m’empêcher de me poser la question. Même si nous venions à peine de nous retrouver, je voulais qu’elle sache que, pour moi, rien n’avait changé. J’étais toujours prêt à jouer les confidents ou à la consoler. « Je trouve ça triste que tu renonces à ton rêve de toujours. Tu es vraiment sûre que c’est mort ? » demandai-je, tout de même curieux. Je ne savais pas très bien ce qui s’était passé, ni même pourquoi elle avait décidé de tout abandonner, mais je pouvais lire dans ses yeux qu’elle n’avait pas envie d’en parler et je ne comptais pas lui forcer la main. « Sinon, pour répondre à ta question : je suis revenue pour toi. Il y a quelques mois, un agent du FBI m’a téléphoné pour me dire que le réseau avait été démantelé et que le dernier membre du gang était sous les barreaux. On m’a dit que je pouvais reprendre une vie normale. Je t’avoue que j’ai un peu hésité au début, mais aujourd’hui, quand je te vois en face de moi, je sais que j’ai pris la bonne décision » dis-je en caressant sa joue. « Quoi qu’il en soit, j’ai tout quitté pour rentrer à Chicago. Là-bas, on m’a dit que tu étais partie pour Havard alors… après avoir réglé quelques soucis d’ordre administratifs, j’ai tenté le coup… et ma candidature a été acceptée. J’étudie l’architecture… Crois-moi, t’es pas prête de te débarrasser de moi ! »

Le fait qu'il me demande comment se passait ma vie ces derniers temps faisait remonter d'anciens souvenirs, des blessures encore beaucoup trop présentes et qui pouvaient s'agrandir encore plus au fil des jours. Tout se mélangeait dans ma tête, mon mariage avec Kol réduit en miettes, la famille que j'aurais pu fondé mais que j'ai détruite par pur vengeance mais surtout pour faire en sorte que je ne souffre pas encore plus. Je chassais très vite ces mauvaises pensées de mon esprit car je n'avais pas envie de parler de Kol dans ce moment de retrouvailles avec Caleb, un moment que je n'aurais jamais attendu et que je voulais parfait. Il était hors de question que mes démons intérieurs gâche un bonheur et j'espérais que celui-ci ne soit pas éphémère. Peut être que face à moi se dressait la sortie de ce tourbillon infernal dans lequel j'avais été entraîné à cause de toutes mes erreurs." Je trouve ça triste que tu renonces à ton rêve de toujours. Tu es vraiment sûre que c’est mort ? " Comme avant, il prenait soin de moi, cela me faisait bizarre car bien longtemps que je n'avais pas ressenti cette sensation d'avoir une quelconque importance pour un garçon." Je trouverai une autre raison de vivre au pire des cas. " J'avais pensé la trouver en Kol mais je m'étais bel et bien trompé. C'était en parti à cause de lui que j'avais arrêté ma passion trop aveuglée par l'amour. Aujourd'hui j'en payais le prix car j'avais tout perdu bien qu'un petit miracle avait lieu aujourd'hui." Sinon, pour répondre à ta question : je suis revenue pour toi... et ma candidature a été acceptée. J’étudie l’architecture… Crois-moi, t’es pas prête de te débarrasser de moi ! " J'étais touché par ses mots et encore plus par son geste attendrissant. Je prenais sa main, encore posé sur ma joue, dans la mienne, rougissant presque. Ma peau avait retrouvé des couleurs et il arrivait même à me décrocher des sourires, chose qui se faisait de plus en plus rare chez moi." Ca me touche à un point que tu ne peux pas imaginer. J'ai l'impression de rêver vraiment et pourtant tout cela est bel et bien vrai. Ne t'inquiètes pas je suis prête à te supporter jour et nuit même. On a tellement de temps à rattraper. Tout sera comme avant je te le promets. " Retrouver Caleb est la plus belle chose qui me soit arrivé et je compte bien ne pas rater ce second départ entre nous, même si lui cacher mes problèmes n'était pas la meilleure des choses à faire mais un jour je serais prête à tout lui dire. Aujourd'hui n'était pas le bon jour pour parler de mauvaises choses c'est tout.

Même si elle s’efforçait de donner le change, je compris tout de suite que ça lui coûtait de renoncer à  son rêve de passer pro. Comme je ne voulais pas remuer le couteau dans la plaie, je me contentais de lui lancer un sourire maladroit lorsqu’elle me dit qu’elle finirait bien par trouver un autre but dans la vie. La conversation dévia progressivement et c’est tout naturellement que je finis par lui apprendre qu’elle avait été la raison pour laquelle j’avais décidé de m’installer ici. Keyla sembla très touchée par cet aveu et rien ne pouvait me faire plus plaisir, car je réussis à la faire sourire. La pauvre en avait bavé et éclaircir sa journée, ne serait-ce qu’un peu, me rendait heureux. « Ça me touche à un point que tu ne peux pas imaginer. J'ai l'impression de rêver vraiment et pourtant tout cela est bel et bien vrai. » Elle avait encore du mal à réaliser, mais j’étais prêt à lui laisser tout le temps dont elle aurait besoin. C’était ma petite princesse, j’aurais fait n’importe pour elle… « Ne t'inquiètes pas je suis prête à te supporter jour et nuit même. On a tellement de temps à rattraper. Tout sera comme avant je te le promets. » Cette fois-ci, ce fût plus fort que, je ne pus m’empêcher de la serrer contre moi. Elle allait sans doute finir par se lasser de ces embrassades à répétition, mais pour l’heure, ça nous réconfortait tous les deux. Quelque part, c’était un moyen de s’assurer de la réalité de la situation. Elle était là, je pouvais la toucher et sentir son parfum. Je n’aurais donc plus à creuser dans mes souvenirs pour me rappeler à quoi ressemblait son rire. Je pourrais l’entendre, lui parler et être avec elle. J’avais comme l’impression que tous mes problèmes s’envolaient… « Je n’en doute pas une seconde… Comme je te l’ai dit, notre amitié est plus forte que tout… » répliquai-je en la lâchant enfin. « Et sinon, tu vois quelqu’un ? Je sais que la question peut paraître indiscrète, mais je veux tout savoir sur toi… » Sa mine s’assombrit. « J’suis vraiment désolé… Je ne voulais surtout pas te mettre mal à l’aise ! Si tu préfères changer de sujet, je comprends tout à fait… »

Depuis des mois, je pensais que je ne pourrai jamais retrouver le bonheur et pourtant cette journée, cette rencontre miraculeuse me prouvait que j'avais tort. Je n'aurais pas du baisser les bras et penser que ma vie ne se résumait plus à rien. Aujourd'hui, je retrouvai des couleurs dans ma vies, des sensations que j'avais oublié. Mon coeur battait à nouveau, et la chaleur m'habitait à nouveau. C'était bizarre de l'admette mais je me sentais bien. J'avais même l'impression de retrouver la Keyla du passé, celle qui était heureuse et qui pouvait compter sur son meilleur ami quand elle allait mal. Bien évidemment certaines choses avaient quand même changée, je n'étais pas prête à lui confier les événements douloureux que j'avais pu vivre ces deux dernières années. Lui qui venait à peine de retrouver sa vie, il avait certainement d'autres choses à gérer plutôt que de s'inquiéter pour moi surtout que j'étais presque sûre que grâce à lui, je retrouverai un peu de normalité et même si cela n'aurait pas lieu maintenant j'étais prête à attendre. De toute manière je pouvais encore encaisser quelques mauvaises choses, j'étais habitués maintenant et grâce à Caleb, j'avais retrouvé quelques forces. C'est fou de se dire que malgré les années, malgré l'éloignement, il avait toujours cet effet apaisant sur moi et encore plus lorsqu'il me serrait dans ces bras. Son parfum était toujours le même et je fermais les yeux comme pour essayer d'arrêter le temps et de profiter le plus possible de son étreinte." Et sinon, tu vois quelqu’un ? Je sais que la question peut paraître indiscrète, mais je veux tout savoir sur toi… " A cette question, mon visage se figea immédiatement. Je ravalais ma salive, baissant les yeux, cachant mon alliance - que je portai toujours - de mon autre main." J’suis vraiment désolé… Je ne voulais surtout pas te mettre mal à l’aise ! Si tu préfères changer de sujet, je comprends tout à fait… " Bien sûr qu'il m'avait grillé, nous étions toujours sur la même longueur d'ondes, on se connaissais par coeur et moi même j'aurais pu savoir d'un seul coup d'oeil si Caleb était mal à l'aise, brisé ou autre." Non ne t'inquiètes pas, tu pouvais pas savoir et c'est ton droit d'être au courant. " Je marquai une pause, ne sachant pas vraiment comment lui dire, c'était compliqué et délicat et c'était surtout à moi de régler le problème de Kol et non à Caleb." En fait pour faire simple, je suis mariée... à un abruti qui n'a pas trouvé mieux que de me tromper comme preuve d'amour. Mais je le vois plus, on est séparé quoi. Tu peux le dire, je suis idiote de m'être fait avoir. " Hélas oui même les meilleurs ont des points faibles, en ce qui me concernait, il s'agissait de Kol mais je comptais bien me débarrasser de lui. Il n'avait plus lieu d'exister pour moi. Je supprimai quelqu'un de ma vie mais en retour j'avais le droit à Caleb. C'est définitivement la plus belle chose qui me soit arrivé.